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le blog d'Edmée - Page 79

  • Grand écran: "Something You Said Last Night", les joies relatives des vacances en famille...

    Primée à Sundance en 2018 pour son émouvant court For Nonna Anna, où une jeune trans prend soin de sa grand-mère, l’Italo-Canadienne Luis De Filippis revient avec Something You Said Last Night, son premier long métrage récompensé, lui, dans les festivals de Rotterdam et San Sebastian l’an dernier.

    La réalisatrice, disant s’inspirer du travail de Céline Sciamma, Sofia Coppola ou encore Naomi Kawase, décrit son œuvre comme un collage d’expériences personnelles. Elle met en scène Ren, femme trans d’une vingtaine d’années. L’écrivaine en herbe, tenant à son indépendance mais venant de perdre son job, part à contrecœur en vacances avec ses parents Mona et Guido, ainsi que sa sœur Sienna, dans une maison au bord d’un lac. Cette cohabitation estivale forcée, notamment représentée par le partage du canapé-lit avec Sienna, va éprouver la soif de liberté de Ren.

    Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, la transidentité, montrée de façon très réaliste, n’est pas le sujet principal. Non évoquée pendant toute la première partie du film, elle en impacte toutefois l’action et la dynamique, dans la mesure où on sent chez Ren, formidablement incarnée par Carmen Madonia, une sorte de mal-être. Mais s’il est certes lié à un quotidien qui ne correspond pas à la jeune femme, dans cette station balnéaire conservatrice et corsetée, ce malaise tient également à la vie d’adulte qu’elle doit désormais mener.

    Entre tensions, disputes et fous rires

    Tout en nous présentant poétiquement son intrigue par le prisme de la différence, Luis De Philippis nous raconte en fait l’histoire d’une jeune fille qui se trouve être trans, et passe des vacances en famille, entre tensions, grosses disputes, fous rires, private jokes. Taciturne, complexe, mais ni stigmatisée ni sensationnalisée comme le sont beaucoup de personnages trans abordés au cinéma, Ren est surtout tiraillée entre la perspective de devoir revenir chez ses parents et son besoin farouche d’autonomie.

    Moyennement convaincue par la situation à laquelle est momentanément contrainte, Ren évolue dans un monde clos, réduit à un quatuor où on s’adore, se déteste, s’engueule, se bat, pour se rabibocher autour d’un plat de linguine ou d’un gâteau d’anniversaire. Cet univers rapetissé est ainsi formé d’une mère prétentieuse au tempérament explosif qui se fait beaucoup de souci pour sa progéniture, d’un père aimant, tolérant et soumis, préférant arranger les bidons en cas de soudaines déflagrations, d’une sœur qui joue les rebelles en se soûlant et se livrant à quelques ébats nocturnes. Et évidemment de Ren, plus posée et réservée. Souvent collée à son portable et tirant frénétiquement sur sa vapoteuse, comme en manque d’oxygène.

    Something You Said Last Night séduit par son apparente légèreté, son humour, sa mélancolie et une certaine nostalgie. À l’instar de l’excellente Carmen Madonia, les trois autres principaux protagonistes donnent de l’authenticité à cette aventure qui commence et finit en voiture. Papa Guido est au volant, maman Mona à ses côtés et les filles à l’arrière. Dans la séquence initiale, elles rechignent à entonner le vieux tube de 1981 Sara perché ti amo qu’adore leur mère. À la fin, elles la suivent en le chantant à tue-tête. Ces deux scènes presque identiques symbolisent l’évolution subtile des liens qui unissent les membres de cette famille plus ou moins dysfonctionnelle. Comme tant d’autres.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 5 juillet.

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  • Grand écran: "Indiana Jones et le cadran de la destinée" : divertissant, ludique et efficace

    S'attaquer dans un cinquième et ultime volet à la saga culte pouvait se révéler dangereux. Encore que le précédent (Le royaume du crâne de cristal)  laborieux et rouillé,  n’avait guère enthousiasmé les foules. Le risque était donc moindre. Et c’est ainsi que quinze ans plus tard, James Mangold (notamment auteur de Le Mans 66), réussit son coup en restant fidèle à la trilogie originale. Rendant en même temps un hommage particulier à son mythique interprète Harrison Ford, le plus illustre archéologue du cinéma, de retour avec son célèbre chapeau, son fouet et son inimitable veste en cuir.  

    Pour cette dernière aventure, le réalisateur nous offre une ouverture nostalgique en nous plongeant en 1939. Rajeuni par ordinateur (opération, plutôt réussie), Indy affronte les nazis avec son fidèle ami Basil dans le but de mettre la main sur des objets volés, ainsi que l’affreux scientifique à lunettes Jürgen Voller (Mads. Mikkelson) mandaté par Hitler. Plus précisément sur une extraordinaire relique, la moitié du cadran d’Archimède, qui permettrait de maîtriser le temps et d’en localiser les fissures...

    Après cette excursion dans le passé, cap sur 1969, trente ans après. Alors que Neil Armstrong et Buzz Aldrin viennent de marcher sur la lune et sont fêtés en grandes pompes à New York, on retrouve notre prof d’archéologie ronchon, fatigué et désespéré d’intéresser ses élèves, sur le point de prendre sa retraite. Mais tout bascule lors de la visite surprise de sa filleule Helena Shaw, (Phoebe Waller-Bridge) qu’il n’a plus revue après avoir récupéré le fameux demi-cadran en jurant de le détruire. 

    Phoebe fait de l’ombre à Harrison

    Helena est intelligente, cultivée, fine mouche. Personnage féminin craquant, elle insuffle une nouvelle dynamique au film, le réalisateur opposant son caractère énergique à celui de son héros âgé à qui elle fait d’ailleurs de l’ombre. En passant, on n’en dira pas tout-à-fait autant de Mads Mikkelson, sommairement réduit au méchant nazi caricatural.

    Mais bref. Pour en revenir à Helena, elle a d’autres projets. Jouant les arnaqueuses de choc, elle  vole l’objet précieux et quitte le pays pour le vendre au plus offrant. Du coup réveillé et requinqué, ne sentant plus l’âge de ses artères,  Indy se rue à ses trousses. Ils font alors équipe et nous voici partis pour une série d’impressionnantes et invraisemblables cascades, telle cette scène hallucinante où Harrison Ford est lancé à cheval dans le métro et en pleine parade au centre-ville dans une folle course-poursuite. Dommage toutefois que celles-ci soient trop répétitives et allongent inutilement le film. 

    Une réserve mineure au demeurant.  Avec la quête d’un artefact au pouvoir magique, la lutte contre les fascistes, la réflexion sur le tempos, le voyage dans l’espace, l’ensemble saupoudré de fantastique, Indiana Jones et le cadran de la destinée tient sa promesse.  Même un rien surchargé, l’opus truffé de répliques jubilatoires, se révèle divertissant, amusant et efficace.  

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 29 juin.  

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  • Grand écran: "Carmen", une relecture très libre du mythe signée Benjamin Millepied

    Un voyage sensoriel sur fond de tragédie antique, de sang, d’amour, de ballets et de chants éthérés. C’est ce que veut nous donner à voir et à entendre Benjamin Millepied. Dans son premier film, le danseur étoile et chorégraphe s’attaque à son tour audacieusement au mythe de Carmen, en proposant une vision très libre. très éloignée de la nouvelle de Prosper Mérimée et de l’opéra de Bizet.

    Dans cette relecture moderne, personnelle, il situe d’abord l’action non pas à Séville mais à la frontière mexicaine. Et fait de son héroïne en quête de liberté (Melissa Barrera) une migrante clandestine anxieuse de rejoindre les Etats-Unis après le mystérieux assassinat de sa mère, impressionnante danseuse de flamenco.

    La belle rebelle en fuite tombe rapidement sur des patrouilleurs américains. Immédiatement sous le charme de la fougueuse mais farouche Carmen,  le séduisant Aiden (Paul Mescal), lui  sauve la vie en tuant l’un de ses compagnons d’armes. Liés par ce drame, traqués par la police, les désormais amants maudits se lancent dans une course effrénée et trouveront refuge à Los Angeles dans un cabaret tenu par Masilda, la tante de Carmen, incarnée par la toujours spectaculaire Rossy de Palma, à l’extravagante allure sorcellaire.

    Des ballets au compte-gouttes

    Après ses interventions chorégraphiques dans Black Swan de Darren Aronofsky,  on imaginait une toute autre version, marquée par le lyrisme, la danse et la musique. Mais Benjamin Millepied tarde à faire décoller son film au scénario finalement banal et au récit approximatif, ses préférences allant aux décors, aux images raffinées et au travail sur la lumière.. 

    Dans ce film d’art en forme de road movie étrange mâtiné de polar improbable, il faut donc bien  patienter trois quarts d’heure, après le solo de flamenco exécuté par la mère de Carmen pour accueillir ses meurtriers, pour qu’arrivent les scènes tant attendues. Explosives, elles sont esthétiques, intenses et dynamiques, mais on déplore leur parcimonie. 

    De même, on regrette la relation un peu artificielle entre Melissa Barrera, actrice mexicaine connue pour ses rôles dans la sage Scream et Paul Mescal découvert dans la série Normal People.  Mais si on a des réserves, ce coup d'essai fascine en revanche ceratins critiques et spectateurs qui le trouvent tout compleent magique. . 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 14 juin. 

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