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Sorties de la Semaine - Page 11

  • Grand écran: dans "Rien à perdre", une mère prête à tout pour sauver ses enfants. Avec la magnifique Virginie Efira

    Delphine Deloget avait vécu un véritable triomphe à Cannes  à l'issue d'une projection ponctuée d'applaudissements, ce qui n'est pas fréquent sur la Croisette. Dans Rien à perdre, elle aborde avec justesse le sujet sensible, délicat, ambigu de la protection de l’enfance. Ainsi que la lutte incessante d'une mère privée d'un de ses enfants contre un système parfois trop rigide, éludant les réponses précises, et provoquant sa colère et une certaine violence , ce qui n'arrange pas les choses. .

    Cette grande réussite tient également à la présence de Virginie Efira, qui porte admirablement le film, aux côtés de Félix Lefebvre et Arieh Worthalter. L'actrice peut décidément tout jouer en se renouvelant sans cesse.  

    Là encore elle est parfaite et nous sidère en «étant», plus qu’en incarnant Sylvie, Brestoise un rien boderline, prête à tout pour ses enfants, Jean-Jacques et Sofiane. La famille est très soudée. Mais Sylvie travaille tard, dans un bar. Un soir le petit garçon resté seul dans l’appartement, se brûle gravement dans l'explosion d'une friteuse, en voulant se faire à manger.  Suite à un signalement, sa garde est retirée à Sylvie et Sofiane placé dans un foyer.

    Ravagée mais pugnace, sa mère est déterminée à le récupérer coûte que coûte. Aidée par une avocate et ses frères, elle est sûre de pouvoir venir à bout de la lourde machine administrative et judiciaire Le combat sera pourtant beaucoup plus long, dur et douloureux qu’elle l’imagine.
     
    Lors d’une rencontre à Genève, Dephine Deloget nous en dévoile plus  sur son premier long métrage et son désir  de passer du documentaire à la fiction. J’avais envie de franchir le pas. De passer de l’un à l’autre, tout en apportant du documentaire dans ma manière de travailler.

    D'où vous est venue l'idée de départ pour Rien à perdre?

    J’avais envie de raconter comment on se sépare dans une famille, comment on apprend à vivre sans l’un de ses membres et ce qui se joue dans l’intimité du foyer, les sentiments que.provoque la question du placement du petit Sofiane. L’explosion de la friteuse  est à cet égard symbolique d’une rupture certes douloureuse, mais nécessaire. 

    Avez-vous effectué beaucoup de recherches ?

    Oui, j’ai rencontré un  juge, des avocats, des familles avec enfants pour enrichir le film d’une certaine réalité et j’ai raconté un morceau de vie totalement crédible. J’ai travaillé ces histoires de placement. C’est très compliqué. Une zone grise où l’Aide sociale à l’enfance (ASF) entre en jeu, des scènes que je montre et qui ont véritablement existé. Dans le cas qui nous occupe, comme dans beaucoup d’autres, on ne sait pas trop ce qui s’est passé.  

    Vous évoquez une machine inarrêtable.

    J’ai écouté beaucoup d’histoires de parents, de témoignages sur des soupçons de maltraitance. On place sans faire d’enquête. Un principe vertueux au départ, mais dès lors la famille et les services sociaux sont embarqués dans une machine inarrêtable Cela devient kafkaïen  

    Comme pour Sylvie, la mère, dont vous donnez le point de vue.

    Effectivement. l’idée était d’en faire un personnage plus fort que le sujet. D’être totalement avec elle, de vivre ce que peuvent vivre des parents un peu à la marge. Mais il s’agit aussi de la regarder déraper. Elle est en faute. Elle ne suit pas les règles. Les services sociaux sont aussi pris dans l’engrenage. Ils sont dans leur bon droit, obligées d’appliquer les décisions. A 80%, ils ne sont pas défaillants. C’est un film sur la fragilité sociale, les liens distendus. A trop vouloir d’ordre, on sème le désordre.

    Le film doit beaucoup à l’excellente Virginie Efira. Était-elle votre premier choix ?

    Au début, je n'ai pensé à personne. Mais Virginie est infiniment désirable. Avec elle on passe du drame à la comédie Elle crée un personnage fort, réjouissant, énergique, parfois désemparé, mais jamais triste. Le projet lui parlait et elle avait accepté il y a quatre ou cinq ans, alors qu’elle n’était pas encore en pleine ascension, à un moment où elle aurait pu hésiter. J’avoue avoir redouté qu’elle change d’avis. On était en plein Covid. Les contraintes étaient nombreuses. Le tournage a été difficile.

    Face à elle, Félix Lefebvre est à la hauteur.

    C’était un véritable cadeau. Il avait déjà joué, notamment dans Été 85 de François Ozon. J’en fais un ado grassouillet qui joue de la trompette. Il a pris 20 kilos pour le rôle. il aime s’impliquer et s’est par exemple beaucoup occupé du petit Alexis Tonetti (Sofiane), qu’on a mis du temps à dénicher. Il avait une certaine douceur, tout en étant assez frondeur. Tous les deux sont très justes. 

    "Rien à perdre", à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 novembre.

