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Sorties de la Semaine - Page 8

  • Grand écran: "La petite vadrouille", balade au fil de l'eau pour plumer un pigeon énamouré

    Justine (Sandrine Kiberlain) est une assistante douée pour l’organisation. Une qualité très appréciée de Franck, son riche patron,  (Daniel Auteuil) qui lui demande de concocter un week-end romantique et original, au cours duquel il espère séduire une femme dont il est tombé amoureux.  Et lui file une enveloppe de 14.000 euros pour couvrir les frais tout en lui disant d, "garder un petit quelque chose pour elle".

    Du coup Albin (Bruno Podalydès),  le mari de Justine et leurs potes tous plus fauchés les uns que les autres flairent la bonne combine. Bien décidés  à palper un gros quelque chose  pour se refaire, la bande de bras cassés  montent une arnaque en forme de fausse croisière de luxe. Et embarquent avec l’industriel  à plumer sur une pénichette pour une balade estivale à 9 km/h sur les canaux de France  

    L’effet Bruno Podalydès, réalisateur et acteur, qui avait notamment séduit avec Adieu Berthe, Bécassine ou Les 2 Alfred, fonctionne de nouveau à plein,. Quasi unanime, la critique française et plus largement francophone s’emballe pour La petite vadrouille, qualifiée en gros de «poétique, inventive, bucolique, burlesque, absurde, drôle, légère, délicate et pleine d’humour. L'ensemble sur fond de subtile satire sociale, évoquant les inégalités qui se creusent entre riches et pauvres. . Mais exaltant également la solidarité et la générosité de la jeune génération... », 

    Alors bien sûr , il y a pas mal  de tout cela dans cette comédie, dont on saluera surtout le début., lorsque nos Pieds Nickelés préparent l’excursion fluviale. Sous l’autorité de Justine, qui, exigeant  classe, contrôle  et discrétion,  assigne à chacun un rôle bien défini dont il est interdit de sortir. Toutefois, à partir du moment où la pénichette se met en route, on sent que cette lente flânerie au fil  de l'eau  ne va pas tarder à s'essouffler. 

    Cela n’a rien d’étonnant, Bruno Podalydès se complaisant à étirer longuement un scénario ultramince, basé sur un seul quiproquo qu’on vous laisse découvrir si ce n'est déjà fait, des dialogues pas toujours ciselés et, à part quelques morceaux cocasses, des scènes répétitives frisant l’ennui. On n’est pas non plus soufflé par l’interprétation, notamment celle de Daniel Auteuil, pourtant porté aux nues pour son rôle de ridicule pigeon énamouré. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 5 juin. 

     

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  • Grand écran: Yolande Zauberman à la recherche de "La Belle de Gaza". Un documentaire passionnant

    Avec Would You Have Sex With an Arab? (2011), Yolande Zauberman explorait la dissymétrie du désir entre Israéliens et Palestiniens Avec M (2018), immersion choc dans le milieu juif ultra-orthodoxe, la réalisatrice française suivait Menahem, un trentenaire qui avait été violé, enfant, par des membres de la secte extrémiste Neturei Karta, dont il était ensuite sorti. 

    De retour, la cinéaste clôt sa Trilogie nocturne avec La Belle de Gaza. Elle s’intéresse, cette fois, à d’autres exclues de la société, en opérant une plongée fascinante dans le monde méconnu des femmes trans d’origine palestinienne à Tel-Aviv. Une ville où, dira l’une d’elles, on peut être ce qu’on veut, vivre comme on veut, aimer comme on veut et qui on veut.

    Dans ce nouveau documentaire éclairant, édifiant et achevé, il est important de le souligner, avant la tragédie du 7 octobre, Yolande Zauberman part sur les traces de celle qu’elle appelle «la Belle de Gaza». Aperçue lors du tournage de M elle aurait quitté garçon l’enclave palestinienne à pied dans le but d’aller achever sa transition dans la capitale israélienne.

    Pour la trouver, la cinéaste sillonne la rue Ha-Tnufa, située dans un quartier populaire. Elle y rencontre cinq femmes, dont certaines se prostituent. Discutant avec elles, prétexte à une série de portraits croisés émouvants, authentiques, elle leur montre des images de la fameuse «Belle». Vont-elles la reconnaître? Serait-ce Nathalie, qui cache son visage derrière un voile à résille pailleté, par peur d’être reconnue? Peut-être… Elle est surtout heureuse d’avoir réalisé son rêve et aimerait retourner chez ses frères. «Mais ils me tueraient.»

