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le blog d'Edmée - Page 496

  • Festival de Locarno: A qui le Léopard d'or pour ce cru 2013... qui n'en vaut pas le métal?

    224916527_640[1].jpgEt voilà, les jeux sont quasiment faits pour la course au Léopard d'or 2013. Il ne reste plus qu’un film taïwanais en compétition A Time in Quchi. De quoi espérer encore... Je parlais en effet du côté languissant de la compétition à une ou deux exceptions près, jusqu’à l’émouvante réussite de Tableau noir d’Yves Yersin. Depuis, le concours n’a pas franchement décollé, comptant hélas davantage de bas que de hauts.

    Des hauts qui n’atteignent de surcrfoît pas des sommets… Parmi ces derniers, Tonnerre de Guillaume Brac (photo). Le réalisateur français nous raconte l’histoire d’un rocker à la dérive pas très gâté par la nature. Revenu chez son vieux père (étonnant et fantasque Bernard Menez) dans sa ville natale de Tonnerre, il tombe amoureux raide dingue de la ravissante Mélodie, stagiaire dans le journal du coin. Mais la passion se transforme en une jalousie à deux doigts de la folie meurtrière lorsqu’elle le rejette pour retourner auprès d’un jeune et beau footballeur.

    Filmbild_gross1[1].jpgHonorable également Mary Queen Of Scots, film en costumes du Suisse Thomas Imbach fasciné par cette figure historique. S’inspirant de Stephan Zweig, il revisite l’aventure tragique de celle dont l’ennemie mortelle, sa cousine Elisabeth, ordonna l’emprisonnement pendant dix-neuf ans avant de lui faire couper la tête. Le cinéaste qui procède par voie de lettres lues en voie off que Mary (Camille Rutherford, photo) écrit à sa rivale, compare les deux femmes à deux lionnes se battant pour le même trône. Le tout sur fond de guerres de religion renvoyant à ce qui se passe aujourd’hui.

    Dans le genre boyscout et bondieusard sur les bords, à signaler Short Term 12 de l’Américain né à Hawai Destin Cretton. Particulièrement apprécié du public, il met en scène Grace, 20 ans. Elle s’occupe d’ados à problèmes dans un centre, mais est rattrapée par la violence et les abus qu’elle a  subis dans sa propre enfance.

    De leur côté, les Asiatiques se contentent eux aussi de donner dans le respectable sans génie. Comme les Japonais Kiyoshi Kurosawa  avec Real et Shinji Aoyama avec Tomogui. Je n’ai pas été emballée non plus par Sangue, production italo-helvétique de Pippo Delbono, qui met en vedette Giovanni Senzani, un ancien leader des Brigades rouges récemment sorti de prison. Ensemble ils évoquent leur rapport à la mort, à la violence, aux rêves de révolution et à l’Italie en ruines.

    90181[1].jpgLe choix de faire parler l’ex-terroriste a déplu au gouvernement tessinois mais a été bien applaudi par les critiques. Tout comme Educaçao Sentimental du Portugais Julio Bressane, un objet cinématographique pourtant assez plombant. Je lui préfère nettement E Agora? Lembra-me de son compatriote Joaquim Pinto (photo), dont je vous avais déjà parlé. Vivant depuis vingt ans avec le sida et l’hépatite C, il se livre à une réflexion sur la survie, l'amour et l'amitié à la fois douloureuse et pleine d'espoir. 

    Reste un film roumain dédié au septième art, dont le titre peut se traduire en français par Quand le soir tombe sur Bucarest ou Metabolisme. L’œuvre et la vie du cinéaste s’entremêlent dans cet opus qui fait littéralement se pâmer certains. Je vous avouerais que ce n’est pas mon cas.

    Tout cela pour vous dire qu’il m’est difficile de dénicher un Léopard véritablement digne de décrocher l’or. Et que s’il ne tenait qu’à moi, je le remballerais jusqu’à l’année prochaine. Mais évidemment, comme toujours, le journaliste propose et le jury dispose. Et tout peut arriver à Locarno, y compris un prix d'interprétation à Carla Juri, l'héroïne du dégoûtant Zones humides! Verdict samedi soir sur la Piazza Grande.