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  • Grand écran: une brillante étudiante face à l'échec dans "Le théorème de Marguerite". Passionnant

    Les mathématiques inspirent les cinéastes. Quelques semaines après la sortie de La voie royale du Suisse Frédéric Mermoud qui se penchait sur le parcours d’une surdouée dans le domaine, la  Française Anna Novion décide elle aussi de mettre les chiffres en images avec Le théorème de Marguerite.

    Seule fille de sa promo à la prestigieuse Ecole normale supérieure (ENS),  Marguerite (Ella Rumpf) est du genre garçon manqué, ce qui luii vaut quelques moqueries masculines. Indifférente à son physique et aux fringues, cette petite brune ä lunettes  préfère le confort du jogging et des chaussons.

    En dernière année, ce qui préoccupe pour ne pas dire hante cette hyper brillante matheuse, c’est le sujet qu’elle a choisi pour sa thèse. Car elle s’est attaquée à un monument en tentant, avec son professeur et mentor le peu aimable Lauremt Werner (Jean-Pierre Darroussin).de résoudre la conjecture de Goldbach, réputée insoluble depuis sa formulation en 1742. Mais Marguerite  se sent plutôt confiante.

    Découverte du Mah-jong

    Sauf que catastrophe, elle se plante devant le parterre de chercheurs venus assister à la présentation. Humiliée, ne supportant pas l’échec, la malheureuse fuit, se terre dans une colocation, se laisse aller, devient vendeuse de chaussures, déprime…  Et puis un jour, découvre  le Mah-jong, redoutable jeu d’argent asiatique, y excelle vu son extraordinaire potentiel et se met à gagner de quoi mettre beaucoup de beurre dans les épinards. 

    Du coup la jeune femme, voyant son ciel s’éclaircir, décide de se reprendre, en mains,  de s’ouvrir à nouveau au monde, de changer de look, même de corps. Tombée amoureuse, elle se remet aux maths, sa véritable passion, avec un petit camarade. 

    Entre romance, thriller et suspense

    Pour son troisième long métrage qui mêle habilement romance, thriller scientifique et suspense, Anna Novion a choisi l’attachante et émouvante Franco-Suisse Ella Rumpf, comédienne à forte puissance dramatique. Révélée en 2016 dans Grave, le film d’épouvante de Julia Ducournau, elle est  formidable en héroïne singulière, obsessionnelle, peu en phase avec ce qui l’entoure, avant de se transformer et de tout recommencer. 

    Dans sa quête existentielle sur fond d’équations, de formules, de facteurs ou d’inconnues,  elle tient la dragée haute ä Jean-Pierre Darroussin, dont on découvrira la  piteuse bassesse,,,  Un film captivant ä ne pas manquer. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 novembre.

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  • Grand écran: Ken Loach à la rencontre des migrants syriens dans "The Old Oak". Une oeuvre engagée et porteuse d'espoir

    Ken Loach est aimé du public. En août dernier, il avait fait un tabac sur la Piazza Grande lors du Festival de Locarno, où il venait pour la cinquième fois. Conscience de gauche du cinéma avec son empathie pour l’humanité et sa lutte inlassable pour l’égalité, Ken Loach présentait son nouveau long métrage, The Old Oak, qui fait écho à une actualité brûlante.

    Le 28è et peut-être le dernier, si l’on en croit le réalisateur de 87 ans. «Il arrive un  moment où on doit reconnaître que les années passent. Je n’imagine pas réaliser un autre film comme celui-ci», avait-il déclaré en mai à Cannes dont il était reparti bredouille, après avoir obtenu sept prix dont deux Palmes d’or. Il s’est pareillement exprimé au Tessin, en ajoutant: «J'en ferai éventuellement un plus petit, ou alors un documentaire ».

    Un accueil très mouvementé

    Loach situe l’action à l’Old Oak, un vieux pub menacé de fermeture dans un village sinistré du nord-est de l’Angleterre, miné par la pauvreté et le chômage. Viennent y boire un coup les paumés et les désoeuvrés du coin. Jusqu’à l’arrivée sans préavis de migrants syriens.

    L’accueil est mouvementé, les villageois déjà au bout du rouleau ne supportant pas de voir des étrangers débarquer pour leur piquer le peu qu’il leur reste. Un poivrot casse l’appareil photo de Yara une jeune Syrienne pour qui l'objet représente une grande importance sentimentale. TJ Ballantyne, le tenancier du pub, vole alors à son secours. Une amitié naît entre ces deux êtres cabossés par la vie. Cette rencontre va même réveiller la fibre militante de cet homme, qui avait renoncé à toutes les actions initiées pendant des années. 

    Moins cynique et féroce que d'habitude

    Tout en exprimant sa colère face ä l’accueil souvent terrible réservé aux immigrés, et au malheur ignoré de travailleurs oubliés, Ken Loach met ainsi en avant la solidarité, thème récurrent dans son cinéma,  et surtout l’espoir, pour lui une nécessité politique. Dans cette œuvre certes engagée, à nouveau scénarisée par Paul Laverty, il se montre toutefois moins féroce, moins cynique et, disons-le, plus optimiste que dans ses autres films,

    Ne renonçant jamais, il dénonce évidemment  la montée de la misère et du populisme, le fossé toujours plus grands entre les riches et les pauvres, mais insiste davantage sur le côté affectif et mélodramatique que sur l'angle social,. Il va même jusqu'à tirer un peu trop sur la corde sensible, chargeant son récit d'événements émotionnels qui n’y ajoutent pas grand-chose.  

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