Le réalisateur américain Richard Linklater retrace en noir et blanc le tournage mouvementé d’À bout de souffle. Premier long métrage de Jean-Luc Godard, fondateur de la Nouvelle Vague et révélation de Jean-Paul Belmondo, il commence dans les bureaux des Cahiers du cinéma, où on retrouve les Truffaut, Chabrol ou Rivette qui ont révolutionné le cinéma. Dans le Paris reconstitué des années 60, la fabrication en roue libre de l’iconique opus se poursuit au fil d’anecdotes irrésistibles, de scènes burlesques et de photographies mythiques.
Avec Nouvelle Vague, Richard Linklater rend ainsi un hommage émouvant, plein d’énergie, d’humour et d’amour à Godard, avec cette restitution, ludique, désinvolte, joyeuse, certes un brin subjective, mais extraordinairement rigoureuse. Captant à merveille le foisonnement culturel de ces années-là, l’ambiance, les gens, il se montre aussi méticuleux en ce qui concerne la mise en scène, la texture du noir et blanc pour retrouver le grain de l’époque, les costumes, les décors, les coiffures. Jusqu’au plus petit objet, rien n’est laissé au hasard.
L'un de nos préférés de Cannes
Une grande réussite due également, sinon surtout, à ses comédiens, remarquablement dirigés. Ce sont en majorité des inconnus choisis pour leur ressemblance physiques avec leur personnage. A commencer par Guillaume Marbeck, formidable en Godard dont il a parfaitement saisi le comportement, l’allure, le phrasé, l’accent, les mimiques, l’étonnant potentiel comique. Parvenant, un exploit, à se l’appropriant sans le singer.
Zoey Deutch est tout aussi incroyable, tant elle se coule dans la peau de Jean Seberg. Emouvante, solaire, l'actrice, en osmose totale, a adopté la courte coupe culte de l’héroïne godardienne et appris le français pour son rôle. Avec Aubry Dullin en Belmondo, les interprètes nous bluffent au point qu’on se croit parfois en compagnie des vrais protagonistes d’A Bout de souffle. On se rend plus particulièrement compte de l’exactitude de la reconstitution en revoyant la copie restaurée de l’œuvre, également de sortie cette semaine. Elle donne encore plus de crédit et de talent à Richard Linklater, auteur de l’un de nos films préférés du dernier Festival de Cannes. Il est malheureusement reparti les mains vides.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 octobre.