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Sorties de la Semaine - Page 60

  • Grand écran: avec "Rifkin's Festival", Woody Allen promène son double dans les rues de San Sebastian...

    Cinquantième long métrage du célèbre cinéaste, il ne fera certainement pas date dans sa filmographie. Cela n’empêche pas Woody Allen de nous proposer, avec Rifkin’s Festival, une plaisante balade romantico-humoristico-cinématographique dans les rues ensoleillées d’un San Sebastian de carte postale.  

    Double ironique de Woody Allen en pleine crise existentielle, le septuagénaire Mort Rifkin (Wallace Shawn), critique, professeur et romancier newyorkais, accompagne sa femme Sue (Gina Gershon) au...Festival de San Sebastian. Attachée de presse, Sue s’occupe du film d’un jeune réalisateur français séduisant, hautain et d’une prétention exaspérante (Louis Garrel, irrésistible), auquel elle succombe fatalement. 

    De 20 ans son aîné, le mari trompé ne peut évidemment pas lutter avec ce jeune coq narcissique, coqueluche de la critique et projetant de réconcilier Israéliens et Arabes dans un prochain long métrage. Se découvrant une douleur à la poitrine, l’hypocondriaque Mort en pleine déprime se rend chez un médecin. Il se retrouve alors face à une superbe femme mariée avec un rustre et en tombe amoureux.

    Paresseuse et cousue de fil blanc, l'intrigue n’a qu’un intérêt mineur. Rifkin’s Festival  offre surtout l’occasion au réalisateur de convoquer et célébrer les grands auteurs qui l’ont influencé ou marqué. Orson Welles et Citizen Kane pour commencer, mais aussi Fellini, Bergman, Bunuel, ou même Lelouch  (Un homme et une femme) avec des scènes qu’il s’amuse à pasticher en noir et blanc entre rêves, divagations et obsessions. 

    Cette comédie permet également à Woody Allen d’exercer son humour habituel en critiquant la faune festivalière avide de paillettes et de cocktails mondains, en ridiculisant les auteurs qui exhibent sans vergogne leur absence de talent autour de discussions futiles, en se moquant des journalistes se piquant d’originalité avec leurs sempiternelles questions bêtes.

    Il reste à espérer que la déambulation espagnole de Mort Rifkin, à la fois charmante, nostalgique, joyeuse, triste, grave et légère ne soit pas  testamentaire...

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 16 février.   

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  • Grand écran: "Grosse Freiheit", la vie volée d'un rebelle gay en quête d’amour

    Le réalisateur autrichien Sebastian Meise raconte l’histoire de Hans Hoffman dans l'Allemagne d'après-guerre, à l’époque où l’amour est traité comme un crime. Son héros est gay et l’homosexualité, illégale dans le pays jusqu’en 1969, est condamnée selon le redoutable article 175 du code pénal.

    Comme Hans (Franz Rogowski), personnage sacrificiel au destin tragique, d’autres homosexuels sont passés directement des camps de concentration à la prison. A peine sorti de taule le malheureux Hans ne cesse d’être repris en flagrant délit d’actes interdits et renvoyé dans le quartier haute sécurité du même établissement.Entre bagarres dans la cour et nuits au mitard, il s’obstine à rechercher la liberté et l’amour dans ce lieu devenu une métaphore de sa vie.

    Le second long métrage de Sebastian Meise commence par des films d’archives où des hommes se rencontrent dans des pissotières. Il pourrait s’agir de souvenirs. Mais en réalité ce sont des pièces à conviction, permettant la persécution autorisée et abjecte de ces hommes traqués, qui se retrouvent derrière les barreaux.

    Remarquable Hans Rogowski 

    Trois dates, 1968, 1945 et 1957, ponctuent ce film physique, austère, radical, mais non dénué de romanesque. Evoquant l’ignominie de vies volées, il se passe pratiquement entièrement entre les murs gris du pénitencier. On y retrouve les mêmes individus à différents âges, passant leur temps dans l’atelier de couture pour confectionner, selon les époques, des bleus de travail ou des draps roses.

    Le personnage récurrent de ces trois périodes historiques c’est Viktor, qui purge une peine à perpétuité pour meurtre et passe pour un homophobe convaincu. Inlassable rebelle sans cesse puni, c’est pourtant avec ce criminel endurci mais capable de compassion qu’Hans poursuit une relation amicale, parfois intime et parfois violente. De talentueux comédiens portent cette quête intense et incertaine de liberté, à commencer par le remarquable Franz Rogowski dans le rôle du naïf et romantique Hans.

    Grosse Freiheit, avait été longuement ovationné en julllet dernier à Cannes, où il avait été sélectionné dans Un certain regard. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 16 février.

