Après Sex, premier volet de sa fascinante trilogie d’Oslo questionnant les normes qui encadrent l’amour, Dag Johan Haugerud poursuit son exploration de la sexualité queer avec Dreams. Souvent considérée comme la meilleure des trois, l’œuvre a décroché l’Ours d’or en février dernier au Festival de Berlin..
Johanne, 17 ans, tombe follement amoureuse de sa professeure de français âgée de 30 ans, et se rapproche d’elle en lui demandant de lui apprendre à tricoter. Pour mieux garder le souvenir de cette bouleversante relation s’étalant sur un an, l’adolescente décide d’écrire un livre pour raconter sa première expérience faite de trouble, de souffrance, de doute torturant, de plaisir et de joie intenses.
Un mélange d’émotions vécu dans le secret, avant que la jeune fille décide de s’en ouvrir à sa grand-mère poète, puis à sa mère. Toutes deux sont à la fois séduites par son talent littéraire et choquées par des descriptions très intimes. Narrées en voix-off au travers de flash-backs, elles évoquent l’évolution de rapports réels, fantasmés, voire interdits, entre Johanne et sa prof.
Avec sa capacité à aborder des sujets de société tendance avec légèreté, humour et une certaine distance, Dag Johan Haugerud livre un film certes très bavard, mais dont on relèvera la finesse de l’écriture et des dialogues, l’abord pudique de l’amour et des sentiments, la justesse et la sincérité des interprètes. Reflétant une réalité norvégienne, Dreams n’en aspire pas moins à l’universel, avec la volonté de susciter une identification chez le spectateur. C’est très réussi.
Love, la possibilité du couple
On reste dans la réllexion sur de nouvelles expressions de l'intimité avec Love. Marianne, oncologue hétéro et Tor, son collègue infirmier gay, soignent des patients masculins dont le cancer de la prostate entraîne des troubles de l’érection. Mais n’empêche pas les élans amoureux, sujet chaud abordé par nos deux célibataires endurcis- convaincus d’être condamnés à la solitude affective.
Se retrouvant par hasard sur un ferry qui les ramène à Oslo, ils parlent sans complexe d’érotisme, d’amour, de leurs aspirations, de leurs désillusions. Tor raconte à Marianne qu’il passe souvent ses nuits à bord du bateau, à la recherche d’aventures sexuelles occasionnelles avec des inconnus croisés sur des sites de rencontre. Marianne, qui revient d’un rendez-vous arrangé par une amie, s’interroge elle aussi sur le sens de ses propres rencontres sans lendemain
Discutant de leur conception de l’engagement à travers les récits épicés de leurs histoires mutuelles, Ils avouent refuser l’enfermement dans une relation durable. L’amour va pourtant débarquer dans leur vie, les laissant entrevoir chacun de leur côté, la possibilité du couple. Le tout dans un flot de dialogues introspectifs, osés et brillants auxquels nous a habitués Dag Johan Haugerud tout au long de sa trilogie. On rappellera à cet égard que la parole remplaçant l’acte, la sexualité n’est pas montrée à l’écran. Le réalisateur estime en effet que ce genre de scènes est dénué de réalisme.
"Dreams" à l’affiche dès mercredi 6 août et "Love" le mercredi 13 août.dans les salles de Suisse romande.