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le blog d'Edmée - Page 21

  • Grand écran: "Trois amies", nouvelle comédie sentimentale enlevée d'Emmanuel Mouret. Avec un irrésistible trio d'actrices

    Il nous a enchanté avec Mademoiselle de Joncquières, séduit avec Chronique d’une liaison passagère. Pour son douzième long métrage, Emmanuel Muret, maître de la carte du tendre et de la confusion des sentiments, revient avec Trois amies, un bijou de marivaudage aux dialogues ciselés dont il a le secret.
     
    Joan (India Hair) souffre de ne plus être amoureuse de Victor (Vincent Macaigne) et de sentir malhonnête envers lui qui l’aime éperdument. Elle s’en ouvre à Alice (Camille Cottin), sa meilleure amie, qui la rassure: Pragmatique, elle n'éprouve aucune passion pour Eric (Grégoire Ludig) et pourtant leur union est sans nuage. Elle ignore toutefois qu'il a une liaison avec leur autre amie Rebecca (Sara Forestier). 

    Quand Joan, que sa déloyauté empêche de dormir, décide de quitter Victor, celui-ci, dévasté, disparaît. Face à ce drame, les cartes sont rebattues et les trois jeunes femmes, dont la vie est chamboulée, doivent reconsidérer leur rapport personnel à l’amour.

    Entre mélodrame et vaudeville, l’auteur livre une œuvre poétique, à la fois légère et grave, tragique et comique, pertinente et enlevée, au service d’une mise en scène élégante et fluide et d’une écriture délicate. Tournée à Lyon dont on découvre les rues, les ponts, un lycée, un musée, au gré des déambulations des protagonistes, cette nouvelle et délicieuse variation sur le sentiment amoureux est sublimée par un irrésistible trio d’actrices, India Hair, Camille Cottin et Sara Forestier.  
     
    Rencontré à Genève, Emmanuel Mouret, cinéaste à part dans le paysage français, se défend d’être le Marivaux d’aujourd’hui, comme on le suggère. "Je suis flatté par l’étiquette, mais je suis loin de la mériter. Je mesure toute la différence qu’il y a entre cet écrivain que j’admire immensément et moî … »
     
    Pour vous, l’idée d’un film vient en fait du désir d’en faire.

    C’est vrai.Je suis intéressé par des situations stimulantes et excitantes que je développe en essayant d’être à la hauteur des cinéastes que j’aime, Lubitsch, Wilder, Pagnol  
     
    Dans Trois amies, il s’agit avant tout d’un questionnement sur les sentiments, les relations amoureuses et des rapports de chacune à cet égard.
     
    Au départ oui. Je suis comme un bricoleur avec les petites choses que j’ai amassées. Je plonge dans mes notes, je questionne nos usages amoureux. En y mettant beaucoup d’exigence et un peu d’indulgence.
     
    Vous explorez le désir, la conception de l’honnêteté, le partage, qui définissent  vos héroïnes.
     
    En effet. Ce sont des femmes qui correspondent à notre époque, qui revendiquent leur choix. Joan par exemple n’est plus attirée par Victor, qui lui, en est fou. Elle en souffre beaucoup mais décide de le lui dire, ce qui provoque sa mort.  Alice, au contraire, ne croit pas à l’amour. Donc elle fait semblant pour ne pas blesser Eric. Avec qui Rebecca couche en se cachant, tout en se cherchant  Est-ce bien, pas bien ? Je n’ai pas d’avis. Heureusement, le cinéma évite d’avoir à trancher.

    Il y a des cachotteries  entre elles. On a beau être très proches, ce n’est pas une raison de tout se dire. 

    La politesse nous engage à lisser les liens, permet une fluidité sociale. La vérité libère mais peut meurtrir.  Le film visite la complexité de la vie. On cherche des réponses, mais souvent il n’y en a pas.

    Vous mêlez le tragique au comique. Voire au fantastique, avec Victor le compagnon de Joan, qui disparaît et réapparaît.  

