Mère célibataire rejetée, Amina vit chichement dans les faubourgs de N’djaména, au Tchad, en vendant des paniers de fer. Elle élève seule Maria, sa fille unique de quinze ans, qui lui oppose de plus en plus un mutisme qu’elle peine à comprendre. Un matin, la suivant sur le chemin du lycée, Amina constate qu’elle ne s’y rend pas. Son monde déjà fragile achève de s’effondrer, quand Maria lui annonce qu’elle est enceinte et qu’elle refuse de garder l’enfant.
La courageuse Amina qui a vécu la même situation quinze ans plus tôt avant d’être bannie par sa famille, veut absolument aider Maria, qui compte sur elle pour trouver le moyen, notamment financier, d’avorter. Mais comment faire dans un pays où l’interruption de grossesse est condamnée par la loi et la religion omniprésente? La bataille semble perdue d’avance.
C’est toutefois sans compter sur la solidarité, l’entraide, l’intensité des liens sacrés (Lingui) unissant la mère la fille et que tisse le réalisateur Mahamat-Saleh Haroun au fil d’un récit simple, direct, sans fioritures, évitant l’écueil du pathos ou de la sensiblerie.
Il y a dix ans, le cinéaste tchadien proposait Un homme qui crie évoquant la violence faite à un sexagénaire dépouillé de tout et poussé à bout. Là, il donne la parole à deux femmes. Incarnées par de convaincantes actrices non professionnelles, elles crient leur révolte, se dressant pour braver les règles d’une communauté patriarcale.
Bien que souffrant d’un scénario basique aux rebondissements trop téléphonés, Lingui, les liens sacrés se révèle ainsi fort politiquement et socialement. Il fait écho à L’événement de la Française Audrey Diwan, Lion d’or à Venise. Coïncidence un rien fâcheuse, les deux films traitant du même sujet sortent le même jour.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 décembre.