On imaginait l’attente, la garnde foule, la bousculade lors de la projection presse de Mektoub my Love : Canto Due d’Abdellatif Kechiche. Rien de cela. bien au contraire, Locarno n’est pas Cannes. Et si le film "audacieusement" sélectionné dans la compétition internationale de cette 78e édition a certes attiré plus de monde que d’ordinaire, dont des critiques étrangers supplémentaires dépêchés exprès par leur rédaction, la salle du Teatro n’a pas fait le plein pour cet événement. Et d'assez loin..
Dommage car l'oeuvre vaut le déplacement, après les sept ans d’absence du sulfureux réalisateur tombé en disgrâce et sujet à une avalanche de polémiques suite au scandale cannois. Provoqué on le rappelle, par la fameuse scène du long cunnilingus non simulé dans Mektoub My Love : Intermezzo,
De retour, Kechiche poursuit sa sensuelle trilogie azuréenne avec le dernier volet. L’histoire se déroule toujours à Sète, dès septembre 1994. L’auteur garde les fondamentaux, les conversations entre amis sur la plage, les scènes de danse, de nourriture. II déploie sa virtuosité, sa façon unique de capter l’énergie et le talent naturel de ses acteurs. Bref, bien que la compétition n’en soit qu’à la petite moitié, il y a du Léopard d’or en vue.
Amin (Shaïn Boumedine), apprenti cinéaste, revient dans sa ville après ses études à Paris. Un producteur américain en vacances (Andre Jacobs) s’intéresse par hasard à son projet, Les Principes essentiels de l’existence universelle, et souhaite que sa femme Jess (Jessica Pennington, image ci-dessus), star anglo-saxonne d’une série à succès, Les Braises de la passion, en soit l’héroïne. Les voies du destin sont pourtant impénétrables…
Exit le scandale
Au centre du récit avec André Jacobs, Jessica Pennington, qui ne cesse de bouffer comme quatre, fait partie des nouveaux personnages gravitant autour des anciens comme Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche, Hafsia Herzi. Ou encore Roméo De Lacour (comédien, resté habillé lui, au coeur de la scène crue d'Intermezzo).
Mais disons-le tout de suite, exit le scandale. Canto Due, suite directe de Canto Uno, se démarque notablement d'Intermezzo. Pas de boîte de nuit (lieu qui constituait l’essentiel ou presque du deuxième volet), donc moins de bruit, moins de male gaze sur les corps féminins, culs, seins et ventres, moins de sexe, à part une séquence carrément banale. En revanche une place bienvenue faite à l’humour, au fil d’une intrigue prenante et parfois farfelue, avec nombreux rebondissements et montée de la tension jusqu’à une fin frustrante mais ouverte. Annonciatrice d’un nouveau chapitre? Affaire à suivre.