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le blog d'Edmée - Page 84

  • Grand écran. "Un beau matin" met en scène Pascal Greggory, magnifique en père mourant de Léa Seydoux. Interview

    Sandra (Léa Seydoux), veuve trentenaire parisienne élevant sa fille de 8 ans, partage son quotidien entre son travail d’interprète et les visites à son père Georg (Pascal Greggory), atteint du syndrome de Benson, une maladie neurodégénérative proche d’Alzheimer, qui le prive jour après jour de ses repères. Voûté, complètement désorienté, incohérent, cet ancien professeur de philosophie ne peut désormais vivre seul dans son appartement, où meubles et objets divers représentent autant de dangers permanents. .  

    Le déclin est inéluctable et la fin proche pour cet intellectuel qui commence en outre à ne plus reconnaître les siens. Avec sa mère (Nicole Garcia), Sandra, dépassée par la situation, accablée par le chagrin et la déchéance mentale de son père adoré, doit se résoudre à le mettre dans un établissement spécialisé.
     
    Tandis qu’elle recherche le meilleur Ehpad, la jeune femme rencontre par hasard Clément (Melvil Poupaud), un ami qu’elle n’a pas revu depuis longtemps et qui exerce le métier peu commun de cosmochimiste. Il est marié, mais cela n’empêche pas ces deux êtres, victimes d’un véritable coup de foudre, de se lancer dans une relation à la fois passionnée et compliquée.  
     
    Entre présent et futur prometteur, mort et renaissance, poésie et réalisme, Mia Hansen-Love propose, après Bergman Island, un film à la dimension autobiographique, puisqu’elle s’inspire de son propre père. Il est porté par Léa Seydoux aussi excellente qu’inattendue en double de la réalisatrice, Melvil Poupaud, Nicole Garcia et Pascal Greggory. Il  se révèle magnifique dans la peau de cet érudit amoureux des livres, perdant peu à peu la vue, les mots et le fil de la pensée. 

    Rencontré récemment à Genève, le charismatique et  élégant comédien nous en dit davantage sur ce rôle qui l’a énormément touché, D’autant que le personnage a existé. «C’était un plus fantastique et je l’ai pris comme un défi". 

    -Comment vous êtes-vous préparé ? En rencontrant des personnes souffrant de ce terrible mal?

    -Non, je n’ai pas voulu. L’expérience de ma vie a suffi pour imaginer un éventuel devenir. Et puis Mia Hansen-Love m’a aidé en me parlant beaucoup de son père avant le tournage. Elle m’a apporté des enregistrements pendant sa maladie, Ses propos étaient confus. Pour moi ce texte décousu, irrationnel, incompréhensible, était comme une nouvelle langue. Elle m’a également montré comment il marchait, sa posture courbée, la manière dont il agitait ses mains. Tout cela était indispensable pour construire Georg.».
     
    -Était-ce une partition pesante?
        
    -Non, pas du tout. Il me semblait évoluer dans un monde parallèle. Le texte incohérent était comme une nouvelle langue à apprendre. En outre, c’était la première fois que je me voyais comme si j’étais un spectateur. Je n’avais pas l’impression que c’0était moi.
     
    -Avez-vous parfois redouté de ne pas être à la hauteur?
     
    -Oui, forcément. C’est pareil à chaque fois. J’ai toujours le sentiment que j’ai raté un truc. Là, je ne sais pas. Mais quand j’ai vu le film, je me suis trouvé cohérent.
     
    -L'Alzheimer est terrible pour tout le monde. Mais plus encore pour un intellectuel qui perd tout. Ou un comédien. Je pense évidemment à Annie Girardot.
     
    -Je n’ai pas peur d’Alzheimer, mais je crains d’être malade, diminué physiquement et mentalement. Si cela devait m’arriver, je viendrais en Suisse pour un suicide assisté.

    -Dans Un beau matin, il est aussi question de savoir, de transmission par les livres.

    -C’était la volonté de Mia. Mais je suis un très grand lecteur et cela m’a ému. La scène du déménagement de la bibliothèque m’appartient presque. 

    -Vous aimez le cinéma. Contrairement à beaucoup vous dites qu’il est loin d’être mort. 

    -C’est vrai même s’il a beaucoup souffert du Covid. Mais je suis convaincu qu’on ne remplacera pas un grand écran par un petit. En revanche, il faut montrer les films d’une façon différente dans des salles différentes. Les gens gardent un désir de cinéma et il y a une magie à réinventer autour de ce septième art.

    -Malgré tout, vous préférez le théâtre.

    En effet. Je vais d’ailleurs jouer dans Les paravents de Jean Genet. Le théâtre est périlleux. J’aime le danger et m’y mettre. 

    Un beau matin, à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 12 octobre.  

