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le blog d'Edmée - Page 83

  • Grand écran: Michel Ocelot, le roi du conte animé, revient avec "Le pharaon, le sauvage et la princesse"

    Avec son dernier film, le papa de Kirikou compose un recueil structuré en trois récits distincts, introduits par une conteuse d’ici et de maintenant en bleu de travail, qui s’efforce de satisfaire les requêtes parfois précises de ses auditeurs. Ses trois histoires le plus souvent très colorées, où il privilégie la simplicité du dessin, sont peuplées d’une foule de personnages, du dieu au tyran en passant par le justicier, l’amoureux, le prince, la princesse... 

    Elles se déroulent dans des styles graphiques, des cadres et des univers différents. Ses voyages dans l’Égypte antique, l’Auvergne du Moyen-Âge et la Turquie du XVIIIe siècle, ont obligé Michel Ocelot à se livrer à de solides s recherches sur les trois cultures. Il nous  raconte cette aventure lors d’une rencontre à Genève. 

    -Suite à Dilili à Paris, fable féministe en forme de manifeste, vous vouliez, paraît-il, vous lancer dans  quelque chose de plus léger.

    -C’est vrai. Après l’opéra, j’avais envie de faire de la chansonnette. Et puis le Louvre m’est en quelque sorte tombé sur la tête, lorsque son directeur Jean-Luc Martinez m’a invité pour qu’on travaille ensemble. Jamais je n’y aurais pensé. Je lui ai même dit que je ne voyais pas comment,  jusqu’à ce je découvre le projet d’exposition: Pharaon des Deux Terres, l’épopée africaine des rois de  Napata. Je suis amoureux de l’Egypte antique depuis que j’ai 11 ans et j’adore l’Afrique noire. C’était tellement pour moi que j’ai proposé de réaliser un dessin animé.

    -Sil est plus léger sur le fond, il est exigeant dans la mesure où il est quand même constitué de trois films courts, une épopée, une légende et une fantaisie. Vous aviez là du pain sur la planche. Parlez-nous de vos deux héros et de votre héroïne. Et d’abord le pharaon. 

    -Dans l'exposition, il rêve de partir à la conquête de l’Egypte. C’est un caractère qui me plaît bien. Il n’est pas cruel., Mais je suis allé au-delà de ses objectifs. Chez moi, il aspire à supprimer toute guerre, à gagner par les mots et non par les armes. A la fin il harangue les troupes des deux côtés. Je veux être votre pharaon, dit-il, donc je ne vais pas vous massacrer.
     
    -On peut presque le prendre pour un message à Poutine, non ? Mais soyons sérieux. Et le sauvage, d’où vient-il ?

    -Il s’agit d’une histoire rapportée par Henri Pourrat, amoureux de son Auvergne natale. Il a recueilli mille contes dont celui du Beau sauvage, où une amitié se noue entre un garçon et un prisonnier invisible.  C’est la plus humaine que j’ai adaptée à ma façon. J’ai augmenté l’échange, rajouté une jeune fille et développé l’intrigue du côté Robin des Bois. J’aime cette idée de combattre l’injustice avec panache et une pincée d’Arsène Lupin.

    -Reste enfin la princesse, à laquelle vous préfériez, dans l’intitulé, la Maîtresse des confitures, mais on vous en a dissuadé. 

    -En effet, je ne souhaitais pas ce mot de princesse. Mais bon... Cela dit, elle n’en a rien à faire de son titre et estime valoir mieux que cela. En réalité, ce troisième conte n’est pas sérieux. J’avais simplement une grosse envie d’utiliser la munificence des costumes turcs de l’époque. J’aime la beauté des corps, des coiffures, des vêtements, des bijoux.

    Le film est à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 octobre. 

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  • Grand écran: Amour, humour et histoire queer avec "Bros", une première pour une major hollywoodienne

    De nombreux cinéastes indépendants ont réalisé des films LGBTIQ+, mais Bros est une grande première: d’une part le film est produit et distribué par une major hollywoodienne, en l’occurrence Universal, mais aussi il est écrit et porté par le comédien ouvertement homosexuel Billy Eichner, connu pour son humour caustique. Autre spécificité: la quasi-totalité du casting se revendique queer, à l’exception de caméos de  actrices Debra Messing et Kristin Chenoweth.

    Aux manettes de cette aventure entre deux hommes qui se lancent dans une relation amoureuse en dépit de leur réticence crasse et de leur peur panique de l’engagement, on trouve le spécialiste du genre Nicholas Stoller (Forgetting Sarah Marshall, Nos pires voisins 1 et 2, par exemple). Mais comme il est straight, il lui était impossible de se débrouiller seul. Il a donc fait appel à Eichner pour l‘écriture du scénario.

    Un musée LBGTIQ+

    Ce dernier joue en quelque sorte son double, Bobby Leiber, animateur new-yorkais à succès d’un podcast queer d’histoire. Cet angoissé existentiel dirige par ailleurs le premier musée de la culture LGBTIQ+, sur le point d’ouvrir. Au conseil d’administration de cette institution on trouve notamment une bisexuelle agressive, une lesbienne butch, une trans* noire ou encore un personnage non binaire. Stéréotypes assumés prétextes à des moments de folie, avec prises de bec mémorables.  

