Festival de Cannes: de la Suède au Japon en passant par l'Italie (13/07/2021)

Un couple de cinéastes américains, Chris et Tony (Vicky Krieps/Tim Roth) débarque sur l’île de Farö en Suède où vécut Bergman. Elle est devenue un lieu de culte pour les amoureux du cinéma et plus particulièrement pour les inconditionnels du maestro aux 60 films et aux neuf enfants de six femmes différentes… 

Chris et Tony qui s’aiment depuis longtemps mais vivent plutôt comme des amis, voir des rivaux, s’installent pour écrire un scénario, chacun de leur côté. Ils dorment même dans la chambre où fut tourné Scènes de la vie conjugale, «le film qui a fait divorcer des millions de personnes...»

Alors que leur histoire respective avance. Chris décide de raconter la sienne à Tony, une comédie romantique contrariée, qui prend forme à l’écran. Réalité du couple et fiction se mêlent, l’héroïne de Chris étant hantée par un premier amour qu’elle n’a jamais pu oublier. 

On aurait pu craindre que ce film dans le film nuise à la fluidité du récit. Il n’en est rien, Avec Bergman Island, Mia Hansen-Love propose un magnifique opus limpide et plein de grâce. Il est en plus éclairé par la joyeuse et irrésistible Vicky Krieps, qui donne la réplique à un Tim Roth parfait dans le rôle du mari à l'air calme, désinvolte,  toujours maître de lui.  Un candidat sérieux au palmarès.

Avec Tre Piani, Nanni Moretti déçoit un peu

Si Mia Hansen-Love a sans doute signé son meilleur film, ce n’est pas le cas de Nanni Moretti, de retour en compétition avec Tre Piani, mélodrame choral, adapté d’un romande l’israélien Eshkol Nevo. On y suit la vie des habitants d’un immeuble romain, transformée de différentes façons par une série d’événements, à commencer par un accident de voiture mortel.
En trois chapitres se déroulant sur dix ans, Nanni Moretti brasse plusieurs thèmes, une justice à deux vitesses, le deuil, la réparation, un soupçon d’abus sexuel. Si le réalisateur italien est une valeur sûre, on est quand même déçu. Il serait étonnant qu’il parvienne à décrocher une deuxième Palme d’or, vingt ans après La chambre du fils. 

Drive my car, road movie envoûtant, romanesque et mystérieux

Oto est scénariste. Elle invente des histoires, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre les transforme. Le couple apparaît indiscutablement et profondément lié. Un jour pourtant, l'homme surprend sa femme faisant l’amour avec un autre. Elle ne le voit pas, il garde la chose pour lui. Jusqu’au drame...  

Alors qu'il n'arrive toujours pas à s’en remettre, Yusuke accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme modeste et réservée qu'on lui a assignée comme chauffeure. Entre Yusuke tourmenté en quête de vérité, de rédemption et Misaki, victime d'une enfance douloureuse, l'amitié naît au fil des trajets. Elle leur permettra de faire face ensemble à leur passé. . 

Drive my car de Ryusuke Hamaguchi est adapté d’une novelle éponyme d’Haruki Murakami. Poursuivant sa quête esthétique, le réalisateur japonais nous emmène dans un voyage de trois heures qu'on sent à peine passer. Un road movie envoûtant à la fois romanesque et mystérieux qu’on souhaite voir remporter un prix.

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