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  • Grand écran: "Le traducteur", thriller au coeur de la révolution syrienne de 2011

    En 2000, Sami (Ziad Bakri) officie comme traducteur de l’équipe de Syrie aux JO de Sydney, Quand un reporter demande à un boxeur sa réaction sur la mort du président Hafez-el Assad et le fait que son fils Bachar, 35 ans, ophtalmologue, lui ait succédé, le sportif répète ce que le superviseur officiel syrien lui souffle à l’oreille. 

    Cependant, Sami commet un léger lapsus qui le contraint à demander l’asile en Australie, où il obtient le statut de réfugié politique, se marie et s’adapte à sa nouvelle situation. Mais en 2011, au début de la révolution syrienne, il reçoit une vidéo qui remet cette existence tranquille en question. Elle montre son frère arrêté pendant une manifestation pacifique et ce tragique événement fait remonter les souvenirs douloureux de l’arrestation de son père par le régime trente ans auparavant. 

    Hanté par les images de violence dans sa ville natale, ne se pardonnant pas d’avoir laissé les siens derrière lui sous une menace constante tandis qu’il vit un quotidien douillet en Australie, Sami veut réparer le passé. Malgré les dangers, il décide de retourner en Syrie pour retrouver son frère. Sur place, de plus en plus conscient de sa responsabilité envers sa famille et son pays, il est à son tour amené à tout risquer pour la liberté.

    Dix ans après le soulèvement contre Assad, Rana Kazkaz et Anas Khalaf, qui ont eux-mêmes choisi de fuir la Syrie, proposent un thriller dense à la Costa-Gavras. et non un documentaire, ce qui est le plus souvent le cas pour évoquer les printemps arabes.  Il est centré sur l’exil, la culpabilité, mais surtout sur le poids, le pouvoir des mots, la façon dont on traite l’information, la nécessité de rapporter la vérité. 

    Porté par d’excellents comédiens, ce premier long-métrage raconte les aspirations d’une population au respect des Droits de l’Homme. Entre manifestations de rues réprimées dans le sang  et coups de théâtre, il nous laisse ressentir la confusion, l’angoisse, mais aussi l’espoir régnant dans ce pays qui vit dans la terreur d’un régime basé sur le culte de la personnalité, celle d’un dictateur barbare. A découvrir sans tarder.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande, depuis mercredi 29 septembre.   

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  • Grand écran: "Mourir peut attendre", un James Bond aussi haletant qu'audacieux et bizarre

    Repoussé à plusieurs reprises depuis mars 2020 pour cause de coronavirus, Mourir peut attendre,  qui sort enfin ce jeudi 30 septembre en Suisse,  a été montré mardi à la presse, avec plusieurs projections simultanées à  Londres, Paris, Bruxelles ou  Zurich. La critique était soumise à un embargo strict jusqu’à ce mercredi une heure du matin, assorti de la prière d’en révéler le moins possible pour ne pas gâcher le plaisir des futurs spectateurs. 

    Alors qu’en est-il des adieux de Daniel Craig, qui renonce après son cinquième Bond? Est-ce  le plus émouvant 007 de tous les temps, le meilleur de la franchise depuis Casino Royale ? Baroud d’honneur simplement satisfaisant pour le sixième interprète de l’agent le plus célèbre de la planète dans un opus longuet (2h45), pas toujours aidé par une intrigue trop tarabiscotée? 

    Il y a un peu de tout cela dans ce film aussi haletant qu'audacieux et bizarre. Du coup, on oscille entre fascination, délectation et déception en découvrant ce 25é épisode plus attendu que le Messie, signé de l’Américain Cary Joji Fukunada, réalisateur multiculturel (Sin nombre, la série True Detective,  Beasts Of  No Nation), qui nous fait voyager entre la Jamaïque, l’Italie, l’Angleterre , Cuba,  la Norvège et le japon.

    La fausse sortie du héros

    Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il réserve des surprises à la pelle, qu’on vous laissera découvrir. Après un pré-générique déconcertant, le plus long de la saga, à la fois magnifique et triste, doté d’un flash back de cinq ans venant expliquer  l’histoire douloureuse de la belle Madeleine Swann (Léa Seydoux) et sa relation perturbée avec 007, on retrouve l’agent secret en Jamaïque. Où, après avoir mis fin, dans Spectre, aux agissements  de son frère d’adoption le maléfique Blofeld (Chistoph Waltz), il s’est retiré et a rendu son matricule. Dorénavant dévolu à Nomi (Lashana Lynch), nouvelle 007.  

    Faux départ, évidemment. Bond va rencontrer Félix Leiter, de la  la CIA, qui lui demande de pourchasser un mystérieux individu. Voleur d'une arme biologique ciblant l’ADN de certaines populations, il constitue un énorme danger pour la sécurité mondiale. Inutile de préciser que les services secrets de Sa Majesté vont récupérer le retraité sans tarder...

    Un mélodrame sous couvert d'action

    Pour son dernier tour de piste, Daniel Craig, séducteur  vieillissant mais conservant son  punch légendaire,  incarne un 007 sentimental, amoureux, plus humain, plus vulnérable, vivant une relation compliquée avec Madeleine. Ce qui contribue à faire de ce 25e opus une sorte de mélodrame sous couvert de film d’action à grand spectacle. 

