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le blog d'Edmée - Page 22

  • Grand écran: "La petite vadrouille", balade au fil de l'eau pour plumer un pigeon énamouré

    Justine (Sandrine Kiberlain) est une assistante douée pour l’organisation. Une qualité très appréciée de Franck, son riche patron,  (Daniel Auteuil) qui lui demande de concocter un week-end romantique et original, au cours duquel il espère séduire une femme dont il est tombé amoureux.  Et lui file une enveloppe de 14.000 euros pour couvrir les frais tout en lui disant d, "garder un petit quelque chose pour elle".

    Du coup Albin (Bruno Podalydès),  le mari de Justine et leurs potes tous plus fauchés les uns que les autres flairent la bonne combine. Bien décidés  à palper un gros quelque chose  pour se refaire, la bande de bras cassés  montent une arnaque en forme de fausse croisière de luxe. Et embarquent avec l’industriel  à plumer sur une pénichette pour une balade estivale à 9 km/h sur les canaux de France  

    L’effet Bruno Podalydès, réalisateur et acteur, qui avait notamment séduit avec Adieu Berthe, Bécassine ou Les 2 Alfred, fonctionne de nouveau à plein,. Quasi unanime, la critique française et plus largement francophone s’emballe pour La petite vadrouille, qualifiée en gros de «poétique, inventive, bucolique, burlesque, absurde, drôle, légère, délicate et pleine d’humour. L'ensemble sur fond de subtile satire sociale, évoquant les inégalités qui se creusent entre riches et pauvres. . Mais exaltant également la solidarité et la générosité de la jeune génération... », 

    Alors bien sûr , il y a pas mal  de tout cela dans cette comédie, dont on saluera surtout le début., lorsque nos Pieds Nickelés préparent l’excursion fluviale. Sous l’autorité de Justine, qui, exigeant  classe, contrôle  et discrétion,  assigne à chacun un rôle bien défini dont il est interdit de sortir. Toutefois, à partir du moment où la pénichette se met en route, on sent que cette lente flânerie au fil  de l'eau  ne va pas tarder à s'essouffler. 

    Cela n’a rien d’étonnant, Bruno Podalydès se complaisant à étirer longuement un scénario ultramince, basé sur un seul quiproquo qu’on vous laisse découvrir si ce n'est déjà fait, des dialogues pas toujours ciselés et, à part quelques morceaux cocasses, des scènes répétitives frisant l’ennui. On n’est pas non plus soufflé par l’interprétation, notamment celle de Daniel Auteuil, pourtant porté aux nues pour son rôle de ridicule pigeon énamouré. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 5 juin. 

     

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  • Grand écran: Yolande Zauberman à la recherche de "La Belle de Gaza". Un documentaire passionnant

    Avec Would You Have Sex With an Arab? (2011), Yolande Zauberman explorait la dissymétrie du désir entre Israéliens et Palestiniens Avec M (2018), immersion choc dans le milieu juif ultra-orthodoxe, la réalisatrice française suivait Menahem, un trentenaire qui avait été violé, enfant, par des membres de la secte extrémiste Neturei Karta, dont il était ensuite sorti. 

    De retour, la cinéaste clôt sa Trilogie nocturne avec La Belle de Gaza. Elle s’intéresse, cette fois, à d’autres exclues de la société, en opérant une plongée fascinante dans le monde méconnu des femmes trans d’origine palestinienne à Tel-Aviv. Une ville où, dira l’une d’elles, on peut être ce qu’on veut, vivre comme on veut, aimer comme on veut et qui on veut.

    Dans ce nouveau documentaire éclairant, édifiant et achevé, il est important de le souligner, avant la tragédie du 7 octobre, Yolande Zauberman part sur les traces de celle qu’elle appelle «la Belle de Gaza». Aperçue lors du tournage de M elle aurait quitté garçon l’enclave palestinienne à pied dans le but d’aller achever sa transition dans la capitale israélienne.

    Pour la trouver, la cinéaste sillonne la rue Ha-Tnufa, située dans un quartier populaire. Elle y rencontre cinq femmes, dont certaines se prostituent. Discutant avec elles, prétexte à une série de portraits croisés émouvants, authentiques, elle leur montre des images de la fameuse «Belle». Vont-elles la reconnaître? Serait-ce Nathalie, qui cache son visage derrière un voile à résille pailleté, par peur d’être reconnue? Peut-être… Elle est surtout heureuse d’avoir réalisé son rêve et aimerait retourner chez ses frères. «Mais ils me tueraient.»

    Des enfances marquées par la violence

    Alors, légende urbaine ou réalité que cette Belle de Gaza et son chemin parcouru? Peu importe. Il s’agit davantage d’une grande marche symbolique vers la liberté de genre. L’essentiel, c’est d’explorer et de raconter le quotidien de ces personnages attachants, parfois victimes d’expéditions punitives. Comme le relève une musulmane bédouine qui se dit soldate de Dieu, «J’ai découvert le côté sombre de l’humanité et la façon dont les hommes maltraitent les femmes». Toutes racontent par ailleurs une enfance de garçon marquée par la violence, les humiliations, les interdits religieux et sociaux.

    Au plus près de ses protagonistes, dont elle préserve la dignité, Yolande Zauberman tient aussi à nous guider vers la lumière, en s’attardant sur la magnifique et solaire Talleen Abu Hanna, chanteuse et actrice très connue issue de la minorité palestinienne, sacrée Miss Trans Israël en 2016. Une première. Elle a même retrouvé sa famille et vit près de ses parents. Pour Yolande Zauberman, qui nous livre un film passionnant, humaniste, en forme de lettre d’amour pour ses héroïnes, «la Belle de Gaza» évoque avant tout la possibilité de devenir ce qu’on est, d’où que l’on vienne et quoi que l’on croie.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 5 juin.

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  • Festival de Cannes:"Anora" de Sean Baker décroche la Palme d'or. On aime

    C’était l’un des grands favoris. Greta Gerwig et ses huit complices ont donc succombé eux aussi à cette l’histoire «pleine d’humanité  qui les a envoûtés et brisé le cœur". Sean Baker raconte la rencontre explosive entre une stripteaseuse de Brooklyn, accessoirement escort et le fils d’un oligarque russe. Le courant passe trop bien entre la volcanique Anora préférant qu’on l’appelle Ani (géniale Mikey Madison) et  Vanya, andouille immature qui ne pense qu’à la fête.
     
    Ani met un tel cœur à l’ouvrage que le gamin lui propose, contre paiement, de passer une semaine à sa disposition exclusive dans la luxueuse villa de son paternel avant de l’épouser lors d’une virée  alcoolisée à Las Vegas. Mais papa n’est pas d’accord du tout et veut faire annuler le mariage. Déjanté, jouissif, ce conte en forme de thriller newyorkais exalte notamment un super personnage féminin. (Voir aussi notre précédent article). 

    Juste avant, une Palme d’or d’honneur a été remise à George Lucas, très très longuement applaudi, par Francis Ford Coppola, l’auteur du complètement ignoré Megalopolis.  
     
    Les autres médailles
     
    Le Grand Prix du jury est allé à All We imagine As Light de l’Indienne Payal Kapadia. C’était la première fois qu’un film indien figurait en compétition depuis trente ans. 
     
    Emilia Perez de Jacques Audiard, même si on imagine sa déception,  a raflé deux prix. Celui du jury, tandis que l’une de ses héroïnes, l’Espagnole  Karla Sofia Gascon devenait la première comédienne transgenre à remporter l’interprétation féminine, récompense en l’occurrence collective qu’elle partage avec l’ensemble des actrices de cette comédie musicale, Adriana Paz, Zoe Saldana et Selena Gomez.

    Côté masculin, c’est Jesse Plemons qui est sacré meilleur acteur pour son rôle dans Kinds Of Kindness de Yorgos Lanthimos

    The Substance de la Française Coralie Fargeat, a étérécompensé du Prix du scénario. On a beaucoup aimé cette œuvre gore portée par Demi Moore. C’est un film qui parle des femmes dans le monde et la violence qui les entoure. Virée à cause de son âge, la  vedette d’une émission télévisée américaine,  ingère une substance qui la rend plus jeune et plus jolie. Une meilleure version d’elle-même en somme. De son côté le Portugais Miguel Gomez remporte le prix de la mise en scène pour Le Grand Tour.

    Vu la folle et interminable ovation  qui lui a été  réservée lors de la présentation de son film au Grand Théâtre Lumière, on pensait qu’il recevrait la Palme d’or.  Mais l'Iranien Mohammad Rasoulof a dû se contenter du Prix spécial du jury pour Les graines du figuier sauvage, une œuvre puissante où il livre une grosse  charge contre le régime dictatorial  de son pays. 

    «J’ai une pensée pour les membres de mon équipe au courage sans borne, retenus en Iran sous la pression des services secrets », a déclaré le cinéaste. «Je suis trop heureux que le film soit reconnu mais aussi très triste par la catastrophe que vit mon peuple au quotidien, sous un régime totalitaire qui l’a pris en otage…»

    Enfin la Caméra d’or récompensant un premier film, est allée à Armand, du réalisateur norvégien Halfdan Ullman Tondel.

    Dans la section parallèle Un certain regard,, le jury présidé par le Québécois Xavier Dolan a décerné son prix à Black Dog du Chinois Guan Hu, évoquant la rencontre insolite entre un motard mutique et un lévrier famélique. Avec  cette oeuvre simple et émouvante non dépourvue d’humour, le réalisateur  nous plonge dans une atmosphère singulière, envoûtante, entre chronique politique critique, étude sociale caustique, dénonciation de cruelles pratiques envers les animaux. Le tout sur fond de road movie dans un paysage lunaire, postapocalyptique, prétexte à de magnifiques images. 

    Des sélections discutables et des déceptions

    Cette 77e édition ne restera pas inoubliable en ce qui concerne la compétition. Comme toujours, certains films, comme L’amour ouf de Giles Lellouche,ou Motel Destino du Brésilien Karim Aïnouz ne méritaient pas d’y figurer et auraient été avantageusement remplacés par des films sélectionnés dans les autres catégories. On a par ailleurs été déçu par des métrages d’auteurs qu’on aime. Par exemple Marcello Mio, un film de potes paresseux signé Christophe Honoré. Ou The Shrouds de David Cronenberg, imaginant un système révolutionnaire, permettant aux vivante se se connecter à leurs chers disparus  dans leurs linceuls.

    Mais bon. Vive le Festival de Cannes quand même et à l’année prochaine!

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