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le blog d'Edmée - Page 85

  • Grand écran: "L'ami, portrait de Mix & Remix" rend hommage au génial dessinateur de presse

    Le 9 décembre 2016 disparaissait Philippe Becquelin alias Mix & Remix, l’un des plus célèbres dessinateurs de presse, apprécié de tous, et particulièrement des Romands. Exerçant son talent dans l’Hebdo et Le Matin Dimanche, le père des personnages à gros nez saisissait de deux traits de crayon l’essentiel d’un événement, de la réalité en somme.  

    Frédéric Pajak dessinateur et écrivain franco-suisse, craignant qu’on oublie son complice, a décidé de passer derrière la caméra pour rendre hommage au génial et caustique révélateur social à l’humour grinçant. Son documentaire, intitulé L’ami, portrait de Mix & Remix, retrace le parcours de l’illustrateur, revenant sur l’enfance de ce natif de Saint-Maurice, sa jeunesse, les années de vaches maigres, et puis la célébrité, alors que rien ne le prédisposait à un tel destin. 

    Tout en exploitant  de nombreux fonds d'archive, ceux de la Ville de Lausanne, de la RTS et de son émission "Infrarouge". l’opus mêle les témoignages de sa famille, de ses amis, laissant découvrir un être secret et insaisissable, à la fois constamment sous pression, timide, réservé, super ludique et toujours partant.

    Mix a révolutionné le dessin de presse avec son style dépouillé, minimaliste extraordinairement efficace disaient en gros à sa mort Chappatte, Herrmann, Valott ou Zep. A cet égard on regrette que le film, univoque, ne soit pas toujours à la hauteur de l'artiste amoureux du paradoxe et du contrepied et qui, à en croire ses pairs, privilégiait avant tout la drôlerie et le gag.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 4 mai.  

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  • Grand écran: "La colline où rugissent les lionnes": quête de liberté de trois adolescentes au Kosovo

    Elle n’avait que vingt ans lorsqu’elle présentait en juillet dernier à la Quinzaine des réalisateurs son premier long métrage, La colline où rugissent les lionnes. Mais Luàna Bajrami n’était pas une inconnue sur la Croisette. L’année précédente, elle jouait, aux côtés d’Adèle Haenel et Noémie Merlant, une servante dans Portrait d’une jeune fille en feu de Céline Sciamma, sélectionné en compétition. Elle devient même une habituée du prestigieux rendez-vous cannois, puisqu’elle sera l’assistante de Romain Duris dans Coupez! de Michael Hazanavicius, en ouverture de la 75e édition., 

    La réalisatrice-actrice, qui est née en France et a grandi au Kosovo, s’est passionnée carrément au berceau pour le cinéma, tournant d’abord ses propres petits films en vidéo. A dix ans, elle obtient son premier rôle à la télévision française dans Le choix d’Adèle. En 2016, elle est l’héroïne du téléfilm  Marion, 13 ans  pour toujours. Deux ans plus tard, on la retrouve  dans L’heure de la sortie. Puis après le Portrait, elle apparaît dans Fête de famille de Cédric Kahn. Sans oublier sa présence dans L’événement de la Française Audrey Diwan, Lion d’or à Venise en septembre 2020. 

    Pour son passage derrière la caméra, qui n’est pas un retour aux sources dans la mesure où elle fait de fréquents allers et retours entre la France et le Kosovo, Luàna Bajrami a choisi  de raconter le quotidien, la quête d’indépendance et le désir d’ailleurs de trois adolescentes. Qe, Jeta et Li vivent dans un bled où règne la loi du patriarcat.  Coincées, elles traînent leur spleen  en arpentant une colline dans les environs du village, attendant impatiemment de rejoindre l’université, qui leur permettrait un autre avenir que celui, peu enviable, qui leur est promis. 

    Mais, elles se voient arbitrairement refuser l’entrée à la fac, où les places sont comptées. Désormais elles ont la rage et  cherchent à quitter les lieux. Sauf que pour y parvenir, elles ont besoin de beaucoup d’argent. Elles décident alors de fonder un gang de filles, celui des lionnes, auquel s’ajoute, assez curieusement un garçon, du genre plus amoureux que rugissant, très différent des personnages masculins qui traversent le film.  

    On ne prétendra pas que Luàna Bajrami fait œuvre d’une folle inventivité, mais elle charme dans une première partie où elle nous fait sentir à la fois l’ennui et la fougue d’une jeunesse luttant pour échapper à un milieu étouffant, aux contraintes sociales. au poids des traditions.  On est moins séduit par la suite, l’auteure se perdant dans des scènes de braquages peu vraisemblables. Reste qu’à son très jeune âge, cet essai, porté par des protagonistes convaincantes, dont elle-même pour quelques séquences, se révèle prometteur.

