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  • Grand écran: "Vitalina Varela", un sommet pour les inconditionnels de Pedro Costa

    Ce drame, signé du Portugais Pedro Costa, montre une quinquagénaire capverdienne débarquant dans un bidonville lisboète trois jours après les obsèques de son mari, qui y avait fait sa vie sans elle.  

    Celui-ci avait quitté son archipel dans sa jeunesse pour chercher du travail en Europe et Vitalina a attendu son billet d’avion pendant 25 ans avant de pouvoir le rejoindre. Amère, elle se  retrouve dans la maison en ruine construite par le défunt et qu’elle va s’atteler à rebâtir en souvenir d’une solide maison au Cap-Vert. 

    Formellement et esthétiquement parfait, nous laissant ressentir la souffrance de Vitalina,, magnifiant son visage, son corps et son regard, ce requiem d’une splendeur d’ébène, comme sa protagoniste, est sublimé par de fulgurantes traces de lumière trouant son obscurité.

    En dépit de ses qualités, le film éprouvant par sa lenteur, son austérité, pourrait demeurer confidentiel, comme d’autres œuvres de Pedro Costa. Il constitue en revanche un sommet pour les admirateurs inconditionnels de l’auteur, cinéphiles purs et durs appréciant un cinéma cérébral, introspectif. A l’instar d’une Vitalina hiératique, s’interrogeant sur son conjoint qui l’avait quittée sans explication un quart de siècle auparavant.

    Rappelons que Vitalina Varela avait décroché le Léopard d’or au Festival de Locarno en 2019. Le titre du film est aussi celui de sa comédienne principale, récompensée lors de cette édition du prix d’interprétation féminine. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er décembre.

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  • Grand écran: Almodovar célèbre les femmes dans "Mères parallèles". Avec Penelope Cruz, sacrée à la Mostra

    Après Douleur et gloire, autoportrait introspectif et romancé,  le provocateur Pedro Almodovar revient avec Mères parallèles. Dans ce 22e long métrage grave et émouvant, il rend un vibrant hommage aux femmes porteuses de vie, tout en réduisant plus ou moins les hommes au rôle de reproducteurs.

    Sur le point d’accoucher, Janis et Ana se rencontrent dans une chambre d'hôpital. Elles sont toutes les deux célibataires et tombées enceintes par accident. Janis (Penelope Cruz), photographe de mode bientôt quadra, libre et indépendante, se montre enthousiaste et compte élever seule son enfant comme l’ont fait avant elle les femmes de sa famille. En revanche l’adolescente Ana (Milena Smit), apparaît désespérée, pleine de remords et traumatisée. Alors qu’elles déambulent dans les couloirs en papotant, Janis, baptisée ainsi par sa mère fan de la grande Joplin, tente de lui remonter le moral.  

    Leurs échanges créent entre elles un lien étroit et définitif que le hasard va compliquer d'une manière qui changera leur existence. Mais évidemment Almodovar, avec sa science des histoires à tiroirs, ne se contente pas d’un mélo classique pour nous raconter celle de deux maternités croisées, quels qu’en soient les bouleversements. Parallèlement, il décide de déterrer le sujet  qui demeure tabou en Espagne, son lourd passé franquiste.

    Etalé sur trois ans, ce récit politique renvoie ainsi à une quête familiale. L’auteur, usant d’un formidable sens de l’ellipse, mêle du coup la petite et la grande histoire, Dès l’ouverture, Janis explique en effet qu’elle veut faire excaver une fosse commune où son arrière-grand-père, privé de sépulture, a été jeté anonymement par les fascistes pendant la guerre civile. C’est d’ailleurs en draguant et en invitant chez elle  Arturo, séduisant  anthropologue juridique chargé des fouilles, que le bienheureux accident s’est produit...

    Héroïnes du quotidien  

    Pedro Almodovar, qui s’est beaucoup inspiré des femmes pour écrire, dit en avoir conçu des entièrement nouvelles. Des héroïnes du quotidien, émancipées à l’avant-garde de la parentalité, qu’il s’agisse des normes biologiques ou sexuelles. Entre coïncidences, hasards, drame et suspense, elles ne vont cesser de se rencontrer, tandis que le cinéaste précise sa pensée sur la société, le patriarcat, le passé et les secrets enfouis avec lesquels il est temps d’en finir,

    Pour porter principalement le film où il aborde une foule de thématiques outre la maternité et l’Histoire (deuil, identité, descendance, héritage), le maître madrilène a sans surprise choisi son égérie Penelope Cruz, pour une huitième collaboration. Elle s’est déclarée la comédienne la plus chanceuse du monde en recevant le scénario. Elle fait à nouveau étalage de son talent dans un rôle complexe qui lui a valu d’être sacrée meilleure actrice à la dernière Mostra de Venise.  Mais on n’oublie pas sa jeune partenaire Milena Smit. Elle se montre parfaitement à la hauteur dans une interprétation pleine de grâce et de sensibilité.

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  • Grand écran: Ridley Scott raconte la chute de la famille Gucci. Avec Lady Gaga et Adam Driver

    Il y a un mois, Ridley Scott opérait un retour très réussi avec Le dernier duel. On n'en dira pas autant de son dernier film House of Gucci où il revient sur les événements ayant précédé la mort tragique à Milan de Maurizio Gucci. Héritier de la célèbre maison de couture, il est abattu devant ses bureaux le 27 mars 1995. 

    L'assassinat sordide, qui a choqué toute l'Italie et précipité le déclin de l'empire du luxe, a été commandité par son ex-femme Patrizia Reggiani, trahie et abandonnée. Suite à un procès retentissant, la "veuve noire de la mode" a été  condamnée à 29 ans de prison. Elle sera libérée sur parole  en 2014. 

    Vers la fin des années 70, Gucci peine à se renouveler. Garçon doux, timide, naïf, limite complexé, Maurizio (Adam Driver), le fils de Rodolfo (Jeremy Irons)  le patron de la marque, s'intéresse davantage au droit qu'à la mode. Au cours d'une soirée, il rencontre la jeune et dynamique Patrizia Reggiani (Lady Gaga), qui travaille dans la compagnie de transport de son père. Elle lui demande son nom et, en entendant celui magique de Gucci, se met à rêver, des étoiles plein les yeux.   

    Dorénavant, elle sait ce qu'elle doit faire et prend les commandes. Elle s'arrange pour revoir Maurizio. Tombé amoureux, il décide de l'épouser en dépit du refus de Rodolfo, qui le chasse de sa vie. L'ambitieuse Patrizia ne l'entend pas de cette oreille et provoque un rapprochement avec l'oncle Aldo (Al Pacino)  et son fils Paolo (Jared Leto), qui ne tarderont pas à faire les frais de l'irrésistible ascension du couple désormais rentré en grâce.

    Mais la guerre intestine que Patrizia a déclenchée finira par lui être également fatale. Lassé d'elle, Maurizio la quitte pour un ancien amour et, rongée par la jalousie, la femme blessée ne pense plus qu'à une chose, se venger.  

    Racontant la chute de la famille Gucci entre drame et comédie, Ridley Scott propose une mise en scène curieusement plate pour cet opus banal, de facture classique et beaucoup trop long. On n’est pas non plus follement enthousiasmé par les comédiens. Certes Lady  Gaga se montre plutôt convaincante, mais Adam Driver a toujours l’air un peu ailleurs et, du coup, on doute sérieusement de l’amour fou de Maurizio, qui l’a poussé à se marier avec Patrizia envers et contre tout.. 

    Et que dire des personnages secondaires carrément en roue libre, à l’image d’un Al Pacino cabotin, d’un Jeremy Irons transparent et surtout d’un Jared Leto outrancier, dont dire qu’il en fait des tonnes est un doux euphémisme! 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 novembre. 
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