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le blog d'Edmée - Page 23

  • Festival de Cannes: "Anora" de Sean Baker talonne "Emilia Perez" de Jacques Audiard pour la palme des critiques

    Le match est plié, annonçaient en gros les critiques français après le passage d’Emilia Perez, le thriller musical queer en espagnol de Jacques Audiard. Depuis mardi, ils tremblent pour leur favori. Car voici qu’un autre prétendant sérieux Sean Baker, vient à son tour d’électriser la Croisette avec Anora. Révélé à Sundance en 2015, avec Tangerine le réalisateur américain avait remporté le prix du jury au Festival américain de Deauville

    De retour à Cannes où il avait été sélectionné en 2017  la Quinzaine pour  The Florida Project puis en compétition il y a deux ans avec Red Rocket, le réalisateur américain reste très sexe en mettant en scène la rencontre entre une stripteaseuse de Brooklyn et le fils d’un oligarque russe. 

    Le courant passe entre la volcanique Anora préférant qu’on l’appelle Ani (géniale Mikey Madison) et le pourri gâté Vanya, une andouille immature genre tête à claques tout juste sorti des jupes de sa maman et qui ne pense qu’à la fête. Enthousiaste, Ani met un tel cœur à l’ouvrage que le gamin lui propose, contre paiement, de passer une semaine à sa disposition exclusive dans la luxueuse villa du papa avant de l’épouser lors d’une virée  alcoolisée à Las Vegas. Une aubaine financière pour elle et une Green Card pour lui. 

    Tout baigne et on redoute une resucée, si l’on ose dire en l’occurrence, de Pretty Woman. Heureusement non, car les choses tournent mal. Furax, le richissime paternel veut faire annuler le mariage et envoie trois gros bras, un prêtre orthodoxe, une grosse brute et un molosse idiot pour intimider Ani et la convaincre de divorcer en lui offrant 10.000 dollars. 

    Mais la jeune femme a le répondant correspondant à son prénom (grenade en ouzbek). Elle ne se laisse pas faire, s’accroche avec rage à son statut marital ce qui nous vaut une série de scènes explosives. Ainsi qu’une course-poursuite à la fois burlesque et chaotique. pour retrouver Vanya, qui a lâchement disparu. Plutôt jouissive, cette comédie déjantée qui fait la part belle à un beau et personnage féminin. Alors Palme d’or pourquoi pas, en dépit de séquences répétitives et d'une durée excessive de l'oeuvre?  Mais en tout cas, on ne risque rien à parier sur un prix d’interprétation. 

    Des litres de sang sur la Croisette…

    En compétition, on a aussi beaucoup aimé The Substance de la Française Coralie Fargeat. Marchant sur les traces de Julia Ducournau, qui avait décroché la Palme d’or en 2021 pour Titane, elle nous propose un film gore porté par Demi Moore, reine de l’aérobic à la télévision. 

    Hélas, la date de péremption pour une animatrice, c’est 50 ans. Et pile le jour de cet anniversaire fatidique, tout s’arrête pour Elizabeth Sparkle, dont l’arrondi fessier et autres signes visibles de l’âge ne plaisent plus à son boss (Dennis Quaid). 

    Désespérée, elle se laisse tenter par un message, lui garantissant qu’une mystérieuse substance, qui va lui permettre de se retrouver jeune et belle. Soit une meilleure version d’elle-même, composée de deux corps, l’ancien et le nouveau. Et c’est ainsi que sort de son dos  Sue (Margaret Qualley), une déesse à la plastique de rêve qui va récupérer son job.

    Mais évidemment, il y a une marche à suivre. Et si on ne respecte pas scrupuleusement les instructions, tout finit dans le sang, dont  Coralie Fargeat tapisse abondamment l’écran dans un long final complètement dingue.   

     

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  • Festival de Cannes: Audiard en tête des grands favoris pour la Palme d'or avec "Emilia Perez"

    A mi-parcours de la compétition, un petit tour d’horizon s’impose dans la mesure où on décèle les potentiels lauréats de la Palme d’or. Du moins si on se fie aux différentes étoiles données par plusieurs titres, dont Le film français ou son homologue américain Screen.

