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le blog d'Edmée - Page 24

  • Grand écran: Claude Barras revient avec "Sauvages", fable écolo magique et visuellement grandiose.

    Il nous avait séduit et ému avec Ma vie de Courgette il y a huit ans déjà, il nous captive à nouveau avec Sauvages en mettant en scène Kéria, une petite fille qui lutte contre le massacre d’une forêt tropicale ancestrale à Bornéo. par d’infâmes individus uniquement préoccupés à se remplir les poches.

    La gamine recueille Oshi un bébé singe craquant, orphelin comme elle, dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Dans la foulée, son jeune cousin Selaï vient se réfugier chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et Oshi vont affronter l'ennemi en bravant tous les obstacles.

    En s’initiant au militantisme écologiste, Kéria découvre un secret que lui a caché son père, craignant de la voir tomber dans l’engagement radical qui a coûté la vie à sa mère. Avec ce double récit initiatique, Claude Barras veut alerter le jeune public (mais pas que) en le sensibilisant aux dangers et aux horreurs que l’on fait courir à la planète. Susciter chez lui de l’espoir et lui montrant que la résistance n’est pas forcément vouée à l’échec. En évitant le rabâchage pénible, l’infantilisation débile et le moralisme stérile.  

    Entièrement tournée en stop motion dans une ancienne halle industrielle de Martigny, cette fable écologique poétique, magique, est un petit chef d’œuvre d’animation. Visuellement grandiose, elle est réalisée avec un souci du détail impressionnant, Claude Barras n’élude pas la violence et la mort qui rôdent autour de ses irrésistibles et adorables marionnettes aux yeux qui leur mangent le visage. A commencer par Kéria, jeune héroïne impertinente, déterminée et et courageuse, qui nous laisse découvrir une jungle foisonnante à la fascinante  beauté menacée.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 16 octobre.

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  • Grand écran: "The Apprentice" raconte Donald avant qu'il devienne Trump. Bluffant

     Réalisateur de l’excellent Holy Spider ( Les nuits de Mashad), Alii Abbasi propose le passionnant The Apprentice. Son premier film américain raconte l’irrésistible ascension de Trump  (Sebastian Stan) dans le monde des affaires et du pouvoir au cours des années 1970-1980, suite à une rencontre avec Roy Cohn (Jeremy Strong), avocat conservateur et entremetteur politique  aussi abject qu’influent.  
     
    A trois  quelques semaines de l’élection présidentielle, ce biopic plutôt explosif sorti vendredi 11 octobre aux Etats-Unis sous bannière indépendante, résonne particulièrement. Il provoque la colère violente du candidat républicain, le traitant de faux, de vulgaire (il en connaît un rayon dans le domaine…), et les menaces de ses avocats. Notamment  pour une scène qui le montre en train de violer son ex-femme, Ivana (morte en 2022), qui lui reprochait  de devenir de plus en plus gros et de plus en plus chauve. En fait, elle l’avait accusé de viol durant la procédure de divorce, avant de se rétracter.  Cela dit, selon les spécialistes, le film ne pèsera en rien sur le choix des électeurs.

    Et ce n’est pas le plus captivant dans l’histoire. Tout en opérant une plongée dans les arcanes de l’empire américain, le réalisateur danois d’origine iranienne brosse un portrait saisissant du jeune Donald, bien que relativement nuancé, étant donné la période. Pur produit des années Reagan, ambitieux, désireux de voler de ses propres ailes, prêt à tout pour devenir riche et puissant, il se montre encore un peu naïf., comme on le découvre lors de ses premiers entretiens avec le brutal Roy Cohn totalement dépourvu d’éthique et de morale. Mais Trump ne va pas tarder à renier ses quelques principes pour appliquer les règles d’or de sa future âme damnée : «Attaque, attaque, attaque. N’admets rien. Ne reconnais jamais la défaite »

     Edifiant, incisif, ironique, premier degré, tragi-comique, ce récit d’apprentissage de l‘ancien président s’articule autour de ses  principaux projets immobiliers à cette époque: l’hôtel Hyatt, Grand Central, la tour Trump, le Trump Taj Mahal Casino et, vers la fin du film,  Mar-a-Lago, luxueux refuge au milieu de Palm Beach, où le «héros» donne une fête pour un Roy Cohn déchu, en fauteuil roulant, mourant du sida.

    Abbasi évite la caricature. Et pour cause !

    On s’accorde généralement à dire qu’Ali Abbasi ne tombe jamais dans la caricature. Il est vrai qu’il n’en a pas besoin, étant donné son protagoniste auquel ont déjà été consacrés des documentaires précédant sa consécration. Et c'est là qu’on se rend compte de l’ahurissante prestation de Sebastian Stan. Il s’est si parfait, si bluffant qu’on a presque l’impression d’avoir le vrai à l’écran. Avec sa fameuse mèche,  sa bouche en cul de poule, son embonpoint le conduisant à une liposuccion abdominale, ou sa calvitie naissante qu’il tente de camoufler par une opération du cuir chevelu.   

    Exceptionnel, magnétique, Jeremy Strong ne le lui cède en rien, parvenant même à l’éclipser dans le rôle du rapace Roy Cohn. Ce qui est logique. Faisant la loi à l’époque, l’avocat au sommet de sa gloire dominait celui n’était pas encore, et de loin, ce personnage autoritaire aux discours tonitruants, milliardaire narcissique, menteur, transgressif, autocrate en puissance qui a bouleversé le paysage politique américain alors que personne ne le voyait venir… et qui menace de revenir!

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 16 octobre. 

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  • Grand écran: thriller social bouleversant, "L'histoire de Souleymane" révèle un acteur

    Assis sur une chaise parmi d’autres personnes, un jeune homme attend. Il semble un peu nerveux, se recoiffe et tente d’enlever une tache sur le poignet de sa chemise blanche. Une femme l’appelle par son nom. Il se lève et la suit. Ce garçon qu’on découvre en ouverture du film de Boris Lojkin,  c’est Souleymane. Il a fui la Guinée pour rejoindre la France dans l’espoir, comme tant de migrants,  d’une vie meilleure pour lui et sa mère malade restée au pays. 

    Demandeur d’asile, Souleymane se retrouve à Paris, sillonnant les rues à vélo pour ivrer des repas à la place d’un autre qui lui loue son application téléphonique. Son statut lui interdit pourtant de travailler, et il lui reste deux jours avant un entretien à l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), qui lui permettra peut-être d’obtenir des papiers. Mais comme il n’a pas été persécuté en Guinée, il a dû acheter à un compatriote, un récit propre à émouvoir mais qu’il  a du mal à mémoriser.  Alors il se prépare, répétant encore et encore son histoire, tout en pédalant sans relâche  et  à toute allure, se jouant dangereusement du trafic et des feux rouges.

    Une route semée d’obstacles

    Et les galères ne manquent pas, qui font monter la tension. Entre les flics à éviter, son loueur de compte qui le harcèle, une chute qui le retarde, un restaurateur et une cliente dépourvus de la moindre humanité, sa route est semée d’obstacles. Souleymane n’a droit qu’à quelques moments de répit dans un  centre d'hébergement d'urgence, où il peut manger, se doucher, laver sommairement son linge, rencontrer d’autres infortunés, passer une nuit… 

    Avec ce thriller politico-social, Boris Lojkine livre un témoignage puissant, ancré dans la réalité de ces candidats à l’asile pour qui tout est si compliqué, en l’occurrence ces livreurs de repas maltraités sans complexe par des gens sans scrupules. Tout en rendant hommage à leur courage, il les suit en nous plongeant quasi physiquement dans leur quotidien brutal en forme de tunnel, au bout duquel ils  désespèrent de voir la lumière. 

    Un acteur est né, Abou Sangaré

    La force et la réussite de ce film sans pathos qui nous accroche dès le début pour ne plus nous lâcher, tient évidemment beaucoup à la remarquable interprétation d’Abou Sangaré. C’est une révélation. Il  bouleverse dans la peau de ce vélocipédiste exilé, fils aimant, dur à la tâche, qui mène un véritable combat. A méditer pour les populistes rampants prompts à le voir comme un délinquant en puissance. On retrouve Souleymane à l’Ofpra, comme au début, dans une dernière séquence où il fait face à une sévère mais juste agente de protection, incarnée par l’excellente Nina Meurisse. Pris au piège de son gros mensonge, Souleymae finira par craquer…. 

    Le jury d’Un Certain Regard à Cannes en mai dernier ne s’y est pas trompé. Alors qu’il a décerné son Prix à Boris Lojkine pour l’oeuvre, il a sacré Abou Sangaré meilleur acteur. Alors sous le coup d’une OQTF, ce dernier le reste aujourd’hui,  en dépit d’une quatrième demande de régularisation. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande, depuis mercredi 9 octobre.

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