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  • Grand écran: avec "Cry Macho", le grand Clint Eastwood propose un road trip mineur

    La retraite, Clint Eastwood le prolifique ne connaît pas. Trois ans après La mule, le réalisateur-acteur mythique, 91 ans, revient avec Cry Macho, adapté du roman de Nathan Richard Nusbaum. Il y joue Mike Milo, une ancienne star du rodéo et éleveur de chevaux, qui a perdu femme et enfant et s’est brisé le dos dans un accident.  

    Après avoir été renvoyé par le patron du ranch qui continuait à l’employer, celui-ci le rappelle pour lui confier une mission. Celle de se rendre au Mexique pour ramener son fils adolescent Rafa, élevé par sa mère alcoolique sous influence d’un dangereux cartel de drogue. 
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    Personnage en quête de rédemption, un classique chez le cinéaste, Mike qui a une dette morale envers son boss, renfile son chapeau de cow boy prend la route et va retrouver le gamin. Adepte des combats de coqs, il a transformé le sien en champion. 

    Passée la méfiance, une relation complice se noue évidemment entre le vieil homme et l’ado sur le chemin du retour, où ils sont pourchassés par les hommes de main la mère de Rafa. La traque donnant lieu à quelques scènes cocasses.

    Problèmes d'interprétation

    On adore Clint Eastwood, mais en dépit de son sourire, on a du mal à s’enthousiasmer vraiment pour ce road trip poussif où Il remonte en selle et assène un coup de poing. Une dernière chevauchée qui n’est d’ailleurs peut-être pas l’ultime, quoi qu’en pense une majorité de critiques penchant pour un film testamentaire. 

    L’un des problèmes tient à l’interprétation, plus particulièrement celle, calamiteuse, de Rafa, interprété par Eduardo Minett. On craint en outre le pire quand la mère du jeune garçon fait des avances au gringo nonagénaire, heureusement bien inspiré de les refuser. Mais que dire de cette idylle avec Marta, veuve Mexicaine généreuse et esseulée, sensible au charme de Mike. Même si  Clint/ Mike assume son âge avec sa voix cassée, sa démarche chancelante et ses hanches qui grincent. 

    Un opus mineur donc, mais qui ne manquera pas de toucher les inconditionnels de l'iconique Clint Eastwood. .  


    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 novembre.

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  • Grand écran: Pus Céline Dion que nature, Valérie Lemercier géniale dans "Aline"

    Aline, le plus ambitieux projet de Valérie Lemercier dont la sortie avait été gâchée par le Covid, sort enfin. Librement inspirée de la vie de Céline Dion, cette comédie dramatique en forme de vrai faux biopic évoque le destin exceptionnel d’Aline Dieu, 14e enfant de Sylvette et Anglomard, née en 1968 dans la campagne québécoise au sein d'une famille où on adore la musique  

    Alors que la gamine grandit en poussant la chansonnette, on lui découvre une voix d’or. En l’entendant, le producteur de musique Guy Claude décide d'en faire la plus grande chanteuse du monde, Il deviendra l'amour de sa vie. Le film retrace ainsi le parcours de la prodige depuis son enfance modeste avec ses treize frères et sœurs jusqu’à l’âge adulte où elle remplit les salles et les stades. . 

    Excellente Victoria Sio

    Dans cette production franco-québécoise à gros budget, et ça se voit à l’écran, rien n’est oublié de la première audition aux transformations dentaires et capillaires, en passant par les tournées, le mariage, la résidence à Las Vegas, la naissance des bébés, les mois de silence pour réparer ses cordes vocales. En plus, il y a tous les tubes de la star aux 230 millions d’albums vendus, réinterprétés par l’excellente Victoria Sio, qui l’imite à la perfection sans la singer, attrapant la note la plus exigeante de All By Myself. Un tour de force 

    Derrière et devant la caméra, Valérie Lemercier est géniale. Plus Céline Dion que nature tout en construisant sa propre fiction autour de personnages imaginaires, elle brosse le portrait d’une «femme bien ordinaire»  généreuse et passionnée, incroyablement douée, qui se bat pour arriver à ses fins. Mais, bien qu'amoureuse de son modèle, l’auteure ne donne pas dans l’hagiographie, se moquant avec sa drôlerie et son humour si caractéristiques de ses  goûts, de son ego, de la surmédiatisation de sa vie avec René…

    Artifices, astuces et trucages

    Pour se glisser de manière particulièrement convaincante dans la peau de son idole du berceau à l’âge adulte, l'auteure n’a négligé aucun détail, a multiplié les artifices, les astuces, les trucages, faisant notamment agrandir les décors et les objets quand elle est petite fille. Elle a aussi modelé sa silhouette, expliquant sur un plateau de télévision s’être écrasé les seins lorsqu'elle est censée avoir 11 ou 12 ans et d’en ajouter des petits par-dessus qui poussent… 

    En d’autres termes on s’éclate avec Aline. Grand film populaire qui devrait faire un carton, il raconte avant tout une belle, touchante et passionnelle histoire d’amour en se penchant sur la relation unique entre Céline Dion et son impresario René Angélil (Guy-Claude en l’occurrence), qui deviendra son mari et contribuera largement au succès planétaire de la jeune prodige.

    A l’affiche dans les salles e Susse romande dès mercredi 10 novembre.

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  • Grand écran: "A Good Man" explore le désir d'enfant chez un trans. Noémie Merlant époustouflante

    Marie-Castille Mention-Schaar ne craint pas de s’attaquer à des sujets casse-gueule. En 2016, avec Le ciel attendra, elle plongeait au cœur de l’embrigadement islamiste de deux jeunes filles ordinaires. Dans A Good Man,  elle s’inspire d’une histoire vraie pour raconter  celle d’un transsexuel, Benjamin (Noémie Merlant) et Aude (Soko)  Ils s’aiment depuis six ans et ont quitté la Provence pour l’ile bretonne de Groix, une bulle protectrice où ils recommencent leur vie, loin des moqueries et d’une relation maternelle compliquée.

    -Un parcours aussi difficile qu'inconnu

    Ils rêvent de fonder une famille, mais Aude est stérile. Benjamin, qui n’a pas terminé sa transition, décide de porter l’enfant. Aude s’inquiète, lui rappelant à quel point il (alors Sarah) détestait son corps lors de leur rencontre en boîte de nuit. «Imagine en ce qu’une grossesse lui fera...», lui dit-elle. 

    La doctoresse lui rappelle aussi que porter un enfant est considéré comme le symbole de la féminité et que cela peut signifier la négation de sa transition. Ce que réfute Benjamin. Le processus n’est aucunement remis en question et il n’est pas moins l’homme qu’il a voulu devenir parce qu’il a encore son utérus. Pour lui il ne s’agit pas d’un sacrifice mais d’un acte d’amour.  
    Tous deux se lancent dans un parcours difficile, inconnu,  une quête extraordinaire que la réalisatrice évoque avec pudeur, sensibilité et empathie. Sortant des clichés, elle montre un  couple somme toute banal, qui va bien, qui travaille, chacun aimant son métier. Elle ne filme pas la transition, mais le désir  profond d’enfant, la volonté d’accès à la paternité pour les transsexuels, la mise en lumière du problème dans une société peu tolérante à laquelle ils doivent se confronter. Les remarquables Soko et Noémie Merlant, par ailleurs méconnaissable et saisissante de justesse en garçon (casting qui a provoqué la polémique, voir ci-dessous),  contribuent très largement à la réussite de ce film prenant, attachant, envoyant valser tabous et préjugés.

    .Recherches importantes

    Mais encore la démarche exigeait-elle de se documenter sérieusement, comme nous le raconte  la cinéaste, rencontrée à Genève. «J’ai eu envie de réaliser ce film après avoir aidé à la production d’un documentaire,  Coby, de Christian Sonderegger (co-scénariste de A Good Man) sur son demi-frère trans Jacob Hunt. A quelques mois de son hystérectomie, il s’était posé beaucoup de questions,  sa compagne redoutant terriblement la grossesse. Finalement il a abandonné l’idée de porter l’enfant. Mais les nombreuses discussions que nous avons eues m’ont énormément interpelée.  J’ai voulu en savoir  davantage.  Et j’ai découvert que des milliers d’hommes ont porté leur enfant, comme Thomas Beatie, premier homme enceint (trois fois) et du coup ultramédiatisé. Je suis ensuite allée à la rencontre  d’autres trans  qui ont entrepris la même démarche».  

    -Le choix de votre interprète était crucial. Dans la communauté trans, on vous reproche  d’avoir confié le rôle à une actrice cisgenre.

    Dans le souci de donner la parole aux intéressés-ées, j’ai cherché un comédien idoine, mais j’avais peu de contacts. Et un directeur de casting impliqué dans des projets LGBTIQ+ m’a mis des bâtons dans les roues parce que je ne suis pas une réalisatrice trans. Je me suis débrouillée seule. On m’a présenté quelques acteurs, j’ai procédé à quelques auditions. Par exemple avec Jonas  Ben-Ahmed, dont l’âge correspondait. Mais il s’agit d’une partition énorme qui va bien au-delà du vécu. Il exige du talent, de la technique, de l’expérience. Personne ne correspondait au Benjamin que j’avais en tête, y compris Jonas qui m’a avoué lui-même ne pas se sentir de taille à enfiler un tel costume. Il attendait simplement un rôle et je lui ai écrit un autre personnage.  A cet égard, je tiens à préciser que grâce à A Good Man, on dispose maintenant d’une banque de données où les acteurs-trices trans sont répertorié-ées.

    -Et vous avez finalement choisi Noémie Merlant qui est époustouflante. Au point qu’on se demande où elle est dans le premier quart d’heure...

    -J’avais déjà collaboré trois fois avec elle. Je n’avais aucun doute sur sa possibilité d’être Benjamin. Je connais sa manière de travailler, de se mettre dans ses personnages, de chercher au plus profond. On avait parlé de ce sujet depuis longtemps et je savais que ça l’intéressait  On a fait des essais physiques pour voir si cela fonctionnait. Il fallait que le public y croie. Elle avait des doutes par rapport à sa voix. Mais je lui ai présenté beaucoup d’hommes trans qui l’ont soutenue, épaulée, légitimée.

    -Vous souhaitez atteindre le plus large public possible, emmener les spectateurs vers des horizons qui ne sont pas forcément les leurs.

    -C’est vrai. Je participe à ma manière au combat, à la visibilité des trans, Mais ce qui m’intéresse  surtout c’est de raconter des histoires qui vont contribuer à rapprocher les personnes, les forcer à s’interroger sur elles-mêmes, leurs a priori, à découvrir tout d’un coup des choses qui les chamboulent. C’est pour cela que je fais du cinéma.

    Un autre sujet délicat à venir?

    -Beaucoup moins quand même! Je viens de terminer Divertimeno,  l’histoire d’une jeune fille inspirée de celle de Zahia Ziouni. Elle veut devenir chef d’orchestre avec l’ambition  de rendre la musique classique accessible à tous, dans tous les territoires, en créant un orchestre unique en ce qui concerne sa diversité et sa composition.-

    A Good Man à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 novembre.

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