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  • Locarno: ces coups qui font cavaler le festivalier...

    images[3].jpgQu’est-ce qui fait beaucoup courir les festivaliers? Les stars, une daube américaine, une romance à sangloter dans les chaumières... et surtout le sexe, avec un sulfureux parfum de scandale à la clé. A Locarno cela fait belle lurette que les directeurs artistiques aiment miser sur la chose pour qu'on en cause. Avec succès, la preuve!

    En 2000, Marco Muller avait réussi un bon  coup en sélectionnant en compétition Baise-moi de Virginie Despentes. Classé X en France, il avait rameuté la foule au triple galop. Pour sa première année Olivier Père, moins inspiré, avait appâté le client en 2010 avec  L. A. Zombie de Bruce LaBruce, lui aussi en lice pour le Léopard d’Or. Sous prétexte d’art, il nous fourguait tout bêtement un porno gore homo, mettant en scène une créature à la libido exacerbé, qui fouillait les blessures des morts de sa grotesque queue fourchue, histoire de les ramener à la vie. 

    Pour ce cru 2013, le nouveau ponte Carlo Chatrian s’est sans doute dit qu’il se devait lui aussi de programmer du croustillant sous la ceinture. Il a ainsi choisi de mettre  en concours Zones humides de l’Allemand David Wnendt, adapté du best seller éponyme de sa compatriote Charlotte Roche et qui avait provoqué des remous dans le pays lors de sa sortie en 2008.

    La vertu des odeurs, fluides et sécrétions

    Dénonçant l’emprise pudique, hygiéniste et avilissante de la société sur les fondamentaux de l’être humain, la romancière décrit les aventures, qui se passent exclusivement à l’hôpital, d’une jeune fille  bisexuelle, adepte de pratiques anales et de plaisirs sales, prônant la vertu des odeurs, laideurs et disgrâces, le tout sur fond de fluides et de sécrétions diverses.

    Si ce manifeste féministe se veut notamment un pied de nez à la mode et à notre obsession pour l’esthétique, ce n’est pas le cas du film qui s'est principalement distingué en faisant souffler un vent de cul sur le festival. Il n’en fallait pas davantage pour que l’objet fasse salle comble, tout comme la conférence de presse qui a suivi la projection. Et cela d’autant plus que l’héroïne n’est autre que la Tessinoise Carla Juri (photo), comédienne par ailleurs pleine de charme et de caractère.

    Elle enfile le costume d’Helen qui entretient une relation conflictuelle avec ses parents divorcés. Espérant les réconcilier, elle utilise le sexe pour régler son problème existentiel, jouant les anticonformistes en compagnie de son amie Corinna. Evitant de trop se laver, elle écume aussi des toilettes publiques hyper crades. Souffrant d’hémorroïdes, elle ne cesse de se gratter le derrière en faisant du skate. Elle finit par se retrouver à l’hôpital après un malencontreux accident de rasage intime et tombe amoureuse de son infirmier.

    Divagation parfois onirique autour des parties du corps qui puent, le film se targue prétentieusement de briser des tabous. Emmené par une rebelle bidon, il se révèle hélas faussement transgressif, faussement provocateur, minablement exhibitionniste et totalement dépourvu d’érotisme. Du pipi caca culminant dans un échange de tampons ensanglantés entre les deux copines ou dans l’histoire d’une commande de pizza copieusement assaisonnée au sperme. En bref, c’est juste dégueu!

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  • Festival de Locarno: "L'expérience Blocher" à l'épreuve de la Piazza Grande

    20101124-lunch-with~s600x600[1].jpgLes mesures de sécurité avaient été renforcées sur la Piazza Grande et dans la cabine de projection en raison de rumeurs de menaces visant à empêcher la séance du soir sous les étoiles. L’expérience Blocher de Jean-Stéphane Bron continue à provoquer des remous suite aux critiques socialistes autour de la subvention de fédérale allouée à un documentaire sur un politicien de droite.

    Plus précisément le ténor de l'UDC qui a forcé le réalisateur à se poser quelques questions avant de mener son projet à terme. A commencer par celle-ci? Comment faire le portrait d’un homme dont on ne partage ni les idées, ni les méthodes, ni les idées,ni les convictions? Bron y répond avec une expérience de cinéma en mettant en place une stratégie, comme dans ses œuvres précédentes.

    Il ne propose donc pas une enquête dans cette fable sur le pouvoir à valeur de document, émaillée de clins d’œil au septième art, notamment à Citizen Kane d’Orson Welles. Il nous livre avant tout un face à face inédit se déroulant essentiellement dans une voiture. Un poste d’observation pour le cinéaste qui raconte de l’intérieur, à la première personne et à partir de l’automne 2011, l’histoire du tribun zurichois en campagne pour les élections fédérales. Une façon de s’impliquer dans le processus en créant un hors-champ.

    Au cours de ce périple rythmé par d’innombrables discours, de rencontres avec ses partisans, les non familiers du personnage découvrent la vie de ce fils de pasteur pauvre aux origines allemandes qui va devenir en quelques années un industriel milliardaire. Et une bête politique qui a provoqué, contre toute attente, le refus des Suisses d’entrer dans l’EEE en 1992. Le fameux dimanche noir. Et pourtant la star, accédant au Conseil fédéral en 2003 avant d'en être évincée quatre ans plus tard, a exercé une telle influence dans les années 1990 et 2000, qu’elle a profondément modifié le paysage helvétique.

    Ceux qui attendent un opus agressif, à charge, réglant le sort d’un vilain bonhomme à coup de critiques ou de révélations explosives seront déçus. Ils n'apprendront même rien sur l'homme public dans ce film de cinéaste qui n'avait pas l'intention de faire un pour ou un contre. Mais de boucler en quelque sorte une trilogie commencé avec Le Génie helvétique en 2003 tourné avant la crise économique, Cleveland contre Wall Street (2010) pendant et L’expérience Blocher après. "Le fil rouge est la démocratie à travers un prisme qui est Blocher", explique-t-il à la conférence de presse.

    l-experience-blocher_c_Frenetic--672x359[1].jpgEn passant dix-huit mois au contact de l’un des politiciens les plus haïs et admirés du pays, n’a-t-il pas craint de se laisser manipuler? "Non. je ne lui donne pas la parole. Je rappelle que le film s’intitule L’expérience Blocher, et non Le système Blocher. Je raconte mon expérience avec lui. Notre relation n‘a pas évolué".

    Le cinéaste ne révèle pas non plus quelle a été la réaction de son "acteur" en se découvrant dans ce documentaire, se contentant de déclarer qu’il n’a demandé aucun changement. Il raconte aussi que tout ce qu’il a demandé à Christoph Blocher il l’a fait et que c’était assez jouissif.

    On pénètre ainsi dans da maison, dans son intimité. On le voit nager dans sa piscine, effectuer quelques exercices, se mettre de la crème sur le visage, ou encore chanter un air d'opéra dans son château de Rhäzüns. Sa femme Silvia, qui voyage souvent avec lui, s’est également pliée à une mise en scène pour le moins surprenante. Bron la filme en train de lire dans son lit, à l’hôtel, tandis que son mari travaille à côté…

    Certains ont reproché au cinéaste de glisser sur la surface, de ne pas avoir réussi à percer ses secrets, son mystère. D’avoir par exemple utilisé une voix off pour meubler, parce qu’il n’en avait pas appris autant qu’il l’aurait voulu. "Pas du tout. Encore une fois c’est une expérience, Je n’ai pas posé de questions pour en savoir plus. Je n’ai travaillé qu’avec des sources connues. Je me suis interdit d’aller au-delà. Il s’est livré petit à petit. Au bout d’un an, j’ai découvert qu’il détestait le crépuscule. Il a des angoisses vespérales".

    Enfin, concernant la polémique provoquée par la gauche sur la subvention que la Confédération lui a accordée, Bron l’estime normale."Mais maintenant, j’espère qu’on va passer au débat. Le film est fait pour ça".

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