    Rencontrée récemment à Genève, Luàna nous en dit plus. «Tourner ce film était une vraie envie d’évoquer une jeunesse sans filtre. Ce n’est pas autobiographique, même si j’ai puisé mon inspiration dans les moments que j’ai passés sur place. Avec une volonté de réalisme. Même si j’ai 21 ans, il y a des choses que je n’aurais jamais osé faire ».

    -Vous parlez de ce désir d’ailleurs, cette quête d’indépendance  qui anime vos trois lionnes. L’avez-vous fortement perçu ?  

    -Le Kosovo est un pays tout jeune qui questionne l’identité de ses habitants, C’est aussi un pays qui manque de perspective, de rêves. Je questionne le rêve et le besoin de liberté à travers des instants surréalistes, fantasmés mais qui ont existé.

    -Ceux des braquages par exemple ?

    -Je voulais que les filles cassent les codes. J’ai envisagé les choses en me posant plein de questions sans y trouver de réponses, mais en émettant des doutes. Je me suis laissé aller en me demandant si c’était le bon chemin. 

    -A cet égard, l’introduction d’un  garçon dans le groupe ne rompt-il pas sa dynamique?

    -Non, je trouve au contraire qu’il lui est utile, notamment pour contrebalancer les hommes horribles que je montre. En plus il incarne l’amour, il est très touchant. 

    -Le film montre bien sûr le passage de l’adolescence à l’âge adulte.

    -En effet. Quitter le village  et le carcan familial est une nécessité. Je parle d’un village isolé et d’une culture dans ce sillon-là. Il y a un côté contradictoire au Kosovo, avec une sorte d’américanisation qui se heurte aux traditions ancestrales et une culture très ancrée dans la population. 

    La colline où rugissent les lionnes, est à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 mai. 

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  • Grand écran: "Ma famille afghane" évoque le choc des cultures avec intelligence, entre coup de foudre et obscurantisme

    Pour la troisième fois en quatre ans, un film d’animation est consacré à l’Afghanistan, sa culture, son mode de vie, ses traditions liberticides. Et il est à nouveau réalisé par une femme. En 2018, la cinéaste irlandaise Nora Twomey proposait Parvana, dans lequel une fillette se déguise en garçon  pour retrouver son père arrêté en raison de son opposition au pouvoir 

    L’année suivante Zabou Breitman et  Elea Gobé-Mevellec  livraient  Les Hirondelles de Kaboul, racontant les horreurs sous l’oppression des Talibans. Avec Ma famille afghane, c’est la Tchèque Michaela Pavlatova, qui se penche sur le quotidien des femmes dans cette partie du monde. Edifiant, son film est situé à Kaboul en 2001, après la chute du régime, mais où l’obscurantisme demeure. 

    Il raconte l’histoire d’Helena, jolie blonde aux yeux bleus, Elle s’ennuie dans ses cours d’économie à Prague. aimerait fonder une grande famille, mais désespère d’y arriver en regardant les garçons de sa classe. Pas un seul ne trouve grâce à ses yeux jusqu’au jour où le beau Nazir, étudiant afghan, pousse la porte. 

    Coup de foudre pour Helena. C’est le bon, elle le sait et décide de tout quitter pour le suivre dans son pays et l’épouser, Devenue Herra, elle s’installe dans sa famille et doit renoncer aux libertés dont elle jouissait en Europe, en découvrant les mœurs redoutablement patriarcales qui régissent sa future existence. Car si Nazir est un peu plus progressiste que le reste de la communauté, elle lui est néanmoins subordonnée, contrainte de se conformer à son statut d’épouse peu émancipateur (un euphémisme), qui lui interdit notamment de parler en son nom, ou de se trouver seule avec un autre homme. 

    Comme en plus  elle ne peut avoir d’enfant (une tare et une honte),  elle est forcée d’adopter Maad, un gosse particulier, difforme et plutôt revêche de prime abord.  Seul vrai protecteur d’Herra dans cette famille où elle tente de s’intégrer pour sauvegarder son mariage, quoi que lui coûtent les critiques et les discriminations, c’est le grand-père, bienveillant et humaniste à sa manière. Il sait où peut mener le fanatisme religieux pour avoir perdu un fils et un petit-fils victimes de ses excès.    

    Ma famille afghane est adapté de Freshta (2012), de la romancière et journaliste Petra Prochazkova, une compatriote de Michaela Pavlatova connue pour ses reportages en Afghanistan et en Tchétchénie. A la fois choc des cultures et histoire d’amour, ce film politique, sans occulter violence, sexisme et interdits, évite la caricature avec sensibilité, intelligence. finesse. Sans oublier une pointe d’humour et un zeste d’espoir. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 avril.

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