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Grand écran: "Crossing Istanbul" nous emmène à la découverte du milieu trans de la métropole turque

Il avait séduit il y a cinq ans avec Et puis nous danserons, évoquant une poignante histoire d’amour entre deux garçons dans le milieu de la danse traditionnelle en Géorgie. Après cette belle réussite qui lui a valu une percée internationale, le réalisateur suédois Levan Akin revient avec Crossing Istanbul, où il réunit avec bonheur les cultures géorgienne et turque .
 
Le film s’ouvre sur Lia (Mzia Arabuli), célibataire, professeure d’histoire à la retraite. Elle marche dans les rues de Batoumi, sur la côte géorgienne de la mer Noire, à la recherche de Tekla, sa nièce trans disparue depuis longtemps. Sans doute à Istanbul. Elle a fait la promesse à la mère mourante de Tekla de retrouver la fille qu’elle avait rejetée et de la ramener chez elle. Achi (Lucas Kankava) le paresseux frère cadet d’un de ses anciens élèves, rêve de fuir son morne quotidien pour la grande ville. Il supplie Lia de le laisser l’accompagner en lui assurant qu’il sait où habite Tekla. Lia rechigne, mais finit par se laisser convaincre par le jeune dadais

Le couple bancal que tout oppose débarque à Istanbul. L’occasion pour Levan Akin de nous plonger dans l’ambiance particulière de cette ville fascinante, pleine de contrastes et de tous les possibles, véritable labyrinthe à cheval entre Orient et Occident, tradition et modernité. Tout en nous emmenant dans le quartier trans, pauvre, très peu fréquenté par les touristes, où est censée vivre Tekla.
 
Mais chercher une personne qui n’a pas envie d’être retrouvée n’est pas simple. D’autant qu’Istanbul est un lieu où l’on va pour fuir l’ostracisme et disparaître, ont confié des femmes trans au réalisateur, comme on peut le lire dans une interview. En plus Lia et Achi sont loin d’être des fins limiers! Evrim (Deniz Dumanlı), avocate trans qui se bat pour les droits de la communauté dans un centre LGBTQIA+, va peut-être pouvoir les aider.

En traitant des différences de genre et orientations sexuelles sujettes à la discrimination, Levan Akin voulait livrer une image humaniste, tendre et positive de la transidentité. Ce qui est le cas. On regrette toutefois qu’il ne s’agisse justement que d’une représentation, dans la mesure où il ne donne pas vraiment la parole aux personnages concernés dans les lieux traversés par nos détectives en herbe.
 
Reste que le réalisateur nous touche avec un film intelligent, subtil, engagé, et non sans humour. Bien écrit, bien photographié, il est de surcroît porté par ses excellentes têtes d’affiche. À commencer par la charismatique Mzia Arabuli, qui campe une femme revêche, râleuse, se scandalisant pour un rien, portée sur la bouteille. Mais magistrale, au port de reine et toujours digne. En ingénu compagnon d’enquête, Lucas Kankava se révèle aussi maladroit qu’attachant, dans son besoin de tisser des liens avec Lia, comme une possible mère de substitution.

A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi6 novembre.

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