    Selon le magazine hexagonal, les choses sont claires, C’est Jacques Audiard qui tient indiscutablement la corde, avec cinq palmes décernées par les critiques pour son thriller musical queer en espagnol, Emilia Perez. «La Croisette est secouée par l’œuvre, ce sera dur de passer après, le match est plié», relève-t-on en gros.

    A l’image de Screen, plus mesuré, on ne raffole pas absolument de cette œuvre mettant en scène une avocate qui aide son client, un redoutable chef du cartel à réaliser le rêve qu’il caresse depuis des années: devenir une femme. Et de se muer carrément en bonne sœur  pour venir en aide à de pauvres victimes, après avoir fait, sinon s’en être chargé lui-même, couper un certain nombre de têtes. On reste songeur face à l’extase des fans qui délirent sur les chorégraphies et les chansons imaginées par l’auteur qui change de registre comme de chemise. Certes, ça couine un brin sur les réseaux sociaux mais peu importe. 

    Bird et Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde

    Même si tout est joué, on s’intéressera tout de même à d’autres clients potentiels. Par exemple Bird, de l’Anglaise Andrea Arnold, qui elle fait pratiquement l‘unanimité, la majorité s’accordant à relever que c’est son plus beau flim .Il met en scène Bailey, 12 ans, qui vit dans un squat minable au nord du  qui,Kent, avec son frère Hunter et son père Bug (Barry Keoghan), tatoué de partout. Il n’a pas trop le temps de s’occuper de Bailey qui, prête à prendre son envol, trouvera de l’attention auprès du mystérieux Bird, incarné par le formidable Franz Rogowski. Un drame social passionnant sur fond de fête et d’une touche de fantastique

    Candidat sérieux lui aussi, Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde du Roumain Emmanuel Parvu. On peine à croire qu’on est en 2024 en découvrant ce long métrage. Pourtant l’intrigue se déroule bien ´aujourd’hui, dans un petit village. Adrian, 17 ans, revenu passer l’été dans sa famille. sort avec un copine en boîte, où il rencontre un garçon, avant de rentrer à la maison où son père le découvre, le visage et le corps salement amochés.

    Il accompagne alors son fils pour une déposition au commissariat. Et ce qu’Adrian redoutait arrive. Son homosexualité est dévoilée et il va vivre un enfer au sein d’une famille et d’une société terriblement rétrogrades, où tous se liguent pour étouffer l’affaire. Un prêtre va jusqu’à l’exorcisme à la demande des parents pour éviter le scandale et la honte. Emmanuel Parvu séduit avec sa mise en scène simple, sobre, efficace dans cette œuvre porté par d’excellents comédiens.

    Coppola entre chef d’œuvre et cata

    Et que dire du fameux Megalopolis,  l'un des films le plus attendu sur la Croisette, que Francis Ford Coppola mijote depuis une quarantaine d’années et dans lequel il a mis 120 millions de dollars de sa poche ! Eh bien ce n’est pas franchement gagné pour le réalisateur et son ambition démesurée. Très divisés, les avis vont de chef d’œuvre (plutôt rare toutefois) à l’accident de char romain, en passant par la cata Coppola.    

    Dans les deux cas, c‘est exagéré pour cette fable politique qui se double d’un autoportrait de l’auteur en citoyen engagé . Elle se déroule dans un New York inspiré de l'Empire romain, rebaptisé New Rome, où s’opposent deux visions. Le génial architecte Cesar Catilina (Adam Driver), inventeur par ailleurs d’un matériau de construction indestructible permettant également d’arrêter le temps, souhaite construire une cité qui fasse rêver ses habitants. En désaccord total, Franklyn Cicero (Giancarlo Esposito)), maire corrompu, veut en revanche bâtir une ville casino. Une divergence fondamentale qui provoque l’affrontement.

