Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 13

  • Grand écran: dans "Ni chaînes ni maîtres", les esclaves se révoltent au péril de leur vie

    Le premier long métrage du Franco-Béninois Simon Moutaïrou est basé sur des faits historiques. Abordant de front une terrible réalité. Le réalisateur nous ramène ainsi en 1759 à L’ Isle de France (actuelle Île Maurice), pour nous raconter l’histoire de Massamba (Ibrahima Mbaye)et de sa fille Mati. (Anna Diakhere Thiandoum). Esclaves originaires du Sénégal, ils travaillent dur dans l’enfer de la plantation de canne à sucre d’Eugène Larcenet (Benoît Magimel), personnage d’une rare cruauté sous des dehors paternalistes à l’occasion.  

    Responsable de ses malheureux congénères, parlant aussi bien sa langue, le wolof, que celle des Blancs que lui a enseignée le fils d’Eugène maître, un jeune abolitionniste, Massamba rêve d’être affranchi, ainsi que Mati (photo). Cette dernière n’a pourtant qu’une idée en tête, se sauver pour rejoindre d’autres esclaves qui ont réussi à échapper à leur calvaire.   

    Or le marronage (fuite de la propriété du maître) est atrocement puni en cas d’échec. Marquage au fer à la première tentative, oreilles coupées à la deuxième, mort à la troisième pour ces individus  sans âme», ces «bêtes» auxquelles on peut tout faire subir.. Mais Mati a le courage de s’évader malgré le danger. Le propriétaire fait appel à la redoutable et implacable chasseuse d’esclaves Madame La Victoire (Camille Cottin) pour la traquer sans relâche, en compagnie de deux garçons.  Massamba n’a alors pas d’autre choix que de fuir à son tour et de tenter l'impossible .pour éviter le pire à sa fille.   

    Au sein d’une nature hostile, la lutte est impitoyable entre les marrons prêts à tout risquer pour leur liberté et leurs féroces poursuivants sûrs de leur bon droit. Ce film réaliste teinté de mysticisme et de spiritualité, où se mêlent suspense, violence, action, est principalement et puissamment porté par le charismatique Ibrahima Mbaye, grand acteur du théâtre sénégalais, La jeune débutante Anna Diakhere Thiandoum se montre à la hauteur dans le rôle de Mati. De leur côté Camille Cottin et Benoît Magimel se glissent plutôt bravement dans ce rôle peu enviable d’esclavagistes capables de torturer, écraser, tuer sans scrupule des êtres «inférieurs». 

    Rencontré récemment à Genève, Simon Moutaïru, qui a fait ses premières armes en tant que scénariste ( Boîte noire, Goliath notamment), nous en dévoile plus sur Ni chaînes Ni maîtres, qu’il a également écrit. Un projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps, à la fois en raison de son origine béninoise et de la découverte lors d’un séjour à Maurice, d’un haut lieu marronage, l’imposante montagne du Morne Brabant. 

     Il s’agit d’une importante page de l’histoire de France, très peu racontée, que celle de ces vaillants marrons qui se sont enfuis au péril de leur vie pour conquérir leur liberté, reprendre en mains leur destin. Mon film est symbolique de la lutte contre toute oppression ».  

    Beaucoup de  longs métrages ont été tournés sur l’esclavage. Ne craigniez-vous pas qu’on parle  du vôtre comme un de plus sur le sujet? 

    Entre films, téléfilms et séries, il  est vrai que les Américains en ont tourné quelque 70. Les Français seulement trois. Cela dit,  ni les uns ni les autres ne rendent compte du Wolof, peuple de l’actuel Sénégal, comme dans le mien. Bien sûr des Django Unchainend ou Twlelve Years A Slave m’intimidaient. Mais j’ai choisi ma propre voie.

    J’imagine que vous vous êtes livré à de nombreuses recherches. 

    Absolument. Je me suis documenté pendant deux ans. J’ai travaillé avec des historiens, des ethnologues. Tout en mêlant des histoires vraies et mon imagination d’auteur, Je voulais rendre compte d’une réalité en étant le plus précis possible. J’ai écrit la fin de l’intrigue à l’Île Maurice.

    Parlez-nous des comédiens

    Ibrahima s’est tout de suite imposé. Il fallait de l‘expérience, de la justesse. C’était dur quand même pour un Black de jouer un esclave. En ce qui concerne Anna, je l’ai choisie dans un casting de 500 filles. Elle a surnagé et a immédiatement fait sien son personnage.

    Et en ce qui concerne Camille Cottin et Benoît Magimel ? Ont-ils tout de suite accepté cette incarnation de barbares commettant des actes monstrueux?

