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le blog d'Edmée - Page 132

  • Grand écran: "La main de Dieu", retour aux sources pour Paolo Sorrentino

    A l'occasion de son neuvième long métrage, du nom de la fameuse remarque de Diego Maradona sur son but historique contre l’Angleterre validé à tort lors de la Coupe du monde de 1986, Paolo Sorrentino opère un retour aux sources. En compagnie de son acteur fétiche Tony Servillo, il nous emmène sur les traces de son adolescence à Naples dans les années 80. 

    On suit le destin de Fabietto Schisa (Filippo Scotti), ado de 17 ans mal dans sa peau qui vit avec son père blagueur (Toni Servillo, photo), sa mère espiègle (Teresa Sapoangelo), son  grand frère et sa sœur dans un quartier populaire de la cité. Sans oublier le reste d’une smala exubérante, une tante pulpeuse qui lui fait perdre la tête, et des voisins souvent farfelus dont une baronne excentrique habitant l’étage au-dessus.    

    Mais Fabietto, fan de foot comme tous les habitants de la ville, est surtout obsédé par les rumeurs concernant l’arrivée éventuelle de Diego Maradona. Et il voit d’un coup son quotidien bouleversé par le débarquement de la légende planétaire du ballon rond dans le modeste club du SSC Napoli. Sa passion pour son idole le sauvera miraculeusement d’un accident  qui coûtera la vie à ses parents. 

    Tout en proposant une galerie de personnages attachants, pour le moins pittoresques sinon outranciers, Paolo Sorrentino se raconte à travers son double à l’écran. Evoquant ses désirs, ses premiers émois amoureux, il révèle aussi son goût pour le cinéma que lui a donné son mentor, le Napolitain Antonio Capuano. Il en profite pour rendre hommage aux Fellini, Zeffirelli, Scola et autre Leone.  

    Récit initiatique, La main de Dieu (E stata la mano di Dio) se veut à la fois émouvant, drôle et tragique. Certes le film nous emporte dans certaines scènes,  mais le réalisateur se laisse aller à la confusion et nous perd peu à peu en voulant traiter tous les sujets, de la famille au football en passant par l’amour, le deuil, la vie, la religion, le septième art, la fatalité. Qui trop embrasse...  

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er décembre.

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  • Grand écran: "Vitalina Varela", un sommet pour les inconditionnels de Pedro Costa

    Ce drame, signé du Portugais Pedro Costa, montre une quinquagénaire capverdienne débarquant dans un bidonville lisboète trois jours après les obsèques de son mari, qui y avait fait sa vie sans elle.  

    Celui-ci avait quitté son archipel dans sa jeunesse pour chercher du travail en Europe et Vitalina a attendu son billet d’avion pendant 25 ans avant de pouvoir le rejoindre. Amère, elle se  retrouve dans la maison en ruine construite par le défunt et qu’elle va s’atteler à rebâtir en souvenir d’une solide maison au Cap-Vert. 

    Formellement et esthétiquement parfait, nous laissant ressentir la souffrance de Vitalina,, magnifiant son visage, son corps et son regard, ce requiem d’une splendeur d’ébène, comme sa protagoniste, est sublimé par de fulgurantes traces de lumière trouant son obscurité.

    En dépit de ses qualités, le film éprouvant par sa lenteur, son austérité, pourrait demeurer confidentiel, comme d’autres œuvres de Pedro Costa. Il constitue en revanche un sommet pour les admirateurs inconditionnels de l’auteur, cinéphiles purs et durs appréciant un cinéma cérébral, introspectif. A l’instar d’une Vitalina hiératique, s’interrogeant sur son conjoint qui l’avait quittée sans explication un quart de siècle auparavant.

    Rappelons que Vitalina Varela avait décroché le Léopard d’or au Festival de Locarno en 2019. Le titre du film est aussi celui de sa comédienne principale, récompensée lors de cette édition du prix d’interprétation féminine. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er décembre.

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  • Grand écran: Almodovar célèbre les femmes dans "Mères parallèles". Avec Penelope Cruz, sacrée à la Mostra

    Après Douleur et gloire, autoportrait introspectif et romancé,  le provocateur Pedro Almodovar revient avec Mères parallèles. Dans ce 22e long métrage grave et émouvant, il rend un vibrant hommage aux femmes porteuses de vie, tout en réduisant plus ou moins les hommes au rôle de reproducteurs.

    Sur le point d’accoucher, Janis et Ana se rencontrent dans une chambre d'hôpital. Elles sont toutes les deux célibataires et tombées enceintes par accident. Janis (Penelope Cruz), photographe de mode bientôt quadra, libre et indépendante, se montre enthousiaste et compte élever seule son enfant comme l’ont fait avant elle les femmes de sa famille. En revanche l’adolescente Ana (Milena Smit), apparaît désespérée, pleine de remords et traumatisée. Alors qu’elles déambulent dans les couloirs en papotant, Janis, baptisée ainsi par sa mère fan de la grande Joplin, tente de lui remonter le moral.  

    Leurs échanges créent entre elles un lien étroit et définitif que le hasard va compliquer d'une manière qui changera leur existence. Mais évidemment Almodovar, avec sa science des histoires à tiroirs, ne se contente pas d’un mélo classique pour nous raconter celle de deux maternités croisées, quels qu’en soient les bouleversements. Parallèlement, il décide de déterrer le sujet  qui demeure tabou en Espagne, son lourd passé franquiste.

    Etalé sur trois ans, ce récit politique renvoie ainsi à une quête familiale. L’auteur, usant d’un formidable sens de l’ellipse, mêle du coup la petite et la grande histoire, Dès l’ouverture, Janis explique en effet qu’elle veut faire excaver une fosse commune où son arrière-grand-père, privé de sépulture, a été jeté anonymement par les fascistes pendant la guerre civile. C’est d’ailleurs en draguant et en invitant chez elle  Arturo, séduisant  anthropologue juridique chargé des fouilles, que le bienheureux accident s’est produit...

    Héroïnes du quotidien  

    Pedro Almodovar, qui s’est beaucoup inspiré des femmes pour écrire, dit en avoir conçu des entièrement nouvelles. Des héroïnes du quotidien, émancipées à l’avant-garde de la parentalité, qu’il s’agisse des normes biologiques ou sexuelles. Entre coïncidences, hasards, drame et suspense, elles ne vont cesser de se rencontrer, tandis que le cinéaste précise sa pensée sur la société, le patriarcat, le passé et les secrets enfouis avec lesquels il est temps d’en finir,

    Pour porter principalement le film où il aborde une foule de thématiques outre la maternité et l’Histoire (deuil, identité, descendance, héritage), le maître madrilène a sans surprise choisi son égérie Penelope Cruz, pour une huitième collaboration. Elle s’est déclarée la comédienne la plus chanceuse du monde en recevant le scénario. Elle fait à nouveau étalage de son talent dans un rôle complexe qui lui a valu d’être sacrée meilleure actrice à la dernière Mostra de Venise.  Mais on n’oublie pas sa jeune partenaire Milena Smit. Elle se montre parfaitement à la hauteur dans une interprétation pleine de grâce et de sensibilité.

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