    Le  changement va sans doute déplaire aux puristes du genre. Mais pour les satisfaire, l’opus promet des scènes décoiffantes avec des combats spectaculaires à Cuba, dans un bateau, des fusillades, d’ahurissantes poursuites en voiture, des cascades échevelées à moto. Sans oublier les indispensables gadgets super high tech de Q. Ainsi que la présence du bien nommé Lyutsifer Safin (Rami Malek), un méchant dingue dans la lignée des anciens ennemis, en moins charismatique mais plus ambigu et dans l’air du temps, avec son plan diabolique visant à injecter des nanobots dans le sang de millions  de gens, qui seraient désormais porteurs d’un virus mortel. 

    Belle présence féminine 

    On salue par ailleurs une présence féminine plus importante, apportée par Phoebe Waller Purvis, créatrice et interprète de la série Fleabag, qui propose des partenaires encore plus fortes au héros.  A l’image de Lashana Lynch, particulièrement convaincante en nouvelle 007, qui n’apprécie guère le retour de son prédécesseur et qui défouraille elle aussi plus vite que son ombre. Et que dire de la ravissante comédienne cubaine  Ana de Armas, sulfureuse apprentie espionne déchaînée en robe du soir, plombant impitoyablement tout être malfaisant à sa portée! Quant à Léa Seydoux, surprenante et peu conforme, véritable amour de James, elle porte des scènes importantes en incarnant une autre facette des Bond girls qui appartenaient déjà au passé.  

    Quid du prochain 007?

    Daniel Craig ayant jeté l'éponge, tous les acteurs britanniques de premier plan ont été annoncés dans le futur costume du fameux  espion. Idris Elba, Tom Hiddleston, Richard Madden, Tom Hardy, James Norton... On a aussi parlé d'une femme, ce qui semble improbable. Quoi qu'îl en soit, l'identité du prochain interprète de James Bond ne sera pas connue avant l'année prochaine, a indiqué Barbara Broccoli, la productrice de la franchise qui fêtera ses 60 ans en 2022. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse dès jeudi 30 septembre.  

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  • Grand écran: François Ozon nous met face à la mort dans "Tout s'est bien passé". André Dussollier remarquable

    L’éclectisme est une constante chez François Ozon, auteur d’une quarantaine de métrages longs et courts. Soucieux de construire une œuvre sans se répéter, il ne cesse de surprendre en passant du fantastique au musical, de la comédie à la tragédie du thriller au mélodrame.

    Après Été 85, teen-movie gay romanesque sur fond de pacte délirant où il donnait libre court à son goût pour la subversion des normes sociales, le cinéaste change radicalement de registre et  nous plonge dans l’actualité en proposant Tout s'est bien passé, comme il l’avait fait en 2018 avec Grâce à Dieu, remarquable fiction sur la pédophilie au sein de l’Eglise catholique, sortie en plein procès du père Bernard Preynat.

    Dans ce drame familial, le réalisateur aborde de front le sujet polémique et puni en France du suicide médicalement assisté. Son film, de facture classique, est adapté du roman  autobiographique d’Emmanuèle Bernheim (décédée d’un cancer en 2017) qui avait aidé son propre père à mourir.

    Une course contre la montre

    A 85 ans celui-ci (André Dussollier) est hospitalisé  à la suite d’un AVC. Il se réveille très diminué, totalement dépendant. Face à une insupportable déchéance, ce riche industriel, collectionneur d’art bisexuel qui a trop aimé la vie, ses plaisirs et ses folies pour se voir réduit à un légume, demande l’assistance de sa fille pour en finir rapidement. Déchirée, elle va finalement accepter Mais comment s’y prendre en tenant compte des trivialités de la vie quotidienne? S’engage alors une véritable course contre la montre pour se rendre en Suisse. 

    Tout s’est bien passé qui interroge au plus profond la question de la fin de vie, doit beaucoup à ses comédiens dirigés de main de maître par François Ozon. Emmanuèle est incarnée par Sophie Marceau, juste et intense, qui marque son retour très convaincant dans un grand rôle. De son côté Charlotte Rampling est parfaite, comme toujours, en ex-épouse dépressive. A l’image de Grégory Gadebois, en ancien amant mystérieux d’André en terrible souffrance et surnommé «grosse merde» par Emmanuèle et sa sœur (Géraldine Pailhas).

    Sans pathos ni complaisance

    Mais ce qui domine dans le combat de ce cet homme pour partir dans la dignité, c’est la formidable prestation d’André Dussollier, par ailleurs un brin curieusement abordé sous l’angle d’un désir homosexuel. Le visage redoutablement transformé et figé à l’aide de prothèses, s’exprimant très difficilement, il se révèle absolument bouleversant dans son immense détresse physique. 

    Cela ne l’empêche pas de faire preuve d’humour, de causticité. Par exemple quand il se demande comment font les pauvres, en découvrant le prix très élevé d’un suicide assisté en Suisse… Eh bien ils attendent  la mort, lui répond sa fille, tout aussi cyniquement. Un second degré à l’image du film de François Ozon et de son plaidoyer pour une liberté de choix, Evitant les écueils du film à sujet, il sait émouvoir sans pathos ni complaisance.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 septembre.

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