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Sorties de la Semaine

  • Grand écran: "Naître Svetlana Staline", le parcours hors norme de "la princesse du Kremlin"

    Fille unique de Joseph Staline et de Nadejda Allilouïeva, Svetlana, qui a vu le jour en 1926, a eu une existence complexe, hors du commun. A travers des archives rares et des images animées, le réalisateur suisse Gabriel Tejedor brosse le portrait d’une femme libre, qui essaie de prendre le contrôle de sa vie et d’échapper à l’ombre sanglante de son père. S’inscrivant dans le contexte politique, social et idéologique de l’époque, l’auteur met au jour un chapitre méconnu, en racontant le parcours fascinant d’un personnage excessif, exalté, émouvant, déchiré entre sa redoutable filiation, son éducation, sa responsabilité maternelle et ses propres ambitions. 

    Adorée de son père, qui la chouchoutait et s’amusait à obéir à ses ordres de gamine, Svetlana mène une vie insouciante au Kremlin jusqu’à la mort de sa mère, qui se suicide six ans plus tard. Son monde commence à changer. Petit à petit, elle voit ses proches disparaître. Par ailleurs l’impitoyable Staline a l’amour tyrannique. Il a aussi du mal à accepter de la voir grandir. Il exige qu’elle se comporte et s’habille modestement, en cachant ses coudes et ses genoux.

    Des compagnons pour provoquer son père 

    Elle fait mine de céder, mais sort faire la bringue avec son frère et, à 16 ans, tombe amoureuse d’Alexis Kapler, comédien juif, son aîné de 38 ans. Furieux, Staline la gifle, l’oblige à rompre ses fiançailles et Kapler est condamné à dix ans de goulag. Dès lors le fossé s’élargit entre le père et la fille qui choisira ses futurs compagnons pour le provoquer. Et tout bascule lors de la mort du dictateur, responsable de millions de morts,  en 1953.

    Svetlana est désormais sous haute surveillance.  Elle fréquente les intellectuels et les dissidents. abandonne le nom de Staline pour celui de sa mère, Allilouïeva, se convertit à la religion orthodoxe, et commence à écrire son autobiographie pour se libérer l’esprit. Mariée et divorcée deux fois, alors mère d’un garçon et d’une fille, elle entame en 1963 une liaison avec Brajesh Singh, membre du PC indien qu’on lui interdit d’épouser. Toutefois à sa mort en 1966 , elle est autorisée à rapporter ses cendres en Inde. Elle profite alors de ce séjour pour réclamer l’asile à l’ambassade des Etats-Unis à New Dehli, abandonnant ainsi ses deux enfants. Sa fille Katia ne le lui pardonnera pas. 

    Traquée jusqu’à sa mort

    Mais on est en pleine guerre froide. A Genève ont lieu  es discussions sur la signature d’un traité de désarmement nucléaire entre les États-Unis et l’URSS ont lieu à ce moment-là à Genève ! On craint que le passage de la fille de Staline à l’Ouest ne compromette tout rapprochement entre les deux blocs,, comme le montre le documentaire.  Tandis que les Soviétiques manifestent  leur colère, le président Lyndon Johnson embarrassé préfère d’abord la cacher en Suisse, à Fribourg, chez les religieuses. Elle devient la cible des reporters qui la traqueront sans relâche jusqu’à sa mort, à l'instar des services secrets et ses fans. 

    Après ce séjour en Suisse, ce sont des années d’errance pour Svetlana. Elle se remarie, donne naissance à une petite Olga, divorce, ne cesse de déménager, prend la nationalité américaine, publie ses souvenirs où elle qualifie son père de monstre. Elle retourne en URSS en 1984, mais, déçue, retrouve un pays au bord de la faillite, un parti qui veut l’instrumentaliser et des enfants à qui elle n’a jamais manqué. Elle décide alors de s'installer  à Londres  Au départ crainte et admirée, mais prisonnière politique de son père, «la princesse du Kremlin» finira tristement ses jours dans le Wisconsin, en novembre 2011. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 novembre. 

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  • Grand écran: avec "Gladiator 2", Ridley Scott mise sur le sang et la surenchère. "Make Rome Great Again", pas facile...

    Ridley Scott, qui a marqué l’histoire du cinéma avec les inoubliables Alien, Blade Runner, ou Thelma et Louise, ajoutait, il y a vingt-quatre ans, une œuvre culte, Gladiator, exaltant le courage et la fidélité. Tout en redonnant ses lettres de noblesse au peplum, l’opus engrangeait alors 450 millions de dollars au box office et raflait au passage cinq Oscars dont celui de meilleur film et de meilleur acteur. 

    Aujourd’hui, le réalisateur de 86 ans  peu épargné pour House Of Gucci (2021) et carrément malmené par la critique en 2023 pour Napoléon en  2023 tente de se refaire une beauté en proposant une suite à son célèbre belluaire. Elle se situe seize ans après la mort de Maximus (Russel Crowe), gladiateur vénéré par la foule et de l’empereur Commode (Joaquin Phoenix) dans l’arène du Colisée, et s’attache au destin d’Hanno (Paul Mescal), un Romain promu à une haute fonction après avoir été adopté par le peuple numide lorsqu’il était enfant et s’appelait Lucius.

    Après la conquête de sa nation libre par le puissant général romain Acacius (Pedro Pascal), responsable de la mort horrible de sa femme et de son fils, Hanno, est fait prisonnier, est emmené comme esclave à Rome. Rempli de haine et de rage, il attire rapidement l’attention du richissime cynique et ambitieux Macrinus (Denzel Washigton), marchand d’armes et commanditaire des gladiateurs, qui vise le Sénat. 

    Panem et circences. Rome n’a hélas pas changé, jetant toujours ses gladiateurs en pâture pour plaire la plèbe. .C’est donc dans le sable du Colisée que le valeureux Hanno devra sauver sa vie, gagner sa liberté. Mais on s’en doute, il va marcher avec panache sur les traces du glorieux Maximus. Electrisant le public non seulement en remportant tous ses combats, luttant quasiment à mains nues contre des hommes bardés de fer ou des animaux féroces, mais en offensant Geta et Caracalla, les décadents, tyranniques et sanguinaires frères empereurs, plus crétins l’un que l’autre, et haïs du public. 

    Ivre de vengeance, il n’en oublie pas pour autant Acacius. Dans la foulée, la femme de ce dernier Lucilla (Connie Nielson), découvre qui est en réalité Hanno... Sur qui repose la lourde tâche de restaurer la grandeur de Rome et de rendre la ville à son peuple. « Make Rome Great Again, » comme dirait un certain Donald Trump. Sauf qu’Hanno ne pense pas à sa gloire personnelle… 

    La vérité historique, il s’en tamponne, Scott

    A quelques détails près, cette deuxième mouture tournée au Maroc ressemble fort à un remake qui, depuis l’annonce du projet, aura mis six ans à s’étaler sur grand écran. Et comme tous les remakes ou presque, il est nettement moins bon que l’original. Pour l’anecdote, l’auteur se montre toujours aussi peu scrupuleux envers la vérité historique. Par exemple Lucilla ayant été assassinée sur l’ordre de son frère Commode après qu’il a abusé d’elle, ne devrait pas être là. Le cinéaste  a aussi une notion improbable de la gémellité et oublie que c’est Caracalla qui a tué Geta et non l’inverse, comme il le montre.   

    Mais Scott s’en tamponne. Et en réalité, ce n’est pas le plus ennuyeux. En  mal d’ambition artistique et de créativité, Ridley Scott tente de compenser en nous en mettant plein la vue. Misant sur le monumental et la surenchère, mettant plus particulièrement l’accent sur la violence de combats acharnés où le sang de corps mutilés pisse en abondance partout. Qu'li s'agisse d'une bataille navale dans un Colisée rempli d’eau où rôdent de sinistres requins assoiffés d'hémoglobine, d'un terrifiant affrontement avec d’affreux babouins géants en 3D,  ou d'une lutte sans merci avec un rhinocéros furax, avide d’empaler ses adversaires de sa corne redoutable. 