    J’avais suivi Camille en tant que spectateur. Je lui trouvais un regard qui pouvait donner un personnage vénéneux, sombre. Elle a du mystère. J’ai mis un petit temps à la convaincre. Elle est venue à la lecture du scénario et ça s’est bien passé. Elle a senti que j’étais dans la sensibilité. Benoît a aussi eu besoin de comprendre le personnage. Ensuite, il s’est totalement investi en jouant les extrêmes, se montrant plus paternaliste et plus violent selon les circonstances. 

    On retrouvera Simon Moutaïru avec une série sur les pharaons. « J’adore autant lhistoire que le cinéma » 

    Ni chaînes ni maîtres à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 septembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: Agnès Jaoui se balade dans "Ma vie ma gueule", entre humour et angoisse

    Sur fond de dépression, ce récit poétique en forme d’autoportrait posthume est structuré en trois parties, Pif, Paf et Youkou, Elles évoquent les états d’âme de l’héroïne, Agnès Jaoui, alter ego de Sophie Fillières, dont c'est le dernier film. Entre légèreté et profondeur, drôlerie et sensibilité, l’attachante comédienne se balade avec son sens du comique, dans cette histoire farfelue dont elle dit avoir aimé chaque virgule, chaque mot. Elle en fait toutefois un peu beaucoup, avec son interprétation enfantine qui se veut désarmante.  

    «J’ai 55 ans et je ne sais toujours pas quelle est ma nature », confie-t-elle à son psy (qui était celui de Sophie Fillières).Il l’agace en restant muet et hochant vaguement du chef, apparemment peu intéressé par ce qu’elle lui raconte. Il faut dire que Barberie Bichette, surnommée Barbie (elle déteste), poétesse gâchant son talent dans une agence de pub qu’elle finit par quitter, est plutôt loufoque et pas facile à suivre.

    A bout, angoissée à l’idée de vieillir (Pif), elle commence à parler toute seule, a du mal dans ses contacts avec ses enfants (Angelina Woreth et Edouard Sulpice). Elle atterrit (Paf) dans un hôpital psychiatrique avant de décider (Youkou) de reprendre sa vie en mains. Et d’y retrouver du goût en partant seule voyager dans les Highlands écossais. Où semble bizarrement l’attendre l'insolite Philippe Katerine, croisé fugitivement dans la première partie.

    Décédée à 58 ans, en juillet 2023, avant la fin du montage. Sophie Fillières en avait confié la supervision à ses deux enfants, Agathe et Adam Bonitzer. Ils sont venus en parler lors de la présentation du film en ouverture de la Quinzaine des cinéastes à Cannes en mai dernier. Agathe a d’ailleurs précisé que sa mère n’était pas au courant de sa maladie lorsqu’elle a écrit le scénario. Ce qui fait de Ma vie ma gueule une oeuvre d’autant plus testamentaire, en regard des réflexions sur le sens de la vie et la peur de la mort qui émaillent l’intrigue.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 septembre

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: Avec "Le fil", Daniel Auteuil tisse un film à procès sous tension, sobre et efficace

    Aussi peu convaincant dans ses adaptations de Pagnol que dans sa comédie Amoueux de ma femme, Daniel Auteuil repassse derrière la caméra avec Le fil, un film à procès adapté du roman. Au guet-apens. Chroniques de la justice pénale ordinaire" Un pari osé après l’extraordinaire réussite d’Anatomie d’une chute de Justine Triet et le succès du Procès Goldman de Cédric Kahn. 

    Mais il s’en sort plutôt bien. Et comme on n‘est jamais eux servi que par soi-même, il se donne le premier rôle, en l’occurrence celui de Jean Monier, un avocat qui avait décidé de ne plus plaider après avoir fait innocenter un meurtrier récidiviste. Il se retrouve pourtant commis d’office auprès de Nicolas Milik (Grégory Gadebois), un père de famille accusé du meurtre de sa femme alcoolique. 

    Tout porte à croire qu’il est coupable. Pourtant, après la rencontre avec son client qui le touche, Me Monier est persuadé de son innocence. Il est alors déterminé à le prouver aux assises et se jette corps et âme dans la défense de Milik, avant d’être rongé dans le doute. Avec Le fil, Daniel Auteuil mise sur la simplicité et la sobriété pour tisser une trame efficace. Proposant une mise en scène et un scénario certes très classiques, il séduit par sa façon de ménager le suspense. Même si, en dépit de quelques surprises, on se doute de la fin probable un peu trop tôt...

    Dans ce long métrage qui interroge sur l’intime conviction, la complexité des relations entre les personnages, les dilemmes auxquels sont confrontés les avocats, les mécanismes de la justice, le plus intéressant reste le face à face fascinant, tendu, troublant, entre Daniel Auteuil et Grégory Gadebois, (photo) qui livrent chacun une interprétation impeccable. Aux côtés de ce duo magnétique, on découvre Sidse Babett Knudsen, la star de Borgen, en épouse d’Auteuil dépassée par la situation singulière dans laquelle s’est embarqué son mari.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 11 septembre. 

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire