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  • Grand écran: "Don't Look Up: déni cosmique", satire jouissive sur la fin du monde

    Persuadés qu’une gigantesque météorite fonce sur la Terre et menace de la détruire, deux astronomes tentent d’alerter ses habitants confrontés à cet abyssal péril. Bof, encore un film sur la fin du monde avec scènes habituelles de dévastation, une poignée de survivants errants et hagards préfigurant l’extinction de l’humanité, a-t-on envie de dire. En plus produit par Netflix! 

    Eh bien on se trompe, car c’est compter sans l’humour décoiffant et décalé d’Adam McKay, à qui l’on doit notamment The Big Short et Vice. Il propose une comédie de science-fiction satirique au casting cinq étoiles, où il pourfend le système politique, social et médiatique, sur fond de dénonciation de crise écologique ignorée de tous. 

    C’est ainsi que les dr Kate Dibiasky et Randall Mindy (Jennifer Lawrence et Leonardo DiCaprio) un rien barjos et du coup peu crédibles, commencent par se rendre à la Maison Blanche  pour prévenir sa présidente (Meryl Streep) du danger imminent. Mais cette Trump lookée bimbo sur le retour, préfère en rire. Tout comme son ersatz de chef de cabinet, en l’occurrence son fils (Jonah Hill).

    Faute d’être pris au sérieux par le pouvoir, les astronomes entreprennent  une tournée des médias, également foireuse au début. Surtout à la télévision où l’animatrice, seins en avant (Cate Blanchet), les prend pour des hurluberlus. Inutile de préciser qu'elle s’intéresse davantage à  l’éventuel divorce d’un couple de stars qu’à la collision fatale  annoncée. Mais la menace se précise et tout finit par s’emballer entre chaos et panique collective.

    Pour mieux nous séduire, Adam Mc Kay s’amuse à caricaturer à l'extrême ses protagonistes, plus farfelus les uns que les autres. Jennifer Lawrence frise la névrose, Leonardo DiCaprio, méconnaissable à l’entame du film, est terriblement angoissé et mal dans sa peau, Meryl Streep  ridicule avec sa perruque à boucles anglaises, Jonah Hill grotesque dans son incompétence crasse. Timothée Chalamet et Ariana Grande ne sont pas plus gâtés par l’auteur.

    On ajoutera quelques effets spéciaux ambitieux pour pimenter ce Déni cosmique, à la fois loufoque, insolite, corrosif, cynique. En gros, jouissif.
     
    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 8 décembre. 

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  • Grand écran: "West Side Story", relecture personnelle réussie et excitante de Spielberg

    Question légitime en découvrant les intentions de Steven Spielberg: quel intérêt avait-il à revisiter West Side Story, ce monument de la culture populaire américaine inspiré du shakespearien Roméo et Juliette et appartenant depuis soixante ans au patrimoine cinématographique? A priori aucun. Mais le réalisateur a évidemment décidé de nous persuader du contraire en livrant sa version du mythe aux dix Oscars, dont celui remporté par Rita Moreno, première actrice hispanique à décrocher une statuette. 

    Il est vrai qu'il y pensait depuis longtemps. La comédie musicale de Robert Wise, Jerome Robbins et Leonard Bernstein, révolution dans le genre avec son impact social et son décor urbain, est en effet l’un des films, découvert à 11 ans, qui l’a le plus marqué dans sa jeunesse. Et disons-le sans tarder, le maestro hollywoodien a parfaitement réussi son pari. .

    Pauvreté, xénophobie, préjugés, violence, tout y est.  Respectant donc son modèle à une ou deux exceptions, par exemple l’introduction inédite d'un personnage qu'on ne révélera pas, Spielberg apporte cependant sa touche personnelle. Il se montre plus réaliste, avec une nouvelle approche de la mise en scène en tournant dans les rues et le renforcement du côté politique. Il faut reconnaître qu’il est bien aidé par le contexte actuel où rien n’a beaucoup changé, si on considère l’immigration, le communautarisme, ou la circulation des armes dans le pays...  

    Tragique passion interdite, brisée par la haine

    Petit rappel du spectacle musical créé à Broadway en 1957 et porté à l’écran quatre ans plus tard, adaptation qui lui a valu sa célébrité. Dans l’Upper West Side de Big Apple, les Jets venus de l’immigration européenne (polonaise irlandaise, italienne) et les Sharks, d’origine portoricaine, se castagnent régulièrement pour l’occupation du territoire. Tony, ancien chef des Jets, sort de prison et tente de se tenir à carreau. Mais à l’occasion d’un bal où les deux gangs se retrouvent, il tombe fou amoureux de Maria, la sœur du chef des Sharks. Il n’en faut pas davantage pour attiser une guerre déjà largement déclarée... 

    Les fans, comme ceux qui la découvrent, ne pourront ici que s’enthousiasmer pour cette tragique passion interdite brisée par la haine, magnifiquement renouvelée sans la trahir. Visuellement, musicalement, on est comblé. Outre les célébrissimes chansons (America, Maria, Tonight, Somewhere, I Feel Pretty...) aussi remarquablement interprétées que dans l’original, Steven Spielberg  nous emporte avec d'excitantes chorégraphies virtuoses. 

    Contrairement à Wise, il a par ailleurs choisi des latinos pour jouer les Sharks et tous les acteurs sont plus en accord avec leur âge. Il nous fait notamment découvrir Rachel Zegler, excellente incarnation de Maria (la Juliette de l’histoire). On craque également pour Ansel Elgort (son Roméo alias Tony), révélé dans Nos étoiles contraires. Les seconds rôles ne sont pas en reste et l’ensemble permet à cette relecture emballante de West Side Story de conserver toute sa puissance de révolte et d’espoir. C’est bien là l’essentiel.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 décembre. 

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  • Grand écran: "Lingui", le courageux combat d'une mère et de sa fille confrontées à l'avortement

    Mère célibataire rejetée, Amina vit chichement dans les faubourgs de N’djaména, au Tchad, en vendant des paniers de fer. Elle élève seule Maria, sa fille unique de quinze ans, qui lui oppose de plus en plus un mutisme qu’elle peine à comprendre. Un matin, la suivant sur le chemin du lycée, Amina constate qu’elle ne s’y rend pas. Son monde déjà fragile achève de s’effondrer, quand Maria lui annonce qu’elle est enceinte et qu’elle refuse de garder l’enfant. 

    La courageuse Amina qui a vécu la même situation quinze ans plus tôt avant d’être bannie par sa famille, veut absolument aider Maria, qui compte sur elle pour trouver le moyen, notamment financier, d’avorter. Mais comment faire dans un pays où l’interruption de grossesse est condamnée par la loi et la religion omniprésente? La bataille semble perdue d’avance. 

    C’est toutefois sans compter sur la solidarité, l’entraide, l’intensité des liens sacrés (Lingui) unissant la mère la fille et que tisse le réalisateur Mahamat-Saleh Haroun au fil d’un récit simple, direct, sans fioritures, évitant l’écueil du pathos ou de la sensiblerie.   

    Il y a dix ans, le cinéaste tchadien proposait Un homme qui crie évoquant la violence faite à un sexagénaire dépouillé de tout et poussé à bout. Là, il donne la parole à deux femmes. Incarnées par de convaincantes actrices non professionnelles, elles crient leur révolte, se dressant pour braver les règles d’une communauté patriarcale. 

    Bien que souffrant d’un scénario basique aux rebondissements  trop téléphonés, Lingui, les liens sacrés se révèle ainsi fort politiquement et socialement. Il fait écho à L’événement de la Française Audrey  Diwan, Lion d’or à Venise. Coïncidence un  rien fâcheuse, les deux films traitant du même sujet sortent le même jour.  

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 décembre.

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