    J’aime les films où on peut rire et pleurer à la fois. En ce qui concerne le côté fantastique, l’idée de ce personnage qui ne nous quitte pas vraiment me plaisait. Dans la vie, on continue à dialoguer avec des gens qui ne sont plus là. Cela m’amusait de présenter un personnage cocasse qui est en quelque sort sauvé de son amour possessif par la mort.
     
    Parlez-nous des comédiennes. Ont-elles accepté leur rôle respectif  tout de suite ?

    Il y avait un certain temps que je voulais  travailleravec Camille Cottin. Pour elle c’était une affaire simple et évidente. En ce qui concerne India Hair, je souhaitais la rencontrer, mais pour un autre film. Je n’avais pas cette image d’elle, ce côté mystérieux, profond, qui m’a charmé. Quant à Sara Forestier, cela faisait des années que je ne la voyais plus à l’écran. En réalité, depuis qu’elle avait été victime de violence sur un plateau. Je l’ai contactée et les choses se sont faites joyeusement.
     
    Avez-vous déjà des projets ? Aimeriez-vous vous attaquer à un autre genre que la comédie sentimentale? Je ne sais pas, un polar, peut-être ?
     
    Je n’ai pas de plan de carrière.  Mais vous avez raison. J’aimerais bien tourner un film policier.

    "Trois amies", à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 novembre.

     

     

     

     

     

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  • Grand écran: en pleine forme à 94 ans, Clint Eastwood livre un film de procès parfait avec "Juré no 2"

    Journaliste dans un petit magazine, mari attentionné, Justin Kemp (Nicolas Hoult) mène une vie tranquille et heureuse auprès de sa jolie femme sur le point d’accoucher de son premier enfant. Un jour, il est tiré au sort comme juré dans un procès pour meurtre. L’accusé, un homme violent, dealer, est suspecté d’avoir tué son amie avec laquelle il entretenait une relation houleuse. Tous les deux souvent alcoolisés ne cessaient de se disputer en public. Suite à une énième et brutale prise de bec dans un bar, la jeune femme décide de quitter l’endroit et de rentrer chez elle à pied sous une pluie battante. 

    Le lendemain, elle est découverte morte dans un ravin, où son compagnon l’aurait projetée après l’avoir percutée avec sa voiture. Tout l’accable. En tout cas sa culpabilité ne fait pratiquement aucun doute chez la procureure adjointe (Toni Colette), qui voit dans ce procès et la condamnation ferme du prévenu, le tremplin idéal pour servir ses ambitions politiques. Après sa plaidoirie le jury en est tout autant certain. A une voix près, celle de Justin Kemp. Désespéré, il se découvre responsable de la  mort de la victime.

    Déchiré, il se retrouve face à un gros dilemme moral. Se livrer à la police,  ce qui va le détruire lui et sa gentille famille, ou s’arranger avec sa conscience en se demandant s’il est réellement coupable de ce crime  Ou encore se protéger en persuadant ses co-jurés, tous  sûrs du contraire, de l’innocence de l’accusé qui risque la perpétuité. Il va donc essayer de les retourner.  

    On pense évidemment à Douze hommes en colère,  <LA» référence en la matière. Certaines séquences sont même carrément inspirées du long métrage dei Sidney Lumet, mais Clint Eastwood s’en émancipe aisément pour nous plonger dans un récit qui nous scotche au fauteuil dès la première minute .  

    A la tête d’une impressionnante filmographie, le réalisateur de 94 ans, qui avait déçu avec Cry Macho et moyennement convaincu dans La mule, livre avec Juré no 2, où il ne joue pas, un captivant film à procès, doublé d’un thriller haletant. Il sait faire monter l‘émotion et la tension, avec un suspense digne des plus grands auteurs du genre, jusqu’à la dernière scène d’une spectaculaire sobriété. C'est du Clint Eastwood pur jus, où il questionne notamment les failles de la justice.

    Du scénario futé à la mise en scène simple, en passant par les comédiens, tout est parfait dans cet opus, tourné en Géorgie et  annoncé comme le chant du cygne de son auteur. Toni Colette est remarquable en procureure adjointe aux dents longues. Quant à Nicolas Hoult, l’acteur britannique vu dans la série Skins, il nous bluffe avec son visage d’ange ouvert, respirant l’honnêteté et la loyauté. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 30 octobre. 