    Des enfances marquées par la violence

    Alors, légende urbaine ou réalité que cette Belle de Gaza et son chemin parcouru? Peu importe. Il s’agit davantage d’une grande marche symbolique vers la liberté de genre. L’essentiel, c’est d’explorer et de raconter le quotidien de ces personnages attachants, parfois victimes d’expéditions punitives. Comme le relève une musulmane bédouine qui se dit soldate de Dieu, «J’ai découvert le côté sombre de l’humanité et la façon dont les hommes maltraitent les femmes». Toutes racontent par ailleurs une enfance de garçon marquée par la violence, les humiliations, les interdits religieux et sociaux.

    Au plus près de ses protagonistes, dont elle préserve la dignité, Yolande Zauberman tient aussi à nous guider vers la lumière, en s’attardant sur la magnifique et solaire Talleen Abu Hanna, chanteuse et actrice très connue issue de la minorité palestinienne, sacrée Miss Trans Israël en 2016. Une première. Elle a même retrouvé sa famille et vit près de ses parents. Pour Yolande Zauberman, qui nous livre un film passionnant, humaniste, en forme de lettre d’amour pour ses héroïnes, «la Belle de Gaza» évoque avant tout la possibilité de devenir ce qu’on est, d’où que l’on vienne et quoi que l’on croie.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 5 juin.

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  • Grand écran: "N'attendez pas trop de la fin du monde", avec une tornade blonde dans les rues de Bucarest

    Radu Jude avait séduit avec Bad Luck Banging, Ours d’or à Berlin il y a deux ans. Tourné  en pleine pandémie de covid, il raconte les tribulations d’une institutrice à Bucarest, victime de la diffusion d’une sextape. 

    Lauréat du Prix spécial du jury l’an dernier à Locarno, le réalisateur roumain revient avec N’attendez pas trop de la fin du monde où, pendant 2h45, il suit Angela, assistante de production surmenée, surchargée et sous-payée Au milieu d’une circulation dantesque, elle parcourt inlassablement en voiture les rues de Bucarest, tout en faisant (ça rend dingue) des bulles avec son chewing-gum.

    Tornade blonde, campée par Ilinca Manolache qui porte ce long métrage sur ses épaules, Angela doit filmer le casting d’une vidéo sur la sécurité au travail commandée par une multinationale autrichienne. Lorsque l'une des personnes interviewées révèle la responsabilité de l'entreprise dans son accident, le scandale éclate. En colère, soumise à un rythme infernal ( un leitmotiv dans l’histoire)  Angela lutte pour sa survie dans un monde où il est difficile de faire sa place au boulot, dans la société et dans sa propre vie.  

    Au  cours de son harassante journée, elle rencontre de grands entrepreneurs, des harceleurs, des  riches, des pauvres, des gens avec de graves handicaps, des partenaires sexuels. On a aussi droit à Bobita, son avatar, qui permet à l’auteur de recycler le type de masculinité toxique à laquelle les femmes sont constamment confrontées, histoire de libérer ce mécanisme de domination.

    Comme un collage

    A la fois road-movie, comédie, fable, critique de la société néolibérale, film de montage, l’opus composé d’un grand nombre d’éléments fonctionne comme un collage, avec différents types d’humour où stratégies esthétiques. Il comprend deux chapitres principaux, dont l’un traite d’exploitation du personnel, ou d’accident de travail. Les victimes sont  toujours à blâmer pour ne pas avoir respecté les consignes de sécurité alors qu’en fait ce sont tous des ouvriers exemplaires. 

    Enfin, dans cette odyssée contemporaine, en noir et blanc, Radu Jude mêle de la couleur, notamment avec le portrait d’une chauffeure de taxi au temps de la dictature communiste par le biais d’un film de 1981 Et qui, sans être une grande œuvre, laisse découvrir une forme de féminisme et des morceaux subversifs, En outre, cette confrontation d’images de l’époque d'avant à l’actuelle contribue à l’idée générale de Radu Jude, qui réfléchit à ce que nous sommes aujourd’hui. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er mai.

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