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  • Grand écran: "Lynx", magnifique documentaire sur ce fascinant félin très difficile à observer

    Solitaire et très discret, le lynx est difficile à observer. On peut éventuellement l’apercevoir à l’aube ou au crépuscule, à condition d’être d’une patience à toute épreuve C’est dire s’il en a fallu à Laurent Geslin pour tourner son documentaire. 

    De la patience et du temps. C’est ainsi que le photographe et réalisateur français, passionné par la nature de proximité, célèbre pour ses clichés animaliers, a parcouru pendant une douzaine d’années les forêts jurassiennes à la recherche du fascinant félin, le plus grand d’Europe.

    La rencontre est magique. Laurent Geslin livre un film aussi exceptionnel que  magnifique commençant par l’appel du mâle à sa femelle et la formation d’un couple éphémère dont naîtront trois chatons hyper craquants

    En suivant la petite famille dont la vie s’écoule au rythme des saisons, on découvre l’univers et le quotidien de ce prédateur indispensable à l’équilibre de la nature, les dangers qui le guettent néanmoins dans un milieu peuplé d'humains pas toujours animés hélas des meilleures intentions, mais également l’apprentissage de ses techniques de chasse, la conquête d’un territoire.  Les enfants devraient adorer, leurs parents aussi. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 octobre.   

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  • Grand écran: "La fracture" raconte une France divisée à travers deux femmes au bord de la rupture

    Immersion., un soir de décembre 2018, dans les urgences d'un hôpital parisien à bout de souffle, en manque de soignants, transformé en huis-clos genre cour des miracles le temps d’une nuit explosive. Après Un amour impossible, métrage d’époque, Catherine Corsini, désireuse de revenir à aujourd’hui, aborde de façon métaphorique les fractures profondes d’une société française de plus en plus dure et meurtrie.

    Elles sont symbolisées par le couple au bord de la rupture que forment Julie (Marina Foïs), éditrice, et Raf (Valeria Bruni-Tedeschi), dessinatrice. Une embrouille de trop et Julie, qui en a plus que marre, quitte l’appartement. Raf la suit, tombe, se casse le bras et atterrit dans un service hospitalier sous pression.

    Débarquement de Gilets jaunes amochés

    A l’extérieur, c’est la guerre et l’établissement, déjà saturé par les blessés, voit débarquer une bande de Gilets jaunes gravement amochés par des policiers lors d’une violente manifestation sur les Champs Elysées. Il ferme ses portes tandis que les CRS campent devant, exigeant qu’on leur livre les noms des coupables.

    Dans la salle d’attente, arène pleine d’humanité, de désespoir et d'émotion où s'écharpent petits bourgeois et prolos de toutes nationalités, l’ambiance est électrique. La confrontation France d’en-haut contre France d’en-bas vire au duel mordant entre Julie, la  bobo  parisienne au coude bien esquinté et un routier naïf (Pio Marmaï) à la jambe explosée par une grenade de désencerclement, qui veut juste conduire son camion, livrer sa marchandise et éventuellement, comme il l’avait dit à la conférence de presse, péter la gueule à Macron. Phrase qui avait provoqué un petit scandale (vite oublié) sur la Croisette.

    Entre hystérie et justesse du récit

    Bref, les critiques acerbes et les injures fusent. Ils s’engueulent pour tout et n’importe quoi et ça vole bas, le plus souvent. Mais les excès n’empêchent pas l’humour et le rire, en l’occurrence cathartique. Entre scènes dramatiques, douloureuses, drôles, voire burlesques, à l’écriture riche, on reprochera toutefois une tendance à l’hystérie. Elle est accentuée par la performance délirante de Valeria Bruni-Tedeschi. Certes, comme toujours, elle met beaucoup d’elle-même dans chacun de ses rôles, des choses qu’elle a vécues, rêvées, imaginés. Mais là, survoltée et shootée aux médicaments, elle en fait des tonnes en luttant pour récupérer l’objet de son amour.

    En revanche, on salue la volonté d’apporter de la justesse et de l’authenticité dans ce récit sous haute tension tourné pendant la Covid, qui évoque la crise des Gilets jaunes, les brutalités policières, l’abandon de l’hôpital public, l’engagement inouï d’un personnel pourtant sous-payé, exténué, le délabrement des locaux. Non seulement Catherine Corsini s’inspire de sa propre histoire avec sa compagne ainsi que d’une mésaventure, mais elle a fait appel à de vrais soignants. Comme Aïssatou Diallo Sagna. Elle a 38 ans, incarne Kim, une infirmière qui apporte, comme les autres acteurs et actrices non professionnel-les, son expérience, sa maîtrise et son empathie envers les patients.

    "Il ne s’agit ni d’un brûlot ni d’un manifeste"

    La fracture est un film engagé, un film de résistance. "Il faut parler de tout cela pour ne pas laisser à nos enfants un monde pourri". Pour autant Catherine Corsini nie une volonté d’interpeler les autorités politiques. "Je l’ai fait pour raconter une histoire avec un fond humaniste et en jouant des ressorts de la comédie. Il ne s’agit ni d’un brûlot, ni d’un manifeste". Le film résonnant par ailleurs avec le théâtre, Catherine Corsini avoue qu’elle craignait la chose. "Je voulais que ce soit brisé par une manière de filmer qui crée le mouvement. Je souhaitais que les comédiens puissent improviser, que tout le monde parvienne à s’échappe". 

    L’opus, qui figurait en compétition au Festival de Cannes, a décroché, rappelons-le, la Queer Palm. Cela peut surprendre dans la mesure où  l’homosexualité est particulièrement banalisée. Mais en fait, c'est logique.. "Ce qui me tenait à cœur, a déclaré la lauréate très émue en recevant son prix, c’était de raconter un couple de femmes d’une cinquantaine d’années qui a vécu le fait de s’assumer. Il est juste de dire que l’homosexualité est un sujet et en même temps qu’il n’en est pas un, car il est intégré, déjouant les préjugés. C’est merveilleux d’être récompensée pour cela". 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 octobre.  

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  • Grand écran: "Ghosts", portrait dur et complexe de la Turquie contemporaine

    Octobre 2020. Istanbul est constamment survolée par des hélicoptères, quadrillée par des patrouilles, tandis que les sirènes des ambulances ne cessent de retentir. Dans cette ville en proie à des troubles politiques, quatre personnages et leur destin respectif s'entremêlent, notamment autour d’un  trafic de drogue, dans un quartier populaire en pleine gentrification..

    Une mère dont le fils est incarcéré dans une prison surpeuplée  pour un film qu’il n’aurait pas commis, cherche de lui procurer de l'argent pour lui éviter un grave danger. Une jeune femme, qui veut devenir danseuse, survit au milieu de ses contemporains à l’avant-garde des mouvements de protestation contre le gouvernement. Elle croise une artiste activiste et un garçon qui nettoie les déchets après les affrontements entre la police et les manifestants. .Pendant ce temps, un homme veut  faire fortune en profitant de la réhabilitation des quartiers historiques de la ville, mais également en logeant des réfugiés syriens à des prix exorbitants. 

    Ghosts,, récit allégorique et dystopique, est le premier long métrage d'Azra Deniz Okyay. S'affirmant comme la cheffe de file  des nouveaux cinéastes turcs,  elle propose un portrait à charge, puissant et complexe (il faut 'accrocher...) de la Turquie contemporaine, ainsi qu’une ode à ses fantômes.  Structuré à la manière d’un puzzle dans une atmosphère de révolte, il dépeint un monde souterrain et obscur dans lequel gravitent des individus issus de différentes sous-cultures, entre absence de valeurs et de repères.

    C’est l’histoire d’une génération perdue affrontant les incertitudes religieuses, politiques et économiques, où chacun tente de se réaliser à travers l’art, en créant son propre mécanisme de survie dans une Turquie chaotique  Ils se réunissent de façon inattendue à travers certains événements et diverses actions., 

    En dépit de sa noirceur, l’opus en forme de thriller montre des êtres porteurs de lumière et d’espoir. Comme dit la réalisatrice, "vivre dans ce pays, c’est comme si nous existions et n’existions pas en même temps. Mes personnages font face à des luttes plus grandes qu’eux-mêmes, leurs expériences touchant  à des problèmes plus globaux, la liberté d’expression et le droit des femmes. Parfois ils se sentent invisibles et doivent agir de façon invisible.  Ghosts parle à un public à travers des jeunes qui apportent par exemple à la fin  la lumière dans un concert LGBT.  Les jeunes trouvent toujours un  moyen. ..." 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 octobre. Séance spéciale ce lundi soir au Cinélux à 20 heures en présence de l'auteur

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