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le blog d'Edmée - Page 18

  • Grand écran: Spectateurs!, l'hommage amoureux d'Arnaud Despleschin au cinéma

    Pour Arnaud Despleschin, le cinéma est arrivé pile-poil pour chasser l'ennui.  Mais a fond qu'’est-ce que c’est, aller au cinéma ? Ce que nous faisons  depuis plus de 100 ans ? demande le cinéaste, qui voulait  célébrer la salle obscure, l’endroit le plus démocratique qui soit, avec son atmosphère si particulière, son charme, ses fauteuils de velours.». Ainsi l’auteur raconte-t-il l’histoire du septième art à travers le parcours de son alter ego Paul Dédalus, un de ses personnages fétiches qui avait fait sa première apparition en compétition à Cannes en 1996, dans Comment je me suis disputé. On y retrouve également Mathieu Amalric et Françoise Lebrun

    Mêlant souvenirs, enquête, montages, théories essentielles, fabrication, films qui l’ont impressionné, qu'li a admirés, adorés, le cinéaste se muant en pédagogue met en scène un Paul émerveillé, enchanté, à quatre périodes de son existence. Nous immergeant dans un flot d’images, tout en nous emmenant dans le dédale de la narration avec cet essai initiatique en forme de lettre d’amour au cinéma. 

    Avec Cet objet hybride ni documentaire ni fiction, espace d’enseignement et de transmission, il  veut amener le spectateur à mieux comprendre la magie de l’image animée sur grand écran, nous révélant à nous-mêmes. Les films, qui font partie de nos souvenirs comme les vrais, nourrissent d’interminables discussions après les projections, nous permettent aussi de progresser de nous transformer, d’être qui on veut, aimer une star,  la rendre amoureuse, piloter un avion, faire dérailler un train, attaquer des banques, galoper à folle allure… 

    Du coup, on se met à imaginer regarder les films autrement. C’est d’autant plus réussi qu’Arnaud Dsepleschin ne hiérarchise pas les œuvres, dites bonnes ou mauvaises. C’est ainsi qu’il projette aussi bien des extraits de films d’auteur, populaires, d’aventure ou à grand spectacle, Paul Dédalus se promenant du coup de Fantomas à Shoah, le chef d’œuvre qui l’a particulèirement marqué. L’important pour lui,  c’est la rencontre entre ces différents métrages et  le spectateur, comme il nous le confie à l’occasion d’une récente interview.  

    Spectateur, vous le restez vous-même. Intensément. Passionnément.

    Cela me permet de faire des films, de comprendre le cinéma. Une idée qui me trotte dans la tête depuis vingt ans. Un cinéaste que j’admire, c’est Tarentino. Il est foncièrement un spectateur. Il a une cuture folle. Il a tout vu. Pour moi, il y a deux sortes de réalisateurs. Ceux qui ne pensent et ne voient que leur travail et ceux qui s’intéressent au travail des autres. C’est mon cas. 

    Mais encore, pourquoi va-t-on au cinéma ?

    Chacun a une réponse différente.  Au cinéma, on peut vivre toutes les potentialités, expérimenter toutes les possibilités, même changer le cours du film. On vous offre un monde en spectacle et on en ressort enrichi. On fait des expériences personnelles avec nous-mêmes. On a tous notre cinéma intérieur. De la même couleur que l’existence qu’on a menée, qu’on mène ou qu’on aurait dû mener. 

    Est-ce pour échapper à la réalité ? Que lui arrive-t-il quand elle est projetée ? L’est-elle toujours ?

    Je pense  que oui. Je crois par exemple que Mr Klein nous dit une vérité profonde sur Delon et la France. Et puis surtout laréalité rpojetée scintille. Cela a l’air compliqué, mais c’est super simple. Cela vous rappelle que la vie est merveilleuse.

    Vous montrez 70 extraits de films. Un sacré boulot.

    Cela m’a surtout pris énormément de temps, des années de très longues négociations pour obtenir les droits. 

    Vous consacrez un instant à la télévision. 

    En effet. Et je n’en dis pas du mal, même si je raconte la concurrence qui se joue. Mais elle peut aussi donner envie d’aller au cinéma et elle m’a permis de revoir énormément de films.

    Spectateurs! à !’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 septembre.  

