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Sorties de la Semaine - Page 2

  • Grand écran: "Rosalie", femme à barbe à l'allure d'icône, incarne la fluidité du genre. Un film émouvant et sensible

    Rosalie a un secret. Depuis sa naissance, cette jeune femme (Nadia Tereszkiewicz) que l’on découvre dans la France de 1870 souffre d’hirsutisme. Autrement dit, c’est une femme à barbe, vivant recluse avec son père qui la rase tous les matins. Un jour, il décide de la donner un mariage à Abel (Benoît Magimel), un cafetier criblé de dettes. Ignorant la vérité, il l’épouse pour sa dot.

    La jeune femme est terrorisée à l’idée de se montrer à lui lors de la nuit de noces , craignant de lui inspirer du dégoût. Ce qui est le cas lorsqu’il dévoile son corps couvert de poils. Mais peu à peu la répugnance fait place à l’admiration et à l’amour  face à cette femme  courageuse, qui refuse de devenir un phénomène de foire. Non seulement elle assume et revendique avec fierté sa différence , mais en fait une force, bravant les moqueries des villageois.

    Une histoire inspirée de celle de Clémentine Delait

    Héroïne on s’en souvient du film controversé Les Amandiers, Nadia Tereszkiewicz  met, au côté de l’excellent Benoît Magimel, son talent au service de Rosalie, affranchie aux allures d’icône queer, affirmant sa féminité contre les diktats de l’époque. Renonçant désormais à se raser, elle se montre avec sa barbe bien fournie dans le bistrot d’Abel, contribuant par ailleurs largement à la bonne marche du ménage, après un pari réussi de faire revenir rapidement les clients qui avaient déserté l’endroit. 

    A l’occasion d’une rencontre à Genève, la réalisatrice Stéphanie di Giusto, à qui l’on doit notamment La danseuse, nous en dit plus sur Rosalie, oeuvre émouvante et sensible, prônant l’inclusion, la tolérance, la différence. L’auteure s’est librement  inspirée de la célèbre femme à barbe Clémentine Delait, incarnant la fluidité du genre. Née dans les Voges  en 1865, elle avait ouvert un café qui ne désemplissait pas, jouant de son étrangeté velue, posant en femme coquette ou en tenue masculine, un cigare à la bouche. Mais elle avait refusé de s’exhiber au cirque Barnum,  avant de partir en tournée  dans toute l’Europe, à 63 ans, après la mort de son mari.

    «Quand j’ai vu son visage, je l’ai trouvé gracieux», remarque Stéphanie Di Giusto. «Je me suis également documentée sur d’autres femmes hirsutes, encore aujourd’hui, qui veulent elles aussi vivre au grand jour. Cela dit, j’ai inventé le destin de Rosalie, un oiseau qu’on ne peut pas mettre en cage. Je ne voulais pas réaliser un biopic, mais explorer des sentiments à la fois violents et pudiques. ll y a dans ce couple quelque chose de fort qui transcende tout. »

    Comment avez-vous déniché votre Rosalie?

    J’ai eu du mal. Je n’avais pas d’actrice en tête. J’ai fat beaucoup d’essais avec la barbe. Toutes clles que j’av ais convoquées ne se sentaient pas à l’aise, se grattaient, se regardaient dans le miroir. Bref, je ne trouvais pas. Et puis un jour, pendant le Covid, j’ai croisé par hasard Nadia dans la rue. Elle portait un masque, mais je la connaissais et j’ai reconnu ses yeux. Je lui ai proposé le rôle. 

    Contrairement aux autres, elle n`a donc pas eu de coquetterie de comédienne?

    Pas la moindre. Pas la plus petite hésitation. Je n’y croyais pas.  Elle a immédiatement fait corps avec cette barbe, Elle dégageait une énergie solaire. Pourtant jouer cette femme n’était pas une mince affaire. Les poils étaient collés un à un. Entre le maquillage et les costumes, cela nous prenait cinq heures chaque matin. C’était un travail méticuleux pour qu’elle se glisse véritablement dans cette seconde peau, ressente quelque chose qui lui était propre..  

    Le choix de Benoît Magimel s’est-il tout de suite imposé?

    J’en avais envie mais ce fut un miracle de l’avoir Nadia et lui ne s’étaient jamais rencontrés et ce n’était pas évident pour lui de se confronter à un tel personnage féminin. Mais il est dans la vérité. Il a de la grâce, comme elle. Alors que je suis ennuyeuse et classique, tous deux sont hors norme. C’est ce que j’aime.

