Pour son premier essai dans le documentaire historique, Ken Loach revient sur l’année 1945, qui marque un profond tournant en Grande-Bretagne. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill le héros de la nation est, à la surprise générale, battu par les travaillistes aux élections législatives.
Le cinéaste, qui a fourni un énorme et rigoureux travail de recherche, s’appuie sur des images d’archives en noir et blanc mêlées à des témoignages poignants d’ouvriers, mineurs, dockers, infirmières, pour rendre hommage au programme du gouvernement d’alors, dirigé par Clement Attlee. Il décline ainsi avec ferveur les conquêtes de l’Etat providence, création du système de santé publique, nationalisations, un programme porteur d’un nouvel idéal social, mis à mal trente ans plus tard par Margaret Thatcher.
L’esprit de 45 qui est aussi celui de la lutte des classes, est clairement le manifeste politique d’un cinéaste depuis toujours engagé à gauche. On peut lui reprocher un côté un peu répétitif dans le discours, un manque de nuances et d’analyse dans son implacable réquisitoire anti Dame de fer. Mais on n’en attendait pas moins de cet infatigable militant. Tout en s’élevant contre les politiques de rigueur et d’austérité mises en place aujourd’hui en Europe, Ken Loach livre un vibrant plaidoyer pour la solidarité et la fraternité, ainsi qu’une passionnante leçon d’histoire.
Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 24 juillet.