Cannes tient son petit scandale. Lors de la conférence de presse sur La fracture, de Catherine Corsini, Pio Marmaï s'en est pris au président Macron. Le comédien français, qui incarne un manifestant blessé dans une manifestation de Gilets jaunes a notamment déclaré, reprenant une phrase du film: "Macron, j'aimerais bien aller chez lui en passant par les chiottes et les tuyaux et lui péter la gueule, ça évidemment un peu comme tout le monde, dans l'absolu..." Du coup polémique sur les réseaux sociaux, tandis que les télés d'info continue en font leurs choux gras avec défilé de pour et de contre sur les plateaux.
Mais parlons plutôt cinéma. Comme d'habitude, certains films n'ont pas grand-chose, sinon rien à faire en compétition. Par exemple Flag Day de Sean Penn, même s'il n'atteint pas le ridicule de The Last Face en 2016 Le réalisateur-acteur y brosse laborieusement le portrait d 'une jeune femme qui lutte pour guérir des blessure de son passé, tout en essayant de reconstruire une difficile relation avec son père.
Du coup on se demande pourquoi des perles découvertes dans les sections parallèles ne figurent pas en concours. C’est le cas de Petite nature, deuxième long métrage de Samuel Theis, présenté à la Semaine de la Critique.
Il raconte l’histoire de Johnny (Aliocha Reinert), gueule d’ange frêle au look féminin avec ses longs cheveux blonds bouclés. Il a dix ans, mais ne s’intéresse qu’aux histoires des adultes. Dans sa cité HLM de Forbach, en Lorraine, il observe avec curiosité la vie sentimentale triste et agitée de sa mère, aimante mais trop souvent entre deux vins.
Cette année pourtant, quelque chose change quand il intègre la classe de Monsieur Adamski (Antoine Reinartz) venu de Lyon avec sa femme Nora (Izïa Higelin). Johnny noue un lien particulier avec ce nouvel enseignant qui croit en lui et lui ouvre d’autres horizons.
On n’est pas loin de voir cette relation glisser sur une pente dangereuse, plus particulièrement à la faveur d’une scène dont le côté trouble est induit par le pré-ado. Il n’en n’est rien. Si l’auteur questionne et dérange, il explore avant tout l’éveil confus de son héros aux perceptions amoureuses, son désir d’émancipation, la découverte de son identité.
Intelligent, fort, tendre, « Petite nature » est porté de bout en bout par l’impressionnant Aliocha Reinert. Rebelle charismatique, il livre une étonnante prestation.