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  • Arte Mare, le festival du film méditerranéen, couronne "Alma Viva", oeuvre au réalisme magique sur fond de sorcellerie

    Plus ancien festival de Corse, Arte Mare, qui n’a cessé de tisser des liens entre la culture de l’île et celle de ses voisins méditerranéens, fêtait ses 40 ans cette année à Bastia.  Pilier de ce rendez-vous particulièrement convivial mêlant musique, littérature, exposition, le cinéma, avec la présentation d’une soixantaine de films, tous genres confondus.  

    Au cœur de ce programme aussi riche qu’éclectique, la compétition, où se mesuraient cette année huit œuvres, la plupart d’excellente tenue. Le jury, qui avait donc l’embarras du choix, a décidé de couronner Alma Viva, premier long métrage de la Franco-Portugaise Cristèle Alves Meira, issu de La Semaine de la critique cannoise. 

    Une actrice est née, Lua Michel

    Dans cet opus original, personnel sinon autobiographique, la réalisatrice, opérant dans une forme de réalisme magique, raconte l’histoire d’une petite-fille entre émancipation, transgression, transmission. Comme chaque été, Salomé qui réside en France retrouve, pour les vacance, le village familial dans les montagnes portugaises. Une région où se racontent des légendes pimentées de sorcellerie. 

    La grande amie de Salomé, c’est sa grand-mère Avo. Mais celle-ci meurt brusquement. Alors qu’une voisine est soupçonnée de l’avoir empoisonnée, et que les adultes se déchirent au sujet des obsèques, la gamine est hantée par l’esprit d’Avo, qui finira par prendre carrément possession de son corps. Alma Viva doit tout à sa jeune interprète Lua Michel (la fille de Cristèle), absolument bluffante dans le rôle de Salomé. Actrice née, elle porte de bout en bout ce film pourtant en deça des intentions de l’auteure, qui manque de rythme.

    On lui a préféré La conspiration du Caire (Boy From Heaven) de Tarik Saleh. Il avait décroché le prix de la mise en scène à Cannes, mais là, il est reparti les mains vides. On vous le résume quand même en quelques phrases. Fils de pêcheur, Adam obtient une bourse pour intégrer la prestigieuse université cairote Al-Azhar, épicentre du pouvoir de l’Islam sunnite. Le jour de la rentrée, le Grand Iman à la tête de l’institution meurt brutalement. Il s’agit de lui trouver un successeur. Adam se retrouve dès lors au cœur d’une lutte implacable entre les élites religieuse et politique. Un thriller haletant, puissant, courageux et violemment critique. 

    Le bleu du caftan bouleverse

    Notre choix se serait également davantage porté sur Le bleu du caftan  (retenu, lui, dans la section Un Certain Regard sur la Croisette) de Maryam Touzani. Il a logiquement remporté le Prix du public. La cinéaste marocain, livre un film sur l’amour et la liberté d’aimer qui on veut. Halim est marié depuis longtemps avec Mina, tous deux tenant un magasin dans la médina de Salé où ils perpétuent la tradition ancestrale du maalem (artisanat). Mina s’occupe de la boutique, tandis qu’Halim exécute avec talent le délicat travail de tissage.

    Bien qu’ils se complètent, ils demeurent depuis toujours dans le secret, Halim cachant une homosexualité illégale, passible de prison au Maroc, et qu’il est obligé de vivre lors de rencontres interdites au Hamam. La maladie de Mina et l’arrivée d’un jeune apprenti vont cependant bouleverser ce fragile équilibre. Dorénavant chacun aidera l’autre à affronter ses peurs. 

    Surfant avec pudeur sur un tabou, Le bleu du caftan est une œuvre à la fois intimiste, tendre, bouleversante, magnifiquement interprétée. On vous en dira plus lors de sa sortie en Suisse avec l’interview de Maryam Touzani. On l’a rencontrée à Bastia, où se croisaient également des comédiens et comédiennes comme Roschdy Zem,  Sami Bouajila, ou Noémie Lvovsky.

    Burning Days, populisme sur fond de corruption et d'intolérance

    Un mot encore sur un autre lauréat également venu d’Un Certain Regard. Il s’agit de Burning Days, du Turc Emin Alper. Un jeune procureur gay est nommé dans une ville reculée d’Anatolie, en butte à des pénuries d’eau. A peine débarqué, il doit faire face aux notables locaux, déterminés à défendre leurs privilèges par tous les moyens. Emin Alper propose un thriller politique où il brosse le portrait critique d’un pays populiste, sur fond de corruption, de  machisme, d'intolérance  et de violence. 

    Il y avait évidemment beaucoup d’autres films à découvrir dans les différents volets d’Arte Mare. Dont celui, 40 ans obligent, de l’anniversaire, Avec notamment le chef d’œuvre de Billy Wilder dans le registre comique Certains l’aiment chaud, dont on ne se lasse pas. Sans oublier les soirées, les concerts, les animations, la gastronomie. Vivement l’année prochaine! 

