Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

le blog d'Edmée - Page 88

  • Grand écran: "Simone, le voyage du siècle", avec Elsa Zylberstein se glissant avec passion dans la peau d'une icône

    Après  La môme (2008), un triomphe mondial et Grace de Monaco (2014) , un échec international, Olivier Dahan consacre un troisième portrait, loin du biopic traditionnel,  à une icône de la politique française, première femme présidente du Parlement européen,  Simone Veil. 

    En racontant sa vie, il en bouscule donc parfois inutilement la chronologie. Jonglant d’une époque à l’autre, il retrace le parcours hors du commun de son héroïne, racontant son enfance, sa déportation à l’adolescence dans les camps de la mort, ses engagements, ses combats qui ont marqué la société. Il revient également sur ses discours enflammés qui restent d’une actualité brûlante.  

    Interprétation juste et pleine de conviction

    Modèle de résilience, cette dame exceptionnelle, pudique, indépendante d’esprit, courageuse et rebelle, luttant pour le droit à l’avortement, les victimes du sida, l’amélioration des conditions de détention des femmes, contre le négationnisme, est interprétée avec justesse, conviction et passion, à différentes périodes de sa vie, par Rebecca Marder et Elsa Zylberstein. 

    C‘est d’ailleurs sur l’insistance de cette dernière, qu’Olivier Dahan a réalisé le film, tant elle s’est démenée pour qu’il existe. On dira même qu’elle a trouvé là le rôle de sa vie, travaillant par exemple pendant un an pour avoir la voix, les gestes de Simone Veil. « Quand on veut incarner, il faut que ce soit viscéral » dit-elle. Elle a aussi subi une spectaculaire transformation physique, qu’on en vient d’ailleurs à regretter en la voyant à la fin exagérément grimée pour la vieillir. 

    Ce côté excessif, symbolisé en quelque sorte par le titre, Simone, le voyage du siècle, est un peu la limite du film, même s’il nous bouleverse. Outre le côté trop pathos de la mise en scène, les envolées trop lyriques, la musique trop présente, on déplore aussi une trop grande insistance à filmer l’infilmable dans les scènes consacrées aux camps de concentration. Reste qu’il s’agit malgré tout d’une œuvre de mémoire édifiante et avant tout nécessaire. A découvrir pour ne rien oublier!

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 octobre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran. "Un beau matin" met en scène Pascal Greggory, magnifique en père mourant de Léa Seydoux. Interview

    Sandra (Léa Seydoux), veuve trentenaire parisienne élevant sa fille de 8 ans, partage son quotidien entre son travail d’interprète et les visites à son père Georg (Pascal Greggory), atteint du syndrome de Benson, une maladie neurodégénérative proche d’Alzheimer, qui le prive jour après jour de ses repères. Voûté, complètement désorienté, incohérent, cet ancien professeur de philosophie ne peut désormais vivre seul dans son appartement, où meubles et objets divers représentent autant de dangers permanents. .  

    Le déclin est inéluctable et la fin proche pour cet intellectuel qui commence en outre à ne plus reconnaître les siens. Avec sa mère (Nicole Garcia), Sandra, dépassée par la situation, accablée par le chagrin et la déchéance mentale de son père adoré, doit se résoudre à le mettre dans un établissement spécialisé.
     
    Tandis qu’elle recherche le meilleur Ehpad, la jeune femme rencontre par hasard Clément (Melvil Poupaud), un ami qu’elle n’a pas revu depuis longtemps et qui exerce le métier peu commun de cosmochimiste. Il est marié, mais cela n’empêche pas ces deux êtres, victimes d’un véritable coup de foudre, de se lancer dans une relation à la fois passionnée et compliquée.  
     
    Entre présent et futur prometteur, mort et renaissance, poésie et réalisme, Mia Hansen-Love propose, après Bergman Island, un film à la dimension autobiographique, puisqu’elle s’inspire de son propre père. Il est porté par Léa Seydoux aussi excellente qu’inattendue en double de la réalisatrice, Melvil Poupaud, Nicole Garcia et Pascal Greggory. Il  se révèle magnifique dans la peau de cet érudit amoureux des livres, perdant peu à peu la vue, les mots et le fil de la pensée. 

    Rencontré récemment à Genève, le charismatique et  élégant comédien nous en dit davantage sur ce rôle qui l’a énormément touché, D’autant que le personnage a existé. «C’était un plus fantastique et je l’ai pris comme un défi". 

    -Comment vous êtes-vous préparé ? En rencontrant des personnes souffrant de ce terrible mal?

    -Non, je n’ai pas voulu. L’expérience de ma vie a suffi pour imaginer un éventuel devenir. Et puis Mia Hansen-Love m’a aidé en me parlant beaucoup de son père avant le tournage. Elle m’a apporté des enregistrements pendant sa maladie, Ses propos étaient confus. Pour moi ce texte décousu, irrationnel, incompréhensible, était comme une nouvelle langue. Elle m’a également montré comment il marchait, sa posture courbée, la manière dont il agitait ses mains. Tout cela était indispensable pour construire Georg.».
     
    -Était-ce une partition pesante?
        
    -Non, pas du tout. Il me semblait évoluer dans un monde parallèle. Le texte incohérent était comme une nouvelle langue à apprendre. En outre, c’était la première fois que je me voyais comme si j’étais un spectateur. Je n’avais pas l’impression que c’0était moi.
     
    -Avez-vous parfois redouté de ne pas être à la hauteur?
     
    -Oui, forcément. C’est pareil à chaque fois. J’ai toujours le sentiment que j’ai raté un truc. Là, je ne sais pas. Mais quand j’ai vu le film, je me suis trouvé cohérent.
     
    -L'Alzheimer est terrible pour tout le monde. Mais plus encore pour un intellectuel qui perd tout. Ou un comédien. Je pense évidemment à Annie Girardot.
     
    -Je n’ai pas peur d’Alzheimer, mais je crains d’être malade, diminué physiquement et mentalement. Si cela devait m’arriver, je viendrais en Suisse pour un suicide assisté.

    -Dans Un beau matin, il est aussi question de savoir, de transmission par les livres.

    -C’était la volonté de Mia. Mais je suis un très grand lecteur et cela m’a ému. La scène du déménagement de la bibliothèque m’appartient presque. 

    -Vous aimez le cinéma. Contrairement à beaucoup vous dites qu’il est loin d’être mort. 

    -C’est vrai même s’il a beaucoup souffert du Covid. Mais je suis convaincu qu’on ne remplacera pas un grand écran par un petit. En revanche, il faut montrer les films d’une façon différente dans des salles différentes. Les gens gardent un désir de cinéma et il y a une magie à réinventer autour de ce septième art.

    -Malgré tout, vous préférez le théâtre.

    En effet. Je vais d’ailleurs jouer dans Les paravents de Jean Genet. Le théâtre est périlleux. J’aime le danger et m’y mettre. 

    Un beau matin, à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 12 octobre.  

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Arte Mare, le festival du film méditerranéen, couronne "Alma Viva", oeuvre au réalisme magique sur fond de sorcellerie

    Plus ancien festival de Corse, Arte Mare, qui n’a cessé de tisser des liens entre la culture de l’île et celle de ses voisins méditerranéens, fêtait ses 40 ans cette année à Bastia.  Pilier de ce rendez-vous particulièrement convivial mêlant musique, littérature, exposition, le cinéma, avec la présentation d’une soixantaine de films, tous genres confondus.  

    Au cœur de ce programme aussi riche qu’éclectique, la compétition, où se mesuraient cette année huit œuvres, la plupart d’excellente tenue. Le jury, qui avait donc l’embarras du choix, a décidé de couronner Alma Viva, premier long métrage de la Franco-Portugaise Cristèle Alves Meira, issu de La Semaine de la critique cannoise. 

    Une actrice est née, Lua Michel

    Dans cet opus original, personnel sinon autobiographique, la réalisatrice, opérant dans une forme de réalisme magique, raconte l’histoire d’une petite-fille entre émancipation, transgression, transmission. Comme chaque été, Salomé qui réside en France retrouve, pour les vacance, le village familial dans les montagnes portugaises. Une région où se racontent des légendes pimentées de sorcellerie. 

    La grande amie de Salomé, c’est sa grand-mère Avo. Mais celle-ci meurt brusquement. Alors qu’une voisine est soupçonnée de l’avoir empoisonnée, et que les adultes se déchirent au sujet des obsèques, la gamine est hantée par l’esprit d’Avo, qui finira par prendre carrément possession de son corps. Alma Viva doit tout à sa jeune interprète Lua Michel (la fille de Cristèle), absolument bluffante dans le rôle de Salomé. Actrice née, elle porte de bout en bout ce film pourtant en deça des intentions de l’auteure, qui manque de rythme.

    On lui a préféré La conspiration du Caire (Boy From Heaven) de Tarik Saleh. Il avait décroché le prix de la mise en scène à Cannes, mais là, il est reparti les mains vides. On vous le résume quand même en quelques phrases. Fils de pêcheur, Adam obtient une bourse pour intégrer la prestigieuse université cairote Al-Azhar, épicentre du pouvoir de l’Islam sunnite. Le jour de la rentrée, le Grand Iman à la tête de l’institution meurt brutalement. Il s’agit de lui trouver un successeur. Adam se retrouve dès lors au cœur d’une lutte implacable entre les élites religieuse et politique. Un thriller haletant, puissant, courageux et violemment critique. 

    Le bleu du caftan bouleverse

    Notre choix se serait également davantage porté sur Le bleu du caftan  (retenu, lui, dans la section Un Certain Regard sur la Croisette) de Maryam Touzani. Il a logiquement remporté le Prix du public. La cinéaste marocain, livre un film sur l’amour et la liberté d’aimer qui on veut. Halim est marié depuis longtemps avec Mina, tous deux tenant un magasin dans la médina de Salé où ils perpétuent la tradition ancestrale du maalem (artisanat). Mina s’occupe de la boutique, tandis qu’Halim exécute avec talent le délicat travail de tissage.

    Bien qu’ils se complètent, ils demeurent depuis toujours dans le secret, Halim cachant une homosexualité illégale, passible de prison au Maroc, et qu’il est obligé de vivre lors de rencontres interdites au Hamam. La maladie de Mina et l’arrivée d’un jeune apprenti vont cependant bouleverser ce fragile équilibre. Dorénavant chacun aidera l’autre à affronter ses peurs. 

    Surfant avec pudeur sur un tabou, Le bleu du caftan est une œuvre à la fois intimiste, tendre, bouleversante, magnifiquement interprétée. On vous en dira plus lors de sa sortie en Suisse avec l’interview de Maryam Touzani. On l’a rencontrée à Bastia, où se croisaient également des comédiens et comédiennes comme Roschdy Zem,  Sami Bouajila, ou Noémie Lvovsky.

    Burning Days, populisme sur fond de corruption et d'intolérance

    Un mot encore sur un autre lauréat également venu d’Un Certain Regard. Il s’agit de Burning Days, du Turc Emin Alper. Un jeune procureur gay est nommé dans une ville reculée d’Anatolie, en butte à des pénuries d’eau. A peine débarqué, il doit faire face aux notables locaux, déterminés à défendre leurs privilèges par tous les moyens. Emin Alper propose un thriller politique où il brosse le portrait critique d’un pays populiste, sur fond de corruption, de  machisme, d'intolérance  et de violence. 

    Il y avait évidemment beaucoup d’autres films à découvrir dans les différents volets d’Arte Mare. Dont celui, 40 ans obligent, de l’anniversaire, Avec notamment le chef d’œuvre de Billy Wilder dans le registre comique Certains l’aiment chaud, dont on ne se lasse pas. Sans oublier les soirées, les concerts, les animations, la gastronomie. Vivement l’année prochaine! 

    Lien permanent Catégories : Cinéfil 0 commentaire 0 commentaire