    Coppola nous en met plein les yeux avec sa fresque foisonnant, grandiose, inventive,  hypercolorée, pleine d’idées, de fulgurances, d’expériences visuelles. On regrette toutefois le côté et le ton pédants de ses réflexions sur le temps et le pouvoir.

    D’autres prétendants font bonne figure, à l’image du Chinois Jia Zang-Ke (Caught By The Tides), de la Française  Agathe Riedinger  (Diamant brut, un premier film),  ou encore du Russe Kirill Serebrennikov (Limonov-The Ballad) portee par le remarquable Ben Wishaw. L’opus a été follement applaudi à l’issue de la projection officielle. Il est vrai que c’est le cas pour tous les cinéastes, vu qu’ils sont dans la salle du théâtre Lumière avec leur équipe pourl’occasion.  Toutefois, l’ovation réservée à Serebrennikov fut telle qu’on croyait ne jamais l’entendre s’arrêter.

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  • Festival de Cannes; Quentin Dupieux brouille la frontière entre fiction et réalité dans "Le deuxième acte"

    A l’heure des polémiques, accusations et autres revendications, il était plus que judicieux de choisir Le deuxième acte de l’hyperactif Quentin Dupieux, pour ouvrir la 77e édition du Festival de Cannes. 

    Un film qui se fait  et un film sur un film qui se fait...Alors le réalisateur s’interroge sur la capacité du cinéma à continuer à nous émerveiller à nous faire rêver, son nouveau long métrage  (plutôt court d‘ailleurs avec ses 80 minutes), évoque  raconte le tournage difficile et ingrat pour quatre acteurs (Léa Seydoux, Vincent Lindon, Louis Garrel et Raphaël Quenard) d’un navet indépendant  aux dialogues indigents

    D’une telle médiocrité que les personnages ne cessent de  sortir de leur rôle pour se plaindre et révéler et de révéler leur vraie nature. A l'image de Vincent Lindon, pour qui c’est le chaos dans son métier, qui en a marre et n’en peut plus de ces fictions à la con , tandis que le monde est en train de couler. Ce qui ne l’empêchera pas  de tourner rapidement sa veste lorsqu’il qu’il se voit proposer de jouer dans  le prochain film du réalisateur américain Paul Thomas Anderson. 

    Mise en abyme le plus souvent jubilatoire pour cette satire du cinéma actuel , dont le cinéaste se plaît à relever l’importance relative face aux tragédies mondiales,  voire, ne servant à rien,. Quentin  Dupieux se moque de tout. Plus particulièrement du wokisme et de ses outrances, ce qui nous vaut une première scène absolument irrésistible entre Louis Garrel qui redoute la cancel culture et Raphaël Quenard qui dit tout ce qui lui passe par la tête sans réfléchir aux conséquences. Savoureuse aussi la séquence où ce dernier tente d’embrasser Léa Seydoux et qu’elle lui balance qu’elle peut le griller pour ça, si elle le raconte à la presse.

    Une performance technique

    Le reste n’est pas toujours à la hauteur dans cet opus qui, juste en passant, compte  le travelling le plus long du cinéma. Mais au-delà de cette performance technique, on peut reprocher à son auteur de noyer en quelque sorte le poisson avec sa façon maligne, paradoxale, absurde et un peu facile de procéder, sans véritablement creuser les grands sujets qui agitent le milieu. 

    On est aussi un peu déçu par une série de vannes pas très fines, une nouvelle technique de drague consistant à philosopher sur la fiction qui est la réalité ou  l’inverse, sans oublier le passage grossièrement expédié sur l’intelligence artificielle qui pilote l’œuvre.

    Il aurait été intéressant dentendre l’auteur. Mais, refusant  toute promotion et toute interview, Quentin Dupieux laisse Le deuxième acte parler pour lui.  « Aujourd’hui j’ai envie de me taire a.t.il déclaré Non par lassitude ou prétention mais simplement parce que ce film très bavard dit avec des mots bien choisis tout ce que j’ai envie de dire et contient  déjà de façon extrêmement limpide sa propre analyse.» Dont acte.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 15 mai.

     

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