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  • Festival: Everybody's Perfect célèbre le cinéma queer à Genève

    Depuis sa création en  2010, Everybody’s Perfect défend une visibilité et une diversité toujours plus grandes des vies LGBIQI+ à travers un cinéma militant, tout en mettant l’accent sur la qualité esthétique des films, chère à sa directrice Sylvie Cachin.  Pour sa 9e édition, le festival propose, entre comédie, satire, fantastique, drame et utopie, 28 longs métrages en provenance d’une vingtaine de pays et une dizaine de courts. Ils sont souvent montrés en présence de leurs auteurs.  

    Impossible de parler de tous, mais on relèvera quelques pépites. A commencer par Close, (photo) du Flamand Lukas Dhont, Grand prix du jury au dernier Festival de Cannes. Le réalisateur évoque l’amitié fusionnelle entre Léo et Rémi, deux garçons de 13 ans, détruite par un terrible choc. L’oeuvre touche en plein cœur, d’autant que Lukas Dhont, en dépit de la forte charge émotionnelle de son récit, sait éviter tous les pièges du larmoyant, du pathos.

    Autre joyau, Grosse Freiheit du réalisateur autrichien Sebastian Meise. L’opus physique, austère, radical, mais non dénué de romanesque, raconte le destin tragique de Hans Hoffman dans l’Allemagne d’après-guerre. Il est gay et l’homosexualité, illégale jusqu’en 1969, est lourdement condamnée. Héros rebelle sacrificiel, Hans est sans cesse renvoyé en prison, où il s’obstine à  chercher la liberté et l’amour. Cette quête intense et incertaine est portée par le remarquable Franz Rogowski

    Dans un autre registre, le Pakistanais Saim Sadiq suit un jeune homme, Haider, sommé par son père de lui donner un petit-fils et de trouver un travail pour subvenir aux besoins des siens. Un jour, il déniche un job dans un cabaret érotique de Lahore et tombe amoureux de Biba, une performeuse trans au caractère de cochon et aux dents longues.  Haider est plongé en plein dilemme. Avec Joyland, le cinéaste se penche sur la manière de s’épanouir et de vivre librement sa sexualité dans une société patriarcale et conservatrice.   

    De son côté, l’Espagnol Horacio Alcula  nous emmène au Mexique pour nous montrer, dans Finlandia, le quotidien des Muxhes, une communauté de personnes non-binaires qui prennent soin des personnes âgées et confectionnent des habits pour les fêtes et les rituels. Victimes de l’intolérance de certain-es, elles se battent pour la reconnaissance de leur genre. Ce film à l’esthétique magnifiquement colorée nous fait voyager dans la culture et les traditions mexicaines tout en transformant la vie d’une styliste.  

    On citera encore Burning Days du Turc Emin Alper, qui s’intéresse à un jeune procureur gay, fraîchement nommé dans une ville reculée d’Anatolie en  proie à des pénuries d’eau. A peine débarqué, il doit faire face aux notables locaux, déterminés à défendre leurs privilèges par tous les moyens. Emin Alper propose un thriller politique où il brosse le portrait critique d’une Turquie populiste au système ancestral, sur fond de corruption, de machisme et de violence.

    Coups de projecteur 

    e Parmi les temps forts du festival, deux thématiques retiennent l’attention.  Et tout d’abord de l’intersexuation, réalité méconnue de personnes aux caractéristiques biologiques ne correspondant pas ou qu’en partie aux catégories binaires et qui se trouvent invisibilisées par les institutions politiques et médicales. Un film genevois Le point sur les "i" éclaire ce fait, ainsi qu’une pièce de théâtre belge Les variations silencieuses. Seule sur scène, une comédienne fait vivre une famille banale, à l’exception de celles-eux que l’on cache derrière une apparent normalité. Didactique et drôle, adressée à un public dès 14 ans, elle sera jouée à la salle Simon du Grütli le mardi 11 à 15h30 et 20h. Les deux représentations seront suivies d’une discussion.

    Par ailleurs, Everybody’s Perfect met un coup de projecteur sur le Brésil avec trois fictions et un documentaire, pour démontrer la remarquable vitalité du cinéma queer dans un pays où l’homophobie règne officiellement. A noter Os primeros soldados  de Rodrigo de Oliveira, en présence d’ONUSIDA et PVA-Genève, qui rendra hommage aux  premières  personnes gays et trans, touchées par le sida et marquées par la stigmatisation.

    Et bien entendu, un festival ne saurait se dérouler sans invités, rencontres, débats, masterclass, verrées et autres festivités. Comme le cabaret queer en ouverture le 8 octobre, la fête des Roses japonaises le mercredi suivant,   Lesbienne Queer féministe le vendredi, ou encore le rendez-vous de clôture avec le Boys Band genevois Bright Young Things. 

    Genève, du 7 au 16 octobre, Maison des arts des arts du Grütli. Billetterie en ligne sur www.everybody'sperfect.ch

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