Festival de Locarno: "Petite Solange" marque la compétition et révèle une actrice (06/08/2021)

La chasse au Léopard d’or ne fait que commencer, mais on a déjà un coup de cœur pour Petite Solange d’Axelle Ropert. Après La famille Wolberg (2009), Tirez la langue, Mademoiselle (2013), déjà en compétition à Locarno en 2016 avec La prunelle de mes yeux, la réalisatrice française propose cette fois le portrait d’une adolescente de 13 ans, un peu timide, fragile, mais gaie, enthousiaste, curieuse de tout. 

Par ailleurs, elle adore ses parents. Mais tandis qu’ils viennent de fêter leurs vingt ans de mariage, ils se disputent et commencent à s’éloigner l’un de l’autre. La séparation menace. Pour Solange, c’est le coup de massue. Trop tendre, trop sentimentale, elle voit son monde idéal s’effondrer. Elle qui voudrait tant que l’amour dure toujours, va faire l’expérience de la douleur.  

Axelle Ropert propose un joli film, simple et riche, moins léger qu’il n’y paraît, au parfum vintage et à la mise en scène rigoureuse de chaque situation. Une obsession pour la cinéaste qui avoue être allée piquer une idée dans Une étoiile est née de George Cukor... Petite Solange se déroule à Nantes avec un plus italien venant du temps où l'auteure regardait les longs métrages de Raffaello Matarazzo sur les enfants perdus. Sans oublier bien sûr L’incompris de Luigi Comencini. 

Jade Springer, une découverte 

L'oeuvre est portée par l’étonnante Jade Springer, une révélation de 14 ans qui séduit dès son apparition à l’image. Elle n’avait jamais joué mais, complètement liée à l’émotion du personnage sans toutefois aucune connivence autobiographique, elle s’en sort comme une pro. Face à elle ses parents incarnés par l’excellente Léa Drucker et l’inclassable Philippe Katerine. Amoureux du monde et des gens, sentant intensément les choses, il est en osmose parfaite avec cette très jeune fille à fleur de peau en proie à ses tourments intérieurs..

«C’est le vieillissement qui m’a poussée à la  réalisation de cette histoire», confie Axelle Ropert. «A presque 50 ans j’avais envie de me pencher sur mon enfance, de montrer quelque chose que je n’avais pas perçu à l’époque. Il y a eu un grand bouleversement dans les familles, on commençait à divorcer. Ce que je raconte est d’une banalité totale. Mais c’est un sujet important, périlleux, délicat, évoquant des adultes qui se font du mal, qui aiment qui trahissent et qui font souffrir leur progéniture».

Rose avec Françoise Fabian sur la Piazza Grande

Toujours côté français, on est moins emballé par Rose, signé Aurélie Saada. Projeté sur la Piazza Grande, il se déroule dans le milieu juif tunisien de Paris. Rose, 78 ans, vient de perdre un mari quelle adorait. Mais quand l’amour de la vie et ses pulsions l’emportent sur son chagrin, l'équilibre de la famille et de ses trois enfants (Aure Atika, Grégory Montel et Damien Chapelle) en est complètement chamboulé

Si le film peine à nous convaincre, on aime en revanche la solaire Françoise Fabian, 88 ans, immense figure du septième art hexagonal avec plus de 70 films à son actif. Elle nous émeut dans le rôle principal de cette vieille dame un rien indigne, qui se retrouve et se redéfinit femme entre l’institut de beauté et les bras de Pascal Elbé. S’émancipant ainsi de l’insupportable tutelle d’un fils installé chez elle à demeure et qui ne cesse de vouloir la contrôler.

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