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le blog d'Edmée - Page 77

  • Festival de Locarno: "Annie Colère" prône la liberté des femmes et leur droit à l'avortement. Avec l'excellente Laure Calamy

    Avec ce qui se passe dans le monde, surtout le vertigineux retour en arrière sur la question aux Etats-Unis, les films traitant de l’avortement relèvent de la nécessité. A l’image d’Annie Colère, signé de la Française Blandine Lenoir, porté par l’excellente Laure Calamy et d’autres formidables protagonistes. Passionnant, bien documenté et mis en scène, c’est l’un des meilleurs longs métrages programmés sur la Piazza Grande.

    Il commence en février 1974. On suit Annie, ouvrière et mère de deux enfants, tombée accidentellement enceinte. Elle découvre alors le MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception), qui pratique gratuitement des interruptions de grossesse illégales mais non clandestines. Il a été créé en avril 1973, dix-huit mois précédant l’adoption du projet Veil dépénalisant l’avortement avant dix semaines. La loi sera promulguée en janvier de l’année suivante.

    La MLAC, où officient des médecins, comptait à l’époque 300 antennes sur tout le territoire français. Il est fondé sur le partage des savoirs, l’aide concrète apportée aux femmes, l’écoute de leur parole, la bienveillance, la tendresse à leur égard- Dans la bataille pour l’adoption de la loi sur l'avortement, Annie va trouver dans cette organisation unique un nouveau sens à sa vie.  

    La réalisatrice, qui a terminé le tournage il y a un an, a toujours été très attentive à ce qui se déroule sur le front de l’IVG- "Même en France, où 180 centres ont fermé depuis 20 ans- Il est impératif de ne pas lâcher la lutte. Sinon, on perdra nos droits ", nous confie-t-elle. Mais on vous en dira davantage sur le film, son auteure et sa principale interprète lors de la sortie dans les salles romandes cet automne. 

    Un huis-clos froid et austère

    Après un début très prometteur, la compétition a stagné avec des œuvres auteuristes un rien hermétiques, voire chochottes. Toutefois l’une d’elles nous a particulièrement séduit. Il ‘agit de Serviam: Ich will dienen, de l’Autrichienne Ruth Mader. Elle nous emmène dans un pensionnat catholique pour jeunes filles de bonnes familles qui, juste motivées par le côté élitiste de l’établissement, ne savent pas trop ce qui s’y passe. Et ne s’en préoccupent pas

    Parmi les pensionnaires on découvre le lot habituel de caractères divers, de Sabine la petite peste à Martha, pupille dévouée et exaltée qui souhaite expier les péchés du monde. Cette dernière est la préférée de la directrice, une jeune sœur qui lutte énergiquement contre le déclin de la foi et encourage l’adolescente à porter le cilice. La cinéaste propose un huis-clos froid, austère, radical, violent, d’une lenteur pesante, sur fond de souffrance rédemptrice. Très réussi.

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  • Festival de Locarno: "Une femme de notre temps" et "Last Dance", les improbables de la Piazza Grande

    Commissaire de police à Paris, tireuse émérite à l’arc, un sport qui a une grosse importance dans l’intrigue, Juliane Verbecke fait preuve d’une belle intégrité morale. Mais quand elle découvre la double vie de son mari, elle se comporte d’une manière qu’elle n’aurait jamais cru possible.

    Héroïne de ce drame projeté sur la Piazza Grande, Sophie Marceau, qu’on avait beaucoup aimée dans Tout s’est bien passé de François Ozon. On ne peut en dire autant de sa prestation devant la caméra de Jean-Paul Civeyrac, notamment auteur de Mon amie Victoria (2014), opus réussi adapté du roman de Doris Lessing. Mais qui s’égare également fâcheusement dans Une femme de notre temps, un titre bizarroîde de surcroît 
     
    "Il y a trois ans, nous explique le réalisateur à la conférence de presse, j’ai pensé à un personnage qui basculerait, à un monde qui s’effondrerait et à une prise de conscience. Tout cela reposant davantage sur la tension que sur les dialogues+.
     
    Quant à Sophie Marceau, elle évoque un caractère fascinant, qui lui parle par sa droiture, son  intensité, sa féminité rassurante. "Elle choisit de suivre son chemin, sa trajectoire, comme une flèche. Elle y va direct. Elle y met tout son corps, tout son coeur. Même si sa vie bascule, elle va jusqu’au bout. C’est ce que j’ai fait en l'incarnant"-

    Vu de cette façon, c’est plutôt engageant. Malheureusement entre un cinéaste peu inspiré et une comédienne inexpressive,en dépit de sa véritable profession de foi, le résultat est d’une platitude qui le dispute à l’incohérence. L’auteur nous sert le drame convenu, qui vire au comique intempestif, d’une femme trompée par son mari, un homme peu séduisant, mou et lâche, souffrant carrément le martyre d’être physiquement infidèle à une épouse qu’il prétend adorer. Et qui a par ailleurs eu une liaison avec la sœur de cette dernière, ce qui aurait provoqué son décès.  
     
    Désespérée en découvrant ces turpitudes, l’amoureuse trahie n’a plus qu’une idée en été, se venger. Si possible mortellement. Et de poursuivre, carquois à l’épaule bien garni de flèches, son conjoint veule et menteur jusqu’en Normandie, où il est parti roucouler avec sa maîtresse. L'ensemble pathétiquement noyé sous les violons.
     
    Bref, dans le genre soap on ne fait pas mieux, Ce n’est évidemment pas l’avis de son auteur qui dit même s’être référé, l’espace d’une scène, à Ecrit sur du vent de Douglas Sirk, Franchement osé pour un tel ratage! 
     
    François Berléand la joue danseur contemporain
     
    Dans le genre improbable, il y a aussi Last Dance, de la Neuchâteloise installée en Belgique. Delphine Lehericey. Elle nous raconte l’histoire de Germain, bienheureux retraité un peu fainéant et misanthrope de 75 ans (François Berléand), qui se retrouve soudainement veuf, après 50 ans d’une union fusionnelle avec Lise.
     
    Inquiète pour Germain qu'elle imagine dorénavant dangereusement livré à lui-même, sa famille s’invite dans son quotidien, se relayant pour organiser une surveillance pesante de chaque instant. Sous pression, le pauvre n’en peut plus. D’autant qu’il a un secret. Lise et lui s’étaient en effet promis que celui des deux qui resterait irait au bout du projet que l’autre avait commencé.
     
    Et c’est ainsi que Germain déboule dans le spectacle, mêlant amateurs et professionnels de la chorégraphe genevoise Maria La Ribot, pour remplacer sa femme. Comme la danse contemporaine est en principe accessible à n’importe qui, et qu’en plus on a du respect pour François Berléand (même s’li se contente le plus souvent de souffler fort pour manifester ses sentiments), on veut bien croire à son engagement immédiat dans la troupe.

    En revanche, que tout le show tourne désormais, tant La Ribot le trouve unique, autour de ce septuagénaire un rien ventripotent et qui n’a jamais esquissé le moindre pas de danse de sa vie, c'est trop. Et provoque des moments qui confinent au ridicule et à la caricature. Le public de la Piazza n’en a pas moins été conquis.       

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  • Festival de Locarno: "Paradise Highway" sur la Piazza Grande. Un film d'action qui tient la route, avec Juliette Binoche au volant

    Depuis que son frère adoré (Frank Grillo) purge une peine de prison, Sally (Juliette Binoche), une camionneuse dure à cuire, accepte à contrecoeur de faire de la  contrebande de marchandises pour lui. Alors qu’il est sur le point de sortir, elle effectue ce qui est censé être un dernier travail.   

    Elle entame alors un voyage dangereux à travers les Etats-Unis pour se rendre compte qu’il s’agit en fait de livrer Leila (Hala Finley)une gamine de 11 ans, à des trafiquants sexuels. Face à cette abomination, Sally décide de la racheter. Parallèlement, deux agents du FBI (dont l’un campé par Morgan Freeman) se lancent à la poursuite du réseau, déterminés à sauver la fillette. 

    Dans une volonté de réalisme, la réalisatrice Anna Gutto a opéré une plongée dans le milieu des chauffeuses routières grâce à l’organisation Real Women In Trucking et à sa dirigeante Desiree Wood. S’inspirant de leur vie, de leur façon de s’entraider, elle propose, à l’exception de son dénouement, un captivant road movie d’action. Bien documenté, Il tient la route en brassant plusieurs thèmes, dont l’un des principaux réside dans le développement de la relation entre Sally et Leila, qui débute de façon particulièrement orageuse.   

    Les deux comédiennes sont irréprochables. Juliette Binoche, qui a véritablement appris à conduire un semi-remorque, se révèle très crédible en routière vieillissante, costaude, aguerrie, têtue et laconique, abîmée dans son enfance et qui a dû apprendre à se défendre. De son côté, Hala Finley, surprenante de maturité, se montre plus qu’à la hauteur dans le rôle de la maigrichonne Leila, à la fois terrorisée et rebelle, laissant deviner à travers son regard tout ce qu’elle déjà subi.

    Juliette Binoche raconte son expériemce

    On les a retrouvées en compagnie d’Anna Gutto à la conférence de presse. Chapeau noir à large bord, chemisette blanche, paraissant dix ans plus jeune avec dix kilos en moins que dans le film, Juliette Binoche raconte son expérience. "J’ai rencontré Desiree Wood. J’ai fait la route avec elle et j’ai eu le temps de lui poser des questions, de me rendre compte des dangers de ce métier, des heures interminables passées sur la route, de la malbouffe, de la nécessité de se montrer malignes pour se protéger, de ne pas avoir peur, se méfier des hommes. Certaines femmes ont été violées quand elles ont passé l’examen, qui prend beaucoup de temps, pour obtenir leur permis". 

    Juliette évoque bien sûr sa partition, la manière de toucher les spectateurs en se mettant au service d’un personnage de plus en lus grand. Elle parle des conditions éprouvantes, de la chaleur encore plus intense qu’ici, de la fatigue, des moustiques. Mais surtout elle évoque l’importance du travail d’équipe et ce qui l’a vraiment frappée : l’extrême générosité d’Hala, comme  tout ce qu’Anna a préparé seule avant le tournage.  

    Par ailleurs elle a fait une déclaration d’amour à Locarno. «C’est un grand festival qui me laisse des souveniirs extraordinaires et qui permet de découvrir des pépites». 

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