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le blog d'Edmée - Page 20

  • Grand écran: "Louise Violet" raconte le destin peu commun d'une institutrice chargée d'imposer l'école de la République à la campagne

    Politicien, avocat et journaliste controversé. Jules Ferry demeure néanmoins une figure incontournable de l'enseignement pour avoir établi, avec sa loi du 28 mars 1882, la scolarité primaire laïque, gratuite et obligatoire pour les garçons et les files de 6 à 13 ans. 

    Après avoir exploré le 18e siècle avec son long-métrage Délicieux, le réalisateur Eric Besnard  se passionne pour le sujet avec Louise Violet à travers le destin hors norme de l’institutrice,  incarnée par Alexandra Lamy. Nous sommes en 1889. La citadine qui a participé dix-huit ans plus tôt à la Commune de Paris doit quitter la capitale, car elle est envoyée dans un village du Puy-de-Dôme pour y imposer l’école de la République  

    Plus que froidement accueillie, sa mission se révèlera beaucoup plus difficile qu’elle s’y attendait. Si l’école s’est rapidement implantée en ville, ce n’est pas le cas en zone rurale, les parents rechignant à confier leur progéniture à une étrangère, leur scolarisation provoquant de surcroît une perte de main  d’œuvre. Et surtout  ils redoutent, avec raison, que l’instruction et le savoir aidant à l’ouverture au monde, poussent les jeunes à quitter les terres familiales, jusqu’ici transmises de génération en génération.  

    Rien n'arrêtera Louise

    Tout est donc à construire dans cette commune hostile, à commencer par l’école, évidemment inexistante. Une tâche redoutable pour Louise, déterminée à promouvoir ses nouvelles valeurs éducatives, assaisonnées d’un brin de féminisme. Rien n’arrêtera cette battante. Ni les difficultés matérielles, ni la méfiance des paysans ni le machisme du maire Pierre Lecomte (Grégory Gadebois). Ours mal léché, il lui mènera la vie dure avant de s’adoucir progressivement, jusqu’à succomber au charme de cette institutrice à la foi inébranlable, et de l’aider dans sa difficile lutte pour l'instruction, en rameutant quelques villageois eux aussi séduits.

    Très motivé, Eric Besnard propose une fiction historique inspirante, dont il a aussi écrit le scénario. Il y oppose modernité et tradition, ancien et nouveau monde, ville et ruralité, intellectuels et paysans, sur fond d’accès au savoir, synonyme de progrès. Centré sur les personnages, le film révèle une Alexandra Lamy remarquable. Convaincante, attachante et émouvante, elle compose une Louise Violet aux convictions profondes. qui s’accorde parfaitement avec le personnage joué Grégory Gabebois, comédien avec qui elle tourne pour la première fois. La force de Louise, sa douceur et sa sensibilité vont peu à peu  briser les certitudes de l’acariâtre Lecomte, résistant à l’éducation et farouchement opposé à ses réformes. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 6 novembre.

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  • Grand écran: devenir une meilleure version de soi-même grâce à "The Substance". Avec une remarquable Demi Moore

    Marchant sur les traces de Julia Ducournau, qui avait décroché la Palme d’or en 2021 pour Titane, la Française Coralie Fargeat a été récompensée par le prix du scénario en mai dernier à Cannes, pour son féministe flim gore The Substance, un body horror (genre notamment caractérisé par les mutations et les mutilations),. porté par l'audacieuse Demi Moore, alias Elizabeth Sparkle. 

    Sa beauté et son corps sculptural en ont fait une reine de l‘aérobic à la télévision. Hélas, la date de péremption pour une animatrice, c’est 50 ans. Et pile le jour de cet anniversaire fatidique, tout s’arrête pour Elizabeth Sparkle, dont l’arrondi fessier et autres signes visibles de l’âge ne plaisent plus à son boss (Dennis Quaid). D’autant que son show commence à perdre des spectateurs 

    Désespérée, elle se laisse tenter par un message, lui garantissant qu’une mystérieuse substance va lui permettre de se retrouver plus jeune, plus belle, plus parfaite.  Elle sera ainsi  une meilleure version d’elle-même, composée de deux corps, l’ancien et le nouveau. Et c’est ainsi que sort de son dos Sue (Margaret Qualley), une déesse à la plastique de rêve qui récupère son job. Et que Coralie Fargeat filme en s’attardant sur les endroits stratégiques, pour mieux illustrer son propos.… 

    Elizabeth n’en croit pas ses yeux de se voir à nouveau si sublime en son miroir, Mais évidemment, les choses se compliquent. Pour que le phénomène dure, il y a une marche à suivre et des instructions à suivre à la lettre. 

    Avec The Substance, Coralie Fargeat propose un film fou, cruel, drôle, jouissif, grand-guignolesque, formidablement interprété par Demi Moore et Margaret Qualley. L'auteure évoque ainsi les dérives du jeunisme et  la quasi terreur du vieillissement provoquant une course insensée, obsessionnelle à une impossible et dangereuse perfection. 

    En ne respectant pas scrupuleusement le procédé glauque d’utilisation de la substance, les choses tournent mal, le miracle du début se transformant en conte macabre avec prolifération de sorcières, de monstres et un bain de sang dont Coralie Fargeat tapisse abondamment l’écran dans un long final complètement dingue.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 6 novembre. 

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  • Grand écran: "Crossing Istanbul" nous emmène à la découverte du milieu trans de la métropole turque

    Il avait séduit il y a cinq ans avec Et puis nous danserons, évoquant une poignante histoire d’amour entre deux garçons dans le milieu de la danse traditionnelle en Géorgie. Après cette belle réussite qui lui a valu une percée internationale, le réalisateur suédois Levan Akin revient avec Crossing Istanbul, où il réunit avec bonheur les cultures géorgienne et turque .
     
    Le film s’ouvre sur Lia (Mzia Arabuli), célibataire, professeure d’histoire à la retraite. Elle marche dans les rues de Batoumi, sur la côte géorgienne de la mer Noire, à la recherche de Tekla, sa nièce trans disparue depuis longtemps. Sans doute à Istanbul. Elle a fait la promesse à la mère mourante de Tekla de retrouver la fille qu’elle avait rejetée et de la ramener chez elle. Achi (Lucas Kankava) le paresseux frère cadet d’un de ses anciens élèves, rêve de fuir son morne quotidien pour la grande ville. Il supplie Lia de le laisser l’accompagner en lui assurant qu’il sait où habite Tekla. Lia rechigne, mais finit par se laisser convaincre par le jeune dadais

    Le couple bancal que tout oppose débarque à Istanbul. L’occasion pour Levan Akin de nous plonger dans l’ambiance particulière de cette ville fascinante, pleine de contrastes et de tous les possibles, véritable labyrinthe à cheval entre Orient et Occident, tradition et modernité. Tout en nous emmenant dans le quartier trans, pauvre, très peu fréquenté par les touristes, où est censée vivre Tekla.
     
    Mais chercher une personne qui n’a pas envie d’être retrouvée n’est pas simple. D’autant qu’Istanbul est un lieu où l’on va pour fuir l’ostracisme et disparaître, ont confié des femmes trans au réalisateur, comme on peut le lire dans une interview. En plus Lia et Achi sont loin d’être des fins limiers! Evrim (Deniz Dumanlı), avocate trans qui se bat pour les droits de la communauté dans un centre LGBTQIA+, va peut-être pouvoir les aider.

    En traitant des différences de genre et orientations sexuelles sujettes à la discrimination, Levan Akin voulait livrer une image humaniste, tendre et positive de la transidentité. Ce qui est le cas. On regrette toutefois qu’il ne s’agisse justement que d’une représentation, dans la mesure où il ne donne pas vraiment la parole aux personnages concernés dans les lieux traversés par nos détectives en herbe.
     
    Reste que le réalisateur nous touche avec un film intelligent, subtil, engagé, et non sans humour. Bien écrit, bien photographié, il est de surcroît porté par ses excellentes têtes d’affiche. À commencer par la charismatique Mzia Arabuli, qui campe une femme revêche, râleuse, se scandalisant pour un rien, portée sur la bouteille. Mais magistrale, au port de reine et toujours digne. En ingénu compagnon d’enquête, Lucas Kankava se révèle aussi maladroit qu’attachant, dans son besoin de tisser des liens avec Lia, comme une possible mère de substitution.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi6 novembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire