Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 4

  • Grand écran: thriller social bouleversant, "L'histoire de Souleymane" révèle un acteur

    Assis sur une chaise parmi d’autres personnes, un jeune homme attend. Il semble un peu nerveux, se recoiffe et tente d’enlever une tache sur le poignet de sa chemise blanche. Une femme l’appelle par son nom. Il se lève et la suit. Ce garçon qu’on découvre en ouverture du film de Boris Lojkin,  c’est Souleymane. Il a fui la Guinée pour rejoindre la France dans l’espoir, comme tant de migrants,  d’une vie meilleure pour lui et sa mère malade restée au pays. 

    Demandeur d’asile, Souleymane se retrouve à Paris, sillonnant les rues à vélo pour ivrer des repas à la place d’un autre qui lui loue son application téléphonique. Son statut lui interdit pourtant de travailler, et il lui reste deux jours avant un entretien à l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), qui lui permettra peut-être d’obtenir des papiers. Mais comme il n’a pas été persécuté en Guinée, il a dû acheter à un compatriote, un récit propre à émouvoir mais qu’il  a du mal à mémoriser.  Alors il se prépare, répétant encore et encore son histoire, tout en pédalant sans relâche  et  à toute allure, se jouant dangereusement du trafic et des feux rouges.

    Une route semée d’obstacles

    Et les galères ne manquent pas, qui font monter la tension. Entre les flics à éviter, son loueur de compte qui le harcèle, une chute qui le retarde, un restaurateur et une cliente dépourvus de la moindre humanité, sa route est semée d’obstacles. Souleymane n’a droit qu’à quelques moments de répit dans un  centre d'hébergement d'urgence, où il peut manger, se doucher, laver sommairement son linge, rencontrer d’autres infortunés, passer une nuit… 

    Avec ce thriller politico-social, Boris Lojkine livre un témoignage puissant, ancré dans la réalité de ces candidats à l’asile pour qui tout est si compliqué, en l’occurrence ces livreurs de repas maltraités sans complexe par des gens sans scrupules. Tout en rendant hommage à leur courage, il les suit en nous plongeant quasi physiquement dans leur quotidien brutal en forme de tunnel, au bout duquel ils  désespèrent de voir la lumière. 

    Un acteur est né, Abou Sangaré

    La force et la réussite de ce film sans pathos qui nous accroche dès le début pour ne plus nous lâcher, tient évidemment beaucoup à la remarquable interprétation d’Abou Sangaré. C’est une révélation. Il  bouleverse dans la peau de ce vélocipédiste exilé, fils aimant, dur à la tâche, qui mène un véritable combat. A méditer pour les populistes rampants prompts à le voir comme un délinquant en puissance. On retrouve Souleymane à l’Ofpra, comme au début, dans une dernière séquence où il fait face à une sévère mais juste agente de protection, incarnée par l’excellente Nina Meurisse. Pris au piège de son gros mensonge, Souleymae finira par craquer…. 

    Le jury d’Un Certain Regard à Cannes en mai dernier ne s’y est pas trompé. Alors qu’il a décerné son Prix à Boris Lojkine pour l’oeuvre, il a sacré Abou Sangaré meilleur acteur. Alors sous le coup d’une OQTF, ce dernier le reste aujourd’hui,  en dépit d’une quatrième demande de régularisation. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande, depuis mercredi 9 octobre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: Mort de Michel Blanc, grand acteur aussi drôle, profond que bouleversé o

    «Putain Michel, qu’est-ce que tu nous a fait? Ces mots de Gérard Jugnot résument bien l’immense douleur de la troupe du Splendid. Patrice Leconte partage de son côté sa sidération et sa peine, Emmanuel Macron salue un monument du cinéma français qui nous a fait pleurer de rire et ému aux larmes…  Les messages d’émotion et de tristesse se multiplient pour rendre hommage à Michel Blanc, mort dans la nuit de3 au 4 octobre d’une crise cardiaque. Il avait 72 ans et a tourné cette année son dernier film La cache, du Lausannois Lionel Baier. Il sortira en 2025

    Comédien excellant aussi bien dans la comédie que dans le drame, scénariste, dialoguiste, Michel Blanc compte quelque 90 longs métrages à son actif, dont cinq comme réalisateur. Il s’était révélé dans les années 70 au café-théâtre, avec ses potes du Splendid, avant de se lancer dans le cinéma en 1975, en valet de chambre de Louis XV dans Que la fête commence de Bertrand Tavernier. Suivent des apparitions dans une douzaine de films avant la consécration, avec les cultissimes Bronzés de Patrice Leconte en 1978 et Les bronzés font du ski un an plus tard. 

    C’est là que naissait l’inoubliable, inénarrable et lourdingue dragueur éconduit Jean-Claude Dusse, qui n’a cessé depuis de lui coller à la peau. On se souvient tous de la scène mythique du télésiège... Il s’est d’ailleurs spécialisé dans ce rôle de loser dans Viens j’habite chez une copine ou Ma femme s’appelle reviens.

    Meilleur acteur à Cannes en 1986

    Espérant s’en débarrasser, il l’incarne encore une fois dans Marche à l’ombre (1984), sa première réalisation où il traîne ses savates avec Gérard Lanvin. Le film remporte un immense succès en drainant plus de six millions de spectateurs. Fort de ce triomphe, Michel Blanc répond à l’offre de Bertrand Blier. Aux côtés de Gérard Depardieu, il joue un homme découvrant son homosexualité dans Tenue de soirée. On est en 1986 et il est sacré meilleur acteur à Cannes.  

