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le blog d'Edmée - Page 626

  • Un jury audacieux pour une première Palme d'Or thaïlandaise

    J’en avais émis l’hypothèse sans trop y croire. Et pourtant, ça y est. L’ovni d’Apichatpong Weerasethakul a décroché la première Palme d’Or thaïlandaise, face à l’ennuyeux «Another Year» de Mike Leigh, encensé par la critique, mais seul  hyperfavori finalement reparti les mains vides. Preuve qu’il fallait faire davantage confiance à l’audacieux Tim Burton.

    Logique dans le fond. Le cinéaste qui nous a enchantés  avec «Edward aux mains d’argent» ne pouvait qu’être sensible aux scènes parfois délirantes du beau, surnaturel et poétique «Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures» . Le genre d’opus exigeant et non commercial qu’on s’attend à découvrir dans le plus important festival de cinéma du monde. Cannes avait d’ailleurs déjà donné un prix à Weerasethakul en 2004 pour «Tropical Malady». Reste désormais à espérer qu’ "Oncle Boonmee »  délie le portemonnaie des acheteurs…

    Autre première avec le prix du jury attribué au Tchadien Mahamat-Saleh Haroun pour "Un homme qui crie". Dans un pays dévasté par la guerre civile, le réalisateur évoque la relation père-fils en plein conflit. Une fable intemporelle et universelle à la mise en scène épurée.

    Binoche, Beauvois, Amalric, les Français cartonnent

    Le reste du palmarès est conforme aux prévisions.  «Des hommes et des dieux» de Xavier Beauvois, racontant les derniers jours de sept moines trappistes français massacrés en Algérie en 1996, a obtenu le Grand Prix du jury. L’auteur n’en revenait toujours pas une demi-heure après. « C’est un tel bonheur que je vais vous dire n’importe quoi. Je ne suis pas dans mon état normal. J’ai peur de me réveiller… »

    Quant à «Biutiful» d’Alejandro Gonzales Inarritu, également dans les préférés, il est récompensé à travers Javier Bardem, sacré meilleur acteur. Ex-aequo et j'en suis ravie, l’Italien Elio Germano pour «La Nostra Vita» de Daniele Luchetti. Détruit par la mort de sa femme, Claudio va rageusement affronter l’injustice intime et sociale qui le touche.  Elio Germano a dédié son prix à l’Italie et aux Italiens qui font tout pour améliorer le pays malgré la classe dirigeante. Berlusconi ne lui dit pas merci…

    Côté féminin, c’était  du tout cuit pour Juliette Binoche, juste menacée par Lesley Manville, l’héroïne dépressive et hystérique de Mike Leigh. Emue aux larmes,  comme toujours, l’actrice française de «Copie conforme» réalisé par Abbas Kiarostami a affirmé croire à l’amour, remercié du fond du cœur les hommes qui l’ont aimée et su la supporter, avant de montrer une pancarte au nom de Jafar Panahi, le cinéaste emprisonné en Iran.

    J’avais aussi un peu misé sur le délicat "Poetry" de  Lee Chang-dong et sa craquante mamie passionnée de vers. Il emporte le prix du scénario. Enfin, Mathieu Amalric, que j’avais oublié dans mes pronostics en raison de son passage en tout début de festival, a gagné celui de la mise en scène pour «Tournée». Derrière et devant la caméra, il revisite l’univers du striptease avec des filles aussi déjantées que plantureuses et décomplexées. Un spectacle «new burlesque extravagant» qui devait à l’évidence titiller Tim Burton et se complices.

    N’oublions pas Carlos

    Toutes ces médailles ne doivent pas occulter le fait que Cannes 2010 n’a pas décoiffé la Croisette. Honnête mais un rien mou. Du moins en ce qui concerne la compétition. Et comme d’habitude, quelques perles méritant amplement d’y être, se nichaient dans les sections parallèles.

