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Sorties de la Semaine - Page 3

  • Grand écran: "L'attachement" explore les liens affectifs, le deuil, la filiation. Avec Valeria Bruni Tedeschi et Pio Marmaï au top

    Pour son cinquième film, L'attachement, Carine Tardieu réalisatrice scénariste et écrivaine, a choisi d’adapter le livre d’Alice Ferney L’intimité. Elle y explore les liens affectifs, le deuil, la filiation, la parenté, l’amour, bref les relations humaines..  

    Sandra (magnifique Valeria Bruni Tedeschi) est une libraire quinquagénaire farouchement indépendante, et féministe engagée. Mais un jour, la vie de cette célibataire sans enfants heureuse et fière de l’être, bascule. Soudainement, malgré elle, elle va partager le quotidien d’Alex, son voisin de palier (impeccable Pio Marmaï), qui se retrouve seul avec deux gosses, suite à la mort de sa femme lors de son accouchement. 

    Contre toute attente, Sandra, un peu ronchonne et qui assume sa solitude,, s'attache peu à peu à cette famille, qui ébranle ses certitudes. Plus particulièrement le jeune fils Eliott (César Botti), en manque de tendresse, d’attentions, qui vient souvent sonner à sa porte, s’accroche à elle et va la faire craquer.   

    Carine Tardieu propose ainsi une comédie dramatique intelligente, intense, pleine d’émotions, entre douceur, tristesse,  mélancolie et une pointe d'humour. Elle est portée par des protagonistes à la hauteur du propos, sensibles, justes, sobres, bouleversants. Son auteure nous en dit plus à l’occasion  d’une récente rencontre à Genève. 
     
    Le livre d’Alice Ferney s’intitule "L’intimité". Pourquoi l’avoir changé en "L’attachement"?
     
    C’est une adaptation très libre du roman. Il tourne beaucoup autour de l’accouchement, de la maternité, de la GPA. Il y a un côté philosophique. On perd ainsi Sandra, dont je voulais faire mon fil conducteur., 
     
    Qu’est-ce qui vous a particulièrement touchée chez elle?
     
    Le fait qu’elle ne veuille pas d’attache. Qu’elle revendique sa liberté. Elle est bien avec elle-même. Elle ne va pas vers les autres. Elle ne cherche pas à être aimée. 

    En même temps , elle s’est forgé une carapace. Avant d’être dépassée par les événements
     
    C’est vrai. Pendant tout le film, elle essaye de résister. Sandra est quelqu’un qui s’empêche. Saiuf qu'on ne contrôle pas l’attachement. En même temps, elle ne va pas remplacer sa mère d’Eliott. Elle est un substitut affectif. Mais les liens qu’elle tisse avec ce petit garçon la font accéder à quelque chose de nouveau, tout en gardant son espace de liberté. 
     
    Il ne s’agit pas d’un film féministe, mais vous en analysez ses différentes formes. 

    Oui, parce qu’il n’y en a pas qu’un seul. On peut être féministe dans nos gestes, nos paroles, notre comportement. Ce que je trouve compliqué, c’est quand il  n’y a pas de place pour la demi-mesure. Je trouve cela très contreproductif.
     
     Valeria Bruni Tedeschi se révèle surprenante de modération, de retenue. Avez-vous écrit le rôle pour elle? 

    Je ne fais jamais ça, car je ne veux pas être déçue. Je suis allée la chercher en fin d’écriture. Elle a accepté le rôle tout de suite alors que c’est très nouveau pour elle de se laisser contraindre. Elle est sans filtre, très impulsive. Au début elle ne savait pas être sur la réserve, dans la modestie. Au début elle ne savait pas le faire. J’ai dû la forcer…
     
    Vous dites vouloir faire des films simples. 

    Dans la mise en scène, je veux en effet aller vers  l’épure, me montrer discrète avec ma caméra. Mais cela se travaille. Dans le genre, Sautet reste mon maître. En apparence, tout est simple, en réalité tout est précis, contrôlé. 

    Carine Tardieu, qui a adopté une petite fille à quarante ans,  nous confie encore que devenir mère lui a permis de se réinventer. «En tant que réalisatrice, je me rapproche à chaque film de ce que je suis, de ce que j’aime raconter. Avec L’attachement, c’est comme si je sortais du bois. Je vais de moins en moins vers la comédie. Sans être totalement dramatique… » .

    "L’attachement", à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 février.

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  • Grand écran: " Sauve qui peut", jeux de rôle pour apprendre l'empathie en milieu hospitalier

    Dans un centre de formation du CHUV à Lausanne de vrais soignants et de faux patients des deux sexes atteints de pathologies graves, simulent des consultations médicales. Le but, apprendre aux premiers l’art de l‘écoute, la bienveillance, l’empathie, la façon de prendre son temps, de se mettre à la place des seconds, de leur annoncer de mauvaises nouvelles. Ces saynètes suivies de debriefings donnent souvent lieu à des scènes passionnantes et d’une rare intensité. 

