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Sorties de la Semaine - Page 7

  • Grand écran: jouant la soumise, Nicole Kidman assouvit ses fantasmes sexuels dans "Babygirl"

    Romy (Nicole Kidman) mène une existence apparemment parfaite. Mariée à un metteur en scène qui l’adore (Antonio Banderas), mère de deux grandes filles, habitant une belle maison, elle dirige une grande entreprise spécialisée dans la robotique. Entre deux piqûres de botox, cette maniaque du contrôle soigne son image de super boss, tout comme ses discours sur le commerce en ligne et la logistique qu’elle répète en boucle.

    En dépit de cette vie de rêve, elle aspire à autre chose. Débarque alors dans la boîte Samuel (Harris Dickinson) un stagiaire.  Romy accepte de le rencontrer et réalise qu’il s’agit du jeune homme qu’elle venait de voir calmer et flatter un méchant chien  lâché dans la rue, en lui donnant un biscuit et lui glissant  "good girl " à l’oreille. Tout un symbole à venir… Il lui demande d’être sa tutrice. C’était couru, le courant passe.

    Stressée par ses responsabilités, frustrée par une relation conjugale trop conventionnelle,  Romy se laisse séduire par ce jeune homme aussi familier qu’insolent. Débute du coup rapidement entre eux une relation genre BDSM qui se veut sulfureuse, lui jouant au dominant et elle à la soumise. Se laissant enfin aller aux fantasmes qu’elle ne peut assouvir avec un mari peu audacieux , au fil de scènes souvent plus consternantes que sexuellement torrides, voire ringardes. Avec notamment la répétition (métaphore  grotesque) de l’histoire du chien, avec Romy dans le rôle du toutou. L'agressivité en moins...

    N’évitant pas les clichés dans ces jeux de pouvoir et de manipulation, même si les personnages sont inversés, Babygirl se révèle nettement moins osé et transgressif que le laissait entendre la promo. Destiné à explorer sans jugement ni moralisation le désir et la sexualité de l’héroïne, ce thriller dit érotique a été écrit et réalisé par l’actrice et cinéaste hollandaise Halina Reijn. Raison pour laquelle Nicole Kidman s’est laissé tenter par le rôle qui lui a valu d’être sacrée meilleure actrice à la dernière Mostra de Venise. Et d’être généralement portée aux nues pour son extraordinaire performance et le risque pris de casser son image en incarnant, pas très Metoo… une femme névrosée, accro à la soumission et à l’humiliation.

    A ce sujet, on se permettra un bémol. Et une comparaison, plus inspirée il est vrai par le botox que par le sexe. Demi Moore  a elle aussi collaboré avec une femme, la réalisatrice française Coralie Fargeat dans The Substance. Un film sur la violence faite aux femmes ayant dépassé la date de péremption qu’elle porte remarquablement, avec l’émotion, l’implication et l’audace qui manquent à Nicole Kidman.

    "Babygirl", à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 15 janvier.

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  • Grand écran: "Les femmes au balcon": sanglante et burlesque comédie d'horreur féministe

    On avait quitté Noémie Merlant actrice dans l’Emmanuelle d’Audrey Diwan, où elle traînait son spleen et sa recherche du plaisir perdu à Hong Kong, tout en évaluant la patronne d’un hôtel de luxe. On la retrouve devant et derrière la caméra pour Les femmes au balcon. Ce deuxième long métrage, scénarisé avec Céline Sciamma qui l’avait révélée en 2019 dans le sublime Portrait de la jeune fille en feu, est inspiré de sa vie personnelle. Il questionne les amitiés féminines, le rapport au corps, face à un patriarcat tenace et toxique.

    Noémie Merlant, qui incarne l’une des trois locataires d’un appartement à Marseille, questionne les amitiés féminines, le rapport au corps, face à un patriarcat tenace et toxique. D’emblée, on est confronté·à la violence masculine. Alors que la radio diffuse une alerte canicule, on découvre Denise (Nadège Beausson-Diagne) évanouie sur sa terrasse, le visage tuméfié, alors que la brute qui lui sert de mari la ranime à coups de pieds, en lui ordonnant de se mettre aux fourneaux. Mais trop c’est trop. La victime se rebelle et le frappe à mort avec le tranchant d’une pelle, mettant ainsi fin à des années d’humiliation et de maltraitance. Délivrance et soulagement.

    Plongée dans le macabre

    Sur un balcon proche, Nicole (Sanda Codreanu), qui vient de recueillir les confidences de Denise, planche sur son premier roman. Deux amies la rejoignent, Ruby (Souheila Yacoub), une cam-girl à paillettes ultradynamique adorant faire plaisir à ses clients, et Élise (Noémie Merlant), actrice de séries lookée Marilyn, qui a fui un plateau de tournage, ainsi que Paul (Christophe Montenez), son conjoint harceleur. Très vite, elles font la connaissance de Magnani (Lucas Bravo), le voisin d’en face, qui aime se balader à poil devant la fenêtre ouverte. En plein fantasme, nos pétroleuses délurées lui envoient un message, signé «Les femmes au balcon» et Magnani les invite aussitôt à boire un verre chez lui. Elles découvrent un photographe uniquement préoccupé par des sujets féminins très peu vêtus, qui décorent les murs de son logement. Histoire de «choper leur énergie», selon lui.