    Sans oublier l’un des plus formidables moments du marathon cannois, la présentation de «Carlos», signé Olivier Assayas. Une époustouflante fresque de 5h33 sur les traces du terroriste international, magnifiquement interprété par Edgar Ramirez, que seuls les festivaliers ont eu la chance de voir intégralement sur grand écran. Ce passionnant film politique a été bêtement mis hors concours pour cause de «produit télé». C’eût pourtant été une belle Palme d’Or.

     

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  • Palmarès cannois: un ovni thaï délirant pour détrôner le Britanique Mike Leigh?

    L’an dernier les choses étaient claires, deux perles, « Le ruban blanc » de Michael Haneke et « Un prophète » de Jacques Audiard, se détachant nettement du reste de la compétition. Cette année, c’est un peu la bouteille à encre sur la Croisette. De bons films, mais pas de ceux qui vous scotchent au fauteuil. Signe d’un  cru honnête, sans éclat en somme. Du coup, côté Palme d’Or, je suis bien empruntée. S’il ne tenait qu’à moi,  il n’y en aurait pas.
    Mais puisqu’il faut en donner une, je pencherais pour un cinéaste dont le nom file des sueurs froides aux gens de radio et de télévision. Apichatpong Weerasethakul. Tout comme le titre de l’œuvre: « Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures ». Un ovni magique, mystérieux et  un rien languissant. Avec deux ou trois scènes délirantes comme cette princesse qui fait l’amour avec un poisson-chat, ou l’apparition à la table familiale de fantômes, tels un singe noir aux yeux rouges et une épouse défunte.  Revenus  pour accompagner l’homme dans la mort. Car atteint d’une insuffisance rénale, il n’en a plus pour longtemps.
    Les méditations du réalisateur thaïlandais sur fond de répression brutale dans le pays suffiront-elles à détrôner Mike Leigh, déjà palmé pour «Secrets et mensonges» en 1996? Pas sûr, son film divise beaucoup les critiques dans le Film Français et la revue Screen.  Alors qu’avec un seul petit point noir, le cinéaste britannique, bardé de palmes et d’étoiles, continue  de mener la meute des prétendants grâce à  «Another Year» , réflexion à la fois funèbre, cynique et sarcastique déclinée enquatre saisons, sur les choses de la vie et le temps qui passe.
    Les grands favoris et les autres
    Il devance deux candidats à la récompense suprême, eux aussi solidement  installés dans le trio de tête depuis leur passage à l’écran. Il s’agit d’Alejandro Gonzales Inarritu avec «Biutiful» et de  Beauvois avec «Des hommes et des dieux». Le premier suit un homme rongé par un cancer et qui tente de trouver la paix, tandis que le second revient sur le massacre de sept moines français en Algérie en 1996. Parmi les papables,  on trouve encore «Poetry», du Coréen Lee-chang dong. Un film tout en délicatesse, évoquant une jolie grand-mère qui découvre la première fois le charme et la beauté de la poésie. La vie se chargera de la ramener à la réalité.
    Parmi mes préférés, je citerais encore l’avant-dernier du concours «Un garçon fragile- Le projet Frankenstein», du  Hongrois Kornél  Mundruczo. Un réalisateur se rend compte,  à la faveur d’un casting, que le garçon étrange devant la caméra est son fils. Un monstre qu’il a lui-même engendré dix-sept ans auparavant. J’ai enfin un faible pour « The Housmaid » du Coréen IIm Sangsoo, qui nous a tricoté un drame à la Chabrol, magnifiquement mis en scène.
    Hors-la-loi, beaucoup de bruit pour rien
    A Cannes, on a toujours droit à un événement particulier. Avec ou sans paillettes. Vendredi dernier c'était la mise en action du plan vigipirate.300 policiers mobilisés, la Croisette bouclée, des festivaliers soigneusement filtréset fouillés avant l’entrée dans les salles. Tout ça pour éviter des débordements, qui n’ont finalement pas eu lieu,  lors de la projection de »Hors-la-loi», de Rachid Bouchareb, qui avait rameuté 1300 anciens d’Algérie en colère aux abords du Palais.
    On se souvient de la polémique déclenchée par l e député UMP Lionnel  Luca, parlant de révisionnisme alors qu’il n’avait même pas vu le film. Il n’a pas changé d’avis après, mais la controverse est bien vaine. Comme dirait Shakespeare, beaucoup de bruit pour rien, à la vision de cette longue fresque académique  linéaire et plutôt laborieuse, mise à  part l’impressionnante séquence du massacre de Sétif le 8 mai 1945. Les choses commencent en 1925 pour s’achever sur  des images de l’indépendance algérienne. Avec un saut à Genève et un plan sur le jet d’eau. ..
    Entre film noir et western, Bouchareb s’attache surtout à montrer, au-delà du contexte historique, le destin tragique de trois frères chassés de leur pays et qui font tout pour y retourner. Ils sont interprétés par Jamel Debbouze, Roschdy Zem et Sami Bouajila pas au mieux de leur forme.
    La palme de la nullité au Japonais Kitano !
    Voici qui ne devrait pas changer la donne en ce qui concerne le palmarès qui sera annoncé ce soir à Canal +. Encore que l’on ne sait jamais. Le journaliste propose et le jury dispose. En tout cas, je peux vous assurer d’une chose. S’il m’est difficile d’élire un film pour la Palme d’Or, je n’ai en revanche aucun problème pour celle de la nullité. Le Japonais Takeshi Kitano la décroche haut la main avec «Outrage», pitoyable retour aux sources avec de sanglants règlements de comptes entre yakuzas plus couillons les uns que les autres.Edmée Cuttat

