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  • Grand écran: les hippies de Monte Verità, un lieu mythique chargé d'histoire

    Nous sommes en 1906, et Hanna, femme au foyer incarnée par la comédienne autrichienne Maresi Riegner, veut échapper à son matri, un tyran domestique  mari qui la harcèle, la viole et la confine dans un appartement où elle étouffe. Jusqu’au jour où elle entend parler  d’un endroit mystérieux, le Monte Verità, laissant chacun vivre libre, décomplexé, avec une nouvelle façon de voir les choses.  

    C’est dans ce lieu magique, une colline surplombant Ascona et le lac Majeur qui a accueilli des hôtes aussi illustres que Nietzsche, Bakounine, Isadora Duncan ou Herman Hesse, qu’un  petit groupe fondait, en 1900, une colonie hétérogène, alternative et végétarienne. Rejetant déjà la société de consommation, ces hippies avant la lettre célébraient  la vie en plein air, le nudisme et la théosophie. 

    Hanna (personnage de fiction), qui suit une thérapie avec le psychiatre Otto Gross, décide de le suivre au Monte Verità, abandonnant ses filles et son carcan bourgeois. Elle se découvre alors une passion pour la photographie et, en quête d’une nouvelle approche artistique, pratique son art en s’affranchissant des règles en vigueur à l’époque.   

    Un mouvement très en avance sur son temps

    Dans son film au titre éponyme, le réalisateur helvétique Stefan Jäger se penche sur la révolution personnelle de la jeune femme tout en nous invitant à revisiter cet endroit unique, chargé d’histoire, «C’est drôle de penser que nous, en Suisse avions créé la première communauté hippie», remarque-t-il d’ailleurs. 

    Pour nous emmener au sommet de «la colline de la vérité», l’auteur s’est entouré de nombreux collaborateurs, notamment des historiens, évitant ainsi de se livrer à des approximations et des spéculations sur cette époque légendaire et ce mouvement utopique très en avance sur son temps. Ainsi que ses adeptes, qui prônaient ce dont on parle beaucoup aujourd’hui, comme le véganisme, la connexion à la nature et les droits des femmes. Une oeuvre qui leur est en quelque sorte dédiée, en s’intéressant, à travers Hanna, aussi bien à leur soif d’émancipation qu’à leurs souffrances physiques et psychiques. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 août.

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  • Grand écran: Bruno Dumont flingue la célébrité et la surmédiatisation dans "France". Avec Léa Seydoux bluffante

    Bruno Dumont, change radicalement de registre avec France, satire féroce réussie de la célébrité, où il flingue à la fois joyeusement et gravement une mise en scène télévisuelle obscène d’une actualité misant surtout sur le voyeurisme et le  sensationnalisme.    

    Le cinéaste brosse durement le portrait d’un pays, d’un système médiatique et d’une journaliste iconique de la télévision, France de Meurs (Léa Seydoux). Mariée à un écrivain (Benjamin Biolay), mère épisodique, habillée par les grands couturiers, habitant un appartement dont le luxe le dispute au mauvais goût, elle est au sommet de sa gloire.  

    Au centre de l’attention, se mettant toujours en avant, adulée du grand public, poursuivie par les paparazzi, invitée dans toutes les soirées mondaines, elle est sans cesse poussée dans ses limites par sa délirante, vulgaire et flatteuse assistante (Blanche Gardin). Léa Seydoux se montre bluffante dans le costume de cette superstar cynique de Regard sur le monde, émission phare d’une chaîne d’info en continu, qui donne dans le journalisme d’une rare indécence. 

    Orchestratrice d'événements dont elle est la vedette

    On voit France de Meurs jubiler à l’idée de déstabiliser Macron (un montage jouissif sur des images du chef de l’Etat), danser parmi les bombes, diriger des rebelles sur le terrain des conflits comme au théâtre pour que ça passe mieux à l’écran, ou embarquer faussement sur un bateau de migrants fuyant les guerres dont elle évoque le tragique destin, les larmes aux yeux. Jusqu’au jour où elle renverse Baptiste, un cycliste issu d’un milieu pauvre, ce qui lui ouvre impitoyablement les yeux sur la vanité de son existence...

    Bruno Dumont grossit à plaisir le trait faisant à dessein un spectacle parfois grotesque de sa philippique. Il construit, avec la complicité de Léa Seydoux, un personnage parfait pour le but qu’il s’est fixé. Son héroïne est insupportable, excessive, à la limite de la caricature, responsable et victime d’une structure  dont elle fait partie, avec cette course à l’audimat, au scoop, au buzz, la starification des présentateurs, le culte de la personnalité .

    Tous les deux se heurtent souvent à la mauvaise humeur des critiques hexagonaux et autres, évoquant le plus souvent un ratage du réalisateur dans ce dézingage en forme de farce. En fait, la seule chose qu’on lui reprochera, c’est la présence de Benjamin Biolay, pièce rapportée traînant son spleen dans le rôle mineur et inutile d’un écrivain fantoche. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 août.

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  • Grand écran: l'amour n'a pas d'âge dans "Deux", une passion lesbienne secrète

    Nina (Barbara Sukova) et Madeleine (Martine Chevallier) s’aiment depuis longtemps, Aux yeux de tous, ces dames mûres ne sont que de simples voisines de palier, au dernier étage de leur immeuble. Personne ne les connaît vraiment, pas même les enfants de Madeleine. Mais cette dernière, qui a perdu son mari, est hantée par la culpabilité et n’arrive pas à leur avouer son homosexualité. Plus spécialement à sa fille qui vient souvent lui rendre visite.   

    Au quotidien pourtant, les deux femmes vivent ensemble allant et venant clandestinement entre leurs deux appartements. Qu’elles projettent t de vendre pour aller finir leur vie à Rome dans une belle résidence au bord du Tibre quand Madeleine aura fait son coming out, Hélas, après une banale dispute, elle est victime d’un accident vasculaire cérébral qui remet tout en question, Hospitalisée dans le coma, elle en garde des séquelles neurologiques.  

    A partir de là, le ton du récit s’inscrit dans une forme de film policier.  Nina, qui n’est que l’amoureuse cachée et ne peut faire valoir aucun droit, ne sait même pas dans quel établissement Madeleine a été transportée, Elle va alors mener sa petite enquête pour le découvrir, mijote son évasion, puis use de toutes les ruses pour essayer de la voir et de la serrer dans ses bras. 

    Un essai transformé avec talent

    Avec Deux, son premier long métrage, le jeune Italien Filippo Menneghetti, très inspiré, transforme immédiatement l’essai. Talentueux, il évoque avec délicatesse, finesse, pudeur et tendresse l’amour inconditionnel, vital, que se vouent deux femmes âgées, la difficulté de le vivre entre une famille conformiste, le handicap, la maladie, la dépendance et le vieillissement. 

    Ses remarquables interprètes ne sont évidemment pas étrangères à la réussite de ce mélodrame à suspense. La grande Allemande Barbara Sukova, qui fut l’une des muses de Rainer Werner Fassbinder, forme avec Martine Chevallier, Sociétaire de la Comédie française depuis 1988, un couple fusionnel d’une rare évidence. Dans le rôle de la fille de Madeleine, Léa Drucker se montre à la hauteur. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 18 août. 

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