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  • Grand écran: "Soy Nevenka" décortique brillamment le mécanisme du harcèlement sexuel au travail

    Après Les Repentis  (2021)  qui évoquait l’assassinat du socialiste Juan Maria Jauregui par l’ETA, Iciar Bollain, réalisatrice engagée de plusieurs thrillers socio-politiques, propose avec Soy Nevenka l’histoire d’une femme qui a réussi à faire traduire en justice un homme politique influent et populaire pour harcèlement sexuel. Inspiré de faits réels, le film révèle le premier cas de #MeToo politique en Espagne, où il a fait couler beaucoup d’encre.

    À la fin des années 90, Nevenka Fernández, 25 ans, est approchée par Ismael Alvarez, le charismatique maire de Ponferrada, en Castilla y León , afin de se présenter comme conseillère municipale aux prochaines élections. Ellle se retrouve responsable des Finances, un poste trop élevé pour un premier mandat. C'est le début d'une descente aux enfers pour Nevenka, manipulée et harcelée pendant des mois par son patron. Pour s'en sortir, elle décide de le dénoncer et intente un procès à cet homme qui se croyait intouchable.  

    S’ouvrant sur une scène montrant une femme se terrant dans son appartement, puis s’entretenant avec son avocat, qui lui dit « Je te crois », l’œuvre,  construite ensuite en flash back, nous laisse découvrir, avant son délabrement physique et psychique  une Nevenka (Mireia Oriol ) brillante, belle, jeune, intelligente, prenant ses responsabilités très au sérieux. 

    Tout le contraire d’Ismaël  (Urko Olazabal), son aîné de plus de 20 ans, personnage sympathique et charmeur en apparence, mais en réalité maire magouilleur, parvenu macho et lourdaud, marié à une femme très malade qu’il va bientôt enterrer. Usant de son pouvoir, de son aura, comptant sur la complicité et le silence de ses pairs, il est déterminé d’entrée  à faire de Nevenka sa chose. 

    Nevenka perd complètement pied

    Sous contrainte, intimidation  et chantage perpétuels , elle finit malheureusement par céder aux avances d’Ismaël. Pour s’en vouloir terriblement et  refuser aussitôt après cette relation toxique. Mais elle est tombée dans le piège. Son rejet est insupportable pour le pervers tyrannique, qui n’aura dès lors de cesse de la mépriser, de la rabaisser publiquement, de la détruire. Anéantie, Nevenka perd complètement pied.

    Alors que les deux comédiens Mireia Oriol et Urko Olazabal se  révèlent remarquables, Iciar Bollain décortique avec brio le phénomène de l’emprise,  la mécanique du harcèlement sexuel et ses conséquences, la confusion, la douleur, le lent dépérissement psychologique et physique de la proie. par ailleurs soumise au regard des autres, des proches ne voulant pas la croire, cherchant avant tout à éviter le scandale. Sans oublier la sanction de l’opinion publique, inversant (n’oublions pas l’époque)  les rôles de victime et d’accusé, à l’image de l’indécent procureur général lors du procès. 

    Nevenka finira toutefois par échapper à son odieux prédateur grâce à l’aide de ses amies, de son compagnon qu’elle épousera et avec qui elle aura deux enfants. Et surtout grâce à la parole, démontrant ainsi l’importance de porter plainte au lieu de se réfugier dans un isolement  pouvant parfois conduire au suicide.  

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 8 janvier.

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  • Grand écran: entre comédie, procès, politique, thriller, aventure, mes films préférés de 2024

    L'année cinématographique fut riche dans tous les genres  Voici plus ou moins dans l'ordre, un florilège  des oeuvres qui m'ont plus particulièrement marquée, intéressée, surprise, émue. Les auteurs français se taillent la part du lion dans cette liste évidemment non exhaustive.   

    Anora, de Sean Baker
     
    Le réalisateur américain met en scène une rencontre entre une danseuse érotique de Brooklyn  et le fils d’un oligarque russe dans un «club pour gentlemen»  Le courant passe entre la volcanique Anora (Mikey Madison) et Vanya (Mark Eydelshteyn, ), tête à claques immature. Jouant de l'érotisme, sensualité, romance, drame social, polar sous tension, Sean Baker, récent lauréat de la Palme d’or, propose une comédie de mœurs déjantée, à la fois grave et pleine d’humour. Elle fait la part belle à un magnifique personnage féminin, Cendrillon moderne sublimée par Mikey Madison. 

