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Sorties de la Semaine - Page 7

  • Grand écran: "Tatami" raconte le cruel dilemme d'une judokate iranienne, confrontée au régime. Passionnant

    Derrière la caméra, une Iranienne (Zar Ami Ebrahimi, sacrée meilleure actrice à Cannes en 2022 pour Holy Spider) et un Israélien (Guy Nattiv, notamment réalisateur de Golda). Une coréalisation inédite entre ces deux artistes émigrés, elle en France, lui aux Etats-Unis. Ils se sont associés pour réaliser Tatami, évoquant le cruel dilemme de Leila (Arienne Mandi), une judokate iranienne.

    Avec sa coach Maryam (Zar Ami Ebrahimi elle-même) et le reste de l’équipe, elle se rend aux championnats du monde de judo qui se déroulent à Tbilissi en Géorgie. Son but, remporter une médaille d’or, une première pour son pays. Et c’est bien parti. Leila aligne les victoires, jusqu’au jour où elle rencontre sur sa route une adversaire israélienne. La ligne rouge pour les autorités de son pays qui lui ordonnent de déclarer forfait, par exemple en simulant une blessure.

    Mais il n’en n’est pas question pour la fougueuse Leila. Elle s’oppose rageusement à sa coach qui tergiverse. Autrefois intimidée par le régime, elle est déchirée entre son envie de laisser son athlète s’exprimer et son obligation d’obéir aux ordres d’un envoyé du gouvernement débarqué sur place. Menaces, peur, tentative de rébellion…. Sa liberté et celle de sa famille restée à Téhéran en jeu, Leila est confrontée à un choix impossible. Se plier aux injonctions du régime ou se battre jusqu’au bout pour réaliser son rêve. 

    Inspiré d’un fait réel ce thriller sous haute tension tourné dans un magnifique noir et blanc nous immerge, grâce à sa mise en scène rigoureuse,  au cœur d'affrontements intenses, à la fois sportifs et politiques. Tout en nous laissant ressentir la terrible charge physique, psychologique et mentale pesant sur une Leila prise en tenaille. Intelligent, courageux, passionnant, ce film d’espionnage est de surcroît remarquablement porté par ses deux principales interprètes, qui sont plutôt qu’elles ne jouent leur personnage respectif. 

    Tandis que la presse iranienne, choquée, dénonce un film « mensonger »,  l’actrice réalisatrice Zar Ami déclare lutter grâce à lui contre tous les extrémismes, d’Iran ou d’Israël.  A noter qu’elle a pris publiquement fait et cause pour le soulèvement de la jeunesse de son pays, suite à la mort de l’étudiante Mahsa Amini, en raison de « port de vêtement inapproprié ». 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 4 septembre.

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  • Grand écran: avec "Emilia Perez", Jacques Audiard propose un thriller musical queer explosif

    Chef de cartel mexicain enfermé dans un corps d’homme, Manitas va  devenir Emilia, avec lʹaide dʹune avocate. Surexploitée par un cabinet très occupé à blanchir des criminels, cette dernière voit là une porte de sortie inespérée. De son côté, passée pour morte, Emilia resurgit quatre ans après en bienfaitrice d’une ONG au service de familles mexicaines, victimes de la violence des barons de la drogue. Elle renoue alors des liens avec sa femme et ses deux enfants, ignorant ce qui lui est arrivé-

    De ce scénario improbable, Jacques Audiard, lauréat du prix du jury à Cannes en mai dernier après avoir, rappelons-le,  décroché la Palme d’or pour  Dheepan  en 2015,  tire un thriller musical trans explosif parlé en espagnol. Les musiques et paroles de Clément Ducol et Camille sont sublimées par les chorégraphies de Damien Jalet. L’opus est porté de bout en bout par la magnifique actrice trans Karla Sofia Gascon, aux côtés de Zoe Soldana, Selena Gomez et Adriana Paz, couronnées ensemble d’un prix d’interprétation sur la Croisette.  