     

      

     

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  • Grand écran: "Anora", un magnifique portrait de femme, sublimé par la géniale Mikey Madison

    Révélé à Sundance en 2015 avec Tangerine, dont les héroïnes étaient incarnées par deux véritables prostituées transgenres, Sean Baker revient avec Anora, qui lui a valu la Palme d’or en mai dernier après avoir électrisé la Croisette. Déjà sélectionné en 2017 à la Quinzaine des cinéastes pour The Florida Project, où il évoquait des marginaux en situation précaire, il avait ensuite connu les honneurs de la compétition il y a deux ans avec Red Rocket, qui brossait le portrait d’un ex-roi du porno qui tentait un come-back. 

    A nouveau attaché à montrer les conditions de vie des travailleurs et travailleuses du sexe, à qui il avait rendu hommage en recevant son prix, le réalisateur américain poursuit dans le domaine, en mettant en scène la rencontre entre une danseuse érotique de Brooklyn d'origine ouzbek et le fils d’un oligarque russe dans le «club pour gentlemen» où elle se donne du mal pour le satisfaire.   

    Le courant passe formidablement bien entre la volcanique Anora préférant qu’on l’appelle Ani (géniale Mikey Madison) et le pourri gâté Vanya (Mark Eydelshteyn, le Chalamet russe), délirante tête à claques immature à peine sortie des jupes de sa mère, qui ne fait rien de son temps sinon la fête avec sexe, drogue et alcool.    

    Enthousiaste, rapidement amoureuse sans négliger l’aspect pécuniaire, Ani met un tel cœur à l’ouvrage que le gamin lui propose, contre paiement de 15000 dollars, de passer une semaine à sa disposition exclusive dans la luxueuse villa du papa avant de l’épouser lors d’une virée alcoolisée à Las Vegas. Une aubaine financière pour elle qui touche du doigt le rêve américain, et une Green Card pour lui.

    Tout baigne et on se prend  à redouter une sorte de resucée, si l’on ose dire en l’occurrence, de Pretty Woman. Heureusement non, car le conte de fée ne tarde pas à virer à l’aigre.  Furax, le richissime paternel veut faire annuler le mariage et envoie trois gros bras, un prêtre orthodoxe et deux grosses brute demeurées, pour intimider Ani et la convaincre de divorcer en lui offrant 10.000 dollars. 

    Ani révèle la tigresse qui sommeille en elle...

    Mais l’insolente a le répondant correspondant à son prénom (Ani signifie grenade en ouzbek). Elle ne se laisse pas faire, s’accroche avec rage à son statut marital ce qui nous vaut une longue scène d’anthologie, où deux des Pieds Nickelés tentent de la maîtriser. Véritable tigresse, Ani rend les coups dans une confrontation musclée et se livre à une destruction en règle de tout ce qui l’entoure en poussant des hurlements émaillés de répliques ultra grossières qui vous vrillent les oreilles 

    Finalement calmée, elle se joint à une course poursuite aux péripéties burlesques dans New York, des night-clubs de Manhattan aux planches de Coney Island, pour retrouver Vanya, qui a lâchement disparu. Le film prend alors un tour inattendu, grâce à un scénario  surprenant et une mise en mise en scène inspirée eultra rythmée n forme de  roller coaster, avecdses  rebondissements plus ou moins improbables. 

    Entre érotisme assumé, sensualité, romance, drame social, polar sous tension, Sean Baker propose une comédie de mœurs déjantée, jouissive, à la fis grave et pleine d’humour. Elle fait la part belle à un magnifique personnage féminin, Cendrillon moderne sous substance sublimée par Mikey Madison. Ssurvoltée, insoumise, magnétique et vulnérable. elle nous émeut aux larmes, lors d’un laisser-aller final d’une bouleversante douceur. A star is born . L’Oscar n’est pas loin..

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 30 octobre.

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