    La vraie star c’est Denzel Washington 

    Reste le casting. Tête d’affiche, l’acteur irlandais Paul Mescal, révélé par la série Normal People, surprend par sa fadeur. Il n’a pas le charisme de Russel Crowe. Tout comme Pedro Pascal n’a pas celui de Joaquin Phoenix. Tous deux se font voler la vedette par Denzel Washington, parfait en machiavélique, impressionnant, excessif, complexe, ambigu, cruel et dominateur Macrinus. Un vrai bad guy. On relèvera également Connie Nielson dans le rôle de Lucilla, femme de pouvoir, mais sur le qui vive car constamment menacée de mort par l’affreux Caracalla. 

    Mais si on chipote sur ce deuxième volet, peut-être que Ridley Scott nous séduira par une troisième mouture. En tout cas, il a fait savoir qu'il était partant et a déjà  est partant et a déjà des idée, a-t-il fait savoirs. savoir. C’est tout ce qu’on souhaite: Make Scott Great Again… 

    "Gladiator 2", à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 13 janvier.

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  • Grand écran: "Crossing Istanbul" nous emmène à la découverte du milieu trans de la métropole turque

    Il avait séduit il y a cinq ans avec Et puis nous danserons, évoquant une poignante histoire d’amour entre deux garçons dans le milieu de la danse traditionnelle en Géorgie. Après cette belle réussite qui lui a valu une percée internationale, le réalisateur suédois Levan Akin revient avec Crossing Istanbul, où il réunit avec bonheur les cultures géorgienne et turque .
     
    Le film s’ouvre sur Lia (Mzia Arabuli), célibataire, professeure d’histoire à la retraite. Elle marche dans les rues de Batoumi, sur la côte géorgienne de la mer Noire, à la recherche de Tekla, sa nièce trans disparue depuis longtemps. Sans doute à Istanbul. Elle a fait la promesse à la mère mourante de Tekla de retrouver la fille qu’elle avait rejetée et de la ramener chez elle. Achi (Lucas Kankava) le paresseux frère cadet d’un de ses anciens élèves, rêve de fuir son morne quotidien pour la grande ville. Il supplie Lia de le laisser l’accompagner en lui assurant qu’il sait où habite Tekla. Lia rechigne, mais finit par se laisser convaincre par le jeune dadais

    Le couple bancal que tout oppose débarque à Istanbul. L’occasion pour Levan Akin de nous plonger dans l’ambiance particulière de cette ville fascinante, pleine de contrastes et de tous les possibles, véritable labyrinthe à cheval entre Orient et Occident, tradition et modernité. Tout en nous emmenant dans le quartier trans, pauvre, très peu fréquenté par les touristes, où est censée vivre Tekla.
     
    Mais chercher une personne qui n’a pas envie d’être retrouvée n’est pas simple. D’autant qu’Istanbul est un lieu où l’on va pour fuir l’ostracisme et disparaître, ont confié des femmes trans au réalisateur, comme on peut le lire dans une interview. En plus Lia et Achi sont loin d’être des fins limiers! Evrim (Deniz Dumanlı), avocate trans qui se bat pour les droits de la communauté dans un centre LGBTQIA+, va peut-être pouvoir les aider.

    En traitant des différences de genre et orientations sexuelles sujettes à la discrimination, Levan Akin voulait livrer une image humaniste, tendre et positive de la transidentité. Ce qui est le cas. On regrette toutefois qu’il ne s’agisse justement que d’une représentation, dans la mesure où il ne donne pas vraiment la parole aux personnages concernés dans les lieux traversés par nos détectives en herbe.
     
    Reste que le réalisateur nous touche avec un film intelligent, subtil, engagé, et non sans humour. Bien écrit, bien photographié, il est de surcroît porté par ses excellentes têtes d’affiche. À commencer par la charismatique Mzia Arabuli, qui campe une femme revêche, râleuse, se scandalisant pour un rien, portée sur la bouteille. Mais magistrale, au port de reine et toujours digne. En ingénu compagnon d’enquête, Lucas Kankava se révèle aussi maladroit qu’attachant, dans son besoin de tisser des liens avec Lia, comme une possible mère de substitution.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi6 novembre.

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