Grand écran: Ken Loach à la rencontre des migrants syriens dans "The Old Oak". Une oeuvre engagée et porteuse d'espoir (24/10/2023)

Ken Loach est aimé du public. En août dernier, il avait fait un tabac sur la Piazza Grande lors du Festival de Locarno, où il venait pour la cinquième fois. Conscience de gauche du cinéma avec son empathie pour l’humanité et sa lutte inlassable pour l’égalité, Ken Loach présentait son nouveau long métrage, The Old Oak, qui fait écho à une actualité brûlante.

Le 28è et peut-être le dernier, si l’on en croit le réalisateur de 87 ans. «Il arrive un  moment où on doit reconnaître que les années passent. Je n’imagine pas réaliser un autre film comme celui-ci», avait-il déclaré en mai à Cannes dont il était reparti bredouille, après avoir obtenu sept prix dont deux Palmes d’or. Il s’est pareillement exprimé au Tessin, en ajoutant: «J'en ferai éventuellement un plus petit, ou alors un documentaire ».

Un accueil très mouvementé

Loach situe l’action à l’Old Oak, un vieux pub menacé de fermeture dans un village sinistré du nord-est de l’Angleterre, miné par la pauvreté et le chômage. Viennent y boire un coup les paumés et les désoeuvrés du coin. Jusqu’à l’arrivée sans préavis de migrants syriens.

L’accueil est mouvementé, les villageois déjà au bout du rouleau ne supportant pas de voir des étrangers débarquer pour leur piquer le peu qu’il leur reste. Un poivrot casse l’appareil photo de Yara une jeune Syrienne pour qui l'objet représente une grande importance sentimentale. TJ Ballantyne, le tenancier du pub, vole alors à son secours. Une amitié naît entre ces deux êtres cabossés par la vie. Cette rencontre va même réveiller la fibre militante de cet homme, qui avait renoncé à toutes les actions initiées pendant des années. 

Moins cynique et féroce que d'habitude

Tout en exprimant sa colère face ä l’accueil souvent terrible réservé aux immigrés, et au malheur ignoré de travailleurs oubliés, Ken Loach met ainsi en avant la solidarité, thème récurrent dans son cinéma,  et surtout l’espoir, pour lui une nécessité politique. Dans cette œuvre certes engagée, à nouveau scénarisée par Paul Laverty, il se montre toutefois moins féroce, moins cynique et, disons-le, plus optimiste que dans ses autres films,

Ne renonçant jamais, il dénonce évidemment  la montée de la misère et du populisme, le fossé toujours plus grands entre les riches et les pauvres, mais insiste davantage sur le côté affectif et mélodramatique que sur l'angle social,. Il va même jusqu'à tirer un peu trop sur la corde sensible, chargeant son récit d'événements émotionnels qui n’y ajoutent pas grand-chose.  

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