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le blog d'Edmée - Page 18

  • Festival de Locarno: le film lituanien "Toxic" décroche le Léopard d'or

    C’était l’un des derniers films auquel on aurait pensé. Ce qui n’est guère étonnant, Locarno reste Locarno.. Jessica Hausner et ses quatre complices ont donc décerné le Léopard d’or à Akiplėša (Toxic) premier long métrage de la Lituanienne Saule Bliuvaite, la plus jeune cinéaste de la compétition.  

    Deux adolescentes refusant de mener la misérable vie de leurs parents rêvent de quitter leur village et s’inscrivent dans une agence de mannequins du coin. Espérant être retenues pour une éventuelle carrière à Paris ou Tokyo, elles tentent de mincir. Plus particulièrement l'une des deux, cherchant par tous les moyens à perdre des centimètres, en se forçant à vomir ou en avalant un ver solitaire.

    On sent là une petite pression de Jessica Hausner si on se réfère à son Club Zero, où une gourou bousculait les habitudes alimentaires de lycéens tombés sous son emprise…

    La Lituanie est à l'honneur, un rien immérité quand même, puisque le prix de la mise en scène est allé au compatriote de Saule Bliuvaite Laurynas Bareisa pour Seses (Drowning Dry) et le prix d’interprétation dégenré à ses quatre protagonistes féminines et masculins Gelminė Glemžaitė, Agnė Kaktaitė, Giedrius Kiela, Paulius Markevičius. 

    La comédienne sud-coréenne Kim Minhee a également été primée pour son rôle dans Suyoocheon (By The Stream) de Hong Sangsoo. 

    De son côté,  l’Autrichienne Kurdwin Ayaub  a reçu le Prix spécial du jury pour Mond, tandis que le Chinois Wang Bing recevait une mention spéciale (la moindre des choses) pour Qing Chun (Hard Times). A l’instar de l’Espagnole Mar Coli pour Salve Maria. 

    Les pépites de la Piazza et de la rétrospective

    Alors que la compétition  s’est révélée plus relevée que d’ordinaire, la Piazza Grande n'est pas en reste. On retiendra évidemment Les graines du figuier sauvage de l’Iranien Mohammad Rasoulof, mais aussi  Sauvages de Claude Barras  et surtout Rita, remarquable premier film de la réalisatrice Paz Vega.  

    Ce drame se déroule en 1984 en Espagne. Une gamine de 7ans et son frère de 6 ans vivent dans une famille modeste où leur mère, victime de la violence de son mari, cherche à divorcer, la loi le lui permettant venant d’être adoptée. Rita coche toutes les cases. Histoire intense et émouvante, mise en scène sobre, traitement subtil et interprétation impeccable. On pensait qu’il remporterait le Prix du public. Encore raté! A notre grande surprise, une de plus, c’est Reinas de Klaudia Reynicke qui l’a obtenu. À noter que l’œuvre a été retenue dans la présélection suisse pour les Oscars. 

    Enfin on n’oubliera pas la rétrospective célébrant les 100 ans de The Lady With A Torch. On a découvert des trésors dans les différents genres proposés, dont on a eu le plaisir de vous. parler tout au long de cette 77e édition.   

    Et voilà, c'est fini pour 2024. Rendez-vous l’an prochain  du 6 au 16 août.  

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  • Festival de Locarno: Wang Bing a fait l'événement en compétition. Mais qui va mettre le 77e Léopard d'or en cage?

    On avait évoqué dans une précédente chronique la possibilité pour la Française Sylvie Ballyot de triompher avec Green Line, évoquant la guerre qui avait ensanglanté le Liban de 1975 à 1990.  Mais elle n’est pas la seule à briguer la médaille, D'autant que la compétition compte deux Léopards d'or, le Chinois Wang Bing en 2017 avec Mrs Fang et le Sud-Coréen Hong Sangoo en 2015 pour Right Now, Wrong Then, Les deux hommes partent en principe favoris.

    Wang Bing a en tout cas de nouveau créé l’événement en concours avec Qing chun (Hard Times), second volet de sa trilogie Jeunesse. Rappelons qu’il s’était fait connaître en 2003 avec A l'ouest des rails, un documentaire de plus de neuf heures sur la fin du monde industriel dans son pays.  

    «La plupart des jeunes Chinois travaillent dur pour vivre», note-t-il «Les salaires sont très bas, les journées interminables et il n’y a presque plus de place pour se reposer. La société chinoise a réduit son quotidien au travail. Gagner de l’argent est devenu le seul horizon…».

    Plongée de quatre heures dans un univers impitoyable

    Restant fidèle à sa fascinante méthode d’immersion, Wang Bing nous plonge ainsi pendant  quatre heures (quasiment un court métrage pour lui…) dans l’univers impitoyable des ateliers textiles à Zhili, l'un des principaux sites du pays pour les ateliers clandestins privés, 

    Le réalisateur affiche indubitablement sa solidarité avec ces ouvriers brutalement traités. Même s’ils parviennent à se ménager quelques instants de répit, voire d’un semblant de gaieté, ils sont condamnés. à coudre et coudre encore le plus vite possible pour gagner plus. Dès le départ, Ils se battent pour une meilleure paie. Elle reste pourtant dérisoire, le patronat ne cessant de baisser les tarifs. La misère gagne. Des conflits éclatent. Après d'âpres négociations, les ouvriers rentreront chez eux pour célébrer la nouvelle année...

    Cette deuxième partie magnétique sur l’horreur du capitalisme à la chinoise sera suivie du troisième et dernier par Le retour, à la Mostra de Venise.

    Hong Sangsoo, un habitué de Locarno 

    Multiprimé à Berlin, revenu pour la quatrième fois à Locarno,  Hong Sangsoo propose cette année Suyoocheeon (By The Stream) Auteur prolifique de plus de 30 films, il est connu pour ses explorations de la vie quotidienne en Corée du Sud contemporaine. C’est aussi un spécialiste de films courts à mini-budget, se distinguant par des déambulations, des rencontres fortuites, de longues conversations, où les protagonistes, pour la plupart féminines, se retrouvent autour de repas copieux.  

    Un drame minimaliste, spécialité de l’auteur

    By the Stream reste dans cette lignée en racontant l'histoire de Jeonim, maîtresse de conférences dans une université pour femmes. Elle demande à son oncle, un acteur réalisateur inscrit sur la liste noire, de mettre en scène un sketch comme il l’avait fait dans cette même université il y a 40 ans. Tous deux sont alors involontairement mêlés à un scandale qui éclate parmi les étudiantes. 

    A son habitude, Hong Sangsoo séduit avec ce drame minimaliste, mettant en vedette des comédiennes qui apparaissent souvent chez lui, à l’image de son égérie Kim Minhee.

    Mais un autre lauréat se cache peut-être parmi les dix-sept prétendants. Car on le sait, si le critique propose , le jury dispose. Verdict samedi soir sur la Piazza Grande. 

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  • Festival de Locarno: "Sauvages", l'irrésistible petit monde magique de Claude Barras.

    Il nous avait séduit et ému aux larrnes avec Ma vie de Courgette il y a huit ans déjà, il nous captive à nouveau avec Sauvages en mettant en scène Kéria une petite fille qui lutte contre le massacre d’une forêt tropicale ancestrale à Borné. par d’infâmes individus uniquement préoccupés à se remplir les poches.

    La gamine recueille Oshi un bébé singe craquant, orphelin comme elle, dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Dans la foulée, son jeune cousin Selaï vient se réfugier chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et Oshi vont affronter l'ennemi en bravant tous les obstacles. .

    En s’initiant au militantisme écologiste, Kéria découvre un secret que lui a caché son père, craignant de la voir tomber dans l’engagement radical qui a coûté la vie à sa mère. Avec ce double récit initiatique, Claude Barras veut alerter le jeune public (mais pas que) en le sensibilisant aux dangers et aux horreurs que l’on fait courir à la planète. Susciter chez lui de l’espoir et lui montrant que la résistance n’est pas forcément vouée à l’échec. En évitant le rabâchage pénible, l’infantilisation débile et le moralisme stérile.  

    Dans cette fable écologique poétique, magique, petit chef d’œuvre d’animation visuellement grandiose, réalisé avec un souci du détail impressionnant, Claude Barras n’élude pas la violence et la mort qui rôdent autour de ses irrésistibles et adorables  marionnettes aux yeux immenses. A commencer par Kéria, jeune héroïne impertinente, déterminée et courageuse, qui nous laisse découvrir une jungle foisonnante à la fascinante  beauté menacée.

    "Green line", un documentaire édifiant et passionnant

    Autres figurines, autre propos dans Green Line de Sylvie Ballyot. La réalisatrice française revient sur les terribles blessures de la guerre civile qui a ensanglanté le Liban de 1975 à 1990. C’est juste avant le début du conflit qu’est née Fida Bizri dans un Beyrouth séparé par une ligne verte. 

    De part et d’autre deux camps irréconciliables, l’un pro-palestinien, l’autre pro-israélien. Au milieu une  population tentant de survivre sous les bombes, plongée dans cet enfer rouge, dont parlait la grand-mère de  Fida, souffrant surtout de devoir enjamber les cadavres jonchant le sol pour aller à l’école.. 

    Aujourd’hui, Fida analyse, cherche à comprendre se pose et pose des questions. À travers un dispositif original et éloquent composé de maquettes et de figurines miniatures, elle va à la rencontre d’ ex-miliciens de son enfance à Beyrouth Ouest. Et confronte sa vision avec celle de ces hommes qui prétendaient la protéger, mais qu’elle redoutait tant. 

    En invitant Fida à revisiter son passé. Sylvie Ballyot nous livre, sans jugement, une vision universelle de la guerre. Ce  premier film a de grandes chances de figurer au palmarès. Voire plus, si on considère ce qui  se passe aujourd’hui dans la région. 

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