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  • Federer à l'assaut de l'ogre de l'ocre

    Cette incapacité à faire rêver les fans, c’est fou, non? Sans compter que pour une fois, j’eus aimé qu’ils justifient la réputation des Suisses âpres au gain. Des clous ! Nos laborieux hockeyeurs, qui n’avaient même pas à se baisser pour rafler le pactole se sont pitoyablement cassé les dents contre des outsiders allemands qui, du coup, se sont rempli les poches les doigts dans le nez.

    Nuls ces Helvètes aux Mondiaux de la crosse. Genre Federer à Rome et  à Estoril, où le roi s’est  acharné à paumer bêtement quelques joyaux de sa couronne. Certes, il a réussi ensuite l’exploit de parvenir en finale à Madrid. Sauf qu’il a encore perdu une sacrée gemme, en se laissant balader en deux misérables sets par l’Attila de Manacor, plus dévastateur que jamais depuis son record de dix-huit Masters 1000, dont trois d’affilée sur terre battue.

    Une défaite qui n’avait pas moins pleinement rassuré les fans, les experts  et l’intéressé à une semaine de Roland Garros. A part moi. Et inutile de préciser que mon stress a empiré en découvrant la partie de tableau de la légende. De quoi en faire toute une histoire. Car je ne vous raconte pas le chemin de croix, et on sait à quel point le maestro rechigne à la porter, pour rallier le dernier carré au tournoi parisien. Le gage de conservation de son diadème, même si Nadal enlève le morceau. Un futur succès largement facilité par le parcours de sénateur qu’un tirage au sort scandaleusement clément a réservé à l’ocre de l’ogre.

    Autre paire de manche côté phénix, susceptible de tomber  en huitièmes déjà contre Wawrinka qui vante sa forme et son jeu décoiffants, ou Gaël Monfils.  Imaginer qu’un Vaudois ou un Français contribuent à la chute mortifiante de Sa Grâce me file des frissons. Et si j’admets l’impossibilité de la chose, le génie trouvera sur son chemin trois bêtes noires potentielles pour tenter de l’empêcher de conserver son trône. Dont  Ernests Gulbis, le redoutable petit prince de Riga.

    Mais si je me ronge les sangs en pensant à Sa Grâce, que dire des pauvres Suissesses. Retomber à deux contre les sœurs Williams, bonjour la baraka! A commencer par Patty Schnyder, qui doit à nouveau se farcir Venus.  Avec cette onzième chronique d’un échec annoncé, c’est franchement à désespérer de son karma.

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