    Tout un symbole, à l’image de la suite. La soirée avançant, les choses ne tardent pas à dégénérer et on finit par plonger dans un drame horrifique. Affolées, poussant des hurlements, les trois amies se retrouvent coincées dans une histoire cauchemardesque et délirante dont elles doivent absolument se sortir sous peine de prison. D’autant que Ruby se réveille le lendemain matin couverte de sang…

    Des univers mélangés

    Avec Les femmes au balcon, Noémie Merlant propose une farce féministe sanglante et burlesque, un «rape and revenge movie» qui oscille entre extravagance, suspense, gore, folie et surnaturel. Tout en mêlant la mutilation absurde d’un corps masculin à la dénonciation du viol conjugal et la critique acerbe de cinéastes abuseurs et violeurs, elle pimente son propre univers en se délectant de touches almodovariennes, voire hitchcockiennes.

    Si la réalisatrice séduit avec ses personnages féminins décomplexés, affirmés, porteurs d’une liberté illustrées par une marche finale joyeuse, seins à l’air, on reprochera toutefois à l’œuvre un côté parfois brouillon, caricatural et hystérique. Quant à l’humour, censé parcourir l’opus, il se révèle finalement plus volontariste que réel.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 décembre.

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  • Grand écran: "Leurs enfants après eux", émouvant récit d'apprentissage, avec l'excellent Paul Kircher

    Après deux films de monstres, Teddy et L’année du requin, situés dans le Sud-Ouest de la France, les jumeaux Ludovic et Zoran Boukherma, 32 ans, changent de genre et se tournent vers l’Est avec Leurs enfants après eux, une fresque générationnelle universelle adaptée du roman homonyme de Nicolas Mathieu, prix Goncourt  2018. 

    Le film commence en août 1992, dans une vallée perdue où les hauts fourneaux sont désaffectés et où vit une population appauvrie par la désindustrialisation. Anthony (Paul Kircher), adolescent boutonneux de 14 ans s’ennuie ferme, à l’image de sa mère Hélène (Ludivine Sagnier), qui traîne son alcoolique de  mari Patrick (Gilles Lellouche) comme un boulet.

    Le coup de foudre

    Il fait chaud cet été-là.  Avec son cousin, plus extraverti, culotté et dragueur sur les bords, Anthony vole un canoé pour aller voir si c’est plus marrant de l’autre côté du lac, sur la plage des culs-nus. C’est là qu’il rencontre la jolie Stéphanie (Angelina Woreth), coqueluche inaccessible du coin, qui l’invite à une soirée. Coup de foudre. 

    Mais comment faire pour aller la retrouver? Ce n’est pas la porte à côté. Le gamin commet alors la folie d’emprunter la moto de son père, qui tient à sa bécane plus qu’à la prunelle de ses yeux. Catastrophe, le lendemain l'engin a disparu.  Non seulement Anthony terrorisé s'enfuit devant son paternel fou de rage,  mais il va devoir affronter Hacine (Sayyyid El Alami), jeune dealer beur du secteur, mauvais comme la gale.

    Pendant quatre étés, de 1992 à 1998, l’année de la Coupe du monde de football (gagnée par la France est-il utile de le rappeler…) suit ainsi  les destins croisés de ces personnages, dans la reconstitution d’une époque qui se meurt, nous entraînant dans ses bals, ses jeux télévisés, ses fêtes foraines où cartonnent Johnny, Cabrel et Goldman. 

    Du souffle et de l'intensité

    Une partie de la critique estime que le film n’atteint pas l’acuité politique, la rage et la chair du roman. Pour ceux et celles qui l’ont lu, c'est possible.. Mais avec leur mise en scène belle et précise, leur fidélité au livre, les frères Boukherma n’en brossent pas moins un portrait émouvant et plein de justesse de la jeunesse.  Il y a du souffle, de l’intensité dans cet opus entre fable sociale et récit d’apprentissage, nourri d’amour fou, de romanesque, de violence, de lyrisme, de nostalgie et  de mélancolie teintées d’humour, de grâce. 

    Leurs enfants après eux est de plus remarquablement interprété. Par Angelina Woreth, Ludivine Sagnier ou encore Sayyid El Alami. Et surtout par sa tête d’affiche, le très talentueux et étoile montante Paul Kircher. Tour à tour maladroit, sauvage mutique, explosif, il est aussi génial et physique que dans Le règne animal de Thomas Cailley. Le plus logiquement du  monde, il a remporté le prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir masculin à la dernière  Mostra de Venise.

    A l‘affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 4 décembre.  

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