Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

le blog d'Edmée - Page 19

  • Festival de Locarno: thriller politique et familial, "Les graines du figuier sauvage" fait l'événement sur la Piazza Grande

    Condamné à huit ans de prison début mai dernier, le réalisateur Mohammad Rasoulof avait fui son pays quelque temps auparavant de manière à pouvoir présenter en personne  son film à Cannes. Vu l’accueil  délirant reçu,  la voie semblait toute tracée vers une Palme d’or. Mais l’Iranien a dû se contenter d’un Prix Spécial du jury. La concurrence étant moins rude, The Seeds Of The Sacred Fig,(Les graines du figuier sauvage)  projeté sur la Piazza Grande, a naturellement fait l’événement à Locarno.

    Tourné clandestinement, entrecoupé d’images réelles de manifestation et de violences policières, le film fait écho à "Femme, Vie, Liberté", large mouvement anti régime qui a culminé à la fin 2022, suite à la mort de la jeune Mahsa Amini. Avec un art consommé du récit, l’auteur propose un thriller politique et familial, où il se livre à une charge contre le régime. 

    Une inquiétante promotion

    L’histoire est simple, Marié ä Najmeh et père de deux filles étudiantes, Rezvan et Sana, Iman est nommé juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran, alors que le pays est secoué par une vaste contestation populaire. La promotion inquiète sa famille, qui se sent en danger.. Vite désabusé, complètement dépassé par les événements, Iman décide de se conformer à l’absurdité, aux injustices et à la cruauté du système. Il approuve des condamnations à mort à la chaîne, sans se préoccuper de preuves.  

    L’Etat lui remet un pistolet qu’il range chez lui et qui, un jour, disparaît mystérieusement. Envahi par la méfiance et la paranoïa avec la vie qu’il est obligé de mener, Iman soupçonne sa femme, ainsi que ses filles (qui  contrairement à leur mère) n’hésitent pas à soutenir le mouvement, de l’avoir pris. On arrive ainsi dans une dernière partie construite à la fois comme un film de genre et une métaphore d’un régime au bord de la chute. Imaginant que des opposants le traquent, il décide d’emmener Najmeh, Rezvan et Sana à la campagne dans une maison isolée, pour leur faire avouer le vol de son arme. Il n’y parviendra pas, ce qui provoque un final assez extravagant…. 

    L'idée du film née en prison

    Lors de sa conférence de presse où il a évidemment été très chaleureusement et longuement applaudi, le réalisateur a raconté que son film a commencé quand il était en prison avec Jafar Panahi, autre cinéaste. « On essayait de voir ce qui se passait dans la rue. A ma sortie, j’ai fait beaucoup de recherches, pour en savoir le plus possible ». 

    Par la suite Rosoulof précise que l’idée lui est venue lors d’une rencontre alors qu’il aidait  un co-détenu en grève de la faim. «Un gardien est venu vérifier sa santé. Puis il s’est approché de moi et m’a donné un stylo. Au début je n’avais pas confiance. On a parlé quelques minutes et il m’a dit qu’il regardait toutes les portes de la prison pour savoir où il allait se pendre. Toute sa famille lui demandait pourquoi il faisait un travail aussi horrible».

    Il ajoute: «Il  s’est passé beaucoup de choses depuis ma sortie de prison, Je devais absolument commencer mon film  car je savais que je devrai retourner bientôt. Donc j’avais très peu de temps et le tournage a été extrêmement compliqué. J’ai réuni des personnes qui pensent comme moi, sans se soucier de la censure. 

    Mohammad Rosoulof ne cache toutefois pas que demeuraient la peur, la tension, les incertitudes,,  qui se retrouvent toutes dans l‘œuvre.. «En  même temps, il n’était pas question que je la raccourcisse., que je la change à cause de la pression. Je devais montrer toute cette réalité. Avec tout ce que je voulais, toutes les émotions. Et j'ai réussi, en  dépit des limites, pas assez de lumière, d’acteurs, de matériel".  
     
    En plus, la postproduction avait àpeine débuté, quand l'auteur apprend qu'il  était condamné à huit ans. "Je n’avais plus le choix. Je suis parti car je voulais continuer à faire du cinéma. J’ai la chance d’avoir des collaborateurs extrêmement courageux, une équipe absolument fantastique à qui j’ai demandé de terminer le film."

    On aura l’occasion d’en reparler lors de sa sortie dans les salles romande dès le 16 septembre prochain. 

