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  • Grand écran: aperçu non exhaustif de mes films préférés en 2021

    En dépit des assauts répétés de l'infernal virus, le cinéma a fait front en ne lésinant pas sur la qualité. Voici, plus ou moins dans l’ordre, une dizaine de mes films préférés entre western, thriller, drame historique, biopic ou comédie musicale.   

    Le pouvoir du chien, de Jane Campion

    Douze ans après Bright Star, la réalisatrice Néo-Zélandaise signe son retour avec Le pouvoir du chien, un somptueux western teinté de thriller qui se déroule dans le Montana du début des années 20. Elle sonde la masculinité en mettant en scène un singulier quatuor formé de deux frères inséparables mais que tout oppose, un ado longiligne et efféminé dont la mère Rose est poussée par son beau-frère à se défoncer à l’alcool. Le tout sur fond de violence psychologique, de cruauté, de sadisme et d’homosexualité refoulée. Avec Benedict Cumberbatch et Kirsten Dunst,

    L’événement, d’Audrey Diwan

    Film politique majeur sur l’avortement, il a lieu dans la France de 1963, 12 ans avant la légalisation de l’IVG. La Française Audrey Diwan, Lion d’or à Venise, suit le dur parcours d’Anne une lycéenne issue d’une famille prolétaire, tombée enceinte après une première relation et qui tente par tous les moyens de se débarrasser du fœtus. On se glisse dans la peau de cette combattante, on part avec elle en guerre contre le conservatisme, la rigidité d’un code législatif rétrograde et patriarcal. Et on tombe sous le charme de l’exceptionnelle Annamaria Vartolomei, habitée par son personnage.

    Le dernier duel, de Ridley Scott

    On est au 14e siècle. Lady Marguerite (Jodie Comer)  accuse de viol Jacques Le Gris (Adam Driver), le meilleur ami de  son mari Jean de Carrouges (Matt Damon). Comme personne ne la croit, Jean provoque Jacques en duel. La jeune femme fait preuve d’un extraordinaire courage en dénonçant le criminel et en réclamant justice. La défaite de son époux  la vouerait en effet à une mort atroce. Elle serait dénudée, rasée et brûlée vive. Car cela signifierait, prétendument au regard de Dieu, qu’elle a menti. Ridley Scott propose un long métrage captivant au scénario  moderne, faisant écho au statut des femmes aujourd’hui.

    Drive My Car, de Ryusuke Hamaguchi 

    Comme son titre l’indique, le film se déroule principalement dans une  voiture. Un huis-clos propice aux confidences pudiques que se font ses deux occupants, un dramaturge et la chauffeure qui le conduit chaque matin au théâtre et le ramène chaque soir dans sa résidence. L’amitié qui naît entre eux au fil de ces trajets quotidiens leur permettra de faire face ensemble aux douloureux événements qu’ils ont vécus. Dans sa quête d'esthétisme, le cinéaste japonais livre un road movie envoûtant, bouleversant et mystérieux de trois heures qu’on sent à peine passer, tant il est plein de souvenirs, de secrets, de silences et de non-dits. 

    Benedetta, de Paul Verhoeven

    Le Néerlandais évoque, dans un thriller érotico-clérical, le vrai parcours d’une nonne lesbienne, autoproclamée « fiancée du Christ », mais condamnée à 35 ans de réclusion pour fraude et immoralité. Toujours aussi iconoclaste et inspiré, Verhoeven a tourné un film audacieux, provocateur, subversif, mêlant sexualité, religion, violence et ambition humaine. S’attaquant aux tabous, il dénonce l’hypocrisie et la corruption de l’Eglise sur fond de mysticisme, de désir, d’interdit sexuel, de sacrifice, Et ne craint pas l’excès sinon le grotesque, dans des scènes oniriques outrancières. Virginie Efira est sublime.  

    Illusions perdues, de Xavier Giannoli

    Le réalisateur français relève le défi avec l’adaptation du chef d’œuvre de Balzac. Il livre un opus romanesque et critique sur l’ascension et la chute de Lucien Chardon (Benjamin Voisin), jeune poète provincial naïf à l’ambition dévorante. Dans cette fresque foisonnante, spirituelle et moderne, Xavier Giannoli brosse un portrait satirique implacable de la vie mondaine, de la presse et des arts en ce début de 19e siècle. Elle se combine avec le triste sort de Lucien que vont perdre sa soif d’élévation sociale et son obsession à se faire un nom dans un microcosme qu'il ne peut atteindre. 