    «Rosalie», à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 avril.

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  • Grand écran: "Godzilla x Kong": le nouvel empire" scelle l'union des deux monstres, dans un blockbuster assourdissant et décérébré

    Le monumental Kong et le gigantesque Godzilla s’unissent pour sauver l’espèce humaine d’une terrible menace qui risque de l’anéantir . Spectaculairement décérébré, Godzilla Kong; le nouvel empire remonte à l’origine des deux titans et aux mystères de Skull Island. Tout en révélant le combat qui a contribué à façonner ces deux monstrueuses créatures, dont le sort est désormais lié à celui de l’homme. Et c’est parti pour deux interminables heures de hurlements insupportables, de bastons démentiellement homériques et redoutablement répétitifs, avec surenchère, pour ne pas dire folle et plombante débauche d’effets spéciaux.

    Entre un soupçon d’écologie et un zeste d’effet néfaste sur la colonisation de peuples autochtones pour rester dans l’air du temps, Adam Wingard nous sert ainsi un énième blockbuster assourdissant à la sauce hollywoodienne fadasse. Le tout sur fond de mésaventures humaines, d’exploration de la Terre creuse, nouvel habitat du gorille humanoïde géant et de déambulations autour du globe de Godzilla, avec au passage la destruction de quelques célèbres monuments historiques. Avant d’aller, mission accomplie même s’il joue un peu les sous-fifres du tandem, se rendormir dans le Colisée. 

     Notez que le réalisateur aime aussi s’amuser. Ce qui nous vaut notamment quelques minutes cocasses avec l’extraction stupéfiante d’une incisive pourrie qui fait abominablement souffrir le malheureux Kong et la pose d’un implant argenté qui lui vaudra les moqueries de ses congénères morts de rire. Dans une autre scène se voulant hilarante, le colosse se sert d’un môme de son espèce pour  tabasser ses ennemis avec une rare violence.

     Voilà qui ne rehausse pas franchement le niveau de l’ensemble. Mais les fans du genre vont sans doute adorer.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 3 avril.

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  • Grand écran: "Joan Baez, I Am A Noise", portrait de la reine du folk entre célébrité et intimité

    Joan Baez, reine du folk, icône hippie et activiste américaine, tout le monde connaît. Mais que sait-on de plus de cette femme extraordinaire à la voix pure née en 1961 et faisant ses débuts au Festival de Newport à 19 ans? C’est ce que nous laisse découvrir I am A Noise, un biopic original en forme de voyage immersif contrôlé par son héroïne, réalisé par trois femmes, Miri Navasky, Maeve O’ Boyle, Karen O’ Connor et produit par Patti Smith. 

    Celle qui a marqué à la fois l’histoire de la musique et de la société étasunienne revient sur sa vie et ses 60 ans de carrière dans ce documentaire, proposant des images de sa tournée d’adieu en 2019, qui l’a menée, sur le continent européen, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en France et au Festival de Montreux  S’y mêlent des archives personnelles : interviews privées, journaux intimes,  films familiaux,  fichiers audio,  œuvres d’art, lettres,  dessins,  ou encore cassettes sur des séances de thérapie. 

    En près de deux heures, l’œuvre, jonglant avec les époques nous montre la chanteuse engagée, ses combats contre la guerre ou en faveur des droits civiques, se produisant notamment lors de la marche sur Washington en 1963, où Martin Luther King a prononcé son discours ponctué du légendaire "I Have A Dream* 

    Mais I Am A Noise ne s’arrête pas là, évoquant également la romance de Joan Baez avec le jeune Bob Dylan, dont elle a contribué à lancer la carrière et qui lui a brisé le cœur, ses rapports avec ses deux sœurs vivant dans l’ombre  de la super star, sans oublier sa relation de deux ans avec une femme. L’opus ne cache rien non plus du côté vulnérable de l’artiste, évoquant ses crises de panique, sa dépression, sa solitude. son sentiment d’infériorité, les harcèlements subis dans son enfance à cause de ses origines mexicaines, ou encore des souvenirs confus longtemps refoulés d’abus sexuels paternels.

    Cette plongée entre célébrité et intimité brosse ainsi le portait sans concession, plein d’émotions, d’une artiste qui se livre sans détour.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 3 avril.

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