    Lien permanent 0 commentaire 0 commentaire
  • Festival de Locarno: la compétition s'anime avec la Suisse et l'Autriche

    A mi-chemin du festival ou presque, jetons un regard sur la compétition où suite à un décollage laborieux poussant à la sieste,  il y a heureusement du mieux.  Comme par exemple Le moineau dans la cheminée du Suisse Ramon Zùrcher, métaphore d’un drame réaliste à tendance horrifique dans une famille dysfonctionnelle.  S’y entretiennent des relations toxiques dans une sorte de chaos où règne la violence. .      

    Dans la maison familiale de Karen, un endroit paradisiaque à la campagne, vivent cette dernière, Markus et leurs enfants. Pour l’anniversaire de Markus, Jule la sœur de Karen, son antithèse, arrive avec sa petite tribu. Des souvenirs de leur mère décédée, hantant les murs tel un fantôme, renforcent chez Jule l’envie de se dresser contre Karen, chez qui la tension ne cesse de monter. Jusqu’à l’explosion. Le film est notamment porté de bout en bout par la talentueuse Maren Eggert, (photo) qui incarne une Karen voûtée, de mauvaise humeur, errant un peu partout dans la maison comme une âme en peine, en proie à quelques pulsions érotiques. 

    Comme pour lui répondre le film lithuanien Seses de Laurynas Bareisas met légalement en scène deux sœurs, qui se retrouvent elles aussi à la campagne pour un week-end  en famille qui se termine par une tragédie. Mais le scénario est trop bancal pour qu’on s’y arrête. 

    Trois sœurs en cage

    En revanche, on a aimé Mond, de l’Autrichienne Kurdwin Ayub. Il s’intéresse à Sarah, une ancienne professionnelle d’arts martiaux qui vient de livrer son dernier combat et qui cherche du boulot. Elle en trouve un qiu la mène jusqu’en Jordanie, où elle doit entraîner trois filles d’une richissime famille. Mais elle ne tarde pas à déchanter, vu la tournure étrange que prend ce soi-disant job de rêve.

    Sous constante surveillance, les trois sœurs (encore !) sont coupées du monde extérieur. En cage, la plupart du temps,  à part une balade occasionnelle au centre commercial. Par ailleurs, elles ne paraissent pas s’intéresser particulièrement au sport. Sarah commence à se poser des questions. Un film sobre, subtil, bien mené, bien tenu, bien interprété. 

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard 0 commentaire 0 commentaire
  • Festival de Locarno: des reines, une militante et un enfant électrique sur la Piazza Grande

    .Tandis que la compétition internationale se traîne et que la Rétrospective nous enthousiasme, voyons un peu ce que la Piazza Grande nous a réservés, après le Déluge présenté en ouverture. Avec Reinas, la réalisatrice helvético-péruvienne Klaudia Reynicke proposait une chronique familiale émouvante, se déroulant l’été 1992 à Lima. Elena, qui a trouvé un travail  aux Etats-Unis  et ses deux filles Lucia et Aurora doivent bientôt quitter le pays, en plein chaos social et politique. 

    Le plus dur arrive. Se séparer de leurs proches et surtout de Carlos, même si ce père et mari   a quasiment disparu de leur vie. Cet exil annoncé génère ainsi logiquement des peurs, des frustrations, des incertitudes, mais aussi de l’espoir. Ce que parvient à montrer Klaudia Reynicke avec sensibilité, compassion et justesse.

    Mexico 86 avec Bérénice Bejo

    A la suite de menaces de mort, Maria activiste guatémaltèque luttant contre la dîctature militaire criminelle et corrompue  de son pays, sous les coups de laquelle est tombé son mari, est forcée de fuir au Mexique en 1976, en abandonnant son bébé.  Lorsque son fils revient vivre avec elle dix ans plus tard, elle doit choisir entre son amour, son devoir de mère et la poursuite de son combat révolutionnaire.

    Le cinéaste mexicano-belge César Diaz a choisi Bérénice Béjo pour incarner cette femme courageuse confrontée à un terrible dilemme dans ce drame à dimension personnelle, politique et sociale. Elle  est prête à tout pour protéger son enfant, quitte à le tuer pour lui épargner d’éventuelles terribles souffrances, mais s’en sépare à nouveau pour poursuivre sa mission. Crédible, la comédienne française remplit son rôle avec une conviction qui emporte l’adhésion.    

    On n’en dira en revanche pas autant d’Electric Child du Suisse Simon Jacquemet. Heureux parents d’un nouveau-né, Sonny et Akiko apprennent avec horreur qu’il ne va pas vivre au-delà d’un an. Le père désespéré va utiliser son expérience dans une IA super intelligente pour prouver que les médecins ont tort. Ce qui nous vaut un scénario dont l’improbable le dispute à l’imbroglio et à l’amateurisme. 

    Lien permanent 0 commentaire 0 commentaire