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  • Grand écran: dans "Un autre monde", Stéphane Brizé retrouve un Vincent Lindon impérial

    Après La loi du marché en 2015 et En guerre en 2018, Stéphane Brizé boucle, avec Un autre monde,  sa trilogie sur l’univers du travail et son impact sur la vie privée.  Dans son nouveau film, il a encore  fait appel à son acteur fétiche Vincent Lindon. Après s’être glissé dans la peau d’un surveillant de grand magasin et d’un leader syndical, le comédien incarne cette fois un  cadre d'une filiale industrielle américaine en France. 

    Performant,  intelligent, expérimenté, Philippe Lemesle commence à perdre pied sous une double pression professionnelle et familiale. Hier dirigeant, il devient exécutant. L’obligation d’élaborer un énième plan social pour dégraisser les effectifs, qui lui demande des efforts supplémentaires, met son couple en échec. Sa femme (Sandrine Kiberlain) demande le divorce, lui reprochant  de la négliger toujours davantage au profit de son boulot auquel il se dévoue corps et âme.  

    Violence et ravages du management entrepreneurial

    Dans ce drame social très réaliste, sous tension générée par les désaccords au bureau et à la maison, démontrant l’extrême perméabilité entre le professionnel et le personnel, Stéphane Brizé pointe à nouveau, sans manichéisme,  la violence, le dévoiement et les ravages du management entrepreneurial. Tout en en brossant avec sobriété le portrait d’un homme tiraillé entre sa loyauté envers ses subordonnés et la demande de ses employeurs qui s’opposent  à ses convictions. En plein dilemme moral face à l'inacceptable, Il tente peu à peu de résister. Il y a là comme un espoir. 

    A son habitude Vincent Lindon  est formidable dans ce personnage se retrouvant seul, cachant ses sentiments, sa sensibilité sociale, se posant des questions éthiques, cherchant désespérément des solutions et un sens à sa vie. De son côté, Sandrine Kiberlain est comme toujours parfaite dans cette épouse fatiguée d’être mariée à l'entreprise... 

    Excellente Marie Drucker

    On découvre par ailleurs Marie Drucker, ex-star du petit écran dans son premier rôle. Directrice de l’unité France, elle excelle dans son rôle de patronne froide, dure, tranchante, bras armé du groupe américain et chargée de faire appliquer le plan social.   

    Rencontré à Genève, Stéphane Brizé nous en dit plus sur ce film né pendant En guerre et plus précisément des confrontations entre les syndicats, l’Etat et les cadres prônant la fermeture de la société. Il évoque bien sûr sa cinquième collaboration avec Vincent Lindon. "Elle se passe de façon intense, bienveillante et honnête. On s’autorise  à interroger l’instant,  même si cela remet en cause des séquences entières". 

    Les trois films évoquant le monde du travail, on parle naturellement d’une trilogie. Validez-vous le terme? 

    Je n’y ai pas pensé quand j’ai réalisé La loi du marché. "Aujourd’hui ça fait trilogie, mais en réalité si chaque film est construit sur le précédent, ils sont indépendants les uns des autres.  On peut les voir dans les deux sens avec En guerre au milieu. Et si les  trois montrent les conséquences des destructions d’emplois sur des vies ou des rapports humains, avec le dernier, j’avais envie de sortir de la dialectique réductrice des gentils ouvriers et des méchants cadres pour explorer plus profondément un système implacable et son dysfonctionnement. 

    Pourquoi faire de Vincent Lindon un cadre, cette-fois-ci ?

    Après deux longs métrages où je m’intéressais aux plus faibles, j’ai voulu retourner la caméra vers ceux qui les fragilisent, en me demandant s’ils se sentent si bien que ça avec les injonctions de leur hiérarchie. Les problèmes et les tourments qu’elles provoquent chez  Philippe Lemesle, prouvent que ce n’est pas le cas. Au contraire. Il ne croit plus à ce qu’il dit. Ces directives ont pour lui de moins en moins de signification. La seule qui a mon avis a une réponse ferme, c’est sa femme, plus courageuse, plus prompte à expliquer ce qui ne va pas et à prendre une décision difficile.   

    Ce n’est pourtant pas la première  fois qu’on demande à Philippe de mener un plan social.

    C’est vrai. L’ennui, c’est qu’on n’a cessé au fil des années de tirer sur les organismes, avec l’exigence de faire aussi bien sinon mieux avec moins de gens. Et si on avait trouvé des solutions, là, on arrive inévitablement à un point de rupture.

    Comme d’habitude votre film est très documenté.

    Mon travail c’est d’écrire des histoires. Il y a plein de clichés sur l’entreprise. La réalité est toute autre. Donc je vais interroger des gens qui vivent dans ce milieu, et j’en ai rencontré beaucoup. A partir  de là, je commence la fiction. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 16 février.

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