    Trois ans plus tard, on découvre le comédien dans Monsieur Hire. Un tailleur misanthrope et taciturne amoureux de sa jolie voisine d‘en face (Sandrine Bonnaire) qu’il ne cesse d’épier par la fenêtre, est soupçonné du meurtre de la jeune femme. Dans ce film signé Patrice Leconte, Michel Blanc, exceptionnel, trouve le meilleur rôle dramatique de sa carrière. 

    Prix du scénario sur la Croisette  en 1994

    Après avoir multiplié les costumes les plus divers dans une foule de métrages, parois navrants, apparaissant par ailleurs devant la caméra de Peter Greenaway, Robert Altman ou Roberto Benigni, Michel Blanc repasse derrière avec Grosse fatigue en 1994.

    Dans cette comédie noire et absurde, il joue son propre rôle, vedette depuis plusieurs années. Mais un jour sa célébrité vire au cauchemar où il reçoit gifle et coup de poing a la place des demandes d'orthographe. En compagnie d’une Carole Bouquet barrée, il va tenter de comprendre ce qui lui arrive. Cette comédie d’un style nouveau remporte le prix du scénario à Cannes et cartonne au box office. 

    Suite à une troisième réalisation au titre prémonitoire, Mauvaise passe, logiquement ignorée du public, une quatrième mieux accueillie Embrassez qui vous voudrez, il renoue avec deux gros succès de comédien dans Je vous trouve très beau d’Isabelle Mergault en 2005, et surtout grâce aux Bronzés 3 de Patrice Leconte l’année suivante. Pourtant décevante, cette suite réunit plus de 10 millions de spectateurs. 

    César du second rôle en 2012

    Après Les témoins d’André Téchiné en 2007, film sur les années sida où Michel Blanc se glisse dans la peau d’un médecin homosexuel,  il nous bouleverse à nouveau dans un registre dramatique, qui lui a valu le César du second rôle en 2012. Avec  L'xercice de l’Etat, Pierre Schoeller le met en scène en directeur de cabinet, personnage animé par le sens de l’État, serviteur austère indispensable à son ministre des Transports corrompu, joué par Olivier Gourmet. 

    Malheureusement pour lui, le public ne le suit pas dans sa dernière réalisation en 2018. Voyez comme on danse, une suite d’Embrassez qui vous voudrez.  Il revient en acteur en 2023 dans Les petites victoires de Mélanie Auffret et on le reverra l’an prochain dans La cache de Lionel Baier, adapté du roman éponyme de Christophe Boltanski, Prix Fémina 2015. 

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: "Joker: folie à deux" mêle comédie musicale, romance et film à procès. Captivant

    Après le fracassant triomphe surprise en 2019 du thriller psychologique Joker, Lion d’or à la Mostra de Venise, son auteur Todd Phillips s’est logiquement décidé à surfer sur la vague qui a consacré le  pire ennemi de Batman, tueur psychopathe sévissant à Gotham City,. Dans cette deuxième mouture, Arthur Fleck, Incarcéré à l’asile d’Arkham, attend son procès pour les crimes commis sous les traits du méchant clown grimaçant. Dont celui de l’animateur Murray Franklin en direct à la télévision, qui a provoqué le soulèvement d'une meute de bouffons.  

    Au début du film, on retrouve Fleck dans sa cellule. Incarné par un Joaquin Phoenix habité, aussi bluffant que dans le premier qui lui a valu un Oscar et un Golden Globe.  Méconnaissable, vieilli, shooté aux médicaments, mutique, recroquevillé,  il a fondu. Mais ce qui va changer pour ce mort vivant se traînant seul et désespéré, du moins le croit-il, c’est la rencontre du grand amour, lorsqu'il tombe par hasard sur Harley Quinn, une co-détenue. Impressionnante dans le rôle, Lady Gaga ne le cède en rien à son partenaire. Le visage dégoulinant de maquillage, elle et lui forment un couple déjanté quasiment parfait. 

    Alors qu’ils assistent ensemble à la projection du Danseur du dessus avec Fred Astaire, Arthur est entraîné par la jeune femme rebelle, qui adore semer panique et chaos partout où elle passe, dans une folie à deux. Pour' échapper au  sordide univers carcéral, ils se mettent à chanter, entre rêve et réalité, des standards jazz-pop des 1960’s revisités. Ils dansent aussi, Phoenix nous gratifiant même au passage d’un petit numéro de claquettes plutôt réussi. Tout comme sa reprise émouvante du Ne me quitte pas de Brel, quand le malheureux Arthur se rend compte que c’est le Joker qui a séduit Harley Quinn.

    Mêlant comédie musicale, romance pénitentiaire et film à procès avec le public dans le box des accusés, Todd Philipps propose un film introspectif, très différent de l’original où, lors des joutes au tribunal. se pose la question de la personnalité de Fleck, victime ou non de son double, redoutable criminel en série, star au rire jaune tonitruant et idole d’une société malade. Captivant. On pourrait reprocher à Phillips de courir trop de lièvres à la fois. Mais ça marche et on aime. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 octobre .

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire