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le blog d'Edmée - Page 28

  • Grand écran: Stéphane Brizé nous emmène "Hors saison" avec Guillaume Canet et Alba Rohrwacher

    Un homme, une femme, une séparation, des retrouvailles dans une station balnéaire bretonne aux volets clos ... Après la trilogie sociale portée par Vincent Lindon, son acteur fétiche, Stéphane Brizé s’offre un pas de côté et nous emmène cette fois Hors saison avec Guillaume Canet, alias Mathieu. Acteur de cinéma connu, ce quinquagénaire est en pleine crise existentielle, au bout du rouleau et en proie au doute, après avoir lâchement abandonné une pièce de théâtre, alors qu’il rêvait de monter  sur scène.

    Censé donc se remettre en forme moralement et physiquement. Mathieu, préférant s’apitoyer sur lui-même, ne profite pas vraiment des bienfaits de la thalasso et de la sollicitude, certes intéressée par sa célébrité, d’un personnel aux petits soins.  

    Tandis qu’il traîne son spleen rentre bains bouillonnants, boue, douches à jet, enveloppements d’algues et autre pressothérapie, agacé pour un rien, incapable de se concentrer sur les scénarios qu’on lui envoie, une étincelle jaillit. Le comédien retrouve en effet par le plus grand des hasards Alice (magnifique Alba Rohrwacher), une prof de piano, avec laquelle il a vécu une grande passion quinze ans auparavant et qui a refait sa vie. Mariée, mère d’une fille, elle habite depuis dans le coin. 

    Face à des choix qu’ils n’ont pas su assumer, émus par cette rencontre si inattendue, Mathieu et Alice  vont alors renouer un dialogue interrompu par une séparation qui s’est mal faite et où il est nécessaire de démêler enfin les non-dits.

    Un ton pince-sans-rire, moqueur

    Sur la musique de Vincent Delerme, Stéphane Brizé propose un mélodrame intime, plein d’amour, de mélancolie, de douceur. Il y mêle un ton pince-sans-rire, moqueur, truffé de pastilles humoristiques sur les absurdités de notre société.    

    Quitte à tourner un peu en rond, c'’est un  film  qui prend son temps alors que tout va si vite aujourd’hui, et dont la réussite tient bien sûr également à la performance de Guillaume Canet, dont l’autodérision séduit et à celle de la solaire, sensible et fantaisiste Alba Rohrwacher.

    De passage à Genève, le réalisateur nous en dévoile plus sur ce dixième long métrage né du confinement et où ,chez ses personnages, domine par ailleurs comme toujours le même sentiment de désenchantement. .  

    En aviez assez de l’engagement social, du militantisme, des films de colère? Ou est-ce le même moteur qui vous a poussé à réaliser Hors-saison ?

    Ce n’est pas une question de raz-el-bol. Je fais des films pour mieux comprendre le monde. Je m’interrogeais sur l’expérience de la désillusion Il y a de la projection de cela dans le personnage incarné par Guillaume Canet. Est-il à sa place ? Au  bon endroit ? Lui manque-il quelque chose ? J’ai suivi mon sentiment. Hors-saison est également le fruit d’un questionnement sur moi-même. 

    D’où vous est venue cette idée d’anciens amants qui se retrouvent 15 ans après ?

    La question du temps qui passe l’idée d’une histoire pas complètement terminée On vit tous avec des fantômes Guillaume a eu la nécessité d’être connu mais n’est pas devenu quelqu’un

    En fait Ils ont surtout envie de clarifier des choses enfouies, non dites.

    C’est exactement cela, C’est un film où il n’y a pas de colère, mais des peines. Tous deux arrivent au bout de la logique qu’ils ont mis en place.

    Film d’acteur, surtout en ce qui concerne Guillaume Canet.

    Oui, un peu. La fiction est un document sur les acteurs. Je fais par rapport à sa mélancolie, à sa capacité à la masquer

    Le choix de ces derniers.. D’abord Guillaume Canet. Peut-on dire qu’il joue son propre rôle. S’est-il posé des questions sur le fait d’écorner son image en incarnant ce quinqua déprimé qui traverse une crise existentielle, alors qu’il a tout? 

    Je dirais surtout qu’il s’agit d’un parcours où il est moins con à la fin qu’au  début. L’épatant chez Guillaume c’est qu’il a une grande capacité d’autodérision

    Et Alba Rohrwacher? Lumineuse et modeste, elle a l’air heureuse, mais elle bascule.

    Il fallait dans le rôle, une personne qui marche en face d’un acteur connu .  Donc quelqu’un de pas connu  Je l’ai trouvée. l faut une grande actrice pour jouer cela.

    Un mot sur l’univers de la thalasso?

    Il y a quelque chose de mort, de froid, d’un  luxe un peu toc. Une représentation du monde de Guillaume. Donc sa vie est en toc...

    Hors saison, à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 mars.

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  • Grand écran: "20.000 espèces d'abeilles", la difficile quête d'identité d'une enfant trans


    Quand je serai grande, est-ce que je ressemblerai à papa ? Parce que je ne veux pas. Pourrais-je mourir et renaître en petite fille ? Comment faire quand on a huit ans, qu’on se sent étranger-ère à son propre corps, mais qu’on a du mal  à le formuler? A l’image de l’androgyne et boudeuse Coco,  née garçon sous le nom détesté d’Aitor. Elle a pourtant fait avec, jusqu’à ces vacances d’été en famille dans un coin de campagne basque où bruissent les abeilles.  

    S’ébattant parmi les ruches, jouant avec une fillette du voisinage naturellement complice, elle refuse désormais qu’on continue à l’appeler Aitor. Ou Coco, ce surnom. qu’elle n’aime pas davantage. Un vœu d'abord ignoré par sa rigide grand-mère Lita, pour qui un garçon est un garçon, point. Et qui trouve ses cheveux trop longs. Quant à sa mère, Ane, vouant un amour inconditionnel à son enfant mais empêtrée dans ses propres problèmes conjugaux et professionnels, elle évite le débat en biaisant. Tu peux être ce que tu veux, se contente-t-elle de répondre évasivement à ses nombreuses questions.  

    Seule l’aide vraiment sa grand-tante Lourdes, apicultrice émérite perpétuant une pratique ancestrale. Prenant du temps, prêtant une oreille attentive au désarroi de Coco, elle se révèle ouverte, compréhensive. Bienveillante, rassurante, elle lui garantit qu'elle n’a pas besoin d’attendre de mourir et de renaître dans un autre corps pour être aimée ici et maintenant. Dans un monde où cohabitent 20.000 espèces d’abeilles, il y a forcément une identité qui lui correspond...  

    Un film remarquablement porté par la jeune actrice Sofia Otero

    Abordant le thème complexe et délicat du genre dans son premier long métrage, la cinéaste basque espagnole Estibaliz Urresola Solaguren livre ainsi avec sensibilité, subtilité et justesse, le portrait émouvant et la prise de conscience d’une enfant trans dans sa confuse et difficile quête d’identité Evitant le film à sujet pédagogique ou le militantisme, elle montre, entre poésie, réalisme et métaphores, l’éveil d’un être avide de s’affirmer et de s’accepter, au contact de deux autres générations de femmes qui finissent elles aussi par se remettre en question. 

    Remarquablement portée par la jeune Sofia OItero, actrice cisgenre lauréate d’un Ours d’argent à la Berlinale l'an dernier, cette oeuvre émouvante et intelligente aurait toutefois gagné à plus de resserrement, moins de digressions. Si elle se concentre principalement sur l'évolution de Coco, dorénavant Lucia, déterminée à exister telle qu'elle est profondément, la réalisatrice a en effet tendance à s'éparpiller. Tenant à évoquer le poids de la famille, des traditions, elle nous emmène dans quelques scènes longuettes sur fond de sculptures du grand-père décédé, réalisées artisanalement avec de la cire d'abeilles et réveillant des souvenirs aussi troublants que douloureux.

    Sur un plan plus large, on rappellera enfin que selon Courrier International, le film a beaucoup résonné en Espagne suite à l'adoption de la loi Trans, permettant l'autodétermination de genre à partir de 16 ans, voire dès 12 ans selon les cas.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 février.   

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  • Grand écran: "Adios Buenos Aires", une ode au tango sur fond de comédie romantique et de drame politico-social

    En novembre 2001, la crise éclate dans une Argentine minée par le chômage et la corruption. Ruinés, Les habitants tentent de survivre, à l’image de Julio bandonéoniste dans un  orchestre de tango. Espérant un avenir meilleur, il se prépare à partir pour l’Allemagne avec sa mère et sa fille,, vend tout ce qu’il possède et place son argent à la banque.

    Mais, terrible coup du sort. Sans prévenir, le gouvernement gèle tous les comptes et Julio ne peut retirer que des clopinettes chaque semaine. Et comme si cela ne suffisait pas, il se fait emboutir par Mariela, une volcanique chauffeuse de taxi,  lui mène la vie dure en prétendant que c’est lui le coupable. On devine déjà la suite. 

    Tandis que le peuple descend dans la rue et que les manifestations dégénèrent en affrontements meurtriers, Julio, qui ne peut pour l’heure pas quitter la ville, continue à jouer le répertoire populaire argentin avec ses potes, pour notre plus grand plaisir. Le groupe parvient même à recruter une ancienne vedette, Ricardo Tortorella pour se faire quelques sous i

    Même si elle ne nous réserve guère de surprise, tout s’enchaînant  d’une façon parfaitement prévisible, Adios Buenos Aires est une plaisante comédie pleine d’amour, d’humour et de tristesse, mâtinée de tragédie politico-sociale. On est toutefois surtout séduit par le tango, son personnage principal, d’autant que le réalisateur a fait appel à Carlos Morel, un chanteur célèbre dans son pays.  

    L’opus est signé  German Klar, 56 ans. Il a été élevé en Argentine, qu’il a quittée à 22 ans pour suivre une école de cinéma, émigrant d’abord à Berlin puis à Munich où il vit actuellement, Il a tourné des documentaires sur le tango argentin et la musique cubaine, collaborant notamment avec Wim Wenders.  De passage à Genève, il nous explique ce qui l’a motivé à réaliser son premier long métrage de fiction. .

    "Cela tient à deux choses. D’une part à un documentaire, The Last Applause, datant de 1999  où j’ai rencontré le même genre de personnages que dans Adios Buenos Aires. Des inconnus,  pauvres, marginaux,  des losers, mais  dotés d’un cœur énorme et qui ont le tango dans le sang. La deuxième raison, c’est la terrible crise de 2001. J’étais tellement triste en constatant ce qui se passait dans mon pays que je devais le raconter. J’ai mis vingt ans à faire ce film et il est si actuel".

    En effet. Que pensez-vous de la situation aujourd’hui et du président Javier Millei?

    Je ne l’aime pas, je ne le défends pas, mais j’ai voté pour lui. Je sais que cela me fait passer pour un affreux extrémiste de droite, mais en ce qui me concerne, je me suis trouvé  à choisir entre la peste et le cholera. J’espère juste que Millei ne fera pas ce qu’il a promis. Mais j’ai confiance en la démocratie qui ne permettra pas certaines choses.

    Pour en revenir à votre film, il s’agit d’une déclaration d’amour au tango, sa star en réalité.

    Oui J’adore le tango.  C’est un pont qui me relie directement et émotionnellement à mes origines, une musique puissante d’une grande beauté. Les auteurs de chansons sont des poètes. Comme Carlos Morel. Mais je crois que personne vivant en Argentine aurait pu tourner ce film, Il est trop romantique quand on considère la piètre situation des gens.

    Outre la musique, vous célébrez l’amitié masculine.

    C’est vrai. En Argentine, cette amitié est tellement forte, si précieuse. Elle fait partie du quotidien, aide à la survie en agissant en quelque sorte comme un médicament

    Vous évoquez également  la volonté, sinon le besoin d’émigrer. Comme vous, il y a longtemps.

    Je voulais absolument faire du cinéma. Ma mère m’aidé.  Vous savez, en  2000, les gens faisaient la queue, principalement devant les ambassades d’Italie et d’Allemagne. Puis il y a eu quelques bonnes années. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes, ne voyant aucune perspective, veulent partir et leur nombre ne cesse d’augmenter. Mais c e n’est pas si facile de quitter son pays.

    "Adios Buenos Aires", à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 février.
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