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  • Grand écran:" L'événement", film majeur sur le droit à l'avortement. Avec la remarquable Anamaria Vartolomei

    2021, année des réalisatrices. Après l’Oscar attribué à la Chinoise Chloé Zhao pour Nomadland, la Palme d’or décernée à la Française Julia Ducournau à Cannes pour le clivant Titane, la Mostra de Venise a récompensé d’un Lion d’or Audrey Diwan, autre Tricolore, pour L’événement. Film politique majeur sur l’avortement, il se déroule dans la France de 1963, 12 ans avant la légalisation de l’IVG sous l’impulsion de Simone Veil. Adapté du récit autobiographique d’Annie Ernaux, il met en scène  Anne (l’excellente Anamaria Vartolomei), une lycéenne issue d’une famille prolétaire.

    Brillante, Anne a des rêves de liberté plein la tête. Elle veut devenir écrivaine. Mais elle tombe enceinte lors d’une première relation sexuelle. Une catastrophe qui peut sonner le glas de ses ambitions. Alors la courageuse jeune fille, prête à tout pour rester maîtresse de son corps et de son avenir, décide d’avorter. L’acte est passible de prison, mais elle tient absolument à poursuivre son cursus, "se soustraire à cette maladie qui ne frappe que les femmes et les transforme en femmes au foyer". Plus particulièrement dans un milieu modeste où les hautes études ne courent déjà pas de source.

    Anne a peu de temps devant elle. Les examens approchent et son ventre s’arrondit. Rythmé par l’égrenage des semaines qui passent, le film évolue à la façon d’un redoutable compte à rebours. Lancée seule dans une course contre la montre, l’adolescente doit non seulement dissimuler son début de grossesse, mais se battre contre les obstacles qui s’accumulent sur son  sinueux chemin de croix: trahison scandaleuse d’un médecin, veulerie du père biologique, lâchage de ses copines oscillant entre peur et jalousie.

    Audrey Diwan nous secoue et nous bouleverse

    L’auteure nous glisse dans la peau de cette adolescente qui tente par tous les moyens, dont certains font froid dans le dos, de se débarrasser du fœtus. On souffre, on partage sa révolte, on part avec elle en guerre contre le conservatisme, la rigidité d’un code législatif rétrograde et patriarcal. Et on tombe sous le charme de l’exceptionnelle Annamaria Vartolomei, habitée par son personnage. Alliant détermination, énergie, audace  et sensibilité, elle se révèle saisissante d’authenticité. A noter à ses côtés le Vaudois Kacey Mottet Klein et Sandrine Bonnaire dans le rôle de la mère.  

    Avec L’événement, l’un des grands films de l’année, Audrey Diwan nous bouleverse, nous secoue. Racontant une société qui condamne le désir des femmes et le sexe en général, l’œuvre sous tension croissante nous emporte par sa justesse, sa puissance. Tripale, passionnante, ingénieuse dans sa reconstitution historique, elle démontre la tragique réalité d’une maternité non désirée chez les jeunes filles, leur vécu et les drames que vivent encore des millions de femmes dans les pays où l’interruption de grossesse demeure criminelle. 

    Ce faisant, la cinéaste rend aussi hommage à celles qui ont lutté de toutes leurs forces pour la libre disposition de leur corps. La partie n’est pas gagnée. Il suffit par exemple de penser aux tentations de la Cour suprême des Etats-Unis à modifier le cadre légal garantissant le droit des Américaines à l’avortement, soit en le restreignant soit en l’annulant. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 décembre.  

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  • Grand écran: "La main de Dieu", retour aux sources pour Paolo Sorrentino

    A l'occasion de son neuvième long métrage, du nom de la fameuse remarque de Diego Maradona sur son but historique contre l’Angleterre validé à tort lors de la Coupe du monde de 1986, Paolo Sorrentino opère un retour aux sources. En compagnie de son acteur fétiche Tony Servillo, il nous emmène sur les traces de son adolescence à Naples dans les années 80. 

    On suit le destin de Fabietto Schisa (Filippo Scotti), ado de 17 ans mal dans sa peau qui vit avec son père blagueur (Toni Servillo, photo), sa mère espiègle (Teresa Sapoangelo), son  grand frère et sa sœur dans un quartier populaire de la cité. Sans oublier le reste d’une smala exubérante, une tante pulpeuse qui lui fait perdre la tête, et des voisins souvent farfelus dont une baronne excentrique habitant l’étage au-dessus.    

    Mais Fabietto, fan de foot comme tous les habitants de la ville, est surtout obsédé par les rumeurs concernant l’arrivée éventuelle de Diego Maradona. Et il voit d’un coup son quotidien bouleversé par le débarquement de la légende planétaire du ballon rond dans le modeste club du SSC Napoli. Sa passion pour son idole le sauvera miraculeusement d’un accident  qui coûtera la vie à ses parents. 

    Tout en proposant une galerie de personnages attachants, pour le moins pittoresques sinon outranciers, Paolo Sorrentino se raconte à travers son double à l’écran. Evoquant ses désirs, ses premiers émois amoureux, il révèle aussi son goût pour le cinéma que lui a donné son mentor, le Napolitain Antonio Capuano. Il en profite pour rendre hommage aux Fellini, Zeffirelli, Scola et autre Leone.  

    Récit initiatique, La main de Dieu (E stata la mano di Dio) se veut à la fois émouvant, drôle et tragique. Certes le film nous emporte dans certaines scènes,  mais le réalisateur se laisse aller à la confusion et nous perd peu à peu en voulant traiter tous les sujets, de la famille au football en passant par l’amour, le deuil, la vie, la religion, le septième art, la fatalité. Qui trop embrasse...  

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er décembre.

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