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le blog d'Edmée - Page 22

  • Grand écran: "Jouer avec le feu" met un père de gauche face à la dérive ultradroite de son fils. Avec Vincent Lindon

    Cheminot, Pierre (Vincent Lindon) s’est investi pendant de longues années dans les combats syndicaux. Mais après la mort de sa femme il s’est donné une autre mission, élever ses fils, devenus sa priorité. L'harmonie règne à la maison. On rigole, on se balance des vannes. En véritable papa poule, Pierre prépare le petit-déjeuner, lave le linge,  emmène ses gamins aux matches de foot. Bref il veille  jalousement à leur bienêtre, tout en leur inculquant ses valeurs humanistes de gauche.. .  

    Il n’a pas à s’en faire au sujet du cadet, Louis (Stefan Crepon), un garçon sérieux qui fait son bonheur et sa fierté, accaparé par ses études et rêvant d’intégrer la Sorbonne. Au contraire il remarque un changement chez son aîné Fus (Benjamin Voisin). Un peu jaloux du «petit prince», il se cherche, fréquente des potes louches. Son comportement commence à inquiéter Pierre, dont les soucis augmentent, lorsque qu'il apprend par un collègue que Fus traîne avec des extrémistes de droite, piétinant tout ce qu'il avait cru lui lui apprendre. . 

    Adapté du roman Ce qu'il faut de nuit, de Laurent Petitmangin, prix Femina des lycéens en 2020, Jouer avec le feu est signé de Delphine et Muriel Coulain, toujours intéressées par les soubresauts sociaux. Dans leur troisième long métrage,  après 17 filles et Voir du pays, elles nous plongent dans un environnement  presque exclusivement masculin, en racontant l’histoire de ce père totalement désarçonné, oscillant entre incompréhension et colère face à la dérive d’un fils. Malgré tout, il tente ce qu’il peut, pour l'arracher à l‘emprise toxique de ses nouveaux copains. En vain, Fus est déjà allé trop loin pour être sauvé… 

    Les deux réalisatrices posent la question de l’inconditionnalité ou non de l’amour paternel, de la possibilité de pardonner ou non l’impardonnable. Tout en explorant la fracture qui mine la société française à travers la personnalité contraire des deux frères, l’un symbolisant la réussite qui le tire vers le haut et l’autre l’échec qui le pousse toujours plus bas, vers la violence et la haine.    

    Benjamin Voisin et Stefan Crepon les incarnent avec talent, aux côtés de Vincent Lindon. Qui enfile   une fois de plus l’inévitable costume de l’ouvrier. Même moins impliqué dans l’action, le comédien surfe sans surprise sur le même registre. Une absence de surprise qui ne lui a pas nui, bien au contraire, vu qu’il a été sacré meilleur acteur à la dernière Mostra de Venise. On ne change pas une recette gagnante! 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi  22 janvier. 

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  • Grand écran: jouant la soumise, Nicole Kidman assouvit ses fantasmes sexuels dans "Babygirl"

    Romy (Nicole Kidman) mène une existence apparemment parfaite. Mariée à un metteur en scène qui l’adore (Antonio Banderas), mère de deux grandes filles, habitant une belle maison, elle dirige une grande entreprise spécialisée dans la robotique. Entre deux piqûres de botox, cette maniaque du contrôle soigne son image de super boss, tout comme ses discours sur le commerce en ligne et la logistique qu’elle répète en boucle.

    En dépit de cette vie de rêve, elle aspire à autre chose. Débarque alors dans la boîte Samuel (Harris Dickinson) un stagiaire.  Romy accepte de le rencontrer et réalise qu’il s’agit du jeune homme qu’elle venait de voir calmer et flatter un méchant chien  lâché dans la rue, en lui donnant un biscuit et lui glissant  "good girl " à l’oreille. Tout un symbole à venir… Il lui demande d’être sa tutrice. C’était couru, le courant passe.

    Stressée par ses responsabilités, frustrée par une relation conjugale trop conventionnelle,  Romy se laisse séduire par ce jeune homme aussi familier qu’insolent. Débute du coup rapidement entre eux une relation genre BDSM qui se veut sulfureuse, lui jouant au dominant et elle à la soumise. Se laissant enfin aller aux fantasmes qu’elle ne peut assouvir avec un mari peu audacieux , au fil de scènes souvent plus consternantes que sexuellement torrides, voire ringardes. Avec notamment la répétition (métaphore  grotesque) de l’histoire du chien, avec Romy dans le rôle du toutou. L'agressivité en moins...

