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Sorties de la Semaine - Page 6

  • Grand écran: Agnès Jaoui se balade dans "Ma vie ma gueule", entre humour et angoisse

    Sur fond de dépression, ce récit poétique en forme d’autoportrait posthume est structuré en trois parties, Pif, Paf et Youkou, Elles évoquent les états d’âme de l’héroïne, Agnès Jaoui, alter ego de Sophie Fillières, dont c'est le dernier film. Entre légèreté et profondeur, drôlerie et sensibilité, l’attachante comédienne se balade avec son sens du comique, dans cette histoire farfelue dont elle dit avoir aimé chaque virgule, chaque mot. Elle en fait toutefois un peu beaucoup, avec son interprétation enfantine qui se veut désarmante.  

    «J’ai 55 ans et je ne sais toujours pas quelle est ma nature », confie-t-elle à son psy (qui était celui de Sophie Fillières).Il l’agace en restant muet et hochant vaguement du chef, apparemment peu intéressé par ce qu’elle lui raconte. Il faut dire que Barberie Bichette, surnommée Barbie (elle déteste), poétesse gâchant son talent dans une agence de pub qu’elle finit par quitter, est plutôt loufoque et pas facile à suivre.

    A bout, angoissée à l’idée de vieillir (Pif), elle commence à parler toute seule, a du mal dans ses contacts avec ses enfants (Angelina Woreth et Edouard Sulpice). Elle atterrit (Paf) dans un hôpital psychiatrique avant de décider (Youkou) de reprendre sa vie en mains. Et d’y retrouver du goût en partant seule voyager dans les Highlands écossais. Où semble bizarrement l’attendre l'insolite Philippe Katerine, croisé fugitivement dans la première partie.

    Décédée à 58 ans, en juillet 2023, avant la fin du montage. Sophie Fillières en avait confié la supervision à ses deux enfants, Agathe et Adam Bonitzer. Ils sont venus en parler lors de la présentation du film en ouverture de la Quinzaine des cinéastes à Cannes en mai dernier. Agathe a d’ailleurs précisé que sa mère n’était pas au courant de sa maladie lorsqu’elle a écrit le scénario. Ce qui fait de Ma vie ma gueule une oeuvre d’autant plus testamentaire, en regard des réflexions sur le sens de la vie et la peur de la mort qui émaillent l’intrigue.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 septembre

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  • Grand écran: Avec "Le fil", Daniel Auteuil tisse un film à procès sous tension, sobre et efficace

    Aussi peu convaincant dans ses adaptations de Pagnol que dans sa comédie Amoueux de ma femme, Daniel Auteuil repassse derrière la caméra avec Le fil, un film à procès adapté du roman. Au guet-apens. Chroniques de la justice pénale ordinaire" Un pari osé après l’extraordinaire réussite d’Anatomie d’une chute de Justine Triet et le succès du Procès Goldman de Cédric Kahn. 

    Mais il s’en sort plutôt bien. Et comme on n‘est jamais eux servi que par soi-même, il se donne le premier rôle, en l’occurrence celui de Jean Monier, un avocat qui avait décidé de ne plus plaider après avoir fait innocenter un meurtrier récidiviste. Il se retrouve pourtant commis d’office auprès de Nicolas Milik (Grégory Gadebois), un père de famille accusé du meurtre de sa femme alcoolique. 

    Tout porte à croire qu’il est coupable. Pourtant, après la rencontre avec son client qui le touche, Me Monier est persuadé de son innocence. Il est alors déterminé à le prouver aux assises et se jette corps et âme dans la défense de Milik, avant d’être rongé dans le doute. Avec Le fil, Daniel Auteuil mise sur la simplicité et la sobriété pour tisser une trame efficace. Proposant une mise en scène et un scénario certes très classiques, il séduit par sa façon de ménager le suspense. Même si, en dépit de quelques surprises, on se doute de la fin probable un peu trop tôt...

    Dans ce long métrage qui interroge sur l’intime conviction, la complexité des relations entre les personnages, les dilemmes auxquels sont confrontés les avocats, les mécanismes de la justice, le plus intéressant reste le face à face fascinant, tendu, troublant, entre Daniel Auteuil et Grégory Gadebois, (photo) qui livrent chacun une interprétation impeccable. Aux côtés de ce duo magnétique, on découvre Sidse Babett Knudsen, la star de Borgen, en épouse d’Auteuil dépassée par la situation singulière dans laquelle s’est embarqué son mari.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 11 septembre. 

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  • Grand écran: "Une autre vie que la mienne", le dur combat d'une femme trans dans un pays fermé à la différence

    Malgré son récent changement de régime, la Pologne reste un des pays le plus homophobes et le plus transphobes de l’Union européenne. C’est dans ce contexte de droits LGBTQIA+ bafoués, aujourd’hui comme hier et avant-hier, que Małgorzata Szumowska et Michał Englert situent Une autre vie que la mienne. Mêlant l’aventure intime à l’histoire du pays, allant de l’ère communiste à celle du capitalisme, la trame, qui s’étend sur une quarantaine d’années suit le difficile parcours d’Andrzej.

    Venu au monde garçon dans une petite ville de province austère, catholique et conservatrice, il se conforme d’abord à ce que la société attend de lui. Au milieu des années 80, il se marie, fait deux enfants avec sa femme Iza et passe lune grande partie de sa vie sous cette identité masculine. Mais, se sentant en fait mal dans ce corps étranger depuis toujours, Andrzej tente de se trouver au fil des années et entame enfin sa transition pour devenir Aniela.

    Tout en faisant des allers et retours entre passé et présent, Une autre vie que la mienne est le récit peu commun d’un coming out tardif. Malgorzata Szumowska (qui avait remporté le Teddy Award à la Berlinale en 2013 pour Aime et fais ce que tu veux) et Michal Englert consacrent en effet  la première partie du film au mal-être d’Andrzej/Aniela. Il est illustré de scènes symboliques, non sans humour parfois, évoquant une aspiration à la  liberté et à la dignité qui se heurtent à l’indifférence du pays en dépit de ses mutations. Car le chemin est long, douloureux et il faudra toute la force et la ténacité de l’héroïne pour surmonter les nombreux obstacles  juridiques, financiers, médicaux, religieux, semés sur sa route.  Dans ce mélodrame en forme de fresque, les deux auteurs évoquent également avec sensibilité, pudeur et sans pathos les bouleversements familiaux, les questionnements de l’entourage, et surtout les relations entre Aniela et sa femme Iza.

     Faire évoluer les mentalités

    De complexes, elles évoluent vers la compréhension, la tendresse, la complicité, rappelant celles que continuent d’entretenir les deux époux peintres dans The Danish Girl. Remarquable drame de Denis Hooper, il relate le destin de Lili Elbe, née Einar Wegener, l'artiste danoise connue comme la première personne à avoir subi une opération en 1930.  

    Emouvant, à la hauteur de ses ambitions esthétiques, le long métrage de Malgorzata Szumowska et Michal Englert, destiné par ailleurs à donner de l'espoir et à changer les mentalités, est lui aussi une réussite. Elle tient bien sûr beaucoup à ses interprètes, dont la formidable actrice cisgenre Małgorzata Hajewska. Elle incarne parfaitement ce personnage enfermé dans le mauvais corps, qui lutte farouchement pour vivre enfin la vie qui est la sienne.

    Sortie dans les salles de Suisse romande le mercredi 11 septembre

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