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le blog d'Edmée - Page 135

  • Festival de Cannes: de la Suède au Japon en passant par l'Italie

    Un couple de cinéastes américains, Chris et Tony (Vicky Krieps/Tim Roth) débarque sur l’île de Farö en Suède où vécut Bergman. Elle est devenue un lieu de culte pour les amoureux du cinéma et plus particulièrement pour les inconditionnels du maestro aux 60 films et aux neuf enfants de six femmes différentes… 

    Chris et Tony qui s’aiment depuis longtemps mais vivent plutôt comme des amis, voir des rivaux, s’installent pour écrire un scénario, chacun de leur côté. Ils dorment même dans la chambre où fut tourné Scènes de la vie conjugale, «le film qui a fait divorcer des millions de personnes...»

    Alors que leur histoire respective avance. Chris décide de raconter la sienne à Tony, une comédie romantique contrariée, qui prend forme à l’écran. Réalité du couple et fiction se mêlent, l’héroïne de Chris étant hantée par un premier amour qu’elle n’a jamais pu oublier. 

    On aurait pu craindre que ce film dans le film nuise à la fluidité du récit. Il n’en est rien, Avec Bergman Island, Mia Hansen-Love propose un magnifique opus limpide et plein de grâce. Il est en plus éclairé par la joyeuse et irrésistible Vicky Krieps, qui donne la réplique à un Tim Roth parfait dans le rôle du mari à l'air calme, désinvolte,  toujours maître de lui.  Un candidat sérieux au palmarès.

    Avec Tre Piani, Nanni Moretti déçoit un peu

    Si Mia Hansen-Love a sans doute signé son meilleur film, ce n’est pas le cas de Nanni Moretti, de retour en compétition avec Tre Piani, mélodrame choral, adapté d’un romande l’israélien Eshkol Nevo. On y suit la vie des habitants d’un immeuble romain, transformée de différentes façons par une série d’événements, à commencer par un accident de voiture mortel.
    En trois chapitres se déroulant sur dix ans, Nanni Moretti brasse plusieurs thèmes, une justice à deux vitesses, le deuil, la réparation, un soupçon d’abus sexuel. Si le réalisateur italien est une valeur sûre, on est quand même déçu. Il serait étonnant qu’il parvienne à décrocher une deuxième Palme d’or, vingt ans après La chambre du fils. 

    Drive my car, road movie envoûtant, romanesque et mystérieux

    Oto est scénariste. Elle invente des histoires, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre les transforme. Le couple apparaît indiscutablement et profondément lié. Un jour pourtant, l'homme surprend sa femme faisant l’amour avec un autre. Elle ne le voit pas, il garde la chose pour lui. Jusqu’au drame...  

    Alors qu'il n'arrive toujours pas à s’en remettre, Yusuke accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme modeste et réservée qu'on lui a assignée comme chauffeure. Entre Yusuke tourmenté en quête de vérité, de rédemption et Misaki, victime d'une enfance douloureuse, l'amitié naît au fil des trajets. Elle leur permettra de faire face ensemble à leur passé. . 

    Drive my car de Ryusuke Hamaguchi est adapté d’une novelle éponyme d’Haruki Murakami. Poursuivant sa quête esthétique, le réalisateur japonais nous emmène dans un voyage de trois heures qu'on sent à peine passer. Un road movie envoûtant à la fois romanesque et mystérieux qu’on souhaite voir remporter un prix.

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  • Festival de Cannes: Entre polémique Pio Marmaï et découverte d'une perle à la Semaine de la Critique

    Cannes tient son petit scandale. Lors de la conférence de presse sur La fracture, de Catherine Corsini, Pio Marmaï s'en est pris au président Macron. Le comédien français, qui incarne un manifestant blessé dans une manifestation de Gilets jaunes a notamment déclaré, reprenant une phrase du film: "Macron, j'aimerais bien aller chez lui en passant par les chiottes et les tuyaux et lui péter la gueule, ça évidemment  un peu comme tout le monde, dans l'absolu..." Du coup polémique sur les réseaux sociaux, tandis que les télés d'info continue en font leurs choux gras avec défilé de pour et de contre sur les plateaux. 

    Mais parlons plutôt cinéma. Comme d'habitude, certains films n'ont pas grand-chose, sinon rien à faire en compétition. Par exemple Flag Day de Sean Penn, même s'il n'atteint pas le ridicule de The Last Face en 2016  Le réalisateur-acteur y brosse laborieusement le portrait d 'une jeune femme qui lutte pour guérir des blessure de son passé, tout en essayant de reconstruire une difficile relation avec son père.

    Du coup on se demande pourquoi des perles découvertes dans les sections parallèles ne figurent pas en concours. C’est le cas de Petite nature, deuxième long métrage de Samuel Theis, présenté à la Semaine de la Critique.