    Les graines du figuier sauvage, de Mohammad Rasoulof 

    Père de deux filles, Imam est nommé juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran, alors que le pays est secoué par une vaste contestation populaire. La promotion inquiète sa famille, qui se sent en danger. Dépassé par les événements, Iman décide de se conformer à la cruauté du système, approuvant des condamnations à mort sans se préoccuper de preuves. Suite à la mystérieuse disparition de son pistolet, Imam sombre dans la paranoia, allant jusqu’à maltraiter ses filles en les accusant de vol. Dans cette charge haletante contre le gouvernement de Téhéran, l’opposant Mohammad Rasoulof propose un film de genre en forme de métaphore d’un régime au bord de la chute. Il a gagné le Prix spécial du jury sur la Croisette. 

    The Zone Of Interest, de Jonathan Glazer 

    Entre pique-nique, pêche à la ligne et balades à cheval, Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, sa femme Hedwig (Sandra Müller, remarquable)  et leurs cinq enfants  mènent une vie idyllique dans leur jolie maison avec jardins fleuris, grande serre et piscine. Mais juste derrière le mur, il y a le pire camp de la mort. Dans ce film évoquant la  banalité du mal tourné sur place, Grand Prix du jury cannois 2023, mais sorti au tout début 2024, Jonathan Glazer filme l'horreur de la Shoah sans jamais la montrer Absolument glaçant.  

    Juré no 2, de Clint Eastwood

    Journaliste dans un petit magazine, Justin Kemp (Nicolas Hoult) est tiré au sort comme juré dans un procès pour meurtre. L’accusé, un homme violent, est suspecté d’avoir tué son amie avec laquelle il entretenait une relation houleuse. Après la plaidoirie de la procureure, le jury est convaincu de sa culpabilité. A une voix près, celle de Justin Kemp, qui va tenter de retourner ses co-jurés. En pleine forme, Clint Eastwood nous emporte dans un récit qui nous scotche au fauteuil dès la première minute.
      
    Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, d’Emmanuel Parvu

    Un simple baiser entre deux jeunes garçons et la violence se déchaîne contre l’un d’eux, Adi 17 ans, dans ce petit village de pêcheurs roumain. Le monde de l’ado, du coup enfermé, martyrisé, exorcisé ( !) est bouleversé. La critique froide de l’homophobie ordinaire sur fond de corruption et de loi du silence au sein d’une société rétrograde, a valu à Emanuel Parvu la Queer Palm en mai dernier à Cannes. Il captive et bouleverse par sa mise en scène efficace, simple, sobre, presque distante, de cette œuvre portée par d’excellents comédiens.
     
     The Apprentice, d’Ali Abbasi

     Le réalisateur danois propose son passionnant premier film américain. Il raconte l’irrésistible ascension de Donald Trump (Sebastian Stan) dans le monde des affaires et du pouvoir au cours des années 1970-1980, suite à une rencontre avec Roy Cohn (Jeremy Strong), avocat conservateur et entremetteur politique aussi abject qu’influent. Sebastian Stan est si bluffant qu’on a presque l’impression d’avoir le vrai Trump à l’écran. Avec sa fameuse mèche et sa bouche en cul de poule. Ame damnée magnétique,Jeremy Strong ne le lui cède en rien, parvenant même à l’éclipser dans le rôle du rapace Roy Cohn
     
    The substance, de Coralie Fargeat 
     
    Reine de l’aérobic à la télévision, Elizabeth Sparkle vient d’atteindre l’âge fatidique de 50 ans. Pour garder son job, elle se laisse tenter par un message lui garantissant une meilleure version d’elle- même, plus jeune et plus belle grâce à une mystérieuse substance. Avec cet excellent sujet sur le jeunisme et la violence faite aux femmes, Caroline Fargeat propose un body horror cruel, drôle et grandguignolesque, porté par la formidable Demi Moore.
     