    Insupportable quadra professoral, véritable «pain in the ass» à la verve outrancièrement allénienne, Bobby, bien entouré par ses amis, a toujours vécu seul et n’a pas l’intention de changer, expliquant qu’il ne fait pas confiance aux gais parce qu’ils sont égoïstes et stupides et qu’il préfère les rencontres sur Grindr à une relation durable. En d’autres termes, il a un regard particulièrement cynique sur l’amour. Jusqu’au jour où il fait la connaissance, dans un club, du bel Aaron Shepard (Luke Macfarlane), avocat viril, spécialisé dans les testaments et les successions. Il passe pour un chaud lapin balourd qui, sans trop de surprise, révélera pourtant une nature beaucoup plus riche.

    Des scènes très osées pour une major hollywoodienne

    S’ils sont immédiatement attirés l’un vers l’autre, tout ne va pas comme sur des roulettes, chacun restant sur une volonté de ne pas s’impliquer émotionnellement. Ce qui donne lieu à une série de situations peu communes, pour ne pas dire jamais vues dans les films de grands studios. Principalement en ce qui concerne les séquences sexuelles. Évoquant son propre cas, Billy Eichner explique que les gais ont leurs règles et leurs façons de se comporter. D’où de nombreuses prestations torrides, certaines avec trois ou quatre participants. Toutefois Nicholas Stoller, incapable de premier degré, tient à les garder marrantes, comme il dit. Et elles le sont!
     
    Comme d’ailleurs la majorité de l’opus, qui reste de la pure comédie adulte, grand public, avec un happy end assez original, mais on ne vous en dira pas plus. Le but de Stoller et Eichner était de réaliser un film authentique et réaliste, évitant de recycler les tropes hétéros, tout en dépassant les attentes d’un public dit cible. En résumé, un film qu’un hétéro peut aimer et regarder avec sa petite amie, estiment-ils. Tout en réfutant le fait que les rapports des deux bords peuvent se comparer, Bros n’en met pas moins en scène des personnages certes en quête de sexe très actif,, mais également d’amour, de passion, de romantisme.

    Les auteurs du film poursuivent également la volonté d’instruire leur audience. C’est justement la fonction du musée présent dans cette œuvre, avec ses vitrines consacrées à de grandes personnalités queer, comme l’auteur James Baldwin, la poétesse Gertrude Stein, l’activiste trans* Sylvia Rivera ou le sexologue allemand Magnus Hirschfeld, traqué par les nazis. Une forme d’hommage rendu aux pionnier·ière-s, histoire de rappeler que les droits des personnes LGBTIQ+ restent menacés. 
     
    Sortie dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 octobre. 

     

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  • Grand écran: "Simone, le voyage du siècle", avec Elsa Zylberstein se glissant avec passion dans la peau d'une icône

    Après  La môme (2008), un triomphe mondial et Grace de Monaco (2014) , un échec international, Olivier Dahan consacre un troisième portrait, loin du biopic traditionnel,  à une icône de la politique française, première femme présidente du Parlement européen,  Simone Veil. 

    En racontant sa vie, il en bouscule donc parfois inutilement la chronologie. Jonglant d’une époque à l’autre, il retrace le parcours hors du commun de son héroïne, racontant son enfance, sa déportation à l’adolescence dans les camps de la mort, ses engagements, ses combats qui ont marqué la société. Il revient également sur ses discours enflammés qui restent d’une actualité brûlante.  

    Interprétation juste et pleine de conviction

    Modèle de résilience, cette dame exceptionnelle, pudique, indépendante d’esprit, courageuse et rebelle, luttant pour le droit à l’avortement, les victimes du sida, l’amélioration des conditions de détention des femmes, contre le négationnisme, est interprétée avec justesse, conviction et passion, à différentes périodes de sa vie, par Rebecca Marder et Elsa Zylberstein. 

    C‘est d’ailleurs sur l’insistance de cette dernière, qu’Olivier Dahan a réalisé le film, tant elle s’est démenée pour qu’il existe. On dira même qu’elle a trouvé là le rôle de sa vie, travaillant par exemple pendant un an pour avoir la voix, les gestes de Simone Veil. « Quand on veut incarner, il faut que ce soit viscéral » dit-elle. Elle a aussi subi une spectaculaire transformation physique, qu’on en vient d’ailleurs à regretter en la voyant à la fin exagérément grimée pour la vieillir. 

    Ce côté excessif, symbolisé en quelque sorte par le titre, Simone, le voyage du siècle, est un peu la limite du film, même s’il nous bouleverse. Outre le côté trop pathos de la mise en scène, les envolées trop lyriques, la musique trop présente, on déplore aussi une trop grande insistance à filmer l’infilmable dans les scènes consacrées aux camps de concentration. Reste qu’il s’agit malgré tout d’une œuvre de mémoire édifiante et avant tout nécessaire. A découvrir pour ne rien oublier!

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 octobre.

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