    West Side Story, de Steven Spielberg

    Remake impossible ? Pas pour Steven Spielberg, qui a décidé de nous persuader du contraire avec sa version du mythe aux dix Oscars. Sa relecture est aussi réussie qu’excitante. Pauvreté, xénophobie, préjugés, violence, rien n'est oublié. Mais tout en respectant son modèle à une ou deux exceptions, Spielberg apporte sa touche personnelle. Il se montre plus réaliste, avec une nouvelle approche de la mise en scène en tournant dans les rues et le renforcement du côté politique. Il faut reconnaître qu’il est bien aidé par le contexte actuel où rien n’a beaucoup changé, si on considère l’immigration, le communautarisme, ou la circulation des armes dans le pays.. 

    The United States vs Billie Holiday, de Lee Daniels

    Née à Philadelphie en 1915, Billie Holiday a eu une vie jalonnée de rencontres musicales au sommet et marquée par la misère, le viol, la drogue, la ségrégation qui lui a été aussi fatale que l’alcool.  Tout en évoquant la carrière et la vie privée de "Lady Day", la star de tous les excès, sulfureuse croqueuse d’hommes et de femmes, Lee Daniels se focalise sur ses gros démêlés avec le gouvernement américain. Jusque sur son lit de mort en 1959, la légende du jazz vocal a été la cible du Bureau fédéral des narcotiques (FBN), en raison de sa célèbre chanson «Strange Fruit», dénonçant  le lynchage des Noirs dans le Sud des Etats-Unis

    France, de Bruno Dumont 

    Bruno Dumont, change radicalement de registre avec cette satire féroce de la célébrité, où il flingue à la fois joyeusement et gravement la mise en scène télévisuelle obscène d’une actualité misant surtout sur le voyeurisme et le sensationnalisme. Le cinéaste brosse durement le portrait d’un pays, d’un système médiatique et d’une animatrice iconique de la télévision, Léa Seydoux se montre bluffante dans le costume de cette fille cynique, vedette de l'émission phare d’une chaîne d’info continue, donnant dans le journalisme d’une rare indécence.  

    Aline, de Valérie Lemercier  

    Librement inspirée de la vie de Céline Dion, cette comédie dramatique en forme de vrai faux biopic évoque le destin exceptionnel d’Aline Dieu. Derrière et devant la caméra, Valérie Lemercier, plus Céline que nature, est géniale.  Du coup on s’éclate avec ce grand film populaire. Il raconte avant tout une belle, touchante et passionnelle histoire d’amour en se penchant sur la relation unique entre Céline Dion et son impresario René Angélil (Guy-Claude en l’occurrence), qui deviendra son mari et contribuera largement au succès planétaire de la jeune prodige.

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  • Grand écran: la vie amoureuse de la Finlandaise Tove Jansson, célèbre créatrice des légendaires Moumines

    Tove Jansson, née en 1914 et morte en 2001, est célèbre pour sa création des légendaires Moumines, mignons trolls au look hippopotamesque. Finlandaise faisant partie de la minorité suédoise du pays, elle est née à Helsinki d’une mère illustratrice et d’un père sculpteur. Tyrannique, il dédaigne ses croquis fantaisistes, estimant que ce n’est pas de l’art. La jeune femme plaisante en prétendant vivre dans son ombre, mais n’en connaît pas moins également un immense succès avec ses tableaux, ses bandes dessinées, ses romans et ses nouvelles 
     
    Monument en Finlande, cette artiste bisexuelle fait l’objet d’un biopic au titre éponyme, réalisé par sa compatriote Zaida Bergroth. Tout en racontant comment ces petites créatures destinées aux enfants et d’abord gribouillées par amusement, ont conquis le monde, la réalisatrice se penche plus particulièrement sur la vie amoureuse de Tove en décrivant une décennie de sa vie à partir du milieu des années quarante.
     
    La vingtaine, yeux bleus et cheveux blonds au carré, celle que l’on découvre fauchée au début du film, mène une vie trépidante et un rien extravagante, fréquente des soirées illégales, se fiance brièvement avec un homme politique marié. C’est à ce moment qu’elle crée les Moumines et publie, en 1945, le premier livre de leurs aventures Moomin et la grande inondation. Lors d’une soirée elle rencontre la fille du maire d’Helsinki, Vivica Bandler, une directrice de théâtre, dont certains se moquent en disant qu’elle se prend pour une metteuse en scène. Ce qui n’est pas lui rendre justice.   

    Folle d’une grande séductrice 

    Belle, élégante, indépendante, dominatrice, c’est par ailleurs une grande séductrice dont Tove tombe follement amoureuse. Elles entament une liaison, mais Vivica, égocentrique et volage, lui préfère bientôt Paris, où elle décide de s’installer. Toutefois, si ce don Juan en jupons se préoccupe d’abord de ses sentiments, de ses envies et met un terme à leur relation, elle n’a pas manqué de vanter le talent et l’originalité de son ex-amante. Lançant en quelque sorte la carrière de Tove qui, par la suite, fera la connaissance de Tuulikki Pietilä, une graphiste. Elle deviendra sa compagne pour le reste de sa vie et lui inspirera le personnage de Tou-ticki.
     
    Tout en reconstituant dans les détails la scène culturelle de l’Helsinki de l’époque, Zaida Bergroth brosse le portrait émouvant de son héroïne. On découvre une femme passionnée, émancipée, pleine de vie, adorant la danse et la musique, aspirant à une reconnaissance artistique dont elle ne se sentait pourtant pas toujours digne et revendiquant sans complexe sa liberté sexuelle. Elle est magnifiquement interprétée par Alma Pöysti (photo) qui se livre corps et âme dans cet opus à la simplicité pleine de charme

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 décembre. 

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  • Grand écran: "King Richard", ou comment porter Venus et Serena au sommet. Avec un remarquable Will Smith

    Deux ans avant la naissance de ses filles Venus et Serena, Richard Williams regarde un match de tennis à la télévision où la joueuse Virginia Ruzici empoche 40 000 dollars. Du coup ce gardien de nuit se met à concocter un plan de 85  pages pour sortir de Compton, la banlieue pauvre et noire de Los Angeles, et porter ses filles au sommet. 

    Mission accomplie pour les deux avec quatre Grands Chelems et quatre médailles d’or olympiques, et surtout en ce qui concerne Serena, devenue la Numéro Un de ère Open avec ses 23 tournois majeurs. Mais qui, selon toute vraisemblance, ne parviendra pas à égaler le record de l’Australienne Margaret Court, laquelle en compte un  de plus. 

    Presque tout ce que ce père ambitieux a prévu pour sa progéniture s’est donc réalisé. Un vrai visionnaire que le réalisateur Reinaldo Marcus Green n’hésite pas à anoblir en intitulant son film King Richard. Oubliant d’évoquer le côté trouble et controversé du personnage, dont ses nombreuses infidélités, il évite toutefois l’hagiographie en racontant les débuts de cette  irrésistible ascension du point de vue familial. 

    Il se concentre plus particulièrement sur le parcours d’un homme réellement confronté dans son enfance à de terribles actes de racisme, qui a eu des démêlés avec le Ku Klux Klan, mais qui a toujours fait face. Avec sa foi en la réussite chevillée au corps, il est prêt par exemple à se laisser tabasser, pour protéger ses futures championnes harcelées par des voyous. .

    En revanche, il se montre inflexible quant à leur entraînement. Usant de tactiques extrêmes, il les pousse (en principe avec leur accord, l’aide de sa femme Oracene et celle des trois sœurs aînées...), à taper inlassablement dans la raquette de l’aube au crépuscule. Plus que convaincu de leur don, l’obstiné Richard que rien n’arrête, parvient par ailleurs à persuader les meilleurs coaches de s’occuper gratuitement de ses filles, 

    Parallèlement, il se fait un devoir de ne pas négliger leur éducation et tout ce qui touche à leur développement intellectuel. On apprend que Venus parle cinq langues... Sous l’autorité de ce père à la main de fer dans un gant de velours et grâce à leur travail acharné, Venus et Serena deviennent de vraies machines de guerre sur le court, tout en gardant, au-delà du jeu, les valeurs affectives, sociales et humaines qu’on leur a inculquées. 

    Des interprètes de choix

    Mais pour que la mayonnaise prenne vraiment, encore fallait-il des  interprètes de choix. Reinaldo Marcus Green les a trouvés. D’abord un pivot de choc, Will Smith. Remarquable, il est criant de vérité dès son apparition à l’écran. Il n’incarne pas, il est tout simplement Richard Williams, empruntant son discours, ses gestes, son attitude, son comportement.  

    Quant aux deux jeunes actrices qui l’entourent Saniyya Sidney (Venus) et Demi Singleton (Serena), charmantes, modestes et spontanées, elles sont tout aussi talentueuses et impressionnantes de justesse. Sans oublier, dans le rôle d’Oracene,  l’excellente Aunjanue Ellis.

    Il fallait enfin que cela marche du côté sportif pour les connaisseurs et les fans de la petite balle jaune. C’est le cas avec notamment une convaincante reconstitution des matches de l’époque.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 décembre. 

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