     L’histoire de Souleymane, de Boris Lojkine 

    Demandeur d’asile, Souleymane se retrouve à Paris, sillonnant les rues à vélo pour ivrer des repas.  Son statut lui interdit de travailler, et il lui reste deux jours avant un entretien à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui lui permettra peut-être d’obtenir des papiers. Avec ce thriller politico-social, Boris Lojkine livre un témoignage puissant sur les candidats à l’asile, dont les livreurs maltraités par des gens sans scrupules. Rendant hommage à leur courage, il nous plonge dans leur quotidien brutal en forme de tunnel, au bout duquel ils désespèrent de voir la lumière. 

    Tatami, de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv

    Inspiré d’un fait réel, ce thriller d’espionnage sous haute tension tourné dans un magnifique noir et blanc nous immerge au cœur d'affrontements intenses, à la fois sportifs et politiques. Tout en nous laissant ressentir la terrible charge physique, psychologique et mentale pesant sur Leila, une championne de judo iranienne qui lutte pour ne pas céder aux injonctions du régime. Intelligente, courageuse, passionnante, cette première coréalisation irano-israélienne est de surcroît remarquablement portée par ses deux principales interprètes, qui «sont » plutôt qu’elles ne jouent leur personnage respectif. 
     
    Emilia Perez, de Jacques Audiard

    Chef de cartel mexicain enfermé dans un corps d’homme, Manitas va  devenir Emilia, avec l'aide d'une avocate. Surexploitée par un cabinet très occupé à blanchir des criminels, cette dernière voit là une porte de sortie inespérée. De son côté, passée pour morte, Emilia resurgit quatre ans après en bienfaitrice d’une ONG au service de familles mexicaines, victimes de la violence des barons de la drogue. Elle renoue alors des liens avec sa femme et ses deux enfants, ignorant ce qui lui est arrivé. Avec Emilia Perez, Jacques Audiard livre un thriller musical queer explosif. Prix du jury cannois et lauréat de quatre Golden Globes, dont meilleur film musical et meilleur film en langue étrangère.
     
    Les fantômes, de Jonathan Millet 

    Torturé pendant des mois dans la pire es prisons syriennes, Hamid en est sorti vivant à ‘image de quelques autres détenus. Emigré en Allemagne, il a intégré l’une des cellules d’une organisation secrète formée de compatriotes. Espions amateurs, ils poursuivent à travers l’Europe des criminels de guerre qui se cachent sous de faux noms. Captivant, poignant, ce thriller original à tendance psychologique signé Jonathan Millet, maintient un suspense haletant. La tension monte au fil d’une histoire où se mêlent vengeance, traumatismes, obsession, deuil, rédemption.

    Miséricorde, d’Alain Guiraudie

    Dans ce polar rural et mystique qui flirte avec la comédie burlesque, on suit le déroutant Jérémie (Félix Kysyl) qui retourne dix ans après dans son village de Saint Martial pour l’enterrement du boulanger, son ancien patron. Il se retrouve au milieu d’une mystérieuse énigme, où Alain Guiraudie met sa griffe particulière, son humour noir décoiffant, son côté absurde, son inventivité, sa malice, son audace, sa liberté de ton. Une réussite qui tient aussi à la parfaite interprétation de tous les protagonistes, dont la désarmante Catherine Frot

    Conclave, d'Edward Berger

    Le pape vient de mourir et le doyen du collège , le cardinal Lawrence (remarquable Ralph Fiennes), réunit ses pairs pour élire son successeur. Avant de voir sortir la fumée blanche, on plonge en plein suspense dans un huis-clos oppressant. Peu à peu, on nous dévoile les manipulations, trahisons et autres complots ourdis par certains prélats avides de devenir pape, mais indignes d'accéder à.la fonction suprême.
     
    Le comte de Monte-Cristo, de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière

    En 1815, Edmond Dantès, jeune marin promu capitaine trahi par de jaloux rivaux, est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n‘a pas commis. Enfermé au château d’If, tristement célèbre forteresse marseillaise, il parviendra à s’évader après quatorze horribles années de bagne. Devenu très riche, il regagne Paris sous le nom de Comte de Monte-Cristo. Son but, faire payer cher les trois traîtres qui l’ont privé de sa jeunesse et de Mercédès, son grand amour. Entre félonie, aventure, duels, romance et suspense, on suit dans sa quête ce personnage trouble, ténébreux, parfaitement incarné par Pierre Niney.

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