Lorsqu’un jury prime les films qu’on a aimés, on a tendance à dire qu’il est bien. .. Si ce n’est pas le cas on le trouve très mauvais. Du coup, comme on découvre beaucoup de nos favoris au palmarès, celui de la 78 édition cannoise nous convient. Présidé par Juliette Binoche, il a décerné la Palme d’or à l’Iranien Jafar Panahi pour Un simple accident.
Faisant l'unanimité sur la Croisette, cette oeuvre forte, audacieuse, tournée clandestinement, met en scène un homme qui pense reconnaître son tortionnaire et veut se venger. Mais avant, il recherche d’autres victimes potentielles pour s’assurer de son identité. Un fascinant dilemme moral doublé d’une attaque frontale contre le régime. «Ce prix est une lumière dans l‘obscurité pour tous ceux qui luttent pour la liberté d’expression», a déclaré son auteur très ému en recevant la plus prestigieuse des reconnaissances.
Le Grand Prix récompense Sentimental Value du Norvégien Joachim Trier, qui explore une relation complexe entre un père et ses deux filles marquées par un passé douloureux.
Sirat, road movie postapocalyptique de l’Espagnol Olivier Laxe divisait fortement festivaliers et critiques.. Il obtient le Prix du jury, qu’il partage avec Sound Of Falling, de l’Allemande Mascha Schilinski. L’opus évoque quatre jeunes fillles qui ont vécu à des périodes différentes et ont toutes subi des violences. Quand au Prix spécial du jury, il va au Chinois Bi Gan pour Résurrection, une œuvre fleuve qui en a perdu plus d’un au cours de la projection…
Le réalisateur brésilien Kleber Mendoça Filho fait lui coup double, le seul de la soirée. Il décroche le Prix de la mise en scène pour L’agent secret, film d’espionnage se déroulant sous la dictature en 1977. Tandis que son comédien Wagner Moura reçoit le Prix d’interprétation pour son incarnation d’un homme menacé de mort.
Côté féminin c’est la lumineuse et magnétique Nadia Melliti qui se voit sacrée meilleure actrice pour sa remarquable prestation dans La petite dernière de la Française Hafsia Herzi, Repérée dans la rue au moment du casting, Nadia Melliti est une révélation dans le rôle de cette jeune banlieusarde, musulmane pratiquante, qui découvre son homosexualité.
Comme il est pratiquement impensable qu’ils repartent les mains vides, les frères Dardenne raflent le Prix du scénario pour Jeunes mères, drame qui même s’il met en avant les défis et les espoirs de cinq adolescentes, peine un peu à convaincre. Contrairement à Nouvelle vague, de Richard Linklater, qui lui s’en va bredouille. Une grosse déception.
Enfin, la Caméra d’or, récompensant un premier film, en l’occurrence une première œuvre irakienne, a été remise à The President’s Cake. Sélectionné à la Quinzaine des cinéastes, ce long métrage a également reçu le Prix du public. Dénonçant le culte dément de la personnalité voué à Saddam Hussein, son réalisateur Hassan Hadi suit une courageuse fillette et son copain dans une quête singulière semée d’embûches.
Le rideau est donc tombé sur ce cru cannois 2025, qui n’a pas atteint des sommets. Certes on a vu de bons films, la moindre des choses, mais également beaucoup d’œuvres médiocres, un euphémisme. qu’il s’agisse de la compétition ou des sections parallèles. Vivement 2026!