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le blog d'Edmée - Page 133

  • Emotion mondiale après la mort de Diego Maradona, qui fut aussi un héros de cinéma

    Diego-Maradona.jpgUn génie éternel. Voici en résumé la teneur générale des hommages qui se sont multipliés partout dès l’annonce de la mort, à 60 ans, mercredi 25 décembre, de Diego Maradona. Le champion du monde 1986 a succombé à une crise cardiaque, dans la banlieue de Buenos Aires, alors qu’il récupérait chez lui de son opération d’un hématome à la tête début novembre. L’Argentine a décrété un deuil national de trois jours dans le pays en larmes, qui perd sa célébrité adorée.

    Mais l’icône a fasciné bien au-delà du ballon rond. A cet égard, on vous recommande Diego Maradona, d'Asif Kapadia, projeté aux festivals de Cannes et de Locarno et sorti en salles en août dernier. Le réalisateur se penche sur le destin hors norme, tumultueux, du footballeur le plus mythique de la planète. 

    La folle période du surdoué du crampon

    Pour mieux brosser le portrait de ce fils d'un bidonville de Buenos Aires qui n’a cessé d'alimenter la chronique avec son talent et ses triomphes, de faire le buzz entre provocations, excès et scandales, le cinéaste britannique se concentre plus particulièrement sur la folle période napolitaine du surdoué du crampon. Elle va de 1984, date à laquelle il débarque à Naples, et 1991, début de la décadence.

    Asif Kapadia évoque les rapports passionnels de Maradona avec des gens qui le vénéraient comme un dieu. Pas difficile d'en imaginer la raison. Pendant sept ans, le numéro 10 met le feu au terrain, menant son club, le SSC Napoli, en tête du championnat pour la première fois de son histoire. Sauvant ainsi l’honneur de cette ville pauvre et méprisée. Les tifosi chavirent, la fête dure encore et encore.

    Sexe, drogue et mafia

    Car le miracle se reproduit pour le nouveau roi de Naples qui, tant qu’il en accomplissait, pouvait tout se permettre. Mais s’il a connu l'apothéose, il a aussi vécu l'inverse, passant du statut de messie à celui de brebis galeuse, entretenant des relations troubles avec la mafia qui le fournit en filles et en drogue. Une addiction qui sera l’une des causes de la descente aux enfers de Diego, piégé par le star system.

    Bientôt tous se détournent de lui. La ville, le club, les tifosi et même la Camorra pour qui il devient gênant. Sans compter l’humiliation suprême infligée par le mythe, En 1990, l’équipe argentine emmenée par Maradona gagne contre l’Italie en demi-finale de la Coupe du monde. Un match programmé au stade San Paolo de Naples qui l’avait sacré six ans plus tôt. L’affront ne lui sera jamais pardonné.

    Oscillant entre le génie de Maradona, sa fantastique science du jeu, et les fêlures de Diego, le documentaire réalisé à partir de plus de 500 heures d’images inédites issues des archives personnelles du footballeur, est passionnant. Comme il sait si bien le faire, Asif Kapadia rend hommage à l’une des légendes alors vivantes du sport, à son parcours extraordinaire, en le montrant de l’intérieur. Un voyage propre à captiver tout le monde, du super spécialiste au béotien.

    A revoir aussi Maradona par Kusturica (2008). Il nous plonge dans une discussion entre  la légende argentine et le réalisateur serbe, l’un de ses plus grands fans.

     

     

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  • Festival de Locarno: Giona A. Nazzaro, nouveau directeur artistique

    unnamed.jpgGiona A. Nazzaro prend la direction artistique du Festival du film de Locarno. Il a été choisi à l'unanimité, a annoncé le président du Festival, Marco Solari, lors d'une conférence de presse jeudi.

    «Le Conseil d'administration a trouvé en Giona A. Nazzaro une personnalité qui reflète les contours artistiques du Locarno Film Festival. Des compétences solides, une connaissance pointue de la manifestation, un regard tourné vers l’avenir, en parfaite adéquation avec l’indispensable innovation numérique de notre Festival, et un profil international doublé d’un lien privilégié avec la Suisse et le Tessin », a déclaré Marco Solari.

    Bien connu dans le milieu, Giona A. Nazzaro succède à la Française Lili Hinstin, qui avait provoqué une grosse surprise en annonçant soudainement son départ le 24 septembre dernier, après deux ans seulement, en raison de «divergences stratégiques».

    A l’époque ni elle ni Marco Solari n’avaient souhaité commenter la chose. On n’en a pas appris davantage aujourd’hui, au-delà du fait que le président, tout en évoquant un "douloureux divorce", l'a remerciée pour avoir permis le développement artistique du festival. 

    Délégué général de la Semaine internationale de la Critique de la Mostra de Venise depuis 2016 et membre du comité artistique du Festival international du film de Rotterdam (IFFR), Giona A. Nazzaro est né à Zurich en 1965 et a étudié en Suisse. Il a toujours entretenu une relation étroite avec le festival, où il a déjà joué les modérateurs. Il a écrit et dirigé des ouvrages consacrés à de grands cinéastes comme Gus Can Sant, Spike Lee et Abel Ferrara.

    Diplômé en langue et littérature allemande et anglaise, le nouveau pilote du festival tessinois a été programmateur et membre du comité de sélection de Visions du Réel à Nyon de 2010 à 2020. Il a introduit la recherche sur le cinéma de Hong Kong et conduit une réflexion sur les nouvelles stratégies narratives des séries télévises. Passionné par l'influence des nouvelles technologies sur le cinéma et les arts, ce journaliste de formation collabore avec de nombreux médias italiens et internationaux. 

    Giona A, Nazzaro entrera en fonction le 1er janvier prochain, tout en travaillant dès maintenant aux côtés de Nadia Dresti, assurant par intérim la direction artistique jusqu’à la fin décembre et qui restera, dans l'immédiat responsable de la coordination de Locarno Pro. Annonçant qu’il habiterait désormais Locarno, Nazzaro a dit son émotion, son honneur et son bonheur d’être nommé à la tête d’un festival défenseur, dès sa création, du cinéma d’auteur et de qualité, oeuvrant tel un laboratoire d'idées d'une vitalité extraordinaire. Séduit par la magie de la Piazza Grande d'où tout doit repartir, il s’attellera à relever le défi consistant à créer un dialogue aussi large que possible avec tous les publics.

    La 74e édition du Locarno Film Festival se tiendra du 4 au 14 août 2021.

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard
  • Grand écran: Alex donne tout pour être Miss France dans un conte de fées luttant contre l'intolérance

    Miss.jpgAlors que beaucoup de petits garçons ont envie de devenir super-héros, footballeur, pompier ou policier, Alex, 9 ans, n’a qu’une idée en tête: être élu Miss France. Quinze ans plus tard, il a perdu ses parents, navigue entre les genres, errant comme une âme en peine dans sa vie monotone. Une rencontre imprévue va réveiller son rêve oublié. Il décide donc de participer à la célèbre compétition en cachant son identité civile masculine.

    Sept ans après le succès de La cage dorée, Ruben Alves nous plonge, avec Miss, dans les coulisses de l’impitoyable concours. Il suit, jusqu’au grand soir, les différentes étapes du parcours mouvementé et improbable de ce jeune homme qui veut devenir quelqu’un. Ce n’est pas une sinécure, mais Alex va tout donner pour remporter ce titre, pour lui si important dans la quête de sa féminité, de lui-même de sa place dans le monde. Il est aidé dans sa folle entreprise par la famille de coeur pour le moins singulière et pittoresque qu’il s’est choisi. Elle est notamment composée de Thibault de Montalembert méconnaissable en travesti caustique officiant au Bois de Boulogne, Isabelle Nanty, et Pascale Arbillot.

    Ce conte de fées en forme de recherche identitaire qui joue avec les codes, lutte contre l’intolérance avec drôlerie, émotion et tendresse. Si le réalisateur évite le militantisme, il se laisse aller à quelques clichés et situations un rien caricaturales. Mais l’ensemble est bien tenu, porté de surcroît par des comédiens convaincants.

    Le rôle principal a été confié au sublime, lumineux et parfaitement crédible Alexandre Wetter, à rendre jalouse certaines candidates. Le comédien androgyne, débutant sur grand écran, avait déjà défilé en femme pour Jean-Paul Gaultier en 2016. 

    "Je veux inciter les gens à vivre leurs rêves"

    Cela faisait longtemps que Ruben Alves avait envie de traiter de questions de genre, de transidentité, mais ne trouvait pas le bon moyen pour amener le grand public à rentrer dans l’histoire. Il ne voulait pas non plus faire un film à sujet. Après plusieurs années, il rencontre Alexandre Wetter, qu’il a repéré grâce à ses photos sur son compte Instagram.

    «Il m’a bluffé, c’est lui qui m’a donné l’idée du film», nous raconte le réalisateur de passage récemment à Genève en compagnie de son comédien. «J’ai commencé à écrire après être allé voir le Comité Miss France. Je n’aurais jamais imaginé être aussi bien reçu. Sylvie Tellier n’a pas hésité à me donner son aval. Et pendant un an, j’ai suivi le concours des Miss régionales».

    Avec cette fable libératrice traitant de l’acceptation de soi, qui interroge la notion de féminité, Ruben Alves évoque notamment une histoire concernant un ami. «Plus généralement je m’adresse à tous ceux qui se sentent en marge, différents dans une société trop normée, mais aussi à tous les autres . En amenant une certaine légèreté. Le fait qu’un sujet dramatique doit imposer de l’être me dérange. Et je veux surtout inciter les gens à vivre leurs rêves ».

    Côté comédien, si Alexandre Wetter était son premier choix, le cinéaste a tout de même fait d’autres essais, histoire de lui mettre la pression. Ce qui a poussé l’intéressé, qui voulait absolument le rôle à aller brûler un cierge… «Ce personnage me passionnait. Il me ressemble beaucoup et en même temps, pas du tout. J’ai aimé le jouer. Au départ j’avais peur de ne pas être légitime. Petit à petit, j’ai pris le pouvoir. Ce fut une aventure intense, riche en émotions».

    Le plus difficile pour lui, au-delà de désapprendre son exploration précédente de la féminité (mannequin pour Gaultier) a été de porter des talons hauts et de s’endurcir physiquement. «J’ai perdu dix kilos, j’ai fait énormément de sport. De la barre au sol, de la corde à sauter».

    Parfait en Miss, Alexandre Wetter, dont le propre rêve d’enfant était d’être Indiana Jones, a d’autres envies sur grand écran. «J’adorerais interpréter un tueur à gages, un salopard, aller au-delà de moi-même, faire des cascades. Et puis peut-être qu’un jour je pourrai écrire, réaliser…»

    En ce qui concerne Ruben Alves, une bonne nouvelle. Il n’y aura pas besoin d’attendre de nouveau sept ans pour voir son prochain film. Il est déjà en train de plancher sur une satire de la consommation.

    « Miss », à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 octobre.

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