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le blog d'Edmée - Page 76

  • Festival de Locarno: "Paradise Highway" sur la Piazza Grande. Un film d'action qui tient la route, avec Juliette Binoche au volant

    Depuis que son frère adoré (Frank Grillo) purge une peine de prison, Sally (Juliette Binoche), une camionneuse dure à cuire, accepte à contrecoeur de faire de la  contrebande de marchandises pour lui. Alors qu’il est sur le point de sortir, elle effectue ce qui est censé être un dernier travail.   

    Elle entame alors un voyage dangereux à travers les Etats-Unis pour se rendre compte qu’il s’agit en fait de livrer Leila (Hala Finley)une gamine de 11 ans, à des trafiquants sexuels. Face à cette abomination, Sally décide de la racheter. Parallèlement, deux agents du FBI (dont l’un campé par Morgan Freeman) se lancent à la poursuite du réseau, déterminés à sauver la fillette. 

    Dans une volonté de réalisme, la réalisatrice Anna Gutto a opéré une plongée dans le milieu des chauffeuses routières grâce à l’organisation Real Women In Trucking et à sa dirigeante Desiree Wood. S’inspirant de leur vie, de leur façon de s’entraider, elle propose, à l’exception de son dénouement, un captivant road movie d’action. Bien documenté, Il tient la route en brassant plusieurs thèmes, dont l’un des principaux réside dans le développement de la relation entre Sally et Leila, qui débute de façon particulièrement orageuse.   

    Les deux comédiennes sont irréprochables. Juliette Binoche, qui a véritablement appris à conduire un semi-remorque, se révèle très crédible en routière vieillissante, costaude, aguerrie, têtue et laconique, abîmée dans son enfance et qui a dû apprendre à se défendre. De son côté, Hala Finley, surprenante de maturité, se montre plus qu’à la hauteur dans le rôle de la maigrichonne Leila, à la fois terrorisée et rebelle, laissant deviner à travers son regard tout ce qu’elle déjà subi.

    Juliette Binoche raconte son expériemce

    On les a retrouvées en compagnie d’Anna Gutto à la conférence de presse. Chapeau noir à large bord, chemisette blanche, paraissant dix ans plus jeune avec dix kilos en moins que dans le film, Juliette Binoche raconte son expérience. "J’ai rencontré Desiree Wood. J’ai fait la route avec elle et j’ai eu le temps de lui poser des questions, de me rendre compte des dangers de ce métier, des heures interminables passées sur la route, de la malbouffe, de la nécessité de se montrer malignes pour se protéger, de ne pas avoir peur, se méfier des hommes. Certaines femmes ont été violées quand elles ont passé l’examen, qui prend beaucoup de temps, pour obtenir leur permis". 

    Juliette évoque bien sûr sa partition, la manière de toucher les spectateurs en se mettant au service d’un personnage de plus en lus grand. Elle parle des conditions éprouvantes, de la chaleur encore plus intense qu’ici, de la fatigue, des moustiques. Mais surtout elle évoque l’importance du travail d’équipe et ce qui l’a vraiment frappée : l’extrême générosité d’Hala, comme  tout ce qu’Anna a préparé seule avant le tournage.  

    Par ailleurs elle a fait une déclaration d’amour à Locarno. «C’est un grand festival qui me laisse des souveniirs extraordinaires et qui permet de découvrir des pépites». 

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  • Festival de Locarno: la compétition démarre bien, avec notamment "Bowling Saturne", de Patricia Mazuy

    Ayant souvent un peu de mal à exister entre la Piazza grande et la Réptrospective, la compétition locarnaise a bien démarré avec notamment deux métrages qui semblent déjà se dégager. On s’arrêtera plus particulièrement sur Bowling Saturne de Patricia Mazuy, qu’on peut qualifier d habituée du festival. En 1994 elle remportait un Léopard de bronze avec Travolta et moi, un épisode de la série Arte Tous les garçons et les filles de leur âge, et en 2011 invitait le public sous les étoiles avec Sport de filles, mettant en scène la gracieuse Marina Hands.