    Il raconte l’histoire de Johnny (Aliocha Reinert), gueule d’ange frêle au look  féminin avec ses longs cheveux blonds bouclés. Il a dix ans, mais ne s’intéresse qu’aux histoires des adultes. Dans sa cité HLM de Forbach, en Lorraine, il observe avec curiosité la vie sentimentale triste et agitée de sa mère, aimante mais trop souvent entre deux vins.
    Cette année pourtant, quelque chose change quand il intègre la classe de Monsieur Adamski (Antoine Reinartz) venu de Lyon avec sa femme Nora (Izïa Higelin). Johnny noue un lien particulier avec ce nouvel enseignant qui croit en lui et lui ouvre d’autres horizons.

    On n’est pas loin de voir cette relation glisser sur une pente dangereuse, plus particulièrement à la faveur d’une scène dont le côté trouble est induit par le pré-ado. Il n’en n’est rien. Si l’auteur questionne et dérange, il explore avant  tout l’éveil confus de son héros aux perceptions amoureuses, son désir d’émancipation, la découverte de son identité.

    Intelligent, fort, tendre, « Petite nature » est porté de bout en bout par l’impressionnant Aliocha Reinert. Rebelle charismatique, il livre une étonnante prestation. 

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Festival de Cannes: la compétition, avec François Ozon, Catherine Corsini et les autres

    Retour sur une semaine de compétition où se dégagent plus particulièrement Benedetta de Paul Verhoeven, dont on a déjà parlé et Tout s’est bien passé de François Ozon, qui aborde de front le sujet polémique et puni en France du suicide médicalement assisté. Son film est adapté du roman autobiographique éponyme d’Emmanuèle Bernheim, qui a aidé son propre père à mourir.

    A 85 ans, celui-ci (André Dussollier) est hospitalisé à la suite d’un AVC. Il se réveille très diminué, totalement dépendant. Décidé à en finir rapidement face à une insupportable déchéance, cet homme qui a follement aimé la vie, demande l’assistance de sa fille. Déchirée, elle va finalement accepter . 

    Emmanuèle est incarnée par Sophie Marceau, qui marque ainsi son retour très convaincant dans un grand rôle. Mais ce qui domine dans le combat de cet homme pour partir dans la dignité, c’est la formidable prestation d’André Dussollier. Il peut prétendre à un prix d’interprétation. 

    Redoutablement transformé physiquement à l’aide de prothèse, s’exprimant très difficilement, il se révèle absolument bouleversant. Ce qui ne l’empêche pas de faire preuve d’humour et de causticité. Par exemple quand il se demande comment font les pauvres, en découvrant le prix d’un suicide assisté en Suisse… Un cynisme et un second degré à l’image du film de François Ozon et de son plaidoyer pour une liberté de choix, où il sait émouvoir sans pathos ni complaisance. 

    La fracture de Catherine Corsini

    Immersion dans les urgences d’un hôpital parisien, transformées en théâtre façon cour des miracles le temps d’une nuit explosive. Avec ce film, Catherine Corsini aborde de façon métaphorique les fractures d’une société française meurtrie et divisée.

    Elles sont symbolisées par le couple au bord de la rupture que forment  Marina Foïs et Valeria Bruni-Tedeschi. Le tout sur fond de révolte des Gilets jaunes, de violences policières, d’abandon de l’hôpital public et d’une grève des soignants qui continuent néanmoins à porter secours aux blessés.

    Une oeuvre sous haute tension entre scènes dramatiques et drôles auquel on reprochera une hystérie accentuée par la performance délirante de Valeria Bruni Tedesch. Survoltée et shootée aux médicaments, elle en fait vraiment des tonnes. 

    Julie (en 12 chapitres) du Norvégien Joachim Trier

    Pour la troisième fois à Cannes, le Norvégien Joachim Trier brosse le portrait audacieux et original d‘une jeune femme indépendante, à la recherche du bonheur, de sa voie professionnelle, de l’homme de sa vie, de sa place dans le monde. Mais à bientôt 30 ans, tour à tour chirurgienne, psychologue et photographe, elle ne parvient pas à se fixer. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, 45 ans, auteur de BD à succès avec qui elle emménage, elle rencontre Elvind, un garçon de son âge. 

    Dans ce film qui traite de la maternité, du genre, du sexe, de la liberté des femmes ou des pratiques sociales, il y a des péripéties, de l’humour, du rythme, de l’invention, des trouvailles de mise en scène, Comme cette parenthèse onirique où le temps s’est arrêté. Et on découvre surtout une excellente actrice, Renate Reinsve, qui assure dans le rôle complexe de Julie. 

    Lingui du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun

    Mère courage, Amina vit chichement dans les faubourgs de N’djaména, au Tchad, en vendant des paniers de fer. Alors qu’elle élève seule Maria, quinze ans, son monde déjà fragile achève de s’effondrer, quand sa fille unique lui annonce qu’elle est enceinte et qu’elle refuse de le garder. 

    Amina qui a vécu la même situation quinze ans plus tôt avant d’être bannie par sa famille, veut absolument aider Maria. Mais comment faire dans un pays où l’avortement est condamné par la religion et la loi ? Le combat semble perdu d’avance. C’est toutefois sans compter sur les liens sacrés, la solidarité et l’entraide qui unissent les femmes.  

    Politiquement et socialement fort, le métrage souffre d’un scénario trop basique aux rebondissements téléphonés. 

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