    Emilia Perez  qui, à l’origine, devait être un opéra, a nécessité une écriture très longue et un énorme travail d’élaboration. Provoquant des doutes chez le réalisateur qui, anxieux de livrer sa vision du monde, a même tourné un autre film avant,  « Les Olympiade »s. Pour finalement proposer une comédie humaniste jubilatoire née d’une tragédie, où se mêlent les thèmes sociétaux actuels, et où tout est trans, en constante mutation physique et morale.     

    Jacques Audiard, un opportuniste assumé

    Il dit être un solitaire qui fait du cinéma pour… ne pas être seul. Pour parler à un scénariste, à une équipe, à des acteurs, puis à un public. A l’occasion d’une rencontre à Lausanne, Jacques Audiard nous en dévoile  plus sur lui et son dernier film.

    -Comédie dramatique, policier, romance, western, aujourd’hui thriller musical. D’où vous vient ce besoin de vous réinventer sans cesse?

    -Je n’ai pas l’impression d’avoir fait quelque chose de différent. J’avance et je propose des choses qui m’intéressent. Je suis toujours en mouvement. Il n’y a pas de rupture. « Emilia Perez » n’est pas un ovni. Il a la même épaisseur dramatique que mes autres films, avec des thèmes qui se croisent, se décroisent.

    -Il cumule également les styles, film noir. soap opera, mélo.

     -Cela faisait partie du projet. Je reste à la recherche de forme. Il y a un sujet, Manitas et là-dedans une notion de transition. Le film devait donc aussi être trans. Ce que je souhaitais, c’était qu’il change de genre tout le temps. Qu’on passe par la telenovela, le film de narcos, la comédie musicale.

    -Quelle en est la genèse?

    -Un chapitre au milieu d’un roman de Boris Razon ou un narcotrafiquant veut transitionner pour échapper à la concurrence. Dans mon film, il a toujours voulu devenir une femme. Il est né au mauvais endroit dans le mauvais corps. Il a fait le mal toute sa vie. par conformisme social en somme. et veut changer de sexe.

    -Est-ce une œuvre militante? 

    -Cela me mettrait dans une drôle de position. Mon film est une réponse. Je suis militant parce que je défile. Je suis militant parce que je fais des films.

    -Vous vous saisissez de tous les thèmes actuels, Me too, violences, questions de genre, d’identité. On vous traite d’opportuniste. Que répondez-vous?

    -Que je le suis. Quand les choses m’intéressent je fais un film

    -Karla Sofia Gascon est une vraie femme trans. Pour vous c’était une condition sine qua non.

    - En effet, c’était absolument inenvisageable autrement.  On a ouvert tous les radars. On était en plein casting, tout à coup je vois une photo d’elle. Le coup de foudre.  Si je ne l’avais pas croisée, j’y serais encore. Peut-être, sûrement même, que je n’aurais pas fait le film.

    -Qu'est-ce qui vous plaît tant chez elle?

    Karla est très attachée au problème de la transition. Mais surtout elle a ce truc fondamental. Elle me touche. Elle est drôle, forte, intelligente, douce, libre. Avant elle était Karl, un acteur. Après sa transition elle a simplement repris son métier.
     
    La révélation Karla Sofia Gascon

    Visage connu du petit écran espagnol grâce aux télénovelas, elle se hisse d’un coup au rang de star. Belle, intense, impressionnante dans son rôle de personnage pluriel, elle a un sacré tempérament, Karla Sofia Gascon. Pas étonnant qu’elle ait conquis Jacques Audiard au premier regard- Au point de dire que s’il ne l’avait pas rencontrée, il ne tournait sans doute pas le film. Mais qu’a-t-elle pensé en découvrant le scénario?

    -Une folie pure.  Un narcotrafiquant mexicain- qui  veut  devenir une femme dans une comédie musicale baroque tournée en espagnol, c’est juste dément! Et surtout extrêmement compliqué. Mais bon, il fallait se lancer pour faire exister cette femme prisonnière d’une vie qui n’est pas la sienne et qui, à un moment donné, a la chance de la laisser derrière elle. Mais aussi la douleur de renoncer aux personnes qu’elle aime.

    -Cela vous a demandé de gros efforts.  

    -Oui, c’était long, dur, mais j’ai adoré. J’ai été bien guidée dans la préparation par Stéphanie ma prof. Emilia est un diamant brut que j’ai pris un grand plaisir à raffiner.

    -Le plus difficile pour vous dans ce rôle

    -Les chansons, avec deux voix différentes dont ni l’une ni l’autre n ‘est la mienne. Et puis il y a eu un énorme travail de mouvement. Je suis nulle en danse. Mais il y avait surtout le plus amusant consistant à jouer une personne à l’opposé de moi comme Manitas.

    - Vous souhaitez mettre en lumière des gens qui vous ressemblent.  Montrer que vous êtres des personnes normales. Pensez-vous que le film va aider?

    .Je suis sûre qu’il va y avoir des répercussions sur la société.  A travers Emilia, on dépasse le cinéma. C’est une très belle chose. J’aimerais  qu’on arrête de nous enfermer, de nous ranger dans une catégorie, que cessent les moqueries, les insultes, la haine.


    - A cet égard, le prix d’interprétation féminine, que vous êtes la première actrice transgenre à avoir décroché, a provoqué ce genre d’offense. Notamment de la part de Marion Maréchal . Vous avez déposé plainte contre elle. Où en est l’affaire?

    -En fait, la plainte ne vient pas vraiment de moi. Je me suis unie à celle déposée par six ONG. Sur un plan personnel, j’adore la confrontation, mais c’est une autre étape. Pour l’instant l’affaire suit son cours. Il est vrai qu’un jugement favorable pourrait avoir un gros impact.

    -Que pensez-vous de la représentation des femmes trans au cinéma?

    -Elle est très pauvre actuellement. Il s’agit toujours du même type de personnage. Quoi qu’il en soit, à mon avis, les acteurs ou actrices doivent être choisi-es pour leur talent, pas pour leur sexualité.

    -Avant vous étiez comédien, maintenant comédienne. Abordez-vous votre travail différemment?

    -Pas tellemenmt. Mais j'a iacquis une plus grande liberté. Grâce au prix, j’ai une immense marge de manœuvre. Ce qui m’oblige car je crains que mon prochain rôle ne soit pas au niveau. D’autant qu’il sera plus complexe. Mais Je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant.

    "Emilia Perez", à l’affiche dès mercredi dans les salles de Suisse romande.

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  • Grand écran: "Manga D'Terra", le difficile parcours d'une Cap-Verdienne à Lisbonne, sauvée par la musique

    Pour son troisième long métrage, le Vaudois Basil da Cunha nous emmène une nouvelle fois dans le bidonville lisboète de Reboleira, où vit une communauté capverdienne et où lui-même a habité pendant plus de quinze ans. Il propose un musical qui n’aurait pu exister sans l’union de tout le quartier. 

    Le film  raconte l’histoire de Rosa, appelée Rosinha. Agée de 20 ans, elle a laissé ses deux enfants à sa mère dans son au Cap-Vert natal pour s’établir à Lisbonne en espérant leur offrir une meilleure vie. 

    Très  vite en butte aux violences quotidiennes de la police ou des caïds du coin, jetée à la rue, elle trouve un peu d’affection auprès des femmes de la communauté, Mais ce qui va vraiment la sauver, c’est la musique.
     
    Le titre fait référence à la mangue qui, selon une chanson du film symbolise la  résilience et la capacité à pousser en terre étrangère. Pour le cinéaste,  ce film sur fond d’immigration est en quelque sorte le hors champ des précédents, essentiellement peuplé de garçons. Là, Basil da Cunha donne la parole aux femmes, un réseau solidaire, formé de battantes, autonomes, indépendantes des hommes, et dont il exalte les différentes facettes. 

    Avec toujours le désir de fabriquer des mythes, mais sans cacher la réalité, l'auteur montre surtout celle de sa jeune héroïne Déracinée, Rosa n’a pratiquement personne pour la soutenir, mais sa force dont elle a si besoin pour survivre, lui permet de surmonter les obstacles.
     
    Dans cet opus qui comporte une part de fantastique, plus particulièrement à travers la musique. cette femme courageuse luttant pour sa dignité. est incarnée par la magnifique, savoureuse  et magnétique Eliana Rosa, chanteuse avant d’être actrice, venue au Portugal pour faire des études de théâtre. Elle a heureusement croisé la route de Basil da Cunha

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 juin.

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