    Très intéressée par ces mises en situation, la réalisatrice belge Alexe Poukine a posé, outre au CHUV, sa caméra dans d’autres hôpitaux en Belgique et en France, pour son troisième film Sauve qui peut. Il se déroule en deux parties. L’une consacrée à la simulation et donc aux émotions des patients et l’autre à celles des soignants. 

    Une autre réalité

    Car derrière ces jeux de rôle, on découvre une autre réalité, le malaise et les tensions pesant sur des thérapeutes dans un système de plus en plus sous pression. La capacité d’empathie est mise à rude épreuve dans un univers hospitalier exerçant lui-même de la violence sur son personnel en burn out.

    En d’autres termes, comment se montrer bienveillant dans un système malveillant qui vous maltraite?  Quand votre bip sonne sans arrêt, quand on a que cinq minutes pour faire la toilette d’un patient, bref quand on ne vous donne tout simplement pas les moyens de manifester une humanité qu’on pourtant envie de développer.  Comment par ailleurs, préserver les vocations?

    Alexe Poukine a découvert ce monde de simulations grâce à une médecin urgentiste, nous apprend-elle à l’occasion d’une rencontre à Genève. «Cela m’a fascinée de voir la manière dont le faux peut révéler le vrai, transformer la réalité. On se prend incroyablement au jeu. On devrait le faire dans tous les milieux pour que les relations humaines soient plus simples».

    "Depuis, je parle autrement à mes enfants"

    La réalisatrice n’a pas eu de difficultés à entrer en contact avec les organisateurs de ces ateliers. «Et surtout pas en Suisse, très avancée dans ce domaine. C’était merveilleux de pouvoir tourner au CHUV. Les patients simulés sont très bien formés, les briefings sont excellents. J’ai appris tellement de choses. Depuis, par exemple, je parle autrement à mes enfants»

    Vrais soignants et faux patients ont accepté d’être filmés sans problèmes. «On m’a facilement fait confiance. De toute façon, les simulations, les émotions ont  tellement fortes qu’on oublie à la fois le jeu et la caméra».

    Tout en abordant les tensions, l’épuisement des soignants, Alexe Poukine se défend de critiquer véritablement l’hôpital. «Je me livre avant tout à une auscultation, à une échographie de la situation qui met le personnel en souffrance. Mais je ne prétends pas apporter des solutions».

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 février.   

     

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  • Grand écran: "5 septembre", un thriller journalistique captivant au coeur de la tragédie des JO de Munich

    Pour ses premiers JO depuis ceux de 1936 et la fin du nazisme, l’Allemagne avait promis les Jeux de la joie. Mais le commando palestinien de Septembre Noir en a décidé autrement. 

    Au lieu de la fête prévue avec la diffusion complète et en direct des compétitions à la télévision, c’est l’horreur qui va pénétrer dans les foyers du monde entier, après la prise en otages de onze israéliens au village olympique de Munich. le 5 septembre 1972.  Les auteurs réclamant la libération de 234 prisonniers palestiniens. 

    Minute par minute

    Alors que Mark Spitz vient de gagner sa septième médaille d’or, des coups de feu retentissent… Cette attaque survenue trente ans avant celle des Twin Towers, a été vécue minute après minute, pendant 22 heures, jusqu’à l’issue fatale, la mort des onze otages, par les journalistes sportifs de la chaîne américaine ABC.

    Ils ont immédiatement compris qu’un drame se jouait. La diffusion des compétitions interrompue, ils décident de le couvrir eux-mêmes, au lieu de faire appel à leurs collègues des infos, en principe plus aptes à maîtriser ce genre de sujet. Et ce sont eux, plus précisément Geoffrey Mason (incarné par John Magaro), jeune producteur ambitieux qui a révolutionné  a TV en direct, et son patron Roone Arledge, légende du journalisme sportif américain, que suit le réalisateur bâlois Tim Fehlbaum, 42 ans, dans son film 5 septembre. 

    Les questions qui se posent

    Steven Spielberg s’était déjà emparé de cet épisode sanglant en 2005 dans Munich, mais Tim Fehlbaum a choisi un autre angle. Mettant la tragédie en arrière-plan, Il la raconte à travers les yeux de ceux chargés d’en rendre compte. Mais comment ? Quel traitement, quelles images montrer? Face au chaos, à l’atrocité, au fait que les terroristes ont accès eux aussi aux images, les questions de déontologie, de morale, d’éthique de décence, de sécurité, se posent. A la fois aux journalistes et aux spectateurs, placés dans les mêmes conditions. 

    Résultat, un formidable thriller journalistique sous haute tension en forme de huis-clos oppressant à la mise en scène efficace, au dispositif réduit. Evoquant la pratique journalistique, la frontière entre le devoir d’informer la tentation du sensationnalisme, du scoop, Tim Fehlbaum, caméra à l'épaule, comme en mission à l’intérieur du studio d’ABC, nous pousse à nous interroger sur notre rapport aux médias, aux images, à l’info en continu dont nous faisons aujourd’hui une consommation effrénée. 

    A ne manquer sous aucun prétexte ce fim captivant, qui avait été nommé au Golden Globe du scénario, et qui l’est à nouveau à l’Oscar, dans la même catégorie. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande, depuis mercredi 5 février.

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