    N’évitant pas les clichés dans ces jeux de pouvoir et de manipulation, même si les personnages sont inversés, Babygirl se révèle nettement moins osé et transgressif que le laissait entendre la promo. Destiné à explorer sans jugement ni moralisation le désir et la sexualité de l’héroïne, ce thriller dit érotique a été écrit et réalisé par l’actrice et cinéaste hollandaise Halina Reijn. Raison pour laquelle Nicole Kidman s’est laissé tenter par le rôle qui lui a valu d’être sacrée meilleure actrice à la dernière Mostra de Venise. Et d’être généralement portée aux nues pour son extraordinaire performance et le risque pris de casser son image en incarnant, pas très Metoo… une femme névrosée, accro à la soumission et à l’humiliation.

    A ce sujet, on se permettra un bémol. Et une comparaison, plus inspirée il est vrai par le botox que par le sexe. Demi Moore  a elle aussi collaboré avec une femme, la réalisatrice française Coralie Fargeat dans The Substance. Un film sur la violence faite aux femmes ayant dépassé la date de péremption qu’elle porte remarquablement, avec l’émotion, l’implication et l’audace qui manquent à Nicole Kidman.

    "Babygirl", à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 15 janvier.

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  • Mort de David Lynch, réalisateur unique qui a profondément marqué le cinéma mondial

    Réalisateur, scénariste, acteur, peintre, musicien,  Palme d’or à Cannes en 1990 pour Sailor et Lula, David Lynch est décédé  jeudi 16 janvier, à l’âge de 78 ans d’un  emphysème pulmonaire diagnostiqué l’an dernier après des années de tabagisme. Il disait en effet adorer fumer, mais que cela avait un prix....

    Il est né dans le Montana le 20 janvier 1946  d'une famille presbytérienne de cinq enfants, d’un père scientifique au Ministère de l'agriculture  et d'une mère professeure d'anglais. Mauvais élève, il se passionne rapidement  a peinture et s’inscrit aux Beaux-Arts de Boston. En parallèle, il s’essaie au septième art. Cinéaste unique, il a considérablement marqué le cinéma mondial, avec son style novateur et surréaliste, son imagerie onirique, ses ambiances inquiétantes et sa conception sonore. 

    il est devenu iconique avec seulement dix longs métrages réalisés entre 1977 (Eraserhead) et 2006 (Inland Empire). Salué d’emblée, c’est son deuxième opus, Elephant Man (1980), inspiré de faits réels, qui l’a rendu célébrissime et lui a valu le César du meilleur film étranger. Intrigué par les effrayantes difformités d’un personnage exhibé dans une baraque de fête foraine, un jeune chirurgien, paie pour l’arracher à son manager et le conduit au London Hospital pour l'examiner en détail. Il découvre alors derrière le monstre un être sensible et intelligent 

    Autre film culte, Mulholland Drive (2001), opus néo-noir américano-français également césarisé,  raconte l'histoire d’une aspirante actrice fraîchement arrivée à  Los Angeles qui se lie d'amitié avec une femme amnésique, rescapée  d'un accident grâce auquel elle a échappé à un meurtre. On citera aussi  Blue Velvet (1986). Après avoir découvert une oreille humaine dans un champ, un étudiant mène l’enquête et pénètre dans l’univers dangereux d’une chanteuse de boîte de nuit ,mystérieusement unie à un gangster sadique autour d’une histoire de kidnapping. Ou encore Lost Highway (1997), déboussolant film noir entre thriller fantastique et film d'horreur, porté aux nues, mais qui  divise.  

    Et on n’oubliera pas Twin Peaks  Fire Walk with Me (1992), évoquant  les sept derniers jours de Laura Palmer, lycéenne fragile victime d'inceste et qui se prostitue dans un bar. D’autant que l’œuvre sert de préquelle à la célèbre série télévisée Twin Peaks (1990-1991). Le précurseur David Lynch a d‘ailleurs révolutionné le petit écran et l'univers des séries dès le lancement du premier épisode où l’agent Dale Cooper, accompagné du shérif Truman enquêtent sur la mort de la jeune fille. 

    Outre la Palme d’or et ses deux  Césars, David Lynch  reçu un Lion d'or d'honneur à la Mostra de Venise en 2006 et un Oscar pour l‘ensemble de son œuvre en 2020. .Après l’échec commercial  de son dernier film Inland Empire en 2006, il se consacre à la  photographie, à la gravure, à la peinture et à la musique. 

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