    Après Paul Sanchez est revenu, thriller de 2018 où Laurent Laffite se glisse dans la peau d’un criminel, la réalisatrice française reste dans la brutalité et la noirceur. A la mort de son père, Guillaume (Arieh Worthalter), commissaire de police ambitieux , hérite du bowling familial et le donne en gérance, pour l'aider,  à Quentin. son demi-frère (Achille Reggiani).   

    Un décision fatale. Quentin est un garçon marginal répudié par son père et sujet à de redoutables pulsions. Son comportement instable et sa gestion douteuse du lieu  perturbent Guillaume et l’empêchent de se consacrer véritablement à son enquête sordide sur une série d’horribles meurtres de jeunes femmes.

    Patrizia Mazuy propose un film d’une intensité tragique, marqué par une extrême violence, surtout dans une scène qui atteint son paroxysme au début de l’histoire. Il vous secoue en outre par sa vision noire de la réalité, son âpreté, son traitement aride, son manque total de rédemption et d’espoir. Il est parfaitement interprété par les deux protagonistes principaux.

    Réflexion sur la guerre aux accents métaphysiques 

    A noter également Naçao Valente du Portugais Carlos Conceiçao., situé en 1974, un an avant l’indépendance de l’Angola, dont le territoire est peu à peu reconquis par les séparatistes. peu à peu. Là encore, la violence s’invite dès l’ouverture. Tandis que des homes meurent et qu’une bonne sœur est chassée par les rebelles, une jeune Angolaise croise le chemin d’un jeune soldat portugais, qui la tue froidement après un accouplement ardent. On est sous le choc.. 

    Par ailleurs, Un peloton lusitanien barricadé à l'intérieur d'un mur devra en sortir, quand le passé ressurgit pour réclamer la justice tant attendue. Avec cet opus puisant aux accents métaphysiques et parfois surnaturels, Carlos Conceiçao livre, comme il le relève lui-même, une réflexion sur l’histoire, la guerre, la peur, la tyrannie. Une réflexion sur la nature cyclique du fascisme et la faćon dont il demeure une menace pour l’évolution. Cela vaut le détour.   

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  • Festival de Locarno: "Bullet Train" donne dans la surenchère et l'overdose. Avec Brad Pitt en mode cabotinage

    Locarno aurait-il un petit faible pour David Leitch? Toujours est-il qu’après Atomic Blonde en 1917, le réalisateur revenait au Tessin pour une ouverture en boulet de canon sur la Piazza grande avec Bullet Train. Du moins était-ce l’idée, d’autant que l’auteur avait fait monter Brad Pitt à bord du Shinkansen, fameux convoi japonais à grande vitesse, reliant notamment Tokyo à kyoto. 

    Atout évidemment majeur de ce film d’action adapté  du roman Maria Beetle de Kotaro Isaka, le comédien, alias Coccinelle, est un tueur à gages aspirant désormais à une forme de zénitude. Cette fois, ce pacifiste new look est chargé d’une mission apparemment banale: récupérer une mallette et descendre du  train à la première occasion. Ce qui n’est pourtant pas si simple car poursuivi par une poisse tenace, il se retrouve face à une poignée d’assassins chassant plus ou moins le même gibier. Du coup les affreux tentent brutalement de s’éliminer mutuellement.   

    Et nous voici partis pour deux heures d’un opus testéroné à outrance qui se veut déjanté et décalé, avec overdose de fusillades, d’affrontements ultra-violents, associés à des flashbacks et un comique ultra-répétitifs, dans des plans ultra-colorés. Le tout façon manga un rien pourri ne tarde donc pas à nous ultra-lasser… 
     
    A retenir toutefois, dans cet inutilement trop long métrage sous influence tarantinesque,  la prestation plutôt sympathique de Brad Pitt, Anti-héros malchanceux et ringard, apparemment lourdaud et empêtré, il est de surcroît affublé de grosses lunettes à monture noire et d’un bob particulièrement peu seyant. Dommage pourtant que cet adepte de l’autodérision donne lui aussi dans la surenchère, en cabotinant à mort. En résumé, on dira que la superstar et son réalisateur trouvent davantage de plaisir à jouer et à tourner que le spectateur à regarder le résultat de l’œuvre.   

    A l’affiche dans les salles suisses dès le 4 août.

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