Grand écran: "Black Dog", amitié insolite entre un motard mutique et un lévrier famélique (31/03/2025)
Chine 2008, quelques semaines avant l’ouverture des Jeux olympiques, dans une région déshéritée, sinon fantôme, aux portes du désert de Gobi. Sous prétexte de progrès sociaux, un projet de rénovation urbaine condamnant à la démolition des immeubles lépreux a obligé des milliers d’habitants à quitter les lieux. En allant s’installer ailleurs, ils ont abandonné les rues à des hordes de chiens qu’il faut éliminer.
Déboulant de partout, ils effrayent les gens restés là, les mordant parfois et font du tort au régime, craignant le chaos lors de la cérémonie d’ouverture. Ils provoquent même un accident de bus qui se renverse sur la route. Parmi les passagers, se trouve Lang (Eddy Peng) une ex-vedette locale de rock impliquée dans un meurtre et libérée après dix ans de prison.
Une atmosphère singulière
Mutique, le crâne rasé, Lang doit rejoindre une patrouille formée à la capture des toutous perturbateurs et finit par adopter un lévrier noir famélique. Il rechigne en effet à le mettre dans un chenil bien qu’on le dise atteint de la rage. Il s’en s’occupe avec amour, le soigne, le lave, lui donne à manger, allant jusqu’à fabriquer un side-car pour l’emmener faire des tours à moto. Avec cette rencontre entre deux créatures aussi solitaires et cabossées l’une que l’autre, mais qui vont reprendre goût à la vie grâce à cette amitié insolite, le réalisateur chinois Guan Hu propose un film simple, minimaliste, lauréat du Prix Un Certain Regard l’an passé à Cannes.
Emouvant, non dépourvu d’humour, il nous plonge dans une atmosphère singulière, envoûtante, entre chronique politique critique, étude sociale caustique, dénonciation de cruelles pratiques envers les animaux. Le tout sur fond de road movie dans un paysage lunaire, postapocalyptique